LE FIL
de Daniel Auteuil ***
Avec Daniel Auteuil, Grégory Gadebois, Sidse Babett Knudsen, Alice Belaïdi, Gaëtan Roussel, Isabelle Candelier, Aurore Auteuil
L'avocat Jean Monier avait renoncé à sa carrière de pénaliste après avoir fait acquitter un meurtrier récidiviste.
Quinze ans plus tard il assiste Nicolas Milik lors de sa garde à vue. Touché par cet homme père de cinq enfants accusé du meurtre de sa femme et convaincu de son innocence, il est prêt à tout pour le défendre. Nicolas n'est pas un client facile. Il se montre même particulièrement récalcitrant en parlant peu et semblant protéger le propriétaire du bar, son voisin et ami avec qui il a passé une partie de la nuit du meurtre.
Daniel Auteuil n'entend pas révolutionner le genre du film de procès mais avec cette histoire tirée d'un fait divers réel, il interroge l'intime conviction. Celle que l'on demande à l'avocat, au juge mais aussi aux jurés, ces citoyens ordinaires chargés de juger. Et il s'y prend plutôt bien pour installer une ambiance, faire s'incarner des personnages, maintenir une tension, instiller le doute puis nous faire croire que l'on a enfin des certitudes. Jusqu'à une double fin ou plutôt deux fins consécutives que personnellement je n'ai pas vu arriver et qui bouleversent toutes les convictions. C'est très malin.
Au rayon des... faiblesses je citerai le gros cliché de l'avocat qui passe son temps à écouter Bach, Fauré ou Barrios, l'incompréhension de voir Sidse Babett Knudsen reléguée au rang de troisième couteau (pour ne pas dire que son personnage est parfaitement inutile) avec des répliques assez consternantes et surtout des chichiteries de réalisation absolument incompréhensibles mettant en scène à intervalles réguliers un toréro (sujet d'une affaire annexe survolée) des flamants roses et des taureaux en Camargue...
Pour le reste, l'acteur réalisateur alterne les séances de procès et les flash-backs nombreux selon différents points de vue concernant la nuit du crime. On est tenu en haleine et notre intime conviction est constamment bousculée, malmenée. Il faut dire que face à la sobriété de Daniel Auteuil, Grégory Gadebois tout aussi sobre se révèle une fois encore idéal dans le rôle de ce père de famille nombreuse aimant face à une femme alcoolique et qu'il compose un prévenu qui n'est "ni un coupable crédible ni un innocent évident". Derrière son physique imposant, son apparente modestie d'homme simple et sa voix douce se cache une grande complexité qui nous bouscule jusqu'à l'épilogue sidérant.
Alors coupable ou pas Nicolas Milik ? Allez vous forger votre intime conviction devant ce film solide et captivant.
La chanson du générique, Piers Faccini et la sublime trompette reconnaissable entre toutes d'Ibrahim Maalouf :
Commentaires
Complètement d'accord avec toi, la métaphore avec la tauromachie est poussive, et les seconds rôles féminins complètement sous-exploités, l'épouse en effet, mais aussi la procureure et la juge sans effet sur aucun moment. Mais sinon dans le genre ça reste assez prenant
Oui il a assuré sur le rythme, l'ambiance, le suspense et le duo vedette.
Les autres n'ont qu'à suivre. Et les taureaux... la métaphore m'échappe.
Comment faire de Sidse Babett Knudsen et ne pas s'en servir... Moi, j'y suis aller pour elle, forcément, mes derniers grands souvenirs d'Auteuil remontant à Ugolin... Pour Gaëtan Roussel, aussi, j'y suis allé, une belle curiosité, je ne sais pas s'il avait déjà fait d'autres participations cinématographiques...
Sinon, effectivement ce film, ce fil, ne fera pas révolution... mais pour la fin, je suis content d'y être allé. Car finalement, il interroge pas mal ce film...
Ah oui y aller pour Sidse ce doit être une grande frustration.
Je pense que c'est le 1er rôle de Gaetan Roussel. Un rôle de composition sans aucun doute... il est très bien.
Oui, il nous manipule ce film dans le bon sens du terme.
Coucou Pascale ! Je vais le voir ce soir ! J'aime bien les films de procès, et je vois que tu as plutôt apprécié !
J'aime beaucoup aussi les films de procès.
Les seules scènes réussies de la palme 2023 par exemple...
Bonsoir Pascale, c'est vrai que Sidse Babett Knudsen joue les utilités et rien d'autre. C'est dommage. Bonne soirée.
Bonjour dasola. Elle n'est pas la seule à jouer les utilités mais le film vaut le déplacement
Film évidement à voir . J’ajouterai dans le négatif une
salle d’audience sans fenêtre , sans lumière naturelle alors que le film est dans une région ensoleillée . A noter l’absence de l’avocat de la partie civile, quant à l’avocate générale (peu crédible) elle rappelle la loi et construit son réquisitoire en fonction du geste commis , elle n’a pas à invectiver l’avocat de la défense. Quant à croire que la Présidente puisse « retourner » l’avis des jurés …..Détails qui ne doivent pas faire bouder notre plaisir.
Je trouve que l'ambiance sombre alors que la région est en général présentée sous le soleil ajoute à l'atmosphère générale du film. Là il fait gris et froid bien que ce soit en Camargue.
Les personnages secondaires sont effectivement peu incarnés et l'intervention finale de la jurée est peu crédible et sans intérêt.
Et malgré tout le film est très fréquentable.