Trente ans plus tard, sidéré par une lettre qu'il reçoit, Emmanuel voit ce passé enfoui ressurgir. Il décide de porter plainte. Il se rend au commissariat qui accepte que l'entretien soit filmé et enregistré.

Passionnant et bouleversant témoignage que celui d'Emmanuel qui accepte de revivre en le détaillant minute par minute son traumatisme longtemps endormi. Il avait pourtant parlé de cette après-midi là à sa mère d'abord, à son père, à sa grand-mère. Personne ne l'a cru. Emmanuel a préféré quitté cette famille et partir vivre 13 années à Londres. Pendant le film, on découvre un homme en colère et infiniment attachant.

A partir de documents d'époque, photos, films super 8 et d'entretiens actuels avec sa soeur, son père surtout, et les entretiens avec le gendarme, le film ne fait pas qu'interroger le traumatisme d'un homme qui a réussi à vivre malgré cette blessure profonde, il radiographie également l'emprise que peut avoir la religion sur les êtres. Profondément croyants, Emmanuel et son père continuent de croire. Emmanuel s'est dirigé un temps vers une congrégation protestante qui a finalement fini par lui faire comprendre que ce qu'il avait vécu dans son enfance l'avait sans doute souillé. A dégueuler !

Le face à face du père et du fils où ce dernier demande à son père de se concentrer et d'écouter sans intervenir l'enregistrement de sa plainte est très intense, bouleversant. Le père, longtemps aveugle est désormais rongé par la culpabilité et accompagne son fils dont la rancune ne parvient pas (il me semble) à s'apaiser. L'évolution du père est assez remarquable.

Le film montre aussi de façon implacable comment une victime, en enfant se sent à un moment de son parcours responsable, coupable de ce qui lui est arrivé : pourquoi aimais-je ce curé ? pourquoi suis-je allé au presbytère ce jour là ? C'est terrible.