FLOW, le chat qui n'avait plus peur de l'eau - SAUVAGES
FLOW, le chat qui n'avait plus peur de l'eau de de Gints Zilbalodis ***(*)
Flow, chat noir aux grands yeux jaunes vit seul à l'étage d'une belle maison abandonnée. Toute vie humaine semble avoir disparu de la Terre. Un jour la rivière proche se met soudain à enfler, les animaux de la forêt affolés courent dans la direction opposée et rapidement tout est envahi, recouvert d'eau. Flow se réfugie dans un bateau qui divague au gré du courant. D'autres animaux trouvent également refuge dans l'embarcation. Passé le moment de surprise voire d'hostilité, tous les passagers vont apprendre à cohabiter pour survivre malgré leurs différences.
Les grandes catastrophes telles celles promises par le dérèglement climatique (l'homme se charge du reste) devraient permettre aux survivants de s'adapter. On avait cru qu'après une certaine pandémie "plus rien ne serait comme avant". Faux. Tout est exactement comme avant, en pire. A la différence des humains, les animaux de cette merveilleuse métaphore démontre qu'un cataclysme peut être l'occasion d'un renouveau. Pourtant peu d'anthropomorphisme ici, si ce n'est la capacité d'un oiseau à manier un gouvernail et celle de plusieurs bestioles de différentes espèces de s'unir pour organiser un sauvetage. Mais les animaux ne parlent pas. Les chats font miaou et les chiens ouaf ouaf. On ne saura rien de ce qu'il est advenu de l'homme. Tout juste verrons-nous que dans la maison occupée par Flow, le propriétaire avait sculpté une quantité phénoménale de chats. Pour apprendre à survivre, les occupants de la barque devront d'abord apprendre à communiquer alors qu'ils ne parlent pas le même langage, accepter les différences mais aussi les petites lubies de chacun. Ainsi le lémurien s'avère être un collectionneur compulsif. Autour de Flow seront également rassemblés un capybara (gros rongeur), un labrador câlin qui ne pense qu'à jouer et un serpentaire (étonnant rapace aux très longues pattes) qui prendra en charge la direction de la jolie felouque qui leur sert d'abri.
Le film est une admirable métaphore de l'adversité et une démonstration qu'il faut s'unir pour s'en sortir. Il donne également à son héro l'occasion de vaincre sa peur de l'eau, pour se nourrir, capturer du poisson et le distribuer à ses compagnons. On admirera en outre la brutalité, la bêtise et l'égoïsme des chiens. Le voyage fait d'épreuves les emmènera au fil de l'eau jusqu'à une cité engloutie où ils rencontreront une étrange baleine que l'on retrouvera beaucoup plus tard et les déboires ne s'arrêteront pas là...
Un monde sans humain, c'est reposant. D'une beauté visuelle et sonore renversante ce film hypnotique nous emporte dans son sillage et nous invite à nous émerveiller devant la beauté de la nature. La musique de Gints Zilbalodis (le réalisateur) et de Rihards Zalupe lyrique, électronique ou percussive accompagne somptueusement ce voyage envoûtant.
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SAUVAGES de Claude Barras ***
Synopsis : À Bornéo, en bordure de la forêt tropicale, Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Au même moment Selaï, son jeune cousin, vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et le bébé singe baptisé Oshi vont braver tous les obstacles pour lutter contre la destruction de la forêt ancestrale, plus que jamais menacée.
Huit ans après le merveilleux Ma vie de courgette, Claude Barras anime à nouveau de jolies petites marionnettes aux magnifiques grands yeux. Mais cette fois, il nous dépayse à l'autre bout du monde dans un village à la lisière de la forêt tropicale de Bornéo promise à la déforestation afin d'y exploiter l'huile de palme.
La plaidoirie écologique est sincère et utile mais la démonstration est avant tout manichéenne. C'est la jeunesse qui va se bagarrer pour essayer d'éviter la catastrophe et montrer leurs erreurs à leurs aînés plus désenchantés. Quant aux acteurs de la multinationale, ils sont vêtus comme des combattants de milices paramilitaires. Aucune difficulté à discerner les bons des méchants. Malgré cet aspect peu nuancé le film avec ses beaux personnages attachants, sa belle nature, ses belles couleurs, la voix de Benoît Poelvoorde (puis celle de Gaël Faye) et cette affirmation que les sauvages ne sont pas forcément ceux qui portent un pagne fait passer son beau message sans ambiguïté.
Il se termine avec la chanson de Balavoine Tous les cris les SOS particulièrement à propos.
Et je cours, Je me raccroche à la vie.