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NO OTHER LAND

de Basel Adra, Yuval Abraham, Hamdan Ballal, Rachel Szor

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Documentaire.

Ce film a été réalisé par un collectif palestino-israélien de quatre jeunes militants comme un acte de résistance créative sur la voie d'une plus grande justice.

Lui attribuer des étoiles n'a aucun sens. Il n'est ni bon ni mauvais, il est pire, il est meilleur. C'est un coup de poing que j'ai reçu. Ce film est percutant, révoltant, bouleversant. J'ai rarement pu observer une salle à ce point silencieuse et incapable de se lever alors que la lumière était rallumée dans la salle. Personne ne parlait. Je ne sais donc absolument pas ce que les spectateurs ont pensé du film et surtout de ce qu'il montre. Personnellement je suis retournée à ma voiture, en larmes. Je ne regarde absolument jamais les infos. Ce que j'entends à la radio suffit à mon imagination pour me représenter ce qui se passe là-bas. J'étais loin du compte.

Depuis 2019, Basel Adra un jeune homme de 25 ans, activiste pacifiste de Cisjordanie organise des manifestations tous les vendredis (une poignée d'hommes et de femmes) et filme l'entreprise de démolition et d'expulsion organisée par Israël sur son peuple. Il espère que la publication de ses vidéos auront un impact sur la "communauté" internationale (et manifestement il y avait eu des avancées lorsque Tony Blair avait traversé (en 7 minutes) le village). Basel se réjouit lorsque ses "posts" atteignent 2 000 vues... Yuval, jeune journaliste israélien l'accompagne et le soutient régulièrement pour alerter, intervenir dans les media. Ils deviennent amis et la grande différence entre les deux garçons est que l'un d'eux est libre, il peut rentrer chez lui mais il est indéniable que Yuval s'expose également car régulièrement on lui demande pourquoi il est de ce côté, pourquoi il soutient ces palestiniens. Sa réponse est simple : "je refuse qu'on organise ça en mon nom".

Avez-vous déjà entendu parler de Masafer Yatta ? Pas moi. J'ai découvert avec ce film cette province semi-désertique qui regroupe sept petits villages où les habitants survivent grâce à l'agriculture et à l'élevage (et désormais à l'aide humanitaire). Pas l'ombre d'un terroriste ici mais depuis 1967 (la guerre des six jours) et l'occupation israélienne ils vivent dans la terreur de voir leurs maisons détruites par des bulldozers de l'armée sur ordre du gouvernement qui prétend que ces territoires sont des terrains militaires occupés illégalement.

Inlassablement, les maisons font l'objet d'ordres de démolition suivis d'effet. Inlassablement les habitants reconstruisent ce qu'ils ont perdu.

"Les habitants de Masafer Yatta sont parmi les plus vulnérables du territoire palestinien occupé (TPO), en raison d’un régime d’urbanisme restrictif et discriminatoire. Les autorités israéliennes ont émis des ordres de démolition ou d’arrêt des travaux contre la plupart des maisons, des abris pour animaux, des citernes et des infrastructures communautaires, au motif qu’ils ont été construits sans permis de construire".
Sauf que ces permis sont impossibles à obtenir, systématiquement refusés. L'armée leur confisque également leurs voitures, leurs outils, coupe l'électricité, cimente les puits, sectionne les canalisations d'eau...

Tout cela est montré dans le film parfois insoutenable et face à la violence, à l'indifférence se plantent Basel et Yval avec leurs caméras, leurs téléphones. Les images sont parfois tremblantes mais aussi d'une grande beauté. Parfois les échanges sont violents, d'autres fois les militaires lancent "laissez-nous faire notre travail". Mais ce que l'on voit révolte et brise le coeur : des enfants sidérés ou en larmes accrochés aux jambes de leurs parents qui voient leur maison détruite, une mère dont le fils a été grièvement blessé (devant nos yeux) obligée d'assister impuissante aux souffrances de son fils avec qui elle vit désormais dans une grotte au mépris de toute hygiène et de tout confort, une aire de jeux sur laquelle est placardé un avis de destruction, une école qu'on a d'abord vue remplie d'enfants qui s'effondre aussi fragile qu'un jeu de cartes, une enfant qui supplie son père de l'emmener à l'école... Et pour commenter l'horreur, l'amitié de Basel et Yuval comme un espoir qu'entre un israélien et un palestinien l'amitié est possible. Mais cette douceur est balayée par la réalité des faits. Et la violence se fait encore plus insensée lorsqu'interviennent les colons tapis dans l'ombre prêts à s'installer sur ces terres.

Ce sont finalement les armes qui ont le dernier mot...

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Une femme regarde une maison détruite à Masafer Yatta.

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