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 d'Emmanuel Courcol ****

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Avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco, Jacques Bonnafé, Ludmilla Mikaël

Thibaut chef d’orchestre de renommée internationale parcourt le monde. Lors d'une répétition, il s'écroule. Atteint d'une leucémie, il doit subir une greffe de moelle osseuse.

En découvrant que sa soeur n'est hélas pas compatible, il fait une autre découverte (qu'hélas la bande-annonce révèle) beaucoup plus perturbante. C'est ainsi que Jimmy, employé d'une cantine scolaire dans le Nord de la France devient le donneur compatible. Les deux garçons se rapprochent donc forcément. Il se trouve que Jimmy est également musicien, qu'il joue du trombone dans une harmonie municipale et qu'il a l'oreille absolue.

Joie extrême et communicative pour ce film... Avant d'entrer en salle (la première fois) j'ai entendu cette remarque : "ce film est fait pour marcher". J'ai senti comme une petite pointe de mépris ricanant dans la formule et maintenant que je l'ai vu, je me dis : si seulement toutes les comédies françaises étaient de ce niveau ! Je vous intime donc l'ordre si vous n'avez pas comme moi la chance ou la possibilité d'aller souvent au cinéma de donner la priorité à cette pépite comme on n'en voit peu, qui réussit sans flancher à maintenir constamment l'équilibre entre drame et comédie. Mais sans nous prendre pour des gogoles, sans céder jamais à la facilité, le pathos ou la vulgarité. A nous faire rire franchement, nous surprendre et nous émouvoir. Et je ne parle pas encore de l'interprétation exceptionnelle.

De ce réalisateur je ne connais que Cessez le feu qui était loin d'être une comédie. Ici le réalisateur particulièrement inspiré s'empare de pas mal de codes de la comédie, du feel good movie voire du buddy movie (pardon pour les anglicismes). Il aurait pu également se contenter de constater les effets du déterminisme social. Thibaut est un intellectuel, talentueux chef d'orchestre qui évolue dans un milieu privilégié. Jimmy vit dans une petite commune du Nord de la France, a un emploi modeste et pour seule distraction les répétitions de la fanfare municipale. Mais le scenario élève le débat de ce fatalisme irréconciliable pour nous emmener avec légèreté vers la solidarité jamais mièvre, la fraternité qui réchauffe le coeur. Un humanisme bienfaisant qui va vous mettre KO et vous faire un bien fou. Parents, enfants, grands-parents peuvent assister au spectacle.

Il est pourtant ici question de maladie, d'adoption, des mensonges et non dits au sein de la famille et de lutte syndicale. Et de musique ! Certains diront sans doute que le film est sans surprise (c'est faux) et rempli de bons sentiments (c'est vrai mais au meilleur sens du terme) en se pinçant le nez. Laissez-les dire. Laissez-vous faire, comme moi et emporter par tous ces bons, beaux, gros sentiments tendres, sincères, pas niaiseux pour un sou. De l'empathie, de la générosité, de la solidarité, de l'amour en pagaïe. 

L'écrin musical qui emballe le film est à la fois classique et populaire ; il ravit les oreilles. Les oeuvres sont interprétées dans la durée. Benjamin Lavernhe est un chef d'orchestre particulièrement inspiré, convaincant et très touchant. Mais à la sortie de la salle (j'ai vu le film au Festival Effervercence de Mâcon et j'y retourne), je n'ai pu que constater que celui qui a emporté tous les suffrages est Pierre Lottin, enfin dans un rôle important. Les filles, les garçons et les autres, nous sommes tous tombés amoureux de cet acteur drôle, ronchon, tendre et... musicien (la scène d'impro dans le garage avec le piano, coeur avec les mains...). Je m'affole peut-être un peu mais je n'ai jamais vu personne dont le tempérament et le jeu se rapprochaient autant de celui de Jean-Pierre Bacri. Ce n'est pas rien.

La connivence entre Thibaut et Jimmy ou Pierre et Benjamin est évidente. Ils sont sur le même tempo avec des personnalités tellement différentes voire opposées, oserai-je dire en harmonie. Ils sont le coeur vibrant de ce film et entourés par une bande d'acteurs formidables comme Sarah Suco ou Jacques Bonnafé et de plein d'autres dont certains non professionnels, Emmanuel Courcol les ayant recrutés au sein même de l'Harmonie Municipale de Lallaing. Il dit : "J’avais découvert, à l’occasion d’un projet très ancien, l’univers des fanfares à Tourcoing, ça m’avait beaucoup marqué. J’avais été très touché par tous ces gens qui se réunissaient pour faire de la musique ensemble sans prétention et avec beaucoup de chaleur humaine. J’ai choisi le Nord parce que c’est une terre de fanfare et d’harmonie, c’est là où il y a la plus grande densité de formations, d’orchestres amateurs".

Je suis originaire du Nord mais n'y vis plus, j'ai fait partie d'une Harmonie municipale pendant des années (flûte traversière, le pipeau qu'on n'entend pas) mais je crois que même sans cela je serais folle amoureuse de ce film et de Pierre Lottin.

Faites un triomphe à ce film qui a un GROS truc en plus, merci.

Je vous laisse, vous savez ce qu'il vous reste à faire, moi, j'ai un film à (re)voir. 

Le "attention à la justesse", je ne m'en lasse pas".

P.S. : pour une parfaite impartialité, je dirais que je reproche UNE chose à ce film, l'affiche (et le brushing de Benjamin, sur l'affiche).

P.S. 2 : merci de donner la priorité à ce film et non à une comédie (qui semble) navrante à base de décorations de Noël...

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