OH, CANADA
de Paul Schrader *
Avec Richard Gere, Jacob Elordi, Uma Thurman
En phase terminale de cancer, Leo Fife célèbre documentariste accepte de répondre à une dernière interview en forme de confession filmée par l'un de ses anciens élèves.
Il exige que Lisa son épouse adorée et fidèle collaboratrice depuis 30 ans soit présente pour cette ultime confession où il entend dire toute la vérité.
Il y a 40 ans, Paul Schrader faisait de Richard Gere un sex-symbol planétaire grâce au film American gigolo. Les retrouvailles et surtout le choix de l'acteur sont la meilleure idée du film (avec la musique). Richard Gere est vraiment formidable. Hélas, le film s'avère aussi inconfortable et peu aimable que le livre éponyme de Russel Banks dont il est l'adaptation (et que j'ai lu... laborieusement).
Le personnage n'est qu'à quelques heures de pousser son dernier souffle et ce n'est rien de dire que ses souvenirs sont particulièrement confus. Qu'il mente, qu'il se trompe ou qu'il ait oublié n'est pas le plus important mais (comme dans le livre) la pauvre spectatrice a bien du mal à faire le lien entre les différents moments clé de sa vie. A-t-il été marié trois fois ? A-t-il aimé ces femmes ? A-t-il eu les enfants qu'il affirme avoir eus ou affirme ne pas avoir eus ? On n'en sait finalement rien, on s'en fiche et les nombreux flash-backs où alternent le noir et blanc puis la couleur et où les acteurs interchangeables se succèdent (Richard Gere pouvant jouer le rôle du personnage à 22 ans...) ont du mal à trouver une connexion les uns avec les autres, même s'ils ont pour objet de nous montrer la grande confusion du personnage mourant. J'ai fini par me désintéresser complètement de cette histoire, de cette agonie et de ce type pas très intéressant.
A noter, au rayon étrangeté, la scène de sexe la plus con et ridicule du cinéma de tous les temps. C'est exceptionnel que ces scènes soient réussies mais celle-ci est particulièrement gratinée. Voir les deux acteurs s'agiter dans l'ombre et habillés et souffler comme des bœufs est déjà gratiné. Mais, tant pis gros spoilage, lorsqu'Emma Thurman se lève sans un mot, quitte la pièce et revient pour tendre un essuie tout à Jacob Elordi... je me suis retenue de pouffer.
Malheureusement, tout ça finit par donner une impression de statu quo émotionnel. La mise en scène bien que solide retient des personnages maintenus prisonniers d’un récit qui refuse bec et ongles de se déployer. Quant à Gere, flamboyant malgré la détérioration programmée de son personnage, il est la lumière intérieure de ce film-cercueil".
Les acteurs ne sont absolument pour rien dans ce plantage, Jacob Elordi et Richard Gere sont absolument formidables. Les autres acteurs sont des accessoires.
Ce qu'il me reste de cette séance c'est la magnifique affiche (les affiches réussies sont tellement rares) et surtout la musique follement mélancolique, le folk doux de Phosphorescent (Matthew Houck) qui m'a évoqué Dylan et Neil Young. J'ai trouvé cette bande originale absolument sublime.
Ecoutez au moins le premier morceau.
Commentaires
Tout ça pour Richard Gere... parce que si je me souviens bien, tu n'avais pas du tout aimé le roman de Russell Banks (plus que laborieux)...
Si j'ai mieux aimé le livre que toi, pas sûr que j'aille le voir, je l'imagine pas en version ciné... et je sens que c'est sa transposition sur grand écran qui pourrait me sembler laborieuse à moi (même avec Uma Thurman)
Bon, en voilà un que je raye de ma liste de suite. Je m'étais préparé à une réconciliation avec Schrader après sa piteuse histoire de jardinier. J'ai plutôt l'impression qu'il s'enfonce. "The Card Player" aura donc été une anomalie de son oeuvre récente (mais il m'en reste quelques-uns à voir).
Je me contenterai de la BO.