JOLI JOLI
de Diastème *
Avec Clara Luciani, Laura Felpin, José Garcia, Vincent Dedienne, Grégoire Ludig, Victor Belmondo, Alban Lenoir, William Lebghil
Un soir de réveillon du nouvel an un écrivain fauché en panne d'inspiration se jette par la fenêtre de son appartement.
Il est au rez-de-chaussée : pas une égratignure. Après avoir chanté son grand air "Je suis nul, nul" (quelle lucidité lucidité* !), il se rend dans un bar où il fait la connaissance de Lola une star de cinéma aussi esseulée que lui mais prête au dernier sacrifice. Ils boivent un verre, se mangent des yeux et passent la nuit ensemble. Au matin, Lola* rentre chez elle (sans dire au revoir), laisse son numéro de téléphone à la femme de ménage (Laura Felpin, à croquer) qui secrètement amoureuse* de l'écrivain et jalouse ne lui donne pas le numéro. Elle devient l'assistante de Lola (l'ellipse m'a échappée)... Le producteur du film dans le film (José Garcia qui, le pauvre, hérite de la perruque crin de cheval) est amoureux de l'actrice. Le réalisateur du film dans le film (Grégoire Ludig, très bien) en pince pour l'acteur principal du film dans le film (Vincent Dedienne, très très bien), deux assistantes magnifiques découvrent qu'elles sont attirées l'une par l'autre. Et un ingénieur du son (Victor Belmondo, une apparition !) fait flancher le coeur de la femme de ménage...
Vous l'avez compris nous voici face à une intrigue avec des filles, des garçons, de multiples possibilités donc, toutes déclinées ici sur un mode plan plan, incompréhensiblement située dans les années 70. La seule justification plausible concernant l'époque est qu'elle permet une blagounette pas drôle très insistante d'une lourdeur presque gênante :
"- appelle machin...
- Ben comment veux-tu que j'appelle machin ? Comme si j'avais un téléphone sur moi".
(Oui, en 1970, il n'y avait pas de téléphone portable, rires),
et un triste constat : même des années, des décennies plus tard, est-ce que deux garçons ou deux filles peuvent tranquillement se tenir la main ou s'embrasser dans la rue ?
*Autant vous l'avouer William Lebghil me pose un gros, un énorme, un colossal problème. Avec sa bouche tordue, son air ahuri, sa grosse voix dans un corps sans attrait et son jeu dénué de nuances et de profondeur, je le trouve l'un des plus mauvais acteurs français de sa génération (clic). Soulagée je suis de m'être libérée de ce poids. Les actrices sont pour moi des héroïnes puisqu'ici deux d'entre elles ici sont amoureuses de lui. Il va donc sans dire, mais beaucoup mieux en le disant, que ce film pâtit déjà pour moi d'un total et irrévocable miscasting.
Que le réalisateur affirme assumer le côté flashy, pop, coloré voire vintage et kitsch de son film n'en fait pas pour autant un film réussi. Je le trouve inutile et raté. Il souffre d'un total manque d'énergie et de rythme. Les scènes musicales (je n'ose dire dansées car on ne peut décemment parler ici de chorégraphie) durent au-delà du raisonnable. Et comme on ne peut s'empêcher de penser à des comédies musicales qui ont enchanté les années 60, on ne peut aussi qu'amèrement constater que Beaupain n'est pas Legrand et Diastème n'est pas Demy. La musique ne fait pas d'étincelles et les paroles ne sont guère plus enthousiasmantes ou inspirées et virent parfois au navrant : "Mon corps est un navire dont l'équipage a déserté..." limite dégueu non, si on visualise le truc. Ou au vulgaire : l'amoureux écrivain croise Lola dont il n'a plus de nouvelles depuis leur nuit de folie et dans la chanson il la traite de putain. Elle part en pleurant mais reste quand même irrésistiblement attirée par le bonhomme. Au s'cours !
On est donc bien loin de l'émerveillement provoqué par Les chansons d'amour de Christophe Honoré avec déjà Beaupain à la partition.
Concernant le couple vedette, ce n'est rien de dire qu'aucune alchimie ne s'en dégage et qu'il peut concourir au titre de couple le plus mal assorti. Il manque par ailleurs cruellement de glamour. Pour son premier rôle au cinéma la chanteuse Clara Luciani ne s'en sort pas trop mal mais la pauvre n'a pas grand chose à faire que chanter et pleurnicher.
Commentaires
Tu confirmes mes craintes concernant ce film ; il me semblait bien qu'il était dispensable.
Il a une durée qui te conviendrait et j'ai pourtant gravement soupiré.
Je ne connais de Diastème que ses films "politiques" (qui m'ont plutôt bien plu d'ailleurs). J'avoue que cette énième ersatz du style Demy ne m'attire pas plus que cela. Ceci dit, je sens que la présence de notre ami William ne t'a pas aidée à avoir un avis objectif et raisonnable sur ce film ;-)
Finalement TON ami Lebghil n'est pas tant que ça au centre de l'attention... Je crois que si son rôle était tenu par un acteur adoré je me serais demandé ce qu'il était allé faire dans cette galère.
Il me déplaît depuis ses 1ers films et notamment les Lilti. Je le trouve incroyablement mauvais acteur et il est passé d'adulescent immature à séducteur... cherchez l'erreur.
Mais il me semble que je donne quelques arguments en dehors de la présence ton ami qui me font trouver ce film mauvais.
Ah, au fait, cet après-midi j'ai enfin rendez-vous avec Pierre et Benjamin. Je vais pouvoir vérifier si tes conseils sont toujours bons à suivre ;-)
Ah enfin, j'avais renoncé à rameuter les derniers récalcitrants. Il ne doit plus rester beaucoup de séances à se mettre devant les yeux.
J'ai hâte que tu viennes me dire combien tu as aimé.
J'espère que tu emmènes la millefa.
J'y ai traîné une personne de 72 ans, 1 de 41, 1 de 15 et 1 de 11... tous conquis. C'est un film pour TOUT LE MONDE qui a un gros truc en plus et même un acteur trisomique qui a un rôle... "normal".
En Fanfare, c'est en famille évidemment.
Cela peut être un plaisir solitaire mais ce serait dommage.
N'oublie pas de lâcher ton enthousiasme en applaudissant à la fin.