NOSFERATU
de Robert Eggers *
Avec Lily-Rose Depp, Nicholas Hoult, Willem Dafoe, Bill Skarsgard, Aaron Taylor Johnson
Ellen jeune fille tourmentée est dès son plus jeune âge en proie à de violentes crises proches de l'hystérie ou de l'épilepsie.
Ce sont en fait ses hormones qui la travaillent et son désir frénétique éveille l'intérêt d'un vampire qui semble prendre possession d'elle par une sorte de connexion psycho-sexuelle. Son mariage avec Thomas calme ses ardeurs. Lorsque ce dernier, clerc de notaire, est envoyé en Transylvanie, dans les Carpates et qu'il laisse sa jeune épouse chez leurs amis Friedrich et Anna (enceinte de son troisième enfant), Ellen est de nouveau victime de violents accès de désirs sexuels qu'elle ne parvient pas à réprimer. Son mal est laissé aux mains d'un médecin qui calme cette hystérie à l'éther ou en attachant la patiente.
Thomas quant à lui se rend chez le Comte Orlok qui n'est autre que Nosferatu. Ce dernier lui fait signer un faux contrat qui le fait renoncer à Ellen. Orlok entreprend donc le voyage pour retrouver Ellen et la posséder (violer ?). Avec l'arrivée imminente du vampire, une étrange épidémie se répand sur la ville dont seul un sacrifice humain viendra à bout.
Le réalisateur rêve de ce remake depuis de nombreuses années, mais sans doute écrasé par le poids du modèle (Nosferatu le vampire film muet de Friedrich Wilhelm Murnau, 1922) il a pris son temps pour nous en livrer sa vision cauchemardesque. Pour lui le vampire "n’est ni un suave séducteur en smoking ni un héros sombre et troublant. Le vampire de la croyance populaire incarne la maladie, la mort et la lubricité dans sa forme la plus vile, brutale et implacable. C’est le vampire que j’ai voulu exhumer pour les spectateurs d’aujourd’hui." Il ne nous trahit pas sur la marchandise livrée. Son Nosferatu est hideux, crade, en voie de putréfaction avancée dont nous apercevrons le sexe et pourrons nous délecter de ses bruyantes déglutitions lorsqu'il arrache les chairs et avale le sang de ses victimes. C'est un monstre violent, sexuellement insatiable et finalement assez ridicule tant il ne laisse jamais planer le moindre doute quant à ses intentions et sa personnalité sans nuances. On peut donc (comme moi) préférer le vampire séducteur en smoking qui nous met dans la position de tomber sous le charme d'un prédateur. Il faut dire aussi que le Dracula auquel je pense était interprété par Gary Oldman et qu'il était autrement plus subtil et troublant que ce pauvre Bill Skarsgard une fois encore enfoui sous une tonne de latex. Pourtant le scenario semble parfois être un copié collé du film de Francis Ford Coppola jusque dans certains passages musicaux. Mais les effets appuyés ici ne laissent jamais le moindre mystère s'installer. A coups de jump scares (j'ai décollé plus d'une fois de mon siège), le curseur de la console son poussé à 15, le film nous fait sursauter mais jamais rien éprouver. Je ne parlerai même pas d'émotion, elle est totalement absente. Je dirai même que le personnage en lui-même ne suscite pas le moindre intérêt tant il n'est réduit qu'à une seule et unique vocation de bête à abattre.
Que reste-t-il alors de ce film bruyant, qui hurle, se tord de douleur, vomit et crève de trouille ? Une actrice, qui troque son minois lumineux contre une apparence cadavérique et maladive. Rien à dire, Lily-Rose Depp offre généreusement son corps et son âme à ce film et à ce personnage. Nicholas Hoult qui m'avait agréablement surprise dans Juré N° 2 retrouve sa fadeur habituelle. Les autres ne sont là que pour faire avancer le scenario. Sauf peut-être Aaron Taylor Johnson que je trouve souvent très intéressant mais hérite de rôles secondaires.
Il reste aussi la réalisation de Robert Eggers qui comme dans l'hallucinant The lighthouse nous en met plein la vue. L'esthétique du film l'emporte sur tout le reste mais même si l'on sait qu'un vampire ne résiste pas aux rayons du soleil, toute cette noirceur comme si jamais le jour ne se levait, finit par être fatigante. Pas l'ombre d'un espoir ici mais des images funestes, un noir et blanc somptueux qui annonce le chaos et un dernier quart d'heure (pousserai-je jusqu'à la demi-heure) qui imprime la rétine... avec ô surprise un sous texte un poil insistant sur le consentement.
Allez, en cherchant on doit bien trouver quelqu'un qui parle de féminisme à propos de l'histoire de cette fille consentante qui se fait violer et qui prend son pied !
Commentaires
J'ai le Nosferatu de 1922 à regarder dans ma liste mais j'ai du mal à m'y résoudre ... En revanche j'ai hâte de découvrir cet opus moderne au cinéma. Je ne sais pas s'il faut que je vois l'autre avant ? Ou après ? Ou pas ? Je suis perduuuue !
Si tu as envie, vois le sans pression.
De toute façon je trouve qu'il est plus le copié collé du Coppola que du Murnau sauf dans certaines ambiances en clair obscur.
Ta dernière phrase résume tout de l'intention du film. Rien à ajouter (enfin si, tu liras bientôt tout ce que j'ai pu vomir sur ce film).
Même cette esthétique entre bande dessinée et jeu vidéo m'a déplu. Par contre, un Oscar pour la déco et les costumes.
Cette Lily m'a déprimé (sorte d'Adjani instagramable), et je commence à comprendre ton aversion pour Nicholas. Même Willem Dafoe est mauvais quand il bosse pour Eggers. Ici, il m'a fait penser au chasseur de vampires de Polanski (qui au moins était drôle).
Ah si, les affiches sont chouettes. C'est vendeur.
Parfois je me retiens de vomir parce que je me triture le ciboulot en me disant : ne sois pas si stupide, si la critique s'agenouille devant l'oeuvre c'est qu'il y a quelque chose que tu n'as pas saisi pauvre inculte ! J'ai tort de me censurer.
Côté Nicholas, ce n'est pas une aversion comme pour ton ami Lebghil, mais un grand étonnement devant tant de fadeur ! Comment peuvent-ils être choisis par des réalisateurs ? Willem est inexistant ici.
Je sauve Lily-Rose qui, la pauvre..., a tant de choses à prouver avec l'ombre des "géants" qui planent au dessus d'elle.
Mouais pour les affiches.
C'est facile de faire du jouli avec du vampire en noir et blanc je trouve.
Mais les affiches faut pas s'y fier. Regarde celle d'En fanfare qui est vraiment mochtronne et que je n'accrocherais pas dans mon salon...