LES FEUX SAUVAGES - LA FILLE D'UN GRAND AMOUR
LES FEUX SAUVAGES de Jia Zhangke **(*)
Avec Zhao Tao, Zhubin Li, Jianlin Pan
Synopsis : Chine début des années 2000. Qiaoqiao et Bin vivent une histoire d’amour passionnée mais fragile. Quand Bin disparaît pour tenter sa chance dans une autre province, Qiaoqiao décide de partir à sa recherche. En suivant le destin amoureux de son héroïne de toujours, Jia Zhang-ke nous livre une épopée filmique inédite qui traverse tous ses films et 25 ans d’histoire d’un pays en pleine mutation.
Je suis une fidèle adepte des films de Jia Zhangke puisque j'en ai vus et aimés la plupart : Xia Wu, artisan pickpocket (ce blog n'existait pas encore), Still life, A touch of sin, Au-delà des montagnes, Les éternels.
Cette fois le réalisateur nous convie à une errance, celle de son actrice, muse et épouse à la ville, Zhao Tao à la recherche de son amour perdu à travers la Chine et plus de vingt années. L'expérience est inédite, intéressante car on parcourt un quart de siècle de l'histoire de la Chine, son évolution, sa propagande, sa traversée de la pandémie du Covid..., souvent hypnotique voire envoûtante mais aussi la plupart du temps difficile à suivre et d'où hélas n'émerge pas la moindre émotion.
Le titre original Fengliu Yidai signifie "une génération à la dérive"... cherchez l'erreur ! Il a un autre sens qui colle beaucoup mieux au propos que ces feux sauvages. Est-ce que comme moi vous avez envie d'étrangler les personnes qui ont la charge de trouver des titres français aux films étrangers ? Non ? Je me débrouillerai seule.
Depuis des années le réalisateur filme au hasard des événements, des instants de vie qui ne sont pas forcément intégrés à un film. Ici c'est lors du confinement qu'il a cherché à relier tous ces rushes pour tenter d'en faire une histoire cohérente en y incluant de nombreux passages de ses films précédents. Le résultat n'est pas convaincant. J'y vois plutôt une déclaration d'amour à son épouse et actrice principale qui traverse le film, ces années, une bouteille d'eau à la main parfois. Elle vieillit sous nos yeux avec toujours la même grâce et une forte expressivité car elle ne parle pratiquement pas. Il y aurait dans le film ainsi huit plans séquences de Plaisirs inconnus, Still life, Les éternels que j'ai reconnus car j'ai vu les films. Cela ne rend pas le montage plus limpide pour autant.
La jeunesse, les mines de charbon, des femmes qui chantent, la solitude, une pandémie... cherchez le lien et trouvez le sens à ce film majestueux, ambitieux certes mais terriblement impénétrable !
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LA FILLE D'UN GRAND AMOUR d'Agnès de Sacy **
Avec François Damiens, Isabelle Carré, Claire Duburcq
Pour un travail d'études, Cécile réalise un documentaire ayant pour thème la rencontre et l'amour de ses parents. Divorcés depuis longtemps Ana et Yves, touchés par le film de leur fille se revoient, se retrouvent, envisagent un nouvel avenir.
Bien qu'il s'agisse d'une histoire largement inspirée de celle des parents de la réalisatrice, j'ai eu beaucoup de mal à y croire, à m'y intéresser et surtout à être émue. C'est le premier film en tant que réalisatrice de cette scénariste chevronnée qui a beaucoup travaillé avec Valeria Bruni Tedeschi, Zabou Breitman, Pascal Bonitzer ou Carine Tardieu. Le secret que partage le couple est "traité" avec beaucoup de pudeur et de discrétion. Partant de là que reste-t-il ? Les atermoiements d'un homme et d'une femme qui se sont beaucoup aimés et s'aiment toujours. Manquant énormément de rythme, le film s'écrabouille parfois dans des scènes pataudes telle que celle dans la cuisine où les reproches pleuvent, où les protagonistes quittent la pièce puis reviennent, se préparent à manger et jettent tout à la poubelle. C'est stupide. La liaison d'Ana avec un voisin, dont elle est l'amie de la femme est d'une lourdeur sans nom (à ce sujet je pense qu'Isabelle Carré doit être l'actrice qui embrasse le plus mal au monde), tout comme sa "disparition" le soir du mariage et tous ces allers retours entre Paris et les Pyrénées que l'on explique pas toujours...
De ce film je retiens François Damiens au coeur immense qui semble emplir sa grande carcasse maladroite. C'est grâce à son interprétation sensible et touchante que cette romcom mal ficelée parvient parfois à émouvoir.
Et on peut entendre cette chanson que j'adore