DAVID LYNCH
20 janvier 1946 - 15 janvier 2025
Il ne fêtera pas son 79ème anniversaire. Les émanations des incendies à Los Angeles l'ont contraint à quitter sa maison de Laurel canyon. Ses poumons fragiles n'ont pas résisté.
50 ans de carrière et pourtant seulement 10 films, mais quels films !!!
Il était aussi scénariste, photographe, musicien, peintre, designer, vidéaste... Le cinéma semble finalement n'avoir été pour lui qu'une activité créatrice parmi ses multiples talents.
Je n'ai rien de plus à dire que ce que feront mille fois mieux les professionnels de la profession sauf que j'ai eu la joie, l'honneur et le privilège (les places étaient limitées) de le rencontrer en vrai. Je le raconte ici. J'ai découvert un homme très élégant avec sa belle chemise blanche signée Agnès b., sa chevelure étonnante, mais aussi très patient, très gentil et drôle (ce qu'hélas n'a pas capté l'interviewer ce jour là...).
Son premier film était un pur cauchemar, Eraserhead a traumatisé des générations de cinéphiles. Puis nous l'avons accompagné vers une autre vision de la monstruosité où il inversait les rôles, c'est l'Elephant man prétendûment monstrueux qui avait peur des gens normaux. Nous nous sommes enlisés dans la Dune, aventurés sur une pelouse, en y découvrant une oreille humaine et Isabella Rosselini chantant une rengaine entêtante Blue velvet, égarés sur la Lost higway et avons été totalement déconcertés face à un Inland empire, dernier film hélas sans scenario où des lapins s'adonnaient au repassage et où trainait un tournevis... "en l’absence de script, chaque scène était écrite au jour le jour. Je rédigeais une scène et Laura et moi la tournions".
Chaque film est donc, était une aventure, une expérience, un voyage insolite, inédit. Avec comme lien indéfectible depuis quarante années, l'indispensable, la renversante, l'envoûtante, irremplaçable et inimitable musique d'Angelo Badalamenti.
Avez-vous jamais entendu musique plus romantique, plus planante ? Elle me provoque toujours des frissons.
Mon palmarès à moi ne parle pas de monstre, de fille introuvable, d'un Paul Atréides ensablé, il dégouline d'amour fou :
Sailor et Lula (amoureuse depuis et pour toujours de Laura Dern je suis),
Mulholland drive (après trois visions, je me suis écriée : mais c'est un film d'amour, j'avais enfin compris),
Une histoire vraie (découvert récemment, où l'on plonge dans le regard délavé d'un vieil homme mourant qui nous emmène vers un épilogue déchirant).
David Lynch parlait d'amour comme personne. J'espère qu'il en a reçu autant qu'il en a donné.
Lorsque j'ai créé ma boîte mail en... je n'ai plus la date, je n'étais pas une flèche en création de boîte mail, l'informaticien en charge m'a demandé quelle adresse mail je souhaitais, j'ai dit silenzio, il a demandé pourquoi, j'ai répondu c'est la dernière réplique d'un de mes films préférés...
Commentaires
J'ai adoré "une histoire vraie", aimé "Sailor et Lula" ; je suivais moins pour ces films plus étranges, mais c'était un grand bonhomme.
J'aimerais rappeler ici cette leçon de cinéma délivrée par ce monsieur déguisé en John Ford :
"When the horizon's at the bottom, it's interesting. When the horizon's at the top, it's interesting. When the horizon's in the middle, it's boring as shit."
Je lui souhaite le plus paisible des horizons.
Bel hommage Pascale.