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BABYGIRL

de Halina Reijn °

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Avec Nicole Kidman, Harris Dickinson, Antonio Banderas

Romy est une femme de pouvoir, une femme puissante comme dit Léa Salamé.

PDG d'une société de robotique, elle passe beaucoup de temps à arpenter les couloirs de l'entreprise à toute allure sur des talons de 12 en répétant qu'elle n'a pas le temps. Chez elle, elle enfile un tablier de mémère pour préparer des pancakes à ses deux filles et Jacob son mari metteur en scène de théâtre. Le soir, il aime lui grimper dessus puis elle court se terminer à la main devant un porno. Normal, Jacob c'est Antonio Banderas, pas de quoi réveiller la libido. Messieurs, je vous plains, Nicole Kidman administre une véritable leçon de simulation orgasmique. Vous ne pourrez plus jamais regarder Madame dans les yeux dorénavant au moment où... Personnellement, ça me fait trop rire.

Samuel est le stagiaire tout mimi qui débarque et vient mettre un joli foutoir dans cette organisation sans faille. Il parvient à imposer à Romy d'être contre son gré, sa "marraine" de stage. Déjà qu'il faut se pincer très fort pour croire à Nicole Kidman en PDG, qu'elle soit incapable de résister à ce petit malappris enfonce le clou. En même temps, si elle refuse, y'a pas de film. Dommage. Le jeu de séduction passé, les deux asticots vont se livrer à celui de la domination/humiliation qui est le grand fantasme de Romy. Et Sam se montre doué et particulièrement réceptif. Mais tout cela ne va-t-il pas mettre en péril la vie familiale et professionnelle de Romy ? Aïe aïe aïe !

J'ai vu de beaux films, forts et intelligents ces derniers temps mais je tiens à commencer par celui-ci qui est ce que j'ai vu de plus moche et stupide pour l'instant cette année. J'y allais avec un petit a priori négatif car la bande-annonce cherchait ostensiblement à attirer le chaland. Je suis donc tombée dans le panneau mais je voulais de toute façon vérifier par moi-même la pertinence du Prix d'interprétation à Venise pour Nicole.

Je commencerai par elle. J'entends évidemment parler d'audace, de... "prise de risque" et d'autodérision. Alors oui, elle est entièrement nue (on voit son cul et un peu ses seins, oh la la, et elle tente une Sharon Stone assise au bord du lit...) mais depuis Eyes wide shut elle nous a largement habitués aux scènes dénudées et vaguement osées. La réalisatrice n'a par ailleurs pas lésiné sur les gros plans sur son visage déformé par la chirurgie et/ou les injections. Je ne sais quel phénomène précis provoque de tels dégâts sur un visage. Je suis particulièrement troublée par la qualité de sa peau qui me semble parfaitement... dégueulasse. Contrairement à Demi Moore qui bien que méconnaissable a le visage ferme et lisse. L'auto dérision prétendue vient sans doute du fait que la fille de Romy lui dise : pourquoi tu t'infliges ça ? Notons que la dame reçoit des injections en direct sans anesthésie locale (prise de risque encore ou courage ou masochisme ?). Je comprends que les actrices de cinquante ans et plus aient du mal à voir leur beauté se faner surtout à Hollywood qui continue de les considérer comme de vieux kleenex usagers (sauf Meryl Streep). J'ai encore plus de mal à comprendre pourquoi elles se précipitent dans les bras de réalisatrices qui les offrent en pâture de façon scandaleuse et tentent bien maladroitement de nous faire compatir à leur détresse de femme vieillissante.

Côté interprétation, elle est en effet surprenante. Mais pas dans le bon sens du terme. Pourquoi ces yeux constamment écarquillés de biche effarouchée qui semblent lui sortir de la tête, surtout lorsqu'elle marche dans la rue, comme si elle se sentait constamment observée voire poursuivie ? Elle tourne continuellement le regard à droite et à gauche comme si elle transportait des documents top secret. C'est dommage que dans un film qui évoque une femme avec un gros problème existentiel ce soient les garçons qui soient touchants.

Ses tenues ? Où sont-ils allés chercher les chemisiers à cravate de ma grand-mère, je pensais avoir tout débarrassé ? Et évidemment le beige fadasse est de mise (définissez-moi le beige, vous avez quatre heures) même pour ses manteaux à trois mille dollars.

Je ne l'ai pas trouvé en beige mais voilà le genre d'horreur : 

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Parlons féminisme. Encore une fois, Simone, Gisèle et les autres doivent se retourner dans leur Panthéon. En quoi est-ce féministe qu'une femme ait pour obsession de se retrouver à quatre pattes devant un gars, laper du lait dans une écuelle, se faire traiter de chienne (très jolie et subtile métaphore du début du film où Samuel sauve Romy des pattes d'un chien déchaîné prêt à lui lacérer le manteau... plus tard, c'est elle qui deviendra une chienne...) et réclamer l'humiliation comme apothéose sexuelle ? D'autant que Nicole, si l'on en croit la première scène qui suit l'ouverture où Jacob ne parvient pas à la faire jouir mais qu'elle simule (admirablement), se débrouille très bien toute seule. Pitié, laissez le féminisme tranquille !

La seule différence entre le porno où l'humiliation est dégradante et imposée est que Nicole est une adulte consentante qui en veut, qui en redemande. Partant de là, j'estime que traiter le sexe entre deux adultes consentants n'est absolument pas un sujet de film car il n'aborde rien. Deux adultes CONSENTANTS ont selon moi le droit de faire absolument tout ce qu'ils veulent et les fait grimper au rideau, derrière la porte de leur alcôve.

D'autant que ATTENTION SPOILER (et éloignez les enfants), le fantasme de Nicole est quand même bien gratiné : se retrouver à plat ventre et s'introduire les doigts (on ne nous précise pas le nombre et cela requiert une petite gymnastique) ou bénéficier de ceux d'un homme à condition qu'il ne la regarde pas... au secours, on a vu plus révolutionnaire comme fantasme.

Je ne vois pas ce que ce film qualifié de thriller érotique a de thriller. Romy n'est pas une psychopathe avec pic à glace ou qui fait bouillir un petit lapin voire qui fait fondre des glaçons dans son nombril mais juste une meuf peine-à-jouir qui cherche à jouir et trompe son mari. Si vous avez apprécié les navets que sont 9 semaines et 1/2, Basic instinct ou Liaison fatale, ce film est pour vous.

Bienvenue dans les années 80.

Et attention SPOILER ALERTE à nouveau, côté subversion on atteint ici des sommets : madame rentre au bercail et explique à monsieur que sur le ventre et avec les doigts, elle aime bien. Et monsieur s'exécute car il sait faire et a cessé de penser que c'est "vilain".

Tout ça pour ça, il n'est pas interdit de rire mais ça se prend très très au sérieux et la morale est sauve.

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