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THE BRUTALIST

de Brady Corbet *****

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Avec Adrien Brody, Felicity Jones, Guy Pearce, Joe Alwyn, Raffey Cassidy, Stacy Martin, Isaach de Bankolé, Ariane Labed

En 1947, Laszlo Toth architecte austro hongrois juif survivant du camp d'extermination de Buchenwald débarque à New York.

Sa femme adorée Erzsébet et sa nièce Zsofia, rescapées du camp de Dachau n'ont pu se joindre à lui. Il est accueilli par son cousin Attila et sa femme Audrey qui ont "réussi" dans la fabrication et le commerce de meubles en Pennsylvanie. Relégué (mais reconnaissant) dans un cagibi au fond du magasin, Lazslo va d'abord travailler pour eux jusqu'à ce que l'industriel fortuné Harrison Lee Van Buren ait connaissance des bâtiments qu'il avait réalisés dans son pays d'origine lui confie un projet : la construction d'un centre communautaire qui comprendrait une bibliothèque, un gymnase, une église. La vie de Lazslo en est évidemment bouleversée car le projet nécessite des années de travail. Grâce à ses nouvelles relations sa femme et sa nièce vont enfin pouvoir le rejoindre. Autour de lui vont également graviter le fils antisémite de Harrison ("Nous te tolérons ici"), sa fille admirative, un ouvrier noir avec qui il aura partagé la misère et l'emprise de la drogue. Toute une galerie de personnages qui accompagnent ou provoquent ses réussites comme sa descente aux enfers.

Je ne vous cache pas que l'on sort du film complètement rincé même si comme pour nous aider à nous remettre du monument, et dans une ultime facétie, le réalisateur nous invite presque à danser sur cette gaudriole. Pourtant, à aucun moment le film ne m'a paru long malgré ses 3 h 35. Et lors de son intermission, je n'avais qu'une hâte : que le film reprenne et même qu'il comble les ellipses frustrantes puisque l'histoire se déroule sur plusieurs décennies qui ne peuvent donc être détaillées dans leur intégralité.

Et tant pis pour une scène problématique, tant pis encore pour l'explication livrée in extremis de l'oeuvre qu'on a vu se construire peu à peu, s'interrompre et reprendre. Tant pis pour le trop, le too much et l'excès ou plutôt tant mieux, mille fois tant mieux, pour moi qui en vois tant, qu'il me soit encore possible de voir un tel film à nul autre semblable, pour la musique aussi, grandiloquente, emphatique gigantesque que je trouve éblouissante, étourdissante.

"Ce film me tue à petit feu" dit en plaisantant à peine le réalisateur. On le comprend. Sept ans pour enfanter ce monument éminemment clivant et je suis évidemment heureuse de faire partie de la team qui a été percutée visuellement, auditivement, émotionnellement.

Je laisse aux plus savants le soin de décortiquer le choix artistique de Brady Corbet qui a tourné le film en VistaVision (procédé de prise de vues cinématographique sur pellicule 35 mm plus utilisé depuis les années soixante) ce qui signifie que le film représente vingt-six bobines, pesant 150 kilos. A l'ère du numérique, c'est un exploit ou une folie. C'est très beau. Tout comme je me garderais bien de faire ma maligne en prétendant m'y connaître en brutalisme. Pour faire simple je dirais que ces créations utilisent en priorité le béton que l'on peut trouver immonde (c'est mon cas). Ecrasante, oppressante en tout cas et en écho à ce qu'a vécu Lazslo.

Brutal ce film halluciné/hallucinant l'est puisqu'il évoque la shoah, la misère, l'antisémitisme, les traumatismes des camps physiques ou psychologiques, le mépris de classe, les addictions. Il est à la fois ample et intimiste, romanesque et prosaïque. Il ne fait pas que survoler les personnages et les situations, il les décortique jusqu'à l'os. Notamment les relations de Laszlo et sa géniale femme Erzsébet, unis par un amour autant sensuel qu'intellectuel. Et celles de Laszlo et son mentor Harrisson constamment tiraillé entre l'admiration sans borne pour celui qui a été formé au Bauhaus (école d'architecture considérée comme dégénérée par les nazis) et sa jalousie incontrôlable qui le pousse à constamment le repousser, l'humilier, le manipuler, voire pire...

Une succession de scènes étourdissantes comme cette ballade dans les carrières de marbre de Carrare sont encadrées par la toute première où l'on retient son souffle en finissant par comprendre où l'on est, où la Statue de la liberté finit par apparaître à l'envers (le réalisateur nous prévient peut-être que nous allons être chamboulés) et la dernière dont je ne vous dirai pas où elle se déroule (c'est sublime) et où l'explication saisissante de l'oeuvre de Lazlo marqué à vie par son séjour à Buchenwald est révélée.

Le casting est lui aussi étourdissant de justesse. Guy Pearce est génial, Felicity Jones, Stacy Martin également.  Avec évidemment, de quasi tous les plans Adrien Brody possédé comme s'il rejouait sa partition du Pianiste de Roman Polanski.

Pour la petite histoire (sans intérêt) sachez que la toute première chronique de ce blog date du 26 mars 2006 (19 ans bientôt) et que le tout premier film chroniqué était Mysterious skin de Gregg Araki avec un certain Brady Corbet qui était acteur à l'époque.

Je pense que Cimino, Coppola, Lynch auraient été ravis de voir ce film réalisé par un gamin de 35 ans. Paul Thomas Anderson doit l'être.

Et comme le disent Arthur Cios de Konbini :

"Dans un monde logique et sensé, ce film devrait récolter tous les Oscar"

ou Eric Neuhoff :

"Des films comme ça, on n’en voit pas beaucoup dans sa vie."

Festival du film d'histoire de Pessac : « The Brutalist », primé à Venise,  sera projeté

Un peu de musique brutale pour finir :

Commentaires

  • Tout va te paraître fade après un film pareil ! pas pour moi, tu t'en doutes. On verra plus tard.

  • Autant de surprises et d'inventivité... je vais devoir revoir mes exigences à la baisse :-)
    Et tu ne vas pas le croire, j'ai déjà envie de le revoir.

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