Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

A REAL PAIN

de Jesse Eiseinberg ****

a real pain,jesse eisenberg,cinéma,kieran culkin,jesse eiseinberg,will sharpe,jennifer grey

Avec Kieran Culkin, Jesse Eiseinberg, Will Sharpe, Jennifer Grey

La grand-mère adorée de Benjamin et David est morte. Benjamin en est beaucoup plus affecté que son cousin David à qui il propose de lui rendre hommage en se rendant en Pologne où elle a survécu au camp de concentration.

Les deux garçons sont très différents et ont jadis été très proches, des siamois comme ils le disent. David est réservé, discret, anxieux, plutôt sage, il a un métier, une femme, un enfant à New York alors que Benjamin traîne un mal existentiel profond et est sujet à de brusques sautes d'humeur entre exaltation et abattement soudain.

Ils embarquent donc, ravis d'effectuer ce périple ensemble et intègrent un petit groupe de "touristes" composé d'un couple texan à la retraite, de Marcia (Jennifer-Bébé-Grey) californienne fraîchement divorcée, d'Eloge, un survivant du génocide rwandais converti au judaïsme et de leur guide James. Ils vont participer à la visite de certains lieux symboliques de la Shoah mais aussi découvrir la maison où leur grand-mère a vécu (très beau moment).

Ce film est une surprise de taille. Il m'a bouleversée. Evidemment il est très écrit, très américain et Jesse Eisenberg a la même verve intello-dépressive new yorkaise que Woody Allen. Tout cela n'est pas fait pour me déplaire, au contraire. L'interprétation de Kieran Culkin (le seul intérêt (selon moi) de la série Succession (que j'ai détestée)) est sans doute aussi pour beaucoup dans la réussite du film et de l'émotion qu'il provoque. L'acteur est impressionnant en Benjamin, un garçon triste, malheureux, suicidaire mais également très drôle (comme souvent les clowns tristes).
Après ce film, les réalisateurs vont peut-être enfin se réveiller et découvrir cet acteur qui vient d'obtenir un Bafta et un Golden Globe pour ce rôle. Il est également nommé pour un Oscar (mais la concurrence est rude et sévère face à Yura Borisov (Anora), Edward Norton (Un parfait inconnu), Guy Pearce (The brutalist) et Jeremy Strong (The apprentice)).

Revenons au film.

David résume bien les sentiments que Benjamin déclenche : "Je l'aime, je le déteste, j'ai envie d'être lui". Benjamin est un être de lumière charismatique, qui éteint tous les autres autour de lui dès qu'il entre dans une pièce. Mais il peut être aussi terriblement agaçant avec son hyper émotivité en bandoulière et sa façon exaspérante (et pourtant tellement juste) de dire toujours clairement ce qu'il pense. Envahissant et touchant, exaspérant et attachant. C'est lui qui désamorce la tension et l'émotion vive que tous éprouvent en s'arrêtant devant le Monument hommage à l'insurrection de Varsovie et organise une séance de photos inattendue. C'est l'une des plus belles (et plus drôles) scènes du film. Et aucun irrespect ici.

a real pain,jesse eisenberg,cinéma,kieran culkin,jesse eiseinberg,will sharpe,jennifer grey

Toujours dans l'excès, Benjamin ne pourra par contre pas étouffer son indignation de voyager en première classe dans un train ou feindre sa profonde tristesse lors de la visite du camp de concentration et d'extermination de Majdanek.

a real pain,jesse eisenberg,cinéma,kieran culkin,jesse eiseinberg,will sharpe,jennifer grey

Face à Benjamin se trouve David, l'angoissé, celui qui n'a aucune confiance en lui et admire sans le comprendre vraiment malgré ses efforts ce cousin flamboyant et affligé. La petite histoire familiale, les tensions et reproches qui semblent parfois affleurer au fil des conversations et du pèlerinage, les interventions des autres protagonistes s'insèrent avec fluidité à cette déambulation devenue nécessaire. Les nocturnes et préludes du polonais Chopin ne sont pas là pour illustrer les émotions des personnages mais pour accompagner le voyage avec douceur et mélancolie de ce film inclassable où l'on "visite" la fresque juive et le château de Lublin, un cimetière juif, la fontaine de la place Grzybowski, le mémorial du Ghetto de Varsovie... (si comme moi vous êtes curieux, vous pouvez faire la visite des lieux de tournage sur ce site étonnant : https://lesvoyageurscinephiles.com/).

Jesse Eisenberg bon acteur, bon réalisateur réussit son exercice de devoir de mémoire avec ce film, ni drame, ni comédie mais en équilibre harmonieux sur les deux ce qui est assez audacieux. Le thème lui a été inspiré par la découverte d'une "pub" étonnante qui propose "Visite Holocauste, déjeuner compris" et par un voyage en Pologne où ces questions se sont imposées à lui : si sa famille n'avait pas émigré aux Etats-Unis, "si la guerre n'avait pas eu lieu, c'est ici que je vivrais. À quoi ressemblerait ma vie ? Qui serais-je ?" C'est vertigineux je trouve.

Le duo fonctionne admirablement même s'il faut reconnaître que Jesse Eisenberg laisse Kieran Culkin prendre beaucoup, toute la place. Sur lui semble peser toute la tristesse du monde et le poids accablant de l'histoire de l'Holocauste qu'il exprime par un incommensurable et inconsolable chagrin, une véritable souffrance...

La dernière image est un crève-coeur.

A Real Pain: Kieran Culkin, Jesse Eisenberg

Commentaires

  • Il est en tête de liste quand je vais pouvoir retourner en salle (la semaine prochaine j'espère).

  • J'espère qu'il sera quelque temps à l'affiche.
    Quel beau film !

  • Il va écouter quoi monsieur ?
    J'ai adoré ce film. Je pense que ça se sent.

  • Ooooooh à part la barcarolle des contes de,Belle nuit, ô nuit d'amour, je ne connais pas bien.
    C'est aussi long qu'un brutalist !

  • Presque ! Et la mise en scène était... particulière. Il valait mieux avoir quelques bases en Hoffmanie. Bref, passons...
    Sinon, le César du meilleur film étranger est attribué à... ;-)

  • A côté de la plaque ce Ciseur quand on a en face Les graines du figuier.

  • La concurrence était sévère, il y avait aussi "Je suis toujours là" (mon favori pour l'Oscar), mais rien ne peut contrer "la Zone", et la brutaliste Sandra Hüller. ;-)

  • Aucune base en hoffamnie. Je ne risque pas de m'y aventurer.

  • En Hofmanie, tu te contentes de "Marathon Man" et "Le Lauréat" si je comprends bien. Bravo Mrs Robinson

  • Et c'est sans danger... c'est sans danger...

  • Je considère ta zone et ta Sandra davantage comme de l'art dégénéré que comme du brutalisme.
    Je me fais rire moi-même. C'est honteux mais c'est bon :-)

  • Et OMG... quel âge à Dustin ? La dernière fois que je l'ai vu il ne ressemblait plus à rien dans la mégalopole et jouait comme une savate.

  • Grande déception pour ma part, me suis terriblement ennuyé malgré quelques instants de grâce. Surtout Jesse Eisenberg fait du Jesse Eisenberg, l'impression qu'il joue toujours et encore le même personnage c'est lassant.

  • Alors là, parfaitement incompréhensible pour moi.

  • Je suis justement en plein dans la saison 4 de Succession... que j'adore, surtout pour Roman et pour Shiv... Alors forcément, celui-là je l'ai noté... je verrais...

  • Je ne sais même pas si je suis allée au bout de la 1ère saison. J'aurais peut-être dû m'accrocher.
    Kieran est acteur incroyable je trouve.
    Oui vas y et dis-moi. Ne tarde pas, il ne va pas s'éterniser en salle.

Écrire un commentaire

Optionnel