MICKEY 17
de Bong Joon Ho **
Avec Robert Pattinson, Noemie Ackie, Toni Collette, Mark Ruffalo, Steven Yeun, Anamaria Vartolomei
On a parfois du mal à se dire que le réalisateur génial et adoré des géniaux Parasite, Memories of murder et de l'adoré Mother ait un tel goût pour les histoires apocalyptiques avec montée en puissance d'une dictature. Mais il avait déjà commis Snowpiercer le transperceneige qui avait fait s'évanouir de bonheur les fans et m'avait moi profondément ennuyée. Il y était déjà question de tyrannie, de lutte des classes, de dictature et j'avais trouvé ce film d'un vide abyssal.
Grosse attente = grosse déception donc, car Bong Joon Ho reste un réalisateur dont je ne raterais aucun film (je n'ai pas vu Okja car je n'ai pas le grand N). Il reprend ici son procédé : sous le blockbuster se cache une satire politique de notre monde pourri. Autant vous le dire sans prendre de pincettes, j'ai trouvé cela très laid. Visuellement je veux dire. Je déteste ces tons maronnasses, sombres, jamais naturels, travaillés au numérique ou je ne sais quoi pour donner une ambiance de fin du monde. Evidemment en ces temps tourmentés où le maître du monde porte un prénom de canard et est accompagné d'un "bouffon sous kétamine" (pour reprendre les propos du héros du week-end), la lumière s'éteint un peu sur notre planète mais je ne pense pas que ce film aide à une réflexion éclairée et au cinéma j'aime y voir plus clair. Sur le fond, qu'en est-il ?
Pour fuir les dettes qu'ils ont accumulées sur Terre Mickey Barnes et son ami Timo décident de partir pour la planète Nilfheim. Timo devient pilote et Mickey signe (sans lire les petites lignes) un contrat au poste de "remplaçable". Cela consiste à l'envoyer dans des missions mortelles, ou devenir cobaye pour des expérimentations médicales ou scientifiques et autres joyeusetés. Sauf qu'à chacune de ses morts Mickey (et son "historique") sont passés dans une photocopieuse géante et ressuscite dans une nouvelle version de lui-même. Mickey regrette mais le contrat est irréversible. Lors de sa dix-septième mission, il est laissé pour mort comme chaque fois alors que de mystérieuses créatures rampantes le sauvent. Dans le labo, un Mickey 18 voit le jour (là, arrêtez-moi si je m'égare, j'ai trouvé qu'il y avait une belle erreur car pour être "photocopiée" la version morte de Mickey doit être là, or elle n'y est pas). Nous voici donc en présence de deux moutures différentes de Mickey obligées de cohabiter, le 17 doux, gentil, naïf, sentimental et le 18 violent, agressif, macho. Sauf qu'en cas de duplication, un des deux doit être éliminé.
Les rôles de Kenneth Marshall, le dirigeant de la colonie, suprématiste hystérique, accro à l'hypertechnologie au fort parfum muské accompagné de son épouse (une sorte de Madame Goebbels plus nazie que le nazisme) sont interprétés par Mark Ruffalo et Toni Collette en totale surchauffe et roue libre. Je pense que leur interprétation outrancière, grimaçante, caricature de la caricature ne m'a guère aidée à apprécier le film. Ils sont ridicules et insupportables. Les personnages incarnés par des femmes, Noemie Ackie et Anamaria Vartolomei, sont des badass réjouissantes qui expliquent à l'apprenti dictateur qui traitent les habitants de la planète d'aliens, que ce sont eux les aliens puisqu'ils colonisent leur planète et se chargent d'organiser la rébellion.
Quant aux pauvres rampants colonisés, pas hostiles et très protecteurs pour leurs bébés, ils sont des espèces de cloportes monstrueux dont la tête ressemble à un anus géant avec des dents. J'en déduis qu'être plus moche que la mocheté ne signifie pas forcément être méchants. Chouette.
Bilan. La musique est géniale mais le film certes spectaculaire, est interminable, répétitif, très bavard. J'ai aimé le dernier quart d'heure, sans doute parce que je sentais la fin arriver. Je crois qu'il me faut moins de Xème degré et de fantaisie pour réfléchir au fascisme.
Quant à Robert Pattinson : il est (malgré tout) PARFAIT, deux rôles pour le prix d'un et une voix tellement étrange... Grand acteur.
Commentaires
J'ai passé un très bon moment, supportant sans peine les bouffonneries outrancières de cette farce dystopique. Bong Joon Ho se demande ce qu'est l'humanité, à travers la représentation de la lutte des classes, mais aussi la comparaison des clones et la rencontre Terriens/Extra-terrestres. Ce n'est pas d'une étourdissante nouveauté, mais c'est bien joué, techniquement maîtrisé... et, par les temps qui courent, ça fait du bien.
Mouais, bof pour moi.
Bien joué par Robert mais les deux bouffons... c'est pas possible.