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PARTHENOPE

de Paolo Sorrentino *

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Avec Celeste Dalla Porta, Silvio Orlando, Daniele Rienzo, Dario Aita, Gary Oldman, Stefania Sandrelli

Parthenope naît dans l'eau en 1950, son berceau qui deviendra son lit jusqu'à l'âge adulte est un carrosse dans un palace avec vue plongeante, imprenable, époustouflante sur la baie de Naples.

73 années de la vie de cette femme, sirène céleste, valent-elles un film de 2 h 16 min. ? Je laisse la parole à Paolo : "Ce qu’une femme, en soixante-treize années de vie, n’a pas pu oublier : la mer de Naples et ses parents, le premier amour candide à la lumière du soleil [...], les rencontres fugaces, extravagantes ou décisives ; la découverte, à l’adolescence, de l’érotisme, de la séduction et du vertige de la liberté, se sentir vivante autant qu’il est possible, en soupirer ; la recherche éperdue de soi-même, les amours ratés ou à peine esquissés, les douleurs qui la plongent dans l’âge adulte, la vie qui s’écoule et l’inexorable passage du temps, [...] Naples encore et sa vitalité exaspérante [...]".

Ok, calme-toi, merci Paolo.

Et Parthenope dans la mythologie grecque qui est-elle ? Une sirène au destin lié à Naples. Certains disent qu'Ulysse résista à son chant et que, de désespoir, la sirène se suicida et son corps s'échoua sur les rivages de Naples. D'autres avancent qu'elle était une sirène du golfe napolitain éprise d'un centaure nommé Vesuvius. Jaloux, Zeus aurait métamorphosé le centaure en volcan (le Vésuve), entraînant le suicide de Parthénope, dont le corps fut transporté sur Megaride, l'ancienne petite île de Naples.

A l'écran que voit-on ? De 1950 à 2023, le réalisateur s'attarde longuement sur les années de prime jeunesse (18 - 25 ans à peu près) de cette jeune femme d'une beauté quasi surnaturelle. Tout est beau chez Parthenope, son visage, son sourire, ses dents, sa peau, ses cheveux, son corps et la micro taille de ses vêtements, quand elle en porte, nous laisse tout le loisir d'apprécier. L'actrice Celeste Dalla Porta, qui porte admirablement son prénom, mannequin de son état, s'acquitte avec beaucoup de courage et d'application de ce premier rôle au cinéma. Le personnage m'a paru beaucoup plus problématique. Pouvant tout obtenir sans même claquer des doigts uniquement parce qu'elle est belle, Parthenope n'a qu'à paraître pour attiser le désir, la convoitise, la jalousie. Sauf qu'elle me semble affligée d'un handicap colossal. Je l'ai trouvée incapable d'aimer, offrant des sourires lumineux ou, pour les plus chanceux, des caresses compatissantes sur la joue de tous les hommes qui se présentent. Son frère étant sans doute le plus amoureux de la demoiselle. Hélas, ce personnage, l'unique qui soit émouvant, profond, foncièrement douloureux disparaît à la moitié du film qui (selon moi) ne se relève pas de cette absence. Le seul à qui elle propose son amour lors d'une escapade à Capri (escapade aussi invraisemblable que risible puisqu'elle se rend sur l'île sans un sou, mais que grâce à sa beauté trouve toujours où se nourrir et se loger) est un écrivain homosexuel de trois fois son âge (mon dieu, Gary Oldman...) qui se refuse à souiller sa jeunesse et sa beauté. "Me laisserez-vous tomber amoureuse de vous ?" lui murmure-t-elle à l'oreille.  Heureusement un évêque libidineux qui ne s'embarrasse pas de ces précautions, ayant pour ambition la papauté la fera jouir bruyamment. Sa beauté irréelle lui permettra même une relative réussite professionnelle. Sauf qu'on a du mal à croire que cette beauté qui passe son temps à nager, se faire bronzer, participer à des fêtes luxueuses et répondre aux oeillades des hommes devienne thésarde et anthropologue alors qu'elle ne comprend pas ce qu'anthropologie signifie (running gag très lassant du film ou humour sorrentinesque, que choisir ? : "c'est quoi l'anthropologie ?").

Capable du meilleur La grande bellezza, This must be the place, The young pope (série), Youth, Paolo Sorrentino clame ici son amour à la ville de Naples, aux objets luxueux, aux intérieurs fastueux, aux décors et costumes chics et choc. C'est très beau, somptueux même et la caméra amoureuse du réalisateur glisse sur l'écrin de son film comme sur le corps et le visage parfaits de son actrice. Hymne ou ode à la femme me semble plus contestable tant sa jolie coquille me semble vide malgré les bavardages pompeux qu'il lui met en bouche. La naïve ambitieuse se voit même offrir un temps la possibilité de devenir actrice. Et la voilà qui assiste à la répétition d'une scène de film porno en compagnie d'un public salace, suant et bavant presque où le consentement de la demoiselle de la scène n'est clairement pas la priorité. Son regard désespéré pendant que l'acteur besogne sur elle est explicite. C'est QUOI cette scène ??? Parthenope renonce à sa carrière d'actrice pour se consacrer à l'anthropologie. Heureusement cette partie de sa vie donne l'occasion de quelques échanges savoureux avec son maître de thèse (le grand Silvio Orlando). Mais alors que dire de l'apparition d'un monstre de 800 kilos fait d'eau et de sel, calme et doux comme un ange ? Là, je suis sans voix.

Le temps qui passe (vite) et ne se rattrape pas est incarné par Stefania Sandrelli, icône du cinéma italien que nous avons tant aimée... très mélancolique. Sa ressemblance avec Celeste/Parthenope est une évidence.

La splendeur éclatante des images ne fait pas tout. Totalement privé d'émotion le film et son personnage me sont apparus comme deux coquilles vides dans un écrin étincelant et lumineux qui s'achève néanmoins par la triviale victoire des italiens à je ne sais quel tournoi de foot...

Commentaires

  • Je trouve la comédienne très belle. Et puis, il y a Gary Oldman.
    Mais ça ne suffit pas pour me motiver à aller voir le film...

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