de Cyprien Val ***

Avec Marina Foïs, Théo Christine, Mathieu Demy

Katia est responsable de l'Observatoire volcanologique de Guadeloupe. Elle forme une équipe très soudée avec Aimé un jeune thésard guadeloupéen passionné comme elle et dont les parents tiennent un restaurant sur une plage.

La Soufrière, vieille dame assoupie (on dit que ce volcan est en repos éruptif), fait entendre quelques grondements et échapper des fumerolles qui inquiètent les scientifiques et le Préfet. Est-ce qu'une nouvelle éruption se profile ? La dernière éruption majeure date de 1797. Depuis, l'activité s'intensifie sans aller plus loin que des secousses sismiques d'intensité "raisonnable" n'occasionnant que quelques dégâts matériels.

Nous découvrons dans ce film (didactique juste ce qu'il faut pour ne pas nous perdre dans des considérations scientifiques lénifiantes) que les fumerolles sont le signe avant coureur d'une "mini" explosion. Dès lors que l'explosion a lieu, Katia est rassurée et déclare que tout risque est écarté. Sauf que cette explosion a provoqué une chute de pierres et occasionné un accident de la route. Selon le principe de précaution, et d'évidentes considérations politiques, le Préfet aimerait fournir davantage de certitudes à la population. Mais le risque 0 et les certitudes scientifiques à 100 % n'existent pas.

Faut-il ou non faire évacuer la zone de Basse-Terre la plus exposée aux risques ? Même la population, habituée à vivre au pied de la vieille dame, est contre cette évacuation qui l'expose à la perte d'emploi, au pillage des maisons et à vivre dans des conditions très déplaisantes.

Amateurs d'éruption volcanique et autres films catastrophes à sensations avec héros qui sauve les enfants, la grand-mère, le chien et tombe amoureux de la pharmacienne... passez votre chemin. Ici nous pénétrons occasionnellement dans les bureaux des scientifiques aux yeux rivés sur des écrans, des courbes et des statistiques, accompagnons le duo vedette sur le terrain et assistons surtout au bras de fer entre les scientifiques qui savent (un peu) et la préfecture qui essaie d'évaluer le rapport bénéfice/risque face aux locaux qui ne comprennent pas toujours les décisions. Pas de grandes images sensationnelles mais un suspense très habilement mené où la tension, la peur, la menace et même l'inconscience parfois s'équilibrent parfaitement.

Le fait que la scientifique (Marina Foïs, formidable) et le Préfet (Mathieu Demy, extra comme d'hab') soient des français métropolitains (blancs) est un sujet en retrait mais suffisamment visible pour que l'on sente la défiance voire le mépris des locaux. Le film s'appuie sur un évènement de l'été 1976. Le préfet de la Guadeloupe ordonne l’évacuation totale de l’extrémité sud de Basse-Terre soit 73 600 personnes pour  une éruption qui ne fit d’autres dommages que matériels. Haroun Tazieff volcanologue émérite et charismatique et Claude Allègre géologue et ancien ministre de l’Éducation nationale jamais d'accord se vouèrent une haine profonde.

J'ai aimé ce film d'où le spectaculaire est (quasiment) absent mais pas le suspense, voir ces scientifiques qui aiment leur travail et l'objet de leurs travaux : ces volcans endormis imprévisibles malgré la haute surveillance dont ils font l'objet. Les acteurs Théo Christine (très bien) et Marina Foïs forment un beau duo parfois en conflit (sur le mode romcom) avec un bel engagement physique. Et puis la beauté de l'endroit et la personnalité des guadeloupéens donnent vraiment envie de découvrir davantage l'histoire et la vie de cette île éloignée (c'est bon, la Corse, on a compris, c'est Vendetta et terreur sur la population).