LA RÉPARATION
de Régis Wargnier *
Avec Julia de Nunez, Clovis Cornillac, Julien de Saint Jean, J.C Lin, Anne Azoulay, Louis-Do de Lencquesaing, Antoine Pelletier
Paskal Jankovski (Janko pour les intimes) chef doublement étoilé attend fébrilement sa troisième étoile. Disons qu'il est d'une humeur massacrante.
Dans son restaurant très fréquenté, il mène tout le monde à la spatule, aussi bien sa brigade au garde à vous dès qu'il la rassemble pour un de ses homériques coups de gueule, que son second Antoine destiné à prendre du galon ou sa fille unique Clara qu'il adore et dont il ne doute pas qu'elle fera perdurer l'héritage en reprenant le restaurant le moment venu. Janko ne sait pas qu'Antoine et Clara sont amoureux, s'aiment à l'abri des regards et ont un projet : quitter le restaurant et mener leur vie en toute indépendance.
Alors que l'attribution de la troisième étoile est annoncée, que tout le restaurant se réjouit, Janko et Antoine sont introuvables. Les semaines passent, les recherches sont abandonnées. Clara continue à faire vivre le restaurant malgré la baisse de fréquentation et l'acharnement des badauds à venir passer leur curiosité sur les lieux de l'étrange disparition. Deux ans, plus tard, Clara reçoit une invitation à participer à une sorte de séminaire culinaire à Taïwan. Elle y fait la connaissance de Lian un jeune chef cuisinier dont la cuisine ressemble de façon troublante à celle de son père...
Est-ce que passer de la Bretagne à Taïwan suffit à rendre un film romanesque ? Hélas non et j'ai eu bien de la peine à retrouver Régis Wargnier dans cette évocation mal fagotée d'un mystère improbable dont on finit assez rapidement par se désintéresser tant il est mené mollement et pourtant chargé de rebondissements plus invraisemblables les uns que les autres, ajoutant des personnages sans intérêt comme ceux de Louis Do de Lencquesaing en critique culinaire qui finit par se prendre pour Sherlock Holmes, d'Anne Azoulay (dont le détail qu'elle soit lesbienne n'a strictement aucun sens) et pire encore celui de Maximilien Seweryn énigmatiquement risible, surgissant lorsqu'on s'y attend le moins et chargé des basses besognes.
Sans compter que pour nous faire croire à une grande histoire d'amour, il faut que les acteurs en présence nous fassent ressentir un tant soit peu la passion qui les anime. Or, Julien de Saint Jean (tellement excellent dans Arrête avec tes mensonges ou Le Comte de Monte Cristo) hérite d'un personnage mal écrit aux agissements quelque peu discutables, obligé de sous jouer pour nous y faire croire. Quant à Julia de Nunez, elle doit encore faire ses preuves (à mes yeux) tant l'absence de charisme et la gaucherie crèvent l'écran.
Chronique familiale, thriller et histoire d'amour... tout cela fait une sacrée tambouille mal assaisonnée et pas très digeste jusqu'à un final abracadabrantesque où l'on se demande si la fifille n'a pas perdu le sens commun en route...
A noter la scène d'ouverture en costumes d'époque aussi énigmatique qu'incongrue dont j'attends toujours la signification voire la justification...
Evidemment il y a la belle réalisation et de belles images (comme ont noté mes voisines de projection). Le réalisateur nous invite au tourisme. Dans la forêt bretonne puis dans la trépidante ville de Taïpei et dans l'envoûtante nature environnante (voir la belle affiche) ou dans le célèbre restaurant Raw à Taipei. Les moments culinaires mettent l'eau à la bouche et (si je ne vous ai pas découragés) je vous encourage à ne pas vous rendre en salle le ventre vide. Mais je n'ai pas retrouvé ici, loin s'en faut, le souffle épique que Régis Wargnier avant insufflé dans ces deux films que j'adore : Indochine et Est-Ouest. J'espère que le réalisateur ne prendra pas à nouveau 11 ans avant de nous embarquer pour une aventure un peu plus romanesque telle qu'il savait les filmer et les raconter, une invitation au voyage comme il en a(vait) le secret.
Commentaires
Ouais, je suis du même avis. Déception...
Le début est incongru. J'ai deux hypothèses :
- il a voulu nous embarquer dans une forme de mystère,
- il devait y avoir une fête au resto... et elle a été coupée au montage.
De bonnes idées, quelques très belles images, mais un intérêt discutable.