L'AMOUR C'EST SURCOTÉ
de Mourad Winter ***
Avec Laura Felpin, Hakim Jemili, Benjamin Tranié, Abdullah Sissoko, Alassane Diong, Steve Tientchieu, François Damiens, Clotilde Courau
Depuis la mort d'un de ses meilleurs amis, Anis végète et n'a pas amélioré sa façon de séduire.
Autant dire que du côté de sa vie sentimentale c'est le vide absolu et même s'il participe à des soirées censées provoquer les rencontres, aucune n'aboutit. Jusqu'à ce qu'il croise le regard de Madeleine qui tient le vestiaire d'une boîte de nuit et qu'il ose l'aborder. La jeune femme est loin d'être hostile à la manière maladroite d'Anis de l'approcher. Mais face à l'abattage de Madeleine, Anis est vite à court de plaisanteries. Néanmoins le couple se revoit et va prendre son temps avant de "concrétiser".
QUOIIII ??? Encore une comédie française, drôle, pas conne, pas vulgaire, parfois tendre et émouvante ? C'est donc possible ! Que se passe-t-il ? Ne cherchons pas à comprendre ou à savoir. En tout cas, quel bon moment !!!
Mourad Winter adapte son propre roman (que je n'ai pas lu) et réussit un film très drôle et parfois émouvant, complètement dans l'air du temps. Avec une punchline par minute (il faudrait prendre des notes pour pouvoir en ressortir quelques unes) et un rythme de stand-up, le film est avant tout vraiment drôle. Evidemment les esprits chagrins regretteront peut-être que le réalisateur s'amuse de thèmes lourds "dans l'air du temps", mais j'étais d'humeur badine et je suis surtout convaincue que les acteurs comme leur réalisateur ne sont ni racistes, ni homophobes, ni misogynes... D'autant que c'est clairement la fille qui mène la danse. Et ici, tout le monde en prend pour son grade : les juifs, les arabes, les homos, les hommes, les femmes (aucun souvenir que les cathos aient eu leur part du gâteau) et il vaut mieux se rendre en salle équipé de son second degré et de l'activer.
La seule réserve que j'émets vient du fait que je me demande (une fois de plus) quels sont les moyens de subsistance de ces gens ? A part Madeleine et son emploi précaire au vestiaire, de quoi vivent-ils ? Je dépasse vite cet agacement et préfère profiter d'une comédie vraiment formidable qui n'a pas le temps de nous montrer ses personnages au travail.
Ce qui touche ici est que pour les deux personnages principaux l'amour est loin d'être surcoté et leur rencontre a un charme fou et colore l'existence en rose bonbon pendant le temps de la séance et pas mal de temps ensuite. Ressortir joyeux et guilleret d'un film n'est pas courant. L'alchimie entre Laura Felpin (jolie comme un coeur, pimpante, adorable) et Hakim Jemili (séduisant) est une évidence et ils sont sur le même tempo comique et pince-sans-rire. Le duo fonctionne à 200 % et contribue au charme évident du film. On a envie que nos deux tourtereaux se comprennent enfin. Et face à cette fille qui parle, parle, parle, Anis en apprend chaque jour un peu plus sur lui-même. Et lorsque cette intarissable se tait, Anis s'inquiète : "Avec ce genre de fille, ce n'est pas le calme après la tempête, le calme C'EST la tempête". Moi, j'adore !
Autour d'eux gravite la bande d'amis d'Anis, parfois un peu relous et embarrassants mais toujours très drôles. On trouve Alassane Diong (découvert dans Le jeune imam) et Benjamin Tranié à qui revient la lourde et délicate charge de sortir avec le plus grand sérieux tout ce que le monde a comme jugements, a priori, préjugés à l'encontre des juifs, des noirs et des arabes. Je trouve qu'il se sort admirablement de ce personnage casse-gueule qui énonce toutes les horreurs possibles et imaginables le plus doctement du monde ainsi que le font les complotistes et terreplatistes qui ont toujours à leur disposition des statistiques sorties de nulle part à leur portée. C'est d'autant plus drôle que le gars n'est entouré parmi ses plus proches que de noirs et de musulmans pratiquants et qu'il tombe amoureux d'une juive.
Et puis la romcom programmée s'épaissit de quelques thèmes douloureux qui n'épargnent pas les plus drôles, tels que le deuil ou la dépression cachée. Mon coeur s'est serré à cette phrase : "Je ne savais pas qu'en disant "je pars le premier" (alors que le groupe d'amis encore ados doit s'élancer à vélo sous une pluie battante), Isma nous prévenait".
La fin est douce, tendre, inattendue. Elle donne envie d'aimer, de croire surtout que l'amour, et bien, on n'a pas encore fait mieux pour être heureux... le temps que ça dure.
Commentaires
J'approuve à 1000 % c'est dire !!!
Qu'est-ce que j'ai passé un bon moment
Et le garçon est tellement attendrissant
Bref Bcp de messages passés mais en douceur
Je pense que c'est du vécu pour le réalisateur
La banlieue et ses personnages
Les répliques tordantes
Non non Ce n'est pas un film que pour les jeunes
L'amour est universel
Et j'oubliais le coup du Trans Trop drôle
Enfin. Ce soir là j'ai été vraiment bon public
Parfois c'est bon de s'abandonner, de rire et de s'attendrir.