29.04.1919/21.07.2006
O comme Oury
(Ma Grande Vadrouille, éditions Plon)
"Je suis né le 29 avril 1919 à Paris, 24 rue de La Tour, car les femmes à cette époque accouchaient dans leur appartement. Fils de Serge Tennebaum, violoniste, et de Marcelle Oury, sans profession, je fus déclaré à la mairie du 16e arrondissement sous le nom de Tennenbaum Max Gérard. Max, mon parrain, fut un très célèbre tragédien de la Comédie Française du nom de De Max. Gérard est un prénom que je ne regrette pas, car il est d'origine germanique et signifie "lance de puissance" ! Mes parents divorcèrent lorsque j'eus trois ans, et je fus élevé par ma mère et ma grand-mère. Il était donc naturel que j'adopte leur nom lorsque je décidai d'embrasser le métier d'acteur. Mais la Loi française est piquante : on a certes le droit de prendre le nom de sa mère mais en le modifiant. Ce qui fait qu'aujourd'hui encore mon passeport est libellé comme suit : 'Houry dit Oury Gérard' ".
A la fois acteur, scénariste, réalisateur il était le roi de la comédie populaire qui devient culte « Le Corniaud », « La Grande Vadrouille », « Le Cerveau », « Rabbi Jacob » etc… Le coup de génie absolu est d’avoir rassemblé Bourvil et Louis de Funès et de les avoir réunis à plusieurs reprises.
« La Grande Vadrouille » reste pour moi la comédie française haut de gamme, inégalable et dont je ne me lasse pas. Plus de 17 millions de spectateurs en salle à sa sortie en 1966, ce raz-de-marée n’a été dépassé depuis que par une vague titanesque. Chaque passage à la télé est un triomphe. Les scènes cultes succèdent aux répliques cultes, c’est un festival et c’est inoubliable !
Quelques petites remises en oreilles savoureuses :
L'Anglais: Me, Mac Intosh
Stanislas: Vous Mac Intosh
L'Anglais: And the signal is "Tea for two"
Stanislas: Le signal…
L’Anglais siffle “Tea for Two”
Stanislas : Sifflez pas ça, is an american song
L'Anglais : Yes
Stanislas : Is ferbotten ici, c'est, alors…
(Il joue la mélodie au piano. L’Anglais lui fait signe d’arrêter)
Attendez. If I go to the turkish bath, I risk énormément
L'Anglais : Yes
Stanislas : But, if you, you go out, si vous sortez, the Germans, les Allemands, ils vous attrapent, et crcrcr
(il fait le geste de quelqu’un que l’on torture)
vous allez parler, et moi I risk encore plus
L'Anglais : Yes
Stanislas : Donc, I risk on the two tableaux
L'Anglais : Yes
Plus tard, au bain turc :
Augustin: Are you ?
Stanislas: You are.
Augustin : Happy
Stanislas: Glad. Where is Big Moustache ?
Augustin: I don't know and If you don't know, non ?
Stanislas : I don't understand
Augustin : You come with me to pick up Peter
Stanislas : Non, you, come with me to pick up Mac Intosh
Augustin : Non, non, non, you
Stanislas : I beg your pardon
Augustin : And if you don't come, I, heu, ah ! merde alors ! comment on dit ça ?
Stanislas : Comment ça "Merde alors", but alors you are French !
Augustin : You are not English !
Stanislas a du mal à avancer et rouspète.
Augustin: Évidemment, c’est pas des chaussures pour la marche que vous avez là.
Stanislas: Puisque vous me le proposez si gentiment, j’accepte !
Augustin : Quoi ?
Stanislas : Que vous me prêtiez vos souliers.
Augustin : Bah, euh, vous chaussez du combien ?
Stanislas : Du comme vous.
(Ils échangent leurs chaussures)
Un régal, inimitable !