Pour répondre à mon Dada à qui je ne peux rien refuser... je reprends ses exigences (présenter ma tête de quand j'étais petite, belle et jeune), tout en adaptant à ma route...
A cette époque, je ne me doutais de rien, mais sur les écrans français on pouvait voir "Hiroshima mon amour" d'Alain Resnais que je découvrirai 14 ans plus tard et dont j'engloutirai les dialogues surréalistes :
"LUI : Tu n'as rien vu à Hiroshima. Rien.
ELLE :J'ai tout vu. Tout... Ainsi l'hôpital je l'ai vu.J'en suis sûre. L'hôpital existe à Hiroshima. Comment aurais-je pu éviter de le voir ?
LUI : Tu n'as pas vu d'hôpital à Hiroshima. Tu n'as rien vu à Hiroshima...
ELLE : Je n'ai rien inventé.
LUI : Tu as tout inventé."
Oups !
Ainsi que "Les quatre cents coups" de Truffaut, "La mort aux Trousses" d'Hitchcock, "Certains l'aiment chaud" de Billy Wilder, "Rio Bravo" d'Howard Hawks... qui font partie définitivement de mon panthéon. Quelle année, non ?
A ce moment là, pourtant perplexe, je ne savais pas que « Jules et Jim » et Catherine… de François Truffaut me rattraperaient un jour pour m’embarquer dans le tourbillon de la vie !
C’est là que tout a commencé. J’ai découvert LE CINEMA avec « Blanche Neige », mon premier film d’horreur et depuis je crains toujours de me faire dévorer par la forêt ou de manger des pommes empoisonnées. Mais c'est de là que je tiens aussi mon goût pour les robes, les cols de princesse et mon prince charmant... Ce n’est que bien plus tard que je découvrirai « Les parapluies de Cherbourg » de Jacques Demy sorti cette année et dont je ne me lasserai jamais comme de TOUS ses films.
Cette fois, c’est parti pour ne plus jamais s’arrêter… même si j’ai commencé par UNE séance par semaine (ridicule non ?). J’ai fait la connaissance de « Big Duke », John Wayne et j’ai vu plus de westerns que vous ne pourriez imaginer… et même ces films où il n’était pas cow-boy et où il n’embrassait que rarement les filles. Ma préférence va à « L’homme tranquille », sans doute pas le plus connu de ses films mais pour moi son meilleur où il tirait Maureen O’Hara par les cheveux et à « Hatari ». Tous les films de John Wayne ressortaient sur grand écran régulièrement mais surtout Godard me réservait un cadeau inestimable et Jean-Paul Belmondo n’en finirait plus de me crever le cœur en étant « Pierrot le fou ».
Alors qu’on m’offrait le Bon Dieu en confession… depuis lui et moi sommes définitivement fâchés, moi je perdais mon âme devant un spectacle réjouissant : « Mash » de Robert Altman, je tombais amoureuse pour toujours de Jean Marais (« Peau d’Âne » de Jacques Demy) sans comprendre que son rôle était incestueux et que de toute façon, il préférait les garçons. Jean Marais est le seul acteur que j'ai rêvé d'épouser. Ceux qui suivent ma route depuis un certain temps savent même que nous avons été voisins...
Et puis, je m’extasiais devant Bourvil qui ne me faisait plus rire (« Le Cercle rouge » de Jean-Pierre Melville).
Les années passent, je suis amoureuse de Paul Newman, d’Al Pacino, de Marlon Brando… pour toujours aussi, évidemment qu’est-ce que vous croyez, je ne suis pas une fille volage, juste un peu baba, l'amour libre quoi ! Et je m’évanouis de bonheur devant Vittorio Gassman dans « Nous nous sommes tant aimés » d’Ettore Scola.
Je découvre Zulawski « L’important c’est d’aimer », j’aime. Je me crois grande fille, mais suis incapable de soutenir la vision du film « Le locataire » de Roman Polanski. Pour l’une des rares fois de ma vie, je sors d’une salle. Je n’ai JAMAIS revu ce film.
Et puis « Taxi driver » et « Monsieur Klein »… Robert de Niro, Alain Delon, deux acteurs majuscules.
Je ressemble à une victime de serial killer mais je me la « pète », étudiante, diante diante… quelle année !!! « Tess » de Roman Polanski, « Manhattan » de Woody Allen, « Apocalypse now » de Francis Ford Coppola, « Clair de Femme » de Costa Gavras, « Coup de tête » de Jean-Jacques Annaud… Chefs-d’œuvre ou films mineurs, c’est une année grandiose, l’une des plus cinéphile de ma jeunesse.
Cette année là je ris fort « Le père Noël est une ordure » de Jean-Marie Poiré et je tape des mains quand « E.T. l’extraterrestre » s’envole avec Elliot devant la lune…
Allez savoir pourquoi à ce moment précis, mon attention s’est détournée des salles. Cela dit, c’est aussi à ce moment là qu’est « née » l’une de mes actrices préférées, Sandrine Bonnaire dans « A nos amours » de Maurice Pialat.
Cette année là, avalanche de chefs d’œuvre et de découvertes : « Amadeus » de Milos Forman, « Paris Texas » de Wim Wenders, « Stranger than Paradise » de Jim Jarmush, « Il était une fois en Amérique » de Sergio Leone, « Indiana Jones » de Steven Spielberg…
Le temps passe et ceci n'est qu'un bref, ridiculement incomplet survol de mes deux premières décennies en cinéphilie... Je continue à entrer dans une salle comme si c'était la première fois. Je ne suis jamais rassasiée, lassée et déçue du spectacle qui défile sous mes yeux ! Voilà pourquoi on ne voit pas encore le bout de cette route...