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  • Juno de Jason Reitman*

    Photos de 'Juno'

    Juno 16 ans tombe enceinte. Elle décide de ne pas avorter mais d’offrir son bébé à un couple en manque et désir d’enfant.

    Dans un monde parfait tout le monde serait incroyablement bon, généreux, compréhensif et aurait toujours pile poil la réaction idéale à une situation donnée. Mais le monde que nous décrit Jason Reitman est « presque » parfait car une gamine de 16 ans délurée comme pas deux, tombe enceinte. Qu’à cela ne tienne tout va quand même pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles et Juno mène sa grossesse tambour battant, continue à aller à l’école et nous affirme que tout le monde la regarde bizarrement (ce qu’on ne voit jamais à l’écran), trouve le couple idéal, bourgeois jusqu’au collier de perles de la dame. On se dit que dans ce monde rose bonbon qui essaie de nous faire croire à l’anticonformisme très très convenu de la fillette parce qu’elle parle et jure comme un charretier, quelque chose de dramatique va finir par arriver, ou simplement un grain de sable qui enrayerait la belle machine… quelque chose qui ressemblerait à la vraie vie quoi ! Et bien, la jolie dame au collier de perles va se faire larguer comme une malpropre par son immature mari qui joue de la guitare et porte des t-shirts ridicules... Non mais vous vous rendez compte ??? Etc, etc, jusqu’à épuisement et happy end ! Evidemment la petit Ellen Page est à croquer mais on atteint très très rapidement les limites de son jeu sans nuances… La photo ci-dessus en est (pour moi) la preuve flagrante. J'ai remarqué ce geste de la main qui se lève chez les actrices qui ne savent plus quoi faire de leur corps et comment exprimer quoi que ce soit...

    Je ne demande pas au cinéma d’être réaliste (au contraire) mais un chouilla de vraisemblance m’aurait aidée à y croire un peu. Trop d’idéal tue la crédibilité. Et puis, dans ce monde de politique régressive, il ne faut peut-être pas s'étonner de voir un film anti avortement... finalement !

    Enfin, je crois que ce qui a terminé de m'agager très très fort, c’est d’avoir entendu partout, ici et là et même ailleurs des comparaisons entre ce tout petit petit petit minuscule film et la pépite en or massif qu’est « Little Miss Sunshine »… franchement rien à voir…

  • Capitaine Achab de Philippe Ramos***

    Capitaine Achab - Denis Lavant

    Achab (dites bien « Akab ») est malmené par la vie. Sa mère meurt en le mettant au monde, une dizaine d’années plus tard, son père meurt assassiné. Il est recueilli par une tante qui ne l’aime pas, puis par un prêtre… A chaque fois, il s’échappe, s’enfuit pour répondre à l’appel qui s’accroît en lui, celui de l’océan. Il deviendra un redoutable et mythique baleinier, jusqu’à sa rencontre avec la non moins mythique Moby Dick qui l’obsèdera jusqu’à la fin.

    Philippe Ramos choisit de nous raconter la vie d’Achab en commençant tout simplement par sa naissance et en la morcelant en chapitres composés des rencontres les plus marquantes de sa vie. De ce film atypique, inclassable, d’une poésie exquise et extrême, il reste les images et chaque scène semble être un tableau. Il reste le casting de voix off quasiment ensorcelant, chaque personnage évoquant des souvenirs, des sensations de sa rencontre avec Achab l’enfant puis le Capitaine meurtri, mutilé que même l’amour d’une femme ne parviendra pas à sauver de l’obsession qui le hante de retrouver « la pute blanche ». Ce film est un voyage grisant et ensorcelant sublimé par des acteurs inspirés (Jean-François Stévenin père bourru, amoureux transi et jaloux, Bernard Blancan peintre amoureux défenseur de femme battue, Carlo Brandt curé compatissant, Philippe Katerine sadique et hilarant, Dominique Blanc femme amoureuse sacrifiée, et Virgil Leclaire et Denis Lavant, capitaine Achab enfant et adulte, magnifiques et inoubliables). La musique qui va de la pop au classique colle aux images à la perfection.

    Et ne serait-ce que pour ce plan sublime où Achab géant posé sur l’océan, avec sa jambe en os de cachalot recueille littéralement dans sa main la baleine blanche devenue minuscule, précipitez-vous !

  • Festival International du Premier Film d’Annonay (2008 - Dernière partie)

    Traditionnellement, le week-end de compétition s’ouvre par la projection d’un film du réalisateur/Président du Jury. Cette année, il s’agissait de :
    Baxter de Jérôme Boivin***

    Il s’agit d’un film de 1988 que j’avais vu à l’époque et que je n’avais pas oublié tant il sort de l’ordinaire. C’est un film comme on n’en a jamais revu depuis, dérangeant parce que le héros est un chien inquiétant dont on entend les pensées et qui rêve de devenir humain, un film sans étiquette qui ne relève d’aucun genre particulier. Jérôme Boivin en avait écrit le scénario avec Jacques Audiard et il était inspiré d’un roman de Ken Greenhall « Des tueurs pas comme les autres » dont il nous a vivement recommandé la lecture. Hélas, le livre fut aussi incompris que le film.
    Baxter est un chien qui cherche le maître idéal. Il en «épuisera» trois avant de tomber sur Charles, gamin d’une dizaine d’années, livré à lui-même par des parents laxistes, fasciné par Hitler (qui aimait tant ses chiens !!!). C’est une réflexion sur le genre humain, l’humanité et la soi-disant innocence de l’enfance. Un film sur un chien qui veut devenir humain et un enfant qui révèle sa ‘part animale’… perturbant, troublant et forcément enthousiasmant.


    LES FILMS DE LA COMPÉTITION

    Teeth of love de Zhuang Yuxin ****


    10 ans de la vie d’une femme chinoise. Trois périodes de sa vie au travers de son parcours amoureux où la douleur et le souvenir seront intimement liés. Les trois expériences de la vie amoureuse de Qian Yehong seront toujours traduites au travers du prisme de la douleur physique : un coup de brique dans le dos lorsqu’elle est adolescente, un avortement qu’étudiante en médecine elle dirigera elle-même (scène absolument sidérante), l’arrachage d’une dent sans anesthésie en souvenir d’un amour gâché par la distance, l’incompréhension.
    Apparemment linéaire et classique, ce beau et grand film émouvant et passionnant est servi par un trio d’acteurs époustouflants. D’une impressionnante maîtrise, il révèle un talent, un savoir-faire et une virtuosité qu’on a vraiment hâte de retrouver.
    Ce film à obtenu :
    LE GRAND PRIX DU JURY.
    Et quand on voit le bonheur sincère du réalisateur, on est davantage touché encore. La remise de ce prix a d’ailleurs donné lieu à un des moments les plus émouvants de la soirée de clôture car un des membres du jury Marine B. étudiante en chinois a pu remettre le prix en s’adressant au réalisateur directement dans sa langue. Il en fut charmé, étonné et ravi.

    L’aria salata d’Alessandro Angelini ****


    Fabio s’occupe de la réinsertion de détenus. Un jour en prison il rencontre Sparti, homme fatigué qui a déjà purgé 20 ans et qui souhaiterait obtenir une permission de sortie. Fabio découvre qu’il s’agit de son père. Il décide de « s’occuper » de lui sans lui révéler qu’il est son fils. Il cherche à percer le mystère et les secrets de ce père assassin qui lui a tant manqué.
    Le tour de force de ce film admirable de la première à la dernière image est de ne jamais, à aucun moment sombrer dans le pathos, ou de venir chercher notre émotion à grand renfort d’effets faciles. On attend, suspendu aux deux acteurs, magnifiques, bouleversants, LA révélation. Elle est si simple qu’on y croit à peine ! Le vieil homme tourne le dos à son fils, sans un mot pour regagner sa cellule… et le fils dit doucement, derrière les barreaux en regardant son père s’éloigner : « ça fait mal hein ? ». Déjà à ce moment, le grand lacrymal circus commence à s’activer… Puis on attend LA scène de réconciliation en se disant qu’elle est impossible et qu’elle gâcherait un peu ce film pudique, sincère, honnête et d’une sensibilité à fleur de peau. Elle n’arrive pas.
    Mais quand à la toute fin, Antony entonne « Hope, there’s someone… »… c’est en larmes, anéanti dans son fauteuil qu’on termine la projection.
    Cliquez ici pour vous faire une idée… vous n’en reviendrez pas
    http://www.youtube.com/watch?v=n_-94GlJGjc
    Ce film a obtenu :
    LE PRIX DU PUBLIC

    malheureusement le réalisateur n'était pas présent et c'est bien dommage, j'aurais aimé lui dire deux mots : c'est pas humain de faire pleurer les gens comme ça... 


    Falafel de Michel Kammoun ***


    Toufik (Tou pour les intimes) est un jeune homme qui vit «normalement» entre son petit frère et sa mère qu’il adore et les amis de son âge qui font des fêtes, des blagues, regardent les filles, tombent amoureux… Mais Tou vit cela à Beyrouth où le spectre de la guerre récente rôde encore. L’agressivité, la tension semblent sous-jacente à chaque coin de rue. L’insouciance de Toufik va être sérieusement bousculée et tout va basculer cette nuit là, par hasard !
    Ce film est infiniment drôle et on ne compte les éclats de rire qui ont fusé dans une salle comble et conquise par un film aussi attachant que son jeune héros Tou, Elie Mitri. Lorsque tout bascule brusquement, ce n’en est que davantage bouleversant. Cette histoire nous conte l’échec de la vengeance et nous redit que les choses graves arrivent par surprise. C’est aussi un film sur la fraternité dont le dernier plan impressionnant et attendrissant reste gravé en nous.
    Ce film a obtenu :
    LE PRIX SPÉCIAL DU JURY

    Sur la trace d’Igor Rizzi de Noël Mitrani ****

    Un footballeur ruiné erre dans son appartement vide et dans Montréal en ressassant ses regrets de n’avoir pas dit à sa femme morte combien il l’aimait. Un « ami » pas très recommandable lui propose de tuer Igor Rizzi ce qui lui permettrait de se faire un peu d’argent. Absent à tout, il accepte cette proposition, le seul problème étant : pour tuer un homme comment s’y prend-on ?

    J’ai eu beau creuser le plus profond possible dans ma mémoire de cinéphile, je n’ai trouvé AUCUN film qui raconte une histoire sur l’écran et qui en raconte une autre en voix off. A ce seul titre déjà, ce film m’a paru unique admirable. En général, la voix off nous raconte ce qu’on voit à l’écran… ce qui est une façon de dire au spectateur qu’il est stupide. Ici, la voix off nous évoque en détails l’histoire d’amour qu’on ne verra jamais et à l’écran on voit l’errance, la solitude et les remords d’un homme sans réaction. Humour et spleen font bon ménage dans ce film atypique, drôle et profond porté de bout en bout par Laurent Lucas, parfois drôle, parfois pathétique, admirable loser magnifique qui traîne sa carcasse et son regard perdu.

    Ce film n’a rien obtenu car parfois le jury est aveugle et sourd, et je le regrette infirniment !!! 

    Hope de Stanislaw Mucha **

    Une œuvre d’art est volée dans une église. Un jeune homme assiste à la scène et la filme. Dès lors il fait « chanter » le voleur, riche propriétaire d’une galerie d’art… mais bizarrement l’objet du chantage n’est pas l’argent mais simplement que l’œuvre soit remise à sa place !

    L’ombre de Kieslowski plane sur ce film car ce film a été écrit par son scénariste attitré Krzysztof Piesiewicz. On en retrouve la musique, la poésie, les couleurs. Il s’en dégage une impression de douceur et l’intrigue maintient en haleine d’un bout à l’autre, et même si on ne comprend pas toujours ni très bien les motivations du jeune héros, on s’en moque. L’interprétation est formidable… et curieusement, rapidement le souvenir de ce film s’échappe…

    Small gods de Dimitri Karakatsanis **

    Elena survit à un grave accident de voiture dans lequel meurt son fils. Désespérée, hagarde elle tente de récupérer dans un hôpital lorsqu’un étranger, David, la kidnappe et l’emmène en voyage dans son camping-car. En route, ils rencontrent un autre personnage tout aussi perdu qu’eux, Sara qui va poursuivre le voyage avec eux.

    Aussi intrigant qu’envoûtant ce film est loin de laisser indifférent d’autant que la fin ouverte… étions-nous dans un rêve ou dans la réalité… est vraiment bienvenue. Mais la surenchère de violence et de drames qui frappent chaque personnage finit par ne plus être crédible.

    Ce film a obtenu :

    le Prix Spécial du 25ème Anniversaire du Festival International du Premier film d'Annonay (parce que parfois les voix du Jury sont impénétrables...).

    Small engine repair de Niall Heery **

    Doug et ses amis sont ouvriers au fin fond d’un bled irlandais perdu au fond des bois. Sa femme le quitte et il parvient petit à petit à faire reconnaître son talent de chanteur de country.

    Ce film d’hommes pour les hommes (les femmes sont responsables de TOUS leurs maux) parlent d’amitié, de chasse, de trahison… des problèmes d’hommes et de mélancolie enrobés dans une musique country pop folk irlandaise enthousiasmante. 

    Sonhos de peixe de Kirill Mikhanovsky **

    Jusce a 17 ans, il gagne péniblement sa vie en étant pêcheur dans un minuscule village de la côte nord-est du Brésil. Il est amoureux de la beauté locale, Ana qui ne vit que pour le feuilleton du soir… sorte d’Amour, Gloire et Beauté local à la sauce amérique du sud !!! Ana veut quitter ce quotidien sans avenir tandis que Jusce, content de sa vie, ne rêve que de la regarder vivre.

    Hésitant entre documentaire sur la vie d’un village de pêcheurs perdu et le destin de son jeune héros, ce film qui invite au voyage vaut surtout pour ses merveilleuses images et son étonnant et non moins merveilleux jeune acteur non professionnel Jose Maria Alves.

  • Festival International du Premier Film d'Annonay (2008 - 3ème partie)

    RENCONTRES AVEC DES REALISATEURS 

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    Comme son nom l’indique le Festival d’Annonay est un cinéma international. Il propose donc une sélection de films venus du monde entier qui régulièrement nous donnent une radiographie du monde qui ne va pas forcément bien. Cette année ce petit tour de la planète était particulièrement riche mais avait en plus la particularité de nous présenter un film brésilien réalisé par un russe qui vit aux Etats-Unis, un film québécois d’un français vivant « là-bas », le film belge d’un réalisateur au nom qui sonne à la fois russe et grec. C’est dire qu’une fois de plus diversité et cosmopolite étaient au rendez-vous.

    Comme chaque année également, le public était régulièrement invité à rencontrer les réalisateurs et acteurs présents lors de débats vraiment enthousiasmants. Ils se prêtent toujours à ces échanges passionnants avec une disponibilité déconcertante pour discuter de leurs parcours, de leur métier, de la façon qu’ils ont de l’appréhender, et surtout des difficultés à voir leur premier film distribuer alors qu’il a été tourné avec plus ou moins d’adversité et de moyens.

    Voici un bref résumé des rencontres auxquelles j’ai assisté avec quatre des réalisateurs présents.

    Michel Kammoun,

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    réalisateur libanais de « Falafel » est né en 1969. Fan d’architecture il a commencé par des études dans ce domaine avant d’intégrer l’ESEC (Ecole Supérieure d’Etudes Cinématographiques) et de réaliser plusieurs courts métrages : dont une comédie noire tournée en urgence pour témoigner de l’après guerre civile, un autre muet qui tient plus de l’expérimentation avant d’écrire son premier scenario « Falafel ». « Le tournage a débuté en 2004 et n’a pu s’achever qu’en 2006. Avec plus d’argent, cela aurait été plus facile, les conditions auraient été meilleures. Il faut de l’entêtement, inventer sans cesse et trouver des solutions pour tourner car au Liban, il n’y a pas d’infrastructures. Il faut construire le train mais aussi les rails. J’avais beaucoup de choses à exprimer dans ce film mais il a fallu tourner « à la sauvage », sans autorisation, prendre des risques. Les premiers films ne reçoivent aucune aide. Les personnes qui travaillent sont bénévoles. Il faut une bonne dose d’inconscience, s’adapter pour respecter l’âme du film ».

    Noël Mitrani

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    est né à Toronto en 1969 de parents français, réalisateur de « Sur la trace d’Igor Rizzi ». Diplômé d’histoire et de philosophie à la Sorbonne il acquiert l’amour du cinéma par le grain de la pellicule. Il se dit autodidacte, affirmant que toute formation intellectuelle peut amener au cinéma. « L’obsession d’un premier film c’est de faire un film, ce n’est pas la distribution. Le risque du 2ème film est la compromission. Il faut convaincre en permanence du bien fondé de chaque décision. Ça rend fou. Il faut courtiser les gens qui ont et donnent l’argent. Mais chaque nouveau film est une opportunité pour corriger les erreurs. Avec un petit budget, aucune solution ne peut être trouvée par l’argent mais uniquement par l’astuce. Mais avec plus d’argent on fait des films différents, forcément. Production et réalisation doivent s’harmoniser ».

    Zhuang Yuxin,

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    réalisateur chinois de « Teeth of love », né en1971. Professeur de littérature à la Beijing Film Academy (école très réputée), il enseigne l’écriture de scénarios. Il a reçu le déclic il y a une vingtaine d’années lors d’une « semaine du film allemand » où il a vu « Le mariage de Maria Braun ». C’est en découvrant ce film qu’il décide de se lancer dans le cinéma. Il a réalisé des séries pour la télé avant de pouvoir tourner « Teeth of love ». « Mon souci principal est l’autofinancement afin d’être indépendant. Financer les films par mon travail me semble plus facile que d’avoir à demander l’argent. Le côté financier ne m’apparaît pas comme le plus important. C’est souvent l’argument des réalisateurs sans talent en Chine. Certains changent même leur style et perdent ainsi un peu de leur personnalité qui a fait leur succès quand ils ont accès à des budgets plus importants*. L’argent vous offre le confort de pouvoir prendre son temps ».

    *le meilleur exemple me semble être Zhang Yimou : quel rapport entre le sublime « Sorgho rouge » (1987) et l’insupportable et boursouflé « Cité Interdite » (2007) ?

    Kirill Mikhanovsky

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     est né à Moscou. Il a émigré aux Etats-Unis à l’adolescence avec ses parents dans le Wisconsin. Vers 15/16 ans, il voyait 5 à 6 films par jour. Il réalise des courts métrages, travaille comme directeur de la photo, scénariste et monteur sur de nombreux courts métrages. Il rencontre un producteur qui accepte immédiatement son projet. « On a que ce qu’on mérite. Les belles choses sont chères. Il faut mettre le prix pour obtenir ces belles choses qui nécessitent beaucoup d’implication. Un film fait avec très peu d’argent est plus difficile à tourner mais avec plus de moyens, on produit un film différent, pas forcément meilleur. Une équipe de tournage est une armée dont tout le monde souhaite devenir le général."

     A SUIVRE, LES HUIT FILMS DE LA SELECTION ET LE PALMARES...

  • Festival International du Premier Film d'Annonay (2008 - 2ème partie)

     

    Les membres du jury - Les Présidents -

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    Un festival de cinéma c’est avant tout du cinéma encore et encore, des films encore et toujours. Mais c’est aussi, des rencontres, du partage, des échanges, des émotions, des coups de coeur et des surprises. Le Festival International du Premier Film d’Annonay pour sa 25ème édition n’en était pas dénué. Vous savez, ou pas, peu importe, qu’il s’agit de ma troisième participation à ce Festival et qu’il est le seul à avoir pour jury 8 membres issus de toute la France, recrutés sur lettre de motivation. A leur tête chaque année un réalisateur, cette année, Jérôme Boivin. Chaque année également un jury composé de lycéens doit décerner un prix. Il était présidé par l’acteur Bernard Blancan.

    Je tiens par cet article à leur rendre hommage, tant ils m’ont paru cette année particulièrement touchants et soudés !

    Ma première surprise, c’est en arrivant à l’hôtel que je l’ai trouvée. Dans la chambre, un bouquet de roses blanches. Immédiatement j’ai pensé, quoique fortement surprise : «quelle délicate attention de la part de l’Hôtel du Midi !!! ». Erreur monumentale, mon arrivée dans cette ville magique a un peu tendance à me faire perdre le sens des réalités, que je n’ai déjà pas très développé en temps ordinaire... Il s’agissait de l’attention élégante, inattendue et adorable de Matthieu, membre du jury l’an passé, avec qui j’ai gardé une relation « mailesque » régulière et ininterrompue sur la base de nos divergences en matière d’appréciation cinématographique ! Un exemple criant : il s’est endormi (DEUX FOIS) devant ce qui est pour moi le chef-d’œuvre des chef-d’œuvres « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ». Voilà donc, aux yeux du monde, Matthieu, je te dis « merci ».

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    Si je vous raconte cet épisode précis, cette anecdote très personnelle c’est pour insister sur le fait que lors de ce festival, on fait des rencontres… et même si la plupart s’évapore aussi simplement qu’elles sont apparues, « c’est la vie », d’autres subsistent et s’intensifient.

    Cet article a pour but de vous faire comprendre que vous pouvez tous un jour ou l’autre être choisi, être l’élu qui participera à cette aventure hors du commun. C’est aussi simple qu’une lettre dans laquelle vous mettrez tout votre cœur, tout votre amour du cinéma. Il ne s’agit pas de dévorer 5 films par semaine, comme certaine personne que je connais, ou de dire que « non, ce n’est pas pour moi », il ne s’agit pas de quantité, mais de réussir à exprimer en quelques pages ce qui vous donnerait envie de participer. Que ceux qui ont tenté leur chance cette année, la retente l’année prochaine sans se lasser. Si je vous présente ci-dessous les 8 membres du jury de cette année, c’est pour vous faire comprendre que dans ce festival tout le monde a sa chance, que l’âge, le lieu de résidence ou la profession ne sont pas des critères de sélection.

    Je vais vous parler d’eux, vous démontrer leurs différences et tenter de retranscrire sans la trahir la réponse qu’ils m’ont apportée à la question que je leur ai posée : « par rapport à tes attentes d’être membre d’un jury de cinéma, quelles sont tes impressions à l’issue des ces quatre jours ? ».

    Béatrice – 52 ans – Infirmière - Le Thoronet (84)

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    Film préféré : Magnolia

    Sainte Trinité : Pedro Almodovar, Tim Burton, Ridley Scott.

    A posé sa candidature : grâce au magazine « Première ».

    « Je souhaitais rencontrer des gens qui partagent la même passion que moi pour le cinéma et échanger. Ces quatre jours répondent parfaitement à mes attentes. Je ne me sens absolument pas fatiguée, j’ai pu rencontrer les réalisateurs des films et nous formons un bon groupe avec les autres membres du jury. Nos relations sont euphorisantes. Je n’arrive pas à sélectionner un moment particulier car TOUT me semble bien ici ».

    Camille – 27 ans –  à la recherche d’un emploi dans l’action et la communication culturelle - Albi (81)

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    Film préféré : Requiem for a dream

    Sainte Trinité : David Lynch, Pedro Almodovar, Alejandro Gonzales Inaritu.

    A posé sa candidature : grâce au tract trouvé dans son cinéma.

    « Je souhaitais pouvoir discuter des films juste après les avoir vus. C’est exactement ce qui se passe mais au-delà, nous échangeons sur notre passion commune pour le cinéma. Quant aux rencontres avec les réalisateurs, elles sont essentielles car elles apportent un éclairage nouveau et passionnant sur les films. Tout est très positif par rapport à mes attentes. »

    Hervé – 47 ans – Amuseur public pour enfants -Nancy (54)

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    Film préféré : Mullholand Drive

    Sainte Trinité : Emir Kusturica, David Lynch, Woody Allen

    A posé sa candidature : par l’intermédiaire d’une personne qui avait été membre du jury il y a trois ans et qui tient à garder l’anonymat…

    « Je souhaitais vivre un festival de cinéma de l’intérieur pour partager ma passion. J’avais des craintes par rapport au Festival de Cannes où rien ne semble accessible et cette impression de superficialité. Mes attentes sont plus que largement comblées. Nous formions une véritable « communauté » avec les autres membres du jury. Notre président n’était pas directif. Il y a eu un échange et un partage d’idées comme je l’ai rarement vécu. Sans oublier la qualité exceptionnelle de la sélection. Je suis satisfait et ravi. ».

    Jean-Paul – 61 ans – Enseignant (EPS) Retraité - Tupin et Semons (69)

     

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    Film préféré : L’amour à mort

    Sa motivation en participant au jury du festival était de rajeunir. Lui qui a une grande expérience de conseils de classe, conseils municipaux, réunions diverses n’a jamais vécu une telle richesse dans les échanges. Il en sort changé dit-il.

    Joël – 58 ans – Informaticien – St Julien en Genevois (74)

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    Film préféré : La vie des autres

    Réalisateurs préférés : Pedro Almodovar, Wong Kar Waï.

    « Mon expérience de juré du Livre Inter m’a motivé pour faire de nouveau partie d’un jury. Je souhaitais retrouver l’effervescence de ce type d’expérience. Au niveau des rencontres c’est beaucoup mieux que ce que j’avais imaginé car les membres du jury sont ensemble plus longtemps, ce qui permet de sympathiser davantage. Je suis émerveillé par ces belles rencontres et par le fait que la sélection incroyable des films soit faite par des gens d’Annonay même. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si difficile de choisir parmi les films pour en élire un ».

    Marine B. dite « la Chinoise » - 19 ans – Etudiante en Anthropologie et chinois – Lyon (69)

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    Film préféré : Printemps, été, automne, hiver… et printemps

    Sainte trinité : Kim Ki Duk, Fatih Akim, Nani Moretti

    «J’avais assisté au Festival du Film Asiatique de façon non officielle et participé au sous-titrage. Je souhaitais connaître une nouvelle étape dans mon parcours cinéphile car le cinéma m’accompagne depuis l’enfance. Mes souvenirs sont liés au cinéma. Tous les dimanches nous mangions des pâtes devant les films de Charlie Chaplin. Dès que j’ai pu aller seule au cinéma, j’ai ressenti un sentiment d’indépendance. Je ne croyais pas avoir la chance d’être sélectionnée. Serais-je capable de mettre des mots sur des sensations ? J’avais envie aussi de trouver des gens qui ont la même sensibilité que moi, qui partagent la même passion. L’entente entre les membres du groupe que nous formons me semble une évidence. Il y a même une certaine osmose entre nous, aucune barrière due à l’âge ou à quoi que ce soit d’autre ».

    Marine L. – 18 ans – Hypokhâgne – Bruz près de Rennes (35)

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    A posé sa candidature grâce au Magazine « Première »

    Film préféré : Orgueil et préjugés

    Sainte Trinité : Tim Burton, Pedro Almodovar, Woody Allen

    “Ma lettre de motivation était une finalité en soi. Je n’avais pas d’attente particulière. Le plaisir de pouvoir parler de cinéma et que quelqu’un me lise était déjà important pour moi. Je suis bénévole dans mon cinéma « Grand Logis » depuis quatre ans. J’aime le contact, les échanges. Dès que quelqu’un m’aborde je suis contente et à Annonay tout le monde le fait. On peut même échanger avec les réalisateurs. Ces moments sont transcendants. La programmation est d’une grande qualité. L’entente de notre groupe est une évidence et je suis transportée par nos échanges. C’est l’une des expériences les plus enrichissantes de ma vie. C’est véritablement une parenthèse enchantée ».

    Thierry – 34 ans – Délégué régional dans les assurances – Lyon – (69)

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    A posé sa candidature grâce au Magazine « Première »

    Film préféré : Lost highway

    Sainte Trinité : Emir Kusturica, David Lynch, Jim Jarmush

    « Pour une fois je voulais faire une parenthèse dans ma vie où il ne serait question que de cinéma. Je regrette d’ailleurs de ne pouvoir y aller plus souvent. J’avais envie de rencontrer des gens, des réalisateurs et des films. A Annonay tout est simple, agréable, sympathique et cela me donne beaucoup d’espoir en l’espèce humaine. »

    Jérôme Boivin –  Réalisateur - Président du Jury

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    « J’attends d’être transporté par ces premiers films dans des mondes nouveaux, découvrir d’autres regards, des endroits où je n’ai pas eu l’occasion d’aller. Je suis heureux que les jurés ne soient pas des professionnels qui risqueraient d’être blasés. Ce sont des gens motivés, frais, qui s’intéressent à la vie et au cinéma. J’aime entendre d’autres avis et je souhaite des discussions ».

    Bernard Blancan – Acteur – Réalisateur - Sourcier - Auteur, compositeur, interprète - Lifteur de mandarines - Fumeur etc... - Président du Jury des Lycéens

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    Arrivé avec des pieds de plomb (et une tronche de cake), il est reparti avec des ailes (et avait rajeuni de 20 ans). S’il regrette de ne pas avoir été davantage avec les lycéens (les lycéennes le regrettent aussi…), et s’il n’apprécie guère ce système de compétition qui privilégie un film et qui suppose aussi qu’une partie des jurés en aurait préféré un autre… il était impatient et curieux de découvrir les films, impressionné par leur qualité.

    A SUIVRE : MA RENCONTRE AVEC LES REALISATEURS...

    PUIS MON AVIS SUR LES 10 FILMS QUE J AI VUS...

  • Festival International du Premier Film d'Annonay (2008 - 1ère partie)

     

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    Le "Palais" du Festival...

    « Nous sommes en 2008 après Jésus-Christ. Toute la Gaule est envahie par la sortie d’ « Astérix ».

    Toute la Gaule ? Non. Un village peuplé d’irréductibles cinéphiles passionnés résiste encore et toujours au démantèlement culturel. Et la vie n’est pas facile pour les garnisons des camps retranchés de Capitalisum, Rentabilitum, Mediocritum et Consensuelitum ».

    Je reprends les mots de Gaël Labanti, directeur artistique du festival qui expriment à la fois sa passion partagée, sa rage de continuer. La culture en général et le cinéma en particulier sont entrés en résistance à Annonay, ils ne cèderont pas devant l’acharnement d’un gouvernement (tout sauf cultivé) implacablement décidé à voir disparaître ce genre de manifestations dont les maîtres mots ne sont ni profit ni rentabilité... On ne peut pourtant pas reprocher aux dizaines de bénévoles acharnés, enthousiastes de ne pas "travailler plus" pour que continue à vivre ce festival !!!

    En ce qui me concerne, je suis rentrée, je suis là mais je ne suis pas encore vraiment là. Le corps est ici, la tête et le cœur sont ailleurs. Comme chaque fois, il me faut du temps pour redescendre, pour atterrir, toucher terre à nouveau. Récupérer. Après 11 heures de sommeil (les nuits sont courtes à Annonay… demandez à ceux qui y étaient !), ma seule motivation pour me lever ce matin était bien de pouvoir m’immerger à nouveau dans ces quatre jours, au travers des photos, des textes que j’ai à rédiger et des souvenirs accessibles au fond du cœur mais délicats à exprimer en mots ! Le festival D’Annonay n’est pas comme les autres. Je peux le dire car j’en ai vécu d’autres. Il vous rend différents comme si la sensibilité, déjà à fleur de peau en temps ordinaire, s’exacerbait durant ces quelques jours hors du temps, hors de tout, au fil des rencontres, des discussions, de la découverte des films. Et cette année, je le clame haut et fort, la sélection, pourtant déjà magnifique les années précédentes, touchait l’excellence. Je rappelle qu’il s’agit exclusivement de premiers films dont deux notamment frôlent la perfection. C’est évidemment avec toute ma subjectivité et ma mauvaise foi exaltées par cette nouvelle expérience que je vous en parlerai, comme je pourrai…

    Chevauchant mon falafel fuyant au moteur réparé, décoiffée par un vent salé à faire rêver les poissons, je repartirai sur la trace d’Igor dans l’espoir de retrouver ces petits dieux aux dents d’amour…

    Pour vous faire patienter, quelques photos…

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    6 membres du jury, 3 réalisateurs, 1 actrice...

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    Le Jury au grand complet et son président, le réalisateur Jérôme Boivin
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    A Annonay, on peut aussi voir la vierge...
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    On croise des V.I.P...
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    Quelques nourritures terrestres...
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    que l'on déguste ici !
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    Après l'acteur flou... l'acteur incognito qui a oublié ses lunettes noires !
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    Une soirée de clôture arc en ciel... (ah ah ah !)
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    La visite de la fanfare...
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    Marine la Bretonne, Marine la Chinoise et Camille... je vous l'annonce devant témoins : nous sommes d'accord pour vous adopter !
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    Un film, un choc, une révélation, une histoire, un réalistateur, des acteurs... :
    l'évidence !
    A SUIVRE...
  • Festival International du Premier Film d’Annonay

    fête son 25ème anniversaire et j'y serai, pour la troisième fois.

    Ceux qui me suivent depuis deux ans (déjà) savent à quel point il est cher à mon cœur, et cette année j’y serai « accréditée » en tant que « journaliste blogueuse ». Dès mon retour je vous raconterai tout ce qui fait de ce festival un moment particulier dans ma vie de cinéphile. Je vous parlerai des films et des rencontres. Je ne vous cacherai rien, photos à l’appui. Soyez patients, et en (m’)attendant, n’hésitez pas à aller au cinéma…
    La sélection du Festival, internationale donc, propose cette année des films Italien, Polonais, Libanais, Belge,  Irlandais, Brésilien, Québecois et Chinois… et j’en salive d’avance.  Pour en savoir plus, pour TOUT savoir, vous pouvez cliquer ici.
    Mais je peux aussi vous répéter que le Festival d’Annonay est un festival qui repose  sur la passion d’une équipe de bénévoles, le seul à avoir son jury composé de spectateurs cinéphiles sélectionnés dans la France entière sur candidature. Ce jury est présidé par un réalisateur (Manuel Poirier, Jacques Fansten, Paul Comoli, Hélène Sanders, Bernard Stora, Jean-Pierre Ameris, Sophie Fillières, Manuel Pradal…) et cette année Jérôme Boivin et Bernard Blancan pour le jury des lycéens. Il est aussi un lieu de rencontres, d’échanges et de convivialité car les réalisateurs dont les films ont été sélectionnés acceptent de venir à Annonay et de  rencontrer le public. Cest passionnant et le mot est faible tant le coeur vibre et palpite.
    Sachez encore que des films qui étaient sélectionnés l’année dernière « Mouth to Mouth » d’Alison Murray et « L’audition » de Luc Picard sortiront en salle prochainement.
    Bon, ce n'est pas que je m'ennuie mais j'ai des films à voir moi !
  • Les liens du sang de Jacques Maillot **

     

    Les Liens du sang - François Cluzet et Guillaume Canet
    Les Liens du sang - Guillaume Canet
    Les Liens du sang - François Cluzet

    François est flic et va tout tenter pour aider son frère Gabriel qui sort de prison après avoir purgé 10 ans pour meurtre et tente de se réinsérer. Hélas la trajectoire des deux hommes, leurs différences et leur singularité vont les faire s’opposer à nouveau malgré l’amour incontestable qui les unit.

    La complicité de Guillaume Canet et de François Cluzet est évidente et apparaît clairement à l’écran. Guillaume Canet tout en intériorité, parfait quand il souffre, apporte à son personnage une part d’ombre qu’on lui connaissait peu jusqu’ici. François Cluzet passe comme toujours du rire aux larmes, du calme à l’excitation avec une aisance déconcertante. La reconstitution des années 70 semble inattaquable, les rouflaquettes, les cheveux longs, les (horribles) moustaches, les 2 chevaux, les Renault 5, tout y est. On entend même en fond sonore le générique de la mythique émission « Les dossiers de l’écran » (elle me faisait peur cette musique, c’était celle du film « L’armée des ombres »). C’était aussi l’époque où tous les hommes avaient en permanence une « gitane » vissée au coin des lèvres. Les seconds rôles ont tous des tronches idéales comme s’ils étaient restés coincés en 1979, mention spéciale à Luc Thuillier et Marc Chapiteau (trop rares). Les femmes (Clotilde Hesme, Marie Denarnaud, Carole Franck) ont un vrai rôle à tenir, ce qui est rarement le cas dans un «policier » généralement centré sur les hommes. Elles occupent toutes sans exception une place centrale. Les rapports, les relations entre les deux frères et le reste de la famille, leurs enfants, la sœur, le père, les beaux-frères, les embrassades, les engueulades, les déceptions… tout semble criant de vérité comme si le réalisateur avait placé sa caméra dans une « vraie » famille. L’histoire réaliste, touchante, et pas banale se suit avec beaucoup d’intérêt et d’attention.

    Et pourtant il manque à ce film, un peu paresseux, un petit supplément d’âme pour le rendre définitivement captivant. Etrange et dommage !

  • Le fils de l’épicier d’Eric Guirado ***

    Photos de 'Le Fils de l'épicier'
    Le Fils de l'épicier - Nicolas Cazalé

    Le père est victime d’une crise cardiaque. Antoine le fils, absolument pas fait pour le commerce, reprend néanmoins le camion, épicerie ambulante pendant que la mère reste à la boutique. Il embarque dans la campagne paradisiaque du sud de la France son amie Claire qui passe son bac par correspondance.

    Voilà bien un film résolument et sans doute délibérément optimiste car tous les problèmes d’amour, d’amitié, de filiation, les doutes, les querelles, les rancunes, les erreurs… tout, absolument tout sera résolu avant le générique. C’est sans doute un tantinet naïf mais le réalisateur semble tellement magnifiquement spontané et confiant en l’espèce humaine qu’on prend un plaisir fou à se laisser conter cette histoire de famille toute simple sans doute tiré à des milliers d’exemplaires, avec ses tracasseries et désaccords qui font plus ou moins de dégâts.

    Et puis, Eric Guirado plante et promène sa caméra dans des lieux tellement idylliques de la Drôme provençale qu’on se dit qu’il ne peut rien arriver d’irréparable dans cet endroit. On sourit énormément à des dialogues qui ne sentent pas le renfermé. Lorsqu’Antoine évoque son père (Daniel Duval idéalement grincheux comme il sait si bien faire…), il dit : « si on lui greffe un cœur d’homme ça va lui faire tout drôle ». Lorsque Claire lui réclame de la cancoillotte au petit déjeuner, il dit « la cancoillotte, c’est une anecdote dans l’histoire du fromage », etc… Et oui, moi ça m’amuse !

    Mais évidemment de cette promenade rustique et champêtre en camion on retient surtout les deux acteurs principaux. Nicolas Cazalé, ténébreux, taciturne, introverti (et beau comme un Dieu !!!) et Clotilde Hesme, la tornade tourbillonnante, divine, aérienne, angélique, magnifique, chargée de dérider le ronchon…

    P.S. : voilà, miraculeusement ce film sorti en salle en août dernier, que je n'avais pu voir non plus à Cabourg au Festival pendant que j'y étais (pour cause d'occupation jury-esque), est ressorti en salle pour deux séances dans mon cinéma... Plus personne (elle et elle et encore lui, si vous voulez savoir) ne pourra me reprocher de ne pas l'avoir vu. Je ne regrette pas, c'est un film formidable. A présent, excepté deux ou trois documentaires, j'ai vu TOUS les films en compétition pour les Cesar ! Non mais !

    Photos de 'Le Fils de l'épicier'
  • Battle for Haditha de Nick Broomfield ***

     

    Battle For Haditha
    Battle For Haditha

    En novembre 2005, 1 marine américain est tué, deux autres blessés grièvement dans un attentat commis par des « insurgés » irakiens à Haditha. En représailles immédiates les marines survoltés vont assassiner 24 riverains de l’attentat, hommes, femmes et enfants, dont le seul tort est d’habiter à proximité !

    Difficile d’en parler, c’est un choc qui donne la nausée et qui démontre encore et toujours que la haine est entretenue de toute part. L’autre certitude est que cette saloperie de guerre (comme toutes les autres) est l’une des pires aberrations connues. Mais que foutent les américains là-bas ? Personnellement, je n’ai toujours pas compris ! Les marines interrogés confirment aussi, une fois de plus, qu’ils n’ont pas vraiment la moindre idée de ce qu’ils font là. Il semblerait, comme nous l’a déjà prouvé Michaël Moore dans ses documentaires il y a quelques années, que les recrues, bien jeunes sont issues de quartiers défavorisés et que s’enrôler dans l’armée est pour eux un moyen d’y échapper (entre autre)... Si au début ils ont envie d’en découdre et de « dégommer du turban », rapidement ils s’aperçoivent que le but ultime est de rester en vie un jour de plus… La scène du massacre dont George Bush assurera qu’il sera puni est une épreuve et ce qui achève de rendre cet épisode odieux, écoeurant et révoltant c’est la place des civils. Coincés entre les terroristes d’Al Qaïda, les « insurgés » qui au nom de la défense de leur pays font aussi bien des dégâts « collatéraux » (c’est à la mode !) et les marines qui ont parfois leurs nerfs, ils n’ont aucune chance. Vivre en permanence dans la terreur est leur quotidien.

    Ce qui relie tous les acteurs et témoins de cette tragédie, c’est leur humanité… mais à les regarder pendant une heure et demi, on se dit que vraiment, elle est mal barrée dans cette impasse !