Lors d’une des récente et indéchiffrable guerre entre le Liban et Israël, une poignée d’hommes très très jeunes restent en poste à la forteresse de Beaufort (un symbole fort de la guerre paraît-il !) d’où ils surveillent l’ennemi entre les montagnes environnantes. Ils savent que leur départ est imminent, mais en attendant cet ordre libérateur, ils trompent un ennui lourd et essuient de temps en temps quelques tirs de missiles auxquels ils n’ont aucune possibilité de répondre.
Un film de guerre qui parle de la guerre sans la montrer ou si peu, mais qui témoigne encore et surtout de l’absurdité de TOUTES les guerres. C’est mon côté candide qui parle encore mais comment croire qu’il y ait tant de conflits sur terre alors que les gens qui les font les détestent tant. Ici, l’ennemi est invisible mais la peur est omniprésente. Comment avoir une vingtaine d’années et se dire qu’on sera peut-être mort dans quelques heures ? Et pourtant la jeunesse des personnages n’est à aucun moment un obstacle au sens du devoir très développé chez ses jeunes hommes malgré les ordres stupides, les contre-ordres encore plus crétins qui arrivent par radio d’une hiérarchie qui leur assure que tout est sous contrôle. Malgré cela, il y aura des pertes… Les blessés ou les morts sont évacués par hélicoptère et on laisse malgré tout, sans raison véritable cette poignée d’hommes seuls en haut d’une symbolique colline. L’état-major n’en est manifestement pas à une énormité, une incohérence et une contradiction près tant le maintien de ce groupe semble totalement absurde… jusqu’à ce qu’il en décide autrement et offre aux soldats la possibilité d'un fantastique feu d’artifice qui détruit la colline, la forteresse et les libère. Mais c’est sûrement le réalisateur qui parle le mieux de ce moment fort et impressionnant :
«"Dans chaque conflit, survient toujours un moment aussi brutal que définitif où la mission, ou l'objectif pour lequel des soldats ont donné leur vie jusque-là, cesse d'exister. Dans Beaufort, ce moment arrive avec la gigantesque explosion qui détruit l'une des montagnes les plus ensanglantées du Moyen-Orient. C'est un moment inoubliable, saturé d'adrénaline, mais aussi une image qui cristallise à elle seule l'inconcevable gâchis de vies humaines. En tant que cinéaste, et ancien soldat d'infanterie, je me sens extrêmement chanceux d'avoir eu l'opportunité de montrer cette image à l'écran."
En outre il faut saluer l’interprétation absolument remarquable, l’atmosphère originale qui règne (pas de grandes scènes de franche camaraderie, mais quelque chose au-delà, différent indéfinissable et inédit, ), et tous les personnages touchants qui rendent ce beau film désespéré vraiment poignant à l’image du tout dernier plan.