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  • Charlton Heston

    4 octobre 1924 – 5 avril 2008

     

    Certains se souviendront du vieil homme aux idées et prises de position douteuses (c’est vrai qu’avoir trop tenu au cinéma une Winchester dans ses bras l’avait un peu rendu belliqueux…), moi c’est la légende hollywoodienne qui m’intéresse. Pour tout connaître de lui, vous savez où « taper », en ce qui me concerne c’est un héros de mon enfance cinéphile qui disparaît. Cette enfance où, entre deux westerns, je me régalais de grands peplums, de superproductions en technicolor, et d’aventures de science-fiction. S’il reste à jamais LE Judas Ben Hur du « Ben Hur » de William Wilder, rôle pour lequel il a obtenu un Oscar,

     

    Ben-Hur - Charlton Heston

     LE Moïse qui brandit les tables de la loi dans « Les dix commandements » de Cecil B. de Mille,

     

    Les Dix Commandements - Charlton Heston

     le George Taylor de « La Planète des singes »,

     

      le Robert Thorn du sublime « Soleil vert » de Richard Fleisher…

     

    Soleil vert - Charlton Heston

     moi, c’est dans le rôle de Brad Braden, directeur d’un cirque magique dans « Sous le plus grand chapiteau du monde » de Cecil B. de Mille qu’il m’avait le plus impressionnée. 

  • La Zona de Rodrigo Pla***

    La Zona, propriété privéeLa Zona, propriété privéeLa Zona, propriété privée

    La Zona est la cité résidentielle d’une ville mexicaine, idéale et franchement terrifiante... Isolée par les hauts murs et les barbelés qui l’entourent et « sécurisée » par un système de vidéo surveillance privée, ses habitants s’y sentent protégés. De l’autre côté des murs : la « populace ». Une nuit, trois jeunes garçons pénètrent dans l’enceinte de la zone et leur cambriolage tourne mal. Deux d’entre eux sont tués immédiatement par les habitants qui s’érigent aussitôt en milice. Une chasse à l’homme (ou plutôt à l’enfant puisqu’il a 16 ans) s’organise alors que la police prévenue est écartée de l’enquête malgré l’obstination du seul flic de la ville qui ne semble pas ripoux.

    A la fois film d’anticipation et comédie sociale ancrée dans une réalité qui pointe violemment les disparités et inégalités entre les riches et les pauvres, ce film est bien le choc annoncé par l’affiche. On est écoeuré de voir à quel point la paranoïa galopante et l’obsession sécuritaire rendent le monde fou, prêt à renier toute intimité en acceptant d’être filmé 24 h/24, prêt surtout à se faire justice lui-même sans chercher à comprendre ou à expliquer. Rodrigo Pla, dont c’est la première réalisation, signe un film exemplaire sans aucun effet, avec une tension qui va crescendo et ne faiblit jamais jusqu’à l’issue dont on se demande toujours si elle ira jusqu’au bout de l’horreur. La réponse est au bout de cette histoire désespérément bouleversante, maîtrisée, inquiétante. On sort de la salle complètement sonné par ce conte de la pourriture très ordinaire, juste illuminé par une embellie très courte et très provisoire !

    Photos de 'La Zona, propriété privée'
  • Deux sœurs pour un roi de Justin Chadwick**

    Photos de 'Deux soeurs pour un roi'
    Photos de 'Deux soeurs pour un roi'
    Photos de 'Deux soeurs pour un roi'

    Le délicat roi Henri VIII d’Angleterre ne parvient pas à avoir un fils de la reine son épouse, Catherine d’Aragon. Le délicieux (entendez écoeurant d’arrivisme) papa Boleyn décide de mettre sa fille Marie dans son lit, puis son autre fille Anne, quand la première a cessé de plaire. D’intrigues en rivalité, les têtes vont tomber.

    C’est toujours un pur moment de rock’n’roll de revoir l’histoire d’Angleterre ou d’ailleurs revisitée par Hollywood. Ici il n’est question que des idylles de chambre et de savoir qui couche avec qui dans un sinistre tourbillon de trahisons et de magouilles tarabiscotées. Les décors sont nickel chrome et on pénètre dans le palais royal jusqu’à l’intimité du roi comme dans un moulin à vent. Le roi, c’est Eric Bana, aussi terrifiant que Dumbo avec ses grandes oreilles et aussi sexy et séduisant que l’incroyable Hulk. Son cerveau et tout ce qui pourrait lui faire office d’intelligence se tiennent dans ses culottes bouffantes et ses sentiments sont aussi ondoyants que les plis de ses manches ballons. Il est vraiment tordant.

    Kristin Scott Thomas est parfaite en mère des deux sœurs amies puis rivales, puisqu’elles vont se disputer les faveurs du roi. C’est elle qui soulève le fait que le rôle déplorable des femmes ne sert qu’à appuyer les rêves et les délires de grandeur des hommes. Mais évidemment, la grande (et seule ?) idée vraiment intéressante du film est d’y avoir réuni les deux princesses d’Hollywood actuelles Scarlett Johansson et Natalie Portman. La première est la douce, tendre et droite Marie Boleyn qui subira toutes les trahisons et les pardonnera toutes. Mais une fois encore c’est Natalie Portman qui dévoile toute l’étendue de son talent illimité. Tour à tour enfantine, séductrice, manipulatrice, intrigante, suffragette puis border line au bord de la folie, tremblante de peur et de dignité, elle est le tourbillon de ce film... à en faire perdre la tête !

  • Retour à Gorée de Pierre-Yves Borgeaud **

    Retour à Gorée - Youssou N'Dour
    Retour à Gorée
    Retour à Gorée - Youssou N'Dour

    Le voyage commence sur l’île de Gorée à l’endroit exact où les africains étaient victimes de la traite négrière. Après avoir franchi une cour, les futurs esclaves traversaient un étroit couloir qui les conduisait directement vers les bateaux qui les emmenaient vers les Amériques, du Nord ou du Sud. Les familles étaient systématiquement séparées… Ce road movie musical explore le périple de Youssou N’Dour à travers les Etats-Unis et l’Europe sur les traces des esclaves noirs et de leur musique. Le chanteur a souhaité partir du Sénégal et de cette île symbole, puis parcourir les Etats-Unis à la recherche de musiciens dont la musique est imprégnée de cette histoire. Avant le départ, il retrouve le pianiste de jazz Moncel Genoud (absolument fascinant) et ensemble, ils vont d’Atlanta à New-Orleans en passant par New-York, le Luxembourg et Dakar retrouver des musiciens exceptionnels qui vont les accompagner pour le voyage de retour vers Gorée. Tout au long du périple, on assiste aux concerts, aux répétitions et aux discussions autour du thème de l’esclavage.

    Le seul reproche que je ferai au film est qu’à aucun moment les chansons ne sont traduites ce qui réduit un tantinet le propos. Pour le reste si vous aimez la world music, la voix enivrante de Youssou N’Dour, partir à la découverte des origines du jazz, du gospel et « rencontrer » des musiciens exceptionnels, n’hésitez pas car le film fait la part belle à de longs intermèdes musicaux pleins de prestige et de magie.

  • BEAUFORT de Joseph Cedar ***

    Beaufort
    Beaufort

    Lors d’une des récente et indéchiffrable guerre entre le Liban et Israël, une poignée d’hommes très très jeunes restent en poste à la forteresse de Beaufort (un symbole fort de la guerre paraît-il !) d’où ils surveillent l’ennemi entre les montagnes environnantes. Ils savent que leur départ est imminent, mais en attendant cet ordre libérateur, ils trompent un ennui lourd et essuient de temps en temps quelques tirs de missiles auxquels ils n’ont aucune possibilité de répondre.

    Un film de guerre qui parle de la guerre sans la montrer ou si peu, mais qui témoigne encore et surtout de l’absurdité de TOUTES les guerres. C’est mon côté candide qui parle encore mais comment croire qu’il y ait tant de conflits sur terre alors que les gens qui les font les détestent tant. Ici, l’ennemi est invisible mais la peur est omniprésente. Comment avoir une vingtaine d’années et se dire qu’on sera peut-être mort dans quelques heures ? Et pourtant la jeunesse des personnages n’est à aucun moment un obstacle au sens du devoir très développé chez ses jeunes hommes malgré les ordres stupides, les contre-ordres encore plus crétins qui arrivent par radio d’une hiérarchie qui leur assure que tout est sous contrôle. Malgré cela, il y aura des pertes… Les blessés ou les morts sont évacués par hélicoptère et on laisse malgré tout, sans raison véritable cette poignée d’hommes seuls en haut d’une symbolique colline. L’état-major n’en est manifestement pas à une énormité, une incohérence et une contradiction près tant le maintien de ce groupe semble totalement absurde… jusqu’à ce qu’il en décide autrement et offre aux soldats la possibilité d'un fantastique feu d’artifice qui détruit la colline, la forteresse et les libère. Mais c’est sûrement le réalisateur qui parle le mieux de ce moment fort et impressionnant :

    «"Dans chaque conflit, survient toujours un moment aussi brutal que définitif où la mission, ou l'objectif pour lequel des soldats ont donné leur vie jusque-là, cesse d'exister. Dans Beaufort, ce moment arrive avec la gigantesque explosion qui détruit l'une des montagnes les plus ensanglantées du Moyen-Orient. C'est un moment inoubliable, saturé d'adrénaline, mais aussi une image qui cristallise à elle seule l'inconcevable gâchis de vies humaines. En tant que cinéaste, et ancien soldat d'infanterie, je me sens extrêmement chanceux d'avoir eu l'opportunité de montrer cette image à l'écran."

    En outre il faut saluer l’interprétation absolument remarquable, l’atmosphère originale qui règne (pas de grandes scènes de franche camaraderie, mais quelque chose au-delà, différent indéfinissable et inédit, ), et tous les personnages touchants qui rendent ce beau film désespéré vraiment poignant à l’image du tout dernier plan.

    Beaufort