MA SEMAINE AU CINEMA
LA PETITE VIEILLE MIRACULEUSE ****
Les plages d'Agnès d'Agnès Varda
LES BARJOS SIPHONNÉS ***
Le bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-Woon
LE RATÉ °
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LA PETITE VIEILLE MIRACULEUSE ****
Les plages d'Agnès d'Agnès Varda
LES BARJOS SIPHONNÉS ***
Le bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-Woon
LE RATÉ °
Trois baroudeurs solitaires et coréens se courent après en Mandchourie pour récupérer ou garder une carte aux trésors appartenant à un Japonais. On trouve le Cinglé, excité de la gâchette pas bien malin, la Brute tueur à gages sans pitié et le Bon, pas si bon que ça évidemment et chasseur de primes de son état.
Si ça ne vous rappelle rien, je ne peux rien pour vous !
Le « Bittersweetlife » du même Kim m’avait déjà particulièrement emballée et aussi (je l’avoue) la découverte de son magnifique (et très bon) acteur Lee Byund-Hun qui compose ici une bien belle brute, cruelle et élégante. J’avais déjà à l’époque évoqué les références à Quentin Tarantino et Sergio Leone mais ici il s’agit bel et bien du premier western spaghetti asiatique revendiqué haut et fort et par ailleurs d’un superbe hommage au cinéma et particulièrement au film indépassable de Sergio Leone.
Kim Jee-Woon n’essaie pas de faire mieux, il fait différent avec des nuances tarantinesques (ne serait-ce que dans la musique et l’absurdité) non négligeables. S’il est possible de regretter quelques longueurs ici et là, on ne peut nier que les trois morceaux de bravoure, trois longues scènes tout simplement extraordinaires emportent le tout vers des sommets cultissimes : la scène d’ouverture d’attaque du train drôle et euphorisante, celle du « marché fantôme » belle et (faussement) brouillonne et la poursuite finale dans le désert où les bons, les méchants, les tueurs, les soldats, les tanks, les motos et les chevaux se dézinguent dans un joyeux fatras outrancier.
Tout est too much dans ce film pour un plaisir total et frénétique qui donne parfois envie de taper dans les mains. Les paysages naturels sont splendides et grandioses, les décors somptueux, les costumes magnifiques, les cascades chorégraphiées « à la coréenne » électrisantes, les dialogues absurdes et la musique décalée complètement vivifiante.
Evidemment cela se termine au milieu de nulle part où l’un de nos héros creuse pendant que l’autre tient le flingue… On ressort de la séance complètement rétamé mais ravi.
Ces plages sont celles qui sont à l’intérieur d’Agnès Varda. Et ça commence sur une plage du Nord, de celles balayées par les vents qui changent de couleurs toutes les demi-heures. Sublimes forcément. De sa voix au délicieux accent belge, Agnès Varda nous annonce que « si on ouvrait des gens, on trouverait des paysages ; si on m’ouvrait moi, on trouverait des plages ». Et c’est en parcourant les plages qu’elle a foulées, pieds nus souvent, qu’elle nous raconte sa vie. Ce film est l’histoire d’une petite vieille rondelette et bavarde comme elle le dit d’elle-même. Agnès Varda a 80 ans et elle ressemble à un petit lutin facétieux, doux, cordial et chaleureux. Ce voyage qu’elle commente de bout en bout, cette espèce d’auto-portrait, ni film ni documentaire mais les deux à la fois, n’est jamais nombriliste car ce qui intéresse Agnès Varda, ce sont les autres et elle le prouve.
Comment vous dire pour que vous y couriez en masse ? Qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vu tous ses films, ni même d’en avoir vu un seul car Agnès explique, commente et l’on plonge avec elle dans ses souvenirs (« je me souviens tant que je suis en vie »), au plus profond de l’intimité sans jamais se sentir de trop. C’est un partage, un cadeau drôle, bouillonnant, généreux, émouvant et surtout intensément passionnant. Ces deux heures passent à une vitesse phénoménale et l’on parcourt évidemment plus de 50 ans de cinéma en compagnie de cette marginale inclassable qui réalise ici un film hors du commun comme jamais je n’en ai vu.
Dès la scène d’ouverture où elle installe sur la plage des miroirs dans lequel se reflètent d’autres miroirs à l’infini, il faut le voir pour le croire, c’est unique et dans ces premiers plans mystérieux et enchanteurs semblent résider toute la magie du cinéma. Jusqu’à la fin, elle surprendra par des plans, des idées qui révèlent une imagination débridée, libre, d’une intelligence et d’une maîtrise folles. Maîtrise de son art qu’elle adapte aux aléas d’une caméra qui continue de tourner ou de la météo. Tout ici est d’une profondeur et d’une humilité remarquables comme cette petite bonne femme engagée qui fit partie des « 340 salopes », féministe, humaniste, passionnée qui porte toujours un regard aiguisé sur le monde qui l’entoure.
Elle nous présente sa famille, ses enfants, ses petits-enfants qu’elle craint de ne pas connaître mais vers qui elle va, toujours. Et surtout, elle parle de son amour de et pour toujours « le plus chéri des morts », Jacques Demy qu’elle a accompagné jusqu’au bout mais qui l’a laissée seule, désemparée, inconsolable. Quand elle parle de « lui », elle est bouleversante.
En sortant de la salle j’ai vraiment eu l’impression d’avoir vu un grand film et surtout d’avoir rencontré une personne extraordinaire. C’est rare.
A la mort de son père adoptif (assassiné), Largo, fils caché du milliardaire se retrouve à la tête de l’Empire W. Se sentant victime d’un complot visant à l’écarter, Largo veut montrer de quel bois il se chauffe et également trouver les coupables de la mort de son père.
Ça commence plutôt bien et je me suis même surprise à me dire dans mon for intérieur et à penser in petto : « waoh, c’est beau, qu’on dirait de la BD dis donc ». Quand je me parle à moi-même, je fais pas dans la dentelle t’vois. Et je peux pas dire le contraire, car beau, ça l’est, à peu près jusqu’à la fin. Parce qu’on fait un grand tour du monde de cartes postales ou presque et que même quand on n’a rien lu sur le film avant d’aller le voir, on se dit « tiens tel acteur, telle actrice !». .
Ouah Miki Manojlovic, je l’adore cet acteur. Il cause bien français et en plus, il joue super bien. Mais surtout j’adore son accent.
Ouah, Gilbert Melki !!! Mais... c’est quoi cette balafre sur sa joue gauche ??? Et puis il fume trop Gilbert, faut qu’il arrête.
Ouah, Mélanie Thierry, ça lui va pas les cheveux courts, pis elle est moche sa perruque, on dirait du crin de cheval (pardon mon Dada), mais elle a toujours les yeux transparents, c’est joli mais ça sert à rien.
Ouah Kristin Scott Thomas ! Qu’est-ce qu’elle est mince dis donc et puis elle s’est toute défripée depuis “Il y a longtemps…”.
Et puis qui encore ? Je sais pas, y’en a des que je connais pas. Ah si, y’a Nicolas Vaude, c’est celui qui fait le majordome Gauthier. Je l’aime bien. C’est lui le mieux dans le film.
Ah oui aussi, y’a Anne Consigny. Rolala la pauvre, un jour elle va sûrement se trancher les veines en direct. Elle transpire la déprime cette fille !
Quand Tomer Sisley arrive pour la première fois, il est tout nu… Mais non, bande de folles obsédées, que le haut, pas le bas. On se dit, le Tomer il a dû pousser de la fonte. Y’a plus de muscles que de gras si tu vois ce que je veux dire. A part ça, je crois qu’on tient notre Keanu local !!!
Bon oui, je l’avoue maintenant, je me suis ennuyée cent sous de l’heure. J’ai tripoté mes cheveux, je me suis arrachée les fourches (des cheveux !), je me suis massé les cervicales, j’ai regardé mon nouveau portable tout neuf (celui-là, il fait photo, mail et tout le toutim…) et au bout de la quarante huitième découverte du vingt-quatrième agent double ou triple, de la quatre vingt douzième trahison… j’ai lâché prise, en me disant « je m’ennuie, mais qu’est-ce que je m’ennuie !!! ».
Tomer, il a de la chance, il est mimi tout plein et il a une jolie voix douce comme j’aime bien, le genre qui s’énerve jamais (comme mon Jules) et puis il a des prénoms vachement chicos aussi bien dans la vie que dans le cinéma : Largo c’est beau… moi je trouve… mais sinon question personnage et interprétation, il lui manque les deux choses essentielles pour ce genre de rôle : le charme et l’humour !!!
GRRRRRRRRRRRR !
Un ermite barbu se chauffe à son feu de camp au milieu de nulle part où il y a plein de neige, même sa barbe est gelée, c’est dire. Un jour, il tombe nez à nez avec une grosse bouboule fort jolie qui brille quand il la touche. Ni une ni deux, le gars débarque sur terre au volant de la bouboule qui est accueillie manu militari par les tazuniens. Normal.
Entre temps, on a fait connaissance avec Helen, brillante scientifique (le genre classe mannequin, taille 36/38, yeux mauve vif, avec néanmoins une écharpe tricotée main que même moi je la mettrais pas en vente dans un vide grenier. La fille c’est Jennifer Connely) qui professe à l’université et vit avec le fils (une vraie tache) que son mari (mort) a eu d’un précédent mariage avec une meuf morte aussi. On comprend, avec un fils pareil, on n’a qu’une envie : DISPARAITRE. Et le moutard qui s’y colle c’est Jaden Smith (oui, le fils de…) qui prouve que le cabotinage est héréditaire mais pas le talent. Quand c’est Will qui fait le cabot, ça a de la classe, quand c’est son rejeton on a juste envie de lui coller des tartes pour lui apprendre à vivre. Tout, même dans sa démarche pue le petit con qui se la raconte. Passons. Revenons-en à notre bouboule.
Bon, comment dire. Dès qu’elle atterrit (devinez qui c’est qui morfle ??? Allez je vous donne un indice.
Indice : Central Park !)
Dès qu’elle atterrit donc, le FBI débarque chez Helen et l’embarque (presque) de force. Elle dit « mais-quoi-qu’est-ce-y’a-erreur-qui êtes-vous-dans quel état j’erre-faites moi descendre… ». Rien n’y fait. Elle se calme. Mais ce qui la rend vraiment dingue de frayeur c’est de constater qu’il n’y a personne sur la route !!!
« Hein ???? qu’elle dit, vous avez coupé la quatre voies ??? ».
On arrive au milieu d’ailleurs où il y a plein d’hélicos, plein de militaires en tenue de camouflage étou qui courent partout, on colle plein de scientifiques dont un qui s’appelle Youssef dans un gros hélico et on leur met une combinaison d’astronaute avec des tuyaux partout et on les envoie en première ligne voir qui c’est qui descend de la bouboube.
Qui c’est qui descend de la bouboule ?
Gagné, Keanu Reeves. Mais là il s’appelle Klaatu et il ressemble à que dalle. Au début il se fait mitrailler mais grâce à son placenta il est sauvé. Il en gardera dans une petite fiole (du placenta) comme ça quand ça ira pas fort il en sniffera un peu, et hop ça repart. Au début on comprend pas bien ce qu’il fait, pourquoi il est là, tout ça. Et puis c’est Helen/Jennifer qui capte. Le Klaatu, c’est un farceur. Il dit « je viens pour sauver la terre ». Cool ! Et la Jenn elle comprend à un moment donné : « ah ça y est je comprends maintenant, t’es venu pour sauver la terre mais pas les humains !!! Ooooooooooh nooooooooooooooon ! fais pas ça mon Klatounet, donne nous une chance, on peut changer ».
« Non, qui répond, les humains c’est rien que des vilains qui font rien qu’à tout détruire. Le processus a démarré, je ne peux rien faire ».
Bien sûr, le président et son vice sont partis se planquer dans l’abri anti bouboules MAIS il reste Condol… oopsss, Hilary (Kathy Bates, marrante comme tout !) qui est aux manettes. First, elle fait sa sévère et après elle s’adoucit, elle comprend Helen et Klaatu… mais c’est encore Djordje qui est aux commandes en fait, et lui il veut que ça saigne. Alors tu parles…
A un moment, Jacob (c’est la têtabaffe) saigne du nez et Helen aussi et là… Klaatu i dit « ah, je comprends, vous les humains vous pouvez changer quand vous êtes au bord du précipice ». Mais cette phrase là je l’avais déjà entendue mais en mieux dans « Starman » qui disait: « les humains, vous êtes à votre meilleur quand les choses sont au pire ». C’est plus beau non ??? Alors du coup Klaatu décide d’inverser le processus, il met ses mains devant les libellules tueuses qui crament tout sur leur passage et il se casse pour un ailleurs meilleur et la terre s’arrête et paf : générique !
Evidemment, si vous devez payer, je ne peux que vous dire de ne pas claquer 4 à 10 €uros et gaspiller votre pognon. Mais si vous avez une carte illimitée, allez voir Keanu Reeves. Il est grandiose. Il est impayable. Il faudrait lui décerner un Oscar pour le récompenser de tout ce qu’il fait (ou ne fait pas). Ce type n’a pas dû bouger une paupière depuis 1993, depuis qu’il se prend pour Buddha ou Nemo. En tout cas, il croit vraiment une fois de plus qu’il est le Messie. Mais je suis sûre que même les apôtres devaient s’en payer de sacrées tranches avec Jésus. Keanu Reeves ne rit jamais, ne sourit pas plus et en plus là, il pique le costume d’un mec pour pas aller cul nu, et dans son costume du FBI il est vraiment tordant.
Mais c’est quand même le critique de Chronic’Art qui résume le mieux la situation je trouve :
« Au milieu de ce naufrage, Keanu Reeves : nul, génial. (...) Il sauve presque le film, l'aspirant comme un vortex dans la contemplation de ce visage résolument alien où chercher, en vain, un reste naufragé d'humanité dans un océan de spleen et de botox. » Magnifique.
LA LIONNE ***
LES SACRIFIÉS ***
SECRET DEFENSE de Philippe Haïm
LES COMBATTANTS**
Comme une étoile dans la nuit de René Feret
LA RÉCRÉ *(*)
Burn after reading de Joël et Ethan Coen
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ET N'OUBLIEZ PAS, C'EST DIMANCHE PROFITEZ-EN POUR VOUS OCCUPER UTILEMENT :
SI VOUS REVEZ D'ÊTRE MEMBRE DU JURY DU FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY,
IL FAUT CLIQUER ICI.
CAR C'EST LE DERNIER JOUR POUR POSER VOTRE CANDIDATURE.
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Un barrage infranchissable a été construit entre le Mexique et les Etats-Unis. L’eau est devenue une denrée rare plus chère que le pétrole. Les mexicains ont peu de choix, tenter de survivre sur leurs terres arides ou se faire recruter par les entreprises nommées « Sleep dealers ». Ces usines proposent aux travailleurs exploités, équipés d’implants, de travailler plus pour mourir plus vite… Pour sauver sa famille, un jeune homme, Memo, accepte de se faire implanter des « nodules » et tout en restant au Mexique, va travailler virtuellement, connecté à un robot sur un chantier américain. Il va se rendre compte qu’en fait la machine absorbe peu à peu l’énergie des ouvriers.
Ça paraît compliqué comme ça, et ça l’est… un peu. Il faut rester bien accroché pour suivre vraiment et tenter de comprendre le cheminement du réalisateur qui (hélàs) abandonne la piste de l’eau ou plutôt du manque d’eau, pour se concentrer sur l’avenir et le passé du jeune héros, traumatisé par la mort de son père dont il se sent responsable. Pourtant le principe de départ entrait complètement en résonnance avec l’actualité où comme dans « Quantum of Solace » il mettait en évidence les aberrations que l’absence d’eau va faire commettre à certains gouvernements.
Il s’agit d’un premier film et sans doute Alex Rivera a voulu trop en dire en une seule fois. Il n’en reste pas moins que sa démonstration avec de faibles moyens est plutôt bluffante et que nous sommes bel et bien devant un film d’anticipation intelligent. En persistant dans cette voie de la science-fiction, il n’est peut-être pas impossible que nous ayons là le Spielberg du troisième millénaire. Vite, la suite !
PS : l'acteur principal Luiz Fernando Pena, est épatant.
Osborne Cox (John Malkovich) agent minable de la fucking CIA est renvoyé à cause de son fucking alcoolisme. Sa femme, Katie (Tilda Swinton), une fucking working girl qui se la pète grave, prend mal la nouvelle sans en être vraiment surprise car elle considère son fucking mari comme un con. Elle a une liaison avec Harry Pfarrer (George Clooney), un marshal priapique qui se prend pour un fucking cow-boy. Osborne décide d’écrire ses fucking mémoires mais égare le CD sur lequel elles sont gravées. Le fucking CD est découvert par Linda Litzke (Frances Mac Dormand) obsédée par les opérations de chirurgie esthétique qu’elle veut entreprendre et Chad Feldheimer (Brad Pitt), tous deux fucking employés d’une salle de fucking remise en forme. Linda et Chad vont faire « chanter » Osborne pour qu’il récupère le CD. Mais bon, la fucking histoire, tout le monde s’en cogne, la CIA en tête et pour ceux qui sont prévenus à présent, ils peuvent toujours s’amuser à compter le nombre de « fuck » proféré par John Malkovich. Ça n’a pas l’air comme ça mais c’est assez marrant.
What a fuck !
Les incontournables, inséparables, inévitables, inestimables et INDISPENSABLES frères Coen s’offrent et nous offrent une petite récréation. Ça fait du bien par où ça passe et on rit pas mal mais un film des frères Coen sitôt vu, sitôt oublié, ce n’est pas courant. Des tas d’évènements en cascade se succèdent tous plus saugrenus les uns que les autres. Il y a même des morts, du sang qui gicle un peu, des disparitions et tout fait rire, c’est sûr. Mais malgré l’extravagance et la loufoquerie ambiantes, ce film n’arrive pas à la cheville du complètement barré, totalement louftingue (et revu récemment) « The big Lebovski » qui portait haut les couleurs de l’énormité absurde où déjà le propos (le « héros » voulait récupérer le tapis qu’on lui avait volé) avait peu d’intérêt. Il faut dire que les dialogues, la nonchalance de Lebovski étaient un régal permanent. Ici, ils manquent un peu de croustillant et c’est dommage.
Par contre, les acteurs s’en donnent à cœur joie dans la surenchère de bêtise, de méchanceté et de grimaces. Ils sont tous plus crétins les uns que les autres. Cela dit, on a déjà vu George Clooney, Frances Mac Dormand et John Malkovich faire les cons. Mais pour la prestation grandiose de Brad Pitt, je ne peux décidément pas vous déconseiller de voir ce film. Il arbore le brushing et la coloration les plus horribles rarement vus au cinéma. Il est d’une stupidité et d’une mocheté hilarantes. Chacune de ses apparitions est un régal.
Au moins pour lui, what a fuck, allez-y !
La lutte des services de la DGSE contre le terrorisme international et l’embrigadement des membres par les différentes organisations dont les méthodes de recrutement ne sont pas si opposées…
Voilà un film mené tambour battant, qui ne laisse pas une seconde de répit au spectateur et qui présente les services secrets français comme on les a rarement, voire jamais vus. En ce qui me concerne, j’ai plus « souvent mis les pieds » dans le bureau ovale, dans les locaux de la CIA que dans ceux de la DGSE ou de l’Elysée. La comparaison de ce film avec les grosses machines américaines n’est vraiment pas au désavantage du film français. Ici on voyage de Paris à Kaboul en passant par Beyrouth ou Damas à un train d’enfer pour déjouer une tentative d’attentat à Paris. C’est évidemment Ben Laden et Dieu dont on interprète toujours les paroles selon le sens du vent, qui sont à l’origine de toutes les haines et tous les tourments du monde. La plupart des intervenants est manipulée selon des procédés assez sidérants pour le commun des mortels et les multiples facettes des personnages donnent lieu à de véritables casse-têtes où l’on ne sait plus très bien qui triche, qui dit la vérité, à qui faire confiance, qui plaindre, où est le bon et le méchant, le bien, le mal !...
Dommage que l’on ait à regretter un épilogue un peu bâclé et vraiment invraisemblable car c’est une étudiante qui déjoue l’attentat, mais cette réserve ne nuit pas au plaisir et au stress assez considérables que provoquent le film, notamment lorsqu'on apprend que depuis le 11 septembre 2001, 17 tentatives d'attentat ont été empêchées sur le territoire français.
Au cœur de cette guerre sans pitié où l’homme n’est plus considéré comme un être humain mais comme une arme, se trouvent deux jeunes gens que tout oppose et que tout va finir par rassembler après une aventure absolument hors du commun. D’un côté, il y a Diane (Vahina Giocante, saisissante d’énergie, de fragilité et de maturité) étudiante en langues orientales qui va être recrutée de force sous la menace et signer un contrat qui l’engage pour 5 ans, courir mille dangers et se révéler un « agent » très à la hauteur (la scène où elle change radicalement de look en quelques secondes dans le métro est vraiment emballante). De l’autre, Pierre, jeune paumé se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Il purge une peine de prison et partage sa cellule avec des islamistes qui vont le « recruter » en lui faisant miroiter un sens à sa vie. J’avoue que toutes les scènes qui le concernent sont celles qui m’ont le plus impressionnées. Bien qu’elles n’ôtent rien à l’aspect réaliste du film (sauf la fin), c’est le parcours de Pierre (Nicolas Duvauchelle, époustouflant) qui m’a semblé le plus proche d’une réalité qu’on peut concevoir. Les passages dans la prison nous prouvent que tout ce qu’il y a de petits ou grands délinquants sont parqués dans des cellules minuscules, que la cour de promenade est l’endroit où les petits chefs peuvent continuer de se la jouer caïd, que l’on peut se convertir à l’islam selon une cérémonie qui se prend très au sérieux, que les nouveaux se font violer sous les douches. Lorsque Pierre ressort, il ne s’appelle plus Pierre mais Aziz, il bredouille trois mots d’arabe, se fait mettre dehors par sa mère qui n’en peut plus de ses incartades et se retrouve en Afghanistan pour suivre une formation de martyre, un véritable entraînement au meurtre dans une langue qu’il ne comprend pas. C’est tout simplement cauchemardesque et hallucinant et Nicolas Duvauchelle porte à ravir toute la fièvre et la fragilité d’un tel rôle. Il est bouleversant.
Tout le casting est au diapason de ce thriller politique d’espionnage captivant de bout en bout. Gérard Lanvin et Simon Abkarian sont les deux chefs des deux camps opposés et ont la même froideur, la même cruauté. Ils sont parfaits. Mais Vahina Giocante et Nicolas Duvauchelle restent les deux très attachantes surprises qui donnent LA raison en plus de se déplacer pour voir ce film rare, mouvementé, documenté, sombre, intelligent, impressionnant.