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  • L’étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher ****

    L'Etrange histoire de Benjamin Button - Taraji P. HensonL'Etrange histoire de Benjamin Button - Taraji P. Henson et Brad PittL'Etrange histoire de Benjamin Button - Brad PittL'Etrange histoire de Benjamin Button - Brad PittL'Etrange histoire de Benjamin Button - Brad Pitt et Cate Blanchett

    Le jour où se prépare l’ouragan Katrina, Daisy vieille femme mourante à l’hôpital demande à sa fille Caroline de lui lire un journal intime qu’elle a précieusement gardé toute sa vie. Il s’agit de l’incroyable histoire de Benjamin Button.

    En 1918, une femme meurt en donnant naissance à Benjamin. Le père, terrassé par la mort de la femme qu'il aime et terrifié par l’apparence de vieillard du bébé l’abandonne sur les escaliers d’une maison. A une époque, dans un pays et un Etat, La Nouvelle Orléans, où le racisme triomphe, c’est par un incroyable acte de courage et de tolérance que commence la vie de Benjamin, recueilli par une jeune femme noire, aimante et maternelle.

    Fincher place d’emblée son film dans la réalité voire le réalisme mais évidemment sous un angle follement romantique et romanesque. A aucun moment il n’est question de conte, de légende ou de surnaturel. L’état et la l’apparence de Benjamin vont surprendre tous ceux qu’il va rencontrer au cours de sa riche existence, mais la surprise passée, il sera toujours accepté tel qu’il est. Pourtant son corps et son âge ne seront en accord qu’au milieu de sa vie, vers 40 ans.

    Elevé dans la maison de retraite où sa mère travaille, Benjamin va être très tôt confronté au fait de perdre un à un les gens qui l’entourent. C’est une des nombreuses interrogations sans réponse que pose ce film : comment se préparer à la mort des êtres qu’on aime ? Et aussi, comment accepter de les voir vieillir alors que lui ne cesse de rajeunir ? Benjamin vit sa vie à reculons et toutes ses expériences, tous ses apprentissages il les fera toujours en totale contradiction avec l’âge qu’il semble avoir. C’est ainsi qu’il rencontrera Daisy alors qu’elle a 5 ans et lui 8. Elle sera fascinée par ce vieillard aussi petit qu’elle et lorsqu’il s’embarquera sur un remorqueur pour découvrir le monde, elle lui dira « écris-moi, écris moi partout où tu iras ». Toujours en contact mais jamais ensemble, ils passeront ou perdront beaucoup de temps à se croiser, se perdre, se retrouver. Lorsque Daisy aura 25 ans, trop préoccupée par sa carrière de danseuse étoile, elle manquera une nouvelle fois « la » rencontre pour mieux la vivre, enfin, plus intensément, plus passionnément quelques années plus tard. Un peu esclave de son corps parfait et longiligne de sportive, Daisy brutalement marquée dans sa chair, finira par atteindre une forme de sagesse en acceptant que l’autre aussi peut la voir au-delà des apparences, s’attacher à ses rides comme il le fit pour sa jeunesse. Mais ce sera toujours un choc pour elle de découvrir Benjamin de plus en plus parfait alors qu’elle sait que le destin lui infligera de ne plus être qu’une vieille femme qui berce un bébé mourant. Inutile de vous dire à quel point le cœur palpite à suivre cette histoire hors du commun contée sans emphase mais avec une beauté et une émotion qui frôlent l’ivresse par instants.

    Mais avant que Benjamin et Daisy ne s’aiment, il s’embarquera vieil homme de 17 ans à bord d’un remorqueur (dont le capitaine considère son propre corps comme une oeuvre d'art) qui lui fera traverser le monde et la guerre (une scène époustouflante contre un sous-marin !). Il connaîtra son premier amour avec Elizabeth, femme riche et oisive qui rêve de traverser la Manche à la nage. Cet amour là offre sans doute les passages parmi les plus séduisants et ensorcelants du film, grâce notamment à Tilda Swinton qui embellit de plan en plan.

    David Fincher réussit un film foisonnant, passionnant, palpitant d’une ampleur et d’une beauté saisissantes à chaque plan. Il emporte le cœur et la raison, il parle d’amour, de mort, de chagrins insurmontables, de tolérance et de sentiments qui vont bien au-delà des apparences, mais surtout de la vie merveilleuse et douloureuse. Un film qui fait vibrer le cœur et battre les émotions, ou l’inverse et qui fait rire aussi à de nombreuses reprises et notamment avec un comique sept fois répétitif qui fait pourtant mouche à chaque fois…

    Cate Blanchett est Daisy de l’adolescence à 80 ans, elle est lumineuse et habitée par le personnage. Mais que dire de l’Acteur qui offre à Benjamin Button son cœur, son corps et son âme à ce rôle écrasant, gigantesque ? Brad Pitt qui apparaît peu à peu à force que le film avance jusqu’à redevenir le tout jeune homme blond de « Thelma et Louise », occupe et absorbe le film tout entier. Sous le maquillage et les effets spéciaux comme on n’en a sans doute jamais vu de si parfaits, il est de tous les plans, absolument fabuleux.

    Un film, un choc, un acteur, le bonheur.

  • Walkyrie de Bryan Singer **

    Walkyrie - Tom CruiseWalkyrie - Le Comte Claus Schenk von Stauffenberg et Tom Cruise, son incarnation à l'écran

    Le Vrai Von Stauffenberg / Le Faux Von Stauffenberg.

     

    De 1942 à 1944 la préparation et l’échec de l’attentat visant à renverser le gouvernement allemand en assassinant Hitler.

    Pas moins de 15 attentats ont été commis pour tuer Hitler lors de la dernière guerre mondiale. Je n’ai jamais lu ça dans mes livres d’histoire, alors merci au cinéma américain de nous éclairer sur ce pan de l’histoire mondiale. En fait nous découvrons que la « résistance » allemande au plus haut niveau de l’armée et du pouvoir s’est organisée dès 1942. Le Comte/Colonel Von Stauffenberg qui n’était au départ qu’un des éléments de cette dernière conspiration visant à éliminer Hitler s’est retrouvé fortuitement chargé de déposer la bombe aux pieds du führer.

    Tous les allemands n’ont pas été nazis. Bon. L’histoire est incroyable, hélas le film trop sage et ressemble aux bons films de guerre d’antan. C’est déjà bien mais pas assez. Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’imaginer les milliers voire les millions de vies épargnées si cet exploit avait abouti, tout comme on se prend à envisager comme les protagonistes du film au coup double qui faillit survenir, Mussolini devant être présent lors de la réunion fatale. Tout se passe comme prévu ou presque jusqu’à ce que la sacoche contenant la bombe soit malencontreusement déplacée. La bombe explose bel et bien mais ne cause que quelques blessures sans gravité à Hitler.

    Le réalisateur s’applique consciencieusement à ne rendre aucun personnage sympathique. Ils ont (quand même) tous sans exception signé le pacte nazi. Sans en faire des héros, il les présente comme des militaires prêts à se sacrifier mais néanmoins brisés de devoir rompre leur engagement, trahir leur serment.

    Avec le recul, je m’aperçois que ce film est une succession de scènes formidables qui au final produisent un film pas médiocre mais insatisfaisant. Difficile à expliquer. La préparation de l’attentat donne lieu à de nombreuses scènes bavardes et justifiées qui mettent remarquablement en lumière à la fois les hésitations, les doutes et la détermination des uns et des autres. L’attentat lui-même est assez classique. Mais c’est la dernière demi-heure qui est la plus palpitante à mes yeux. La bombe ayant explosé, Von Stauffenberg déclenche la fameuse opération Walkyrie qui consiste à renverser le pouvoir, prendre le contrôle de l’armée, arrêter les S.S., les ministres… c’est là que Singer réussit l’exploit de nous y faire croire quelques minutes alors qu’on ne devrait avoir aucun doute. Pendant quelques heures l’Allemagne nazie a été sous le contrôle de ces résistants… jusqu’à ce qu’Hitler reprenne la parole.

    Evidemment le gros problème est que ce film aurait dû être réalisé en allemand. Entendre ces Von Stauffenberg, Fromm, Olbricht, Fellgiebel parler un américain impeccable est un peu gênant. La musique boum patatra terrifiante dès qu’Hitler apparaît à l’écran est grotesque. Et les quelques notes de la fameuse Chevauchée des Walkyries me donnent comme à Woody envie d’envahir la Pologne ou comme Coppola de napalmer une forêt.

    Pratiquement tous ces nazis sont des acteurs américains ou anglais, sauf, SAUF Thomas Kreschtmann en maillot de bain (merci Bryan Singer). Quant à Tom Cruise, œil de verre, mâchoire carrée et palpitante, droit dans ses bottes, il est impeccable de sobriété.

    Mitigé, l’avis, donc.

    Walkyrie

    C'est Thomas Kreschtmann (sans son maillot... enfin, je suppose !).

  • Espion(s) de Nicolas Saada *

    Espion(s) - Guillaume Canet

    Comment se retrouver enrôler de force dans la DST et le MI5 en moins de temps qu’il ne le faut pour dire “terrorisme international” ? Demandons à Nicolas Saada !

    Vincent, jeune homme triste et pas bien dans sa vie est bagagiste dans un aéroport. Avec son copain, ils ont l’habitude de voler dans les valises (je comprends mieux ce qui m’est arrivé à plusieurs reprises…). Une fois de trop, Gérard ouvre une valise diplomatique, s’enflamme illico et meurt dans d’atroces brûlures. Accusé de complicité, Vincent se voit proposer un marché : la prison ou rendre service à la patrie en danger. Inutile de vous dire qu’il choisit de se rendre à Londres (pour la visite touristique, vous repasserez) sous un faux nom et de séduire l’épouse d’un industriel manipulé par les services secrets syriens pour en soutirer de précieuses informations.

    C’est très sombre, assez élégant mais surtout complètement invraisemblable. Enfin je l’espère. Récemment je regardais l’excellent téléfilm qui raconte la lutte de Badinter contre la peine de mort et je me disais que j’espère ne jamais être juré de toute ma vie, il paraît qu’on ne peut pas refuser. En voyant le film de Nicolas Saada, j’ai vraiment, mais vraiment eu les chocottes ! Si c’est le citoyen moyen (quoique Vincent a bac + 12) qui est chargé par la DST de faire James Bond et de résoudre les problèmes de terrorisme, on est vraiment mais vraiment mal barrés je trouve. Donc, l’affaire si elle est réaliste m’a fait peur mais en tant que film ne m’a pas passionnée. Pourtant Guillaume Canet est formidable, forcément. Il a ce qu’il faut de tension et d’énergie pour être crédible. Hippolyte Girardot est remarquable en patron de la DST, froid et manipulateur. Par contre, Géraldine Pailhas dans son sempiternel (et unique !) rôle de femme fragile, manipulée et trompée, de biche effarouchée douce comme un doudou, m’EXASPÈRE au plus point !

  • Le bal des actrices de Maïwenn **

    Le Bal des actrices - Maïwenn, Jeanne Balibar et Julie DepardieuLe Bal des actrices - Linh Dan Pham, Mélanie Doutey, Maïwenn, Julie Depardieu et Jeanne Balibar

    Ni tout à fait un film, un documentaire ou une comédie musicale… un peu les trois à la fois mais pas vraiment non plus, le nouvel opus de Maïwenn a tout pour surprendre, séduire et agacer. Tout comme sa turbulente et manipulatrice réalisatrice d’ailleurs. En ce qui me concerne, je ne suis pas parvenue à croire une seconde qu’il s’agit d’un quelconque documentaire où les actrices seraient  prises sur le vif dans leur vraie vie alors qu’on voit systématiquement que tout est mis en scène. Je ne crois pas non plus à l’amour démesuré de Maïwenn pour les actrices mais plus à un règlement de comptes entre filles où mine de rien, la réalisatrice « balance », comme souvent, avec l’air le plus innocent du monde. Maïwenn part du postulat incontournable que les acrtrices sont des femmes qui ont davantage besoin d'être aimées que les autres. Ah bon !

    Ce n’est pas (toujours) déplaisant pour autant car le casting quatre étoiles qui défile ici réserve de bien beaux moments où chacun trouvera ses préférences. Tout ceci étant éminemment subjectif. En ce qui me concerne ce sont Jeanne Balibar, Julie Depardieu, Charlotte Rampling et Romane Bohringer qui emportent tous mes suffrages car ce sont elles qui me semblent les plus sincères, à la fois originales et spontanées. Véritablement « aimables ».

    Le numéro de furieuse qui galère de Karole Rocher est trop systématique et répétitif pour finalement émouvoir. Quant à Christine Boisson en prof de théâtre qui confond manipulation et humiliation, elle est (enfin, son rôle est) exécrable et pathétique.

    Evidemment, on ne doute pas un instant que le métier d’actrice qui consiste aussi  à être la plus belle, la plus irréprochable, qui n’a pas le droit de vieillir pour un public exigeant prêt à fondre sur la moindre info « people » et s’en délecter ne soit pas de  tout repos toujours. Mais on a quand même du mal à s’apitoyer sur le sort d’une telle qui touche une enveloppe de 20 000 €uros pour poser un quart d’heure avec une bouteille de champagne à la foire de Trifouillis les Pedzouilles même s’il est évident que ce soit moins glamour et valorisant qu’un tapis rouge. Tout comme il est difficile de s’attendrir sur telle autre qui part à l’autre bout de la planète pour un temps illimité car elle n’en peut plus de ce monde impitoyable.

    Maïwenn coupe court à toute tentative de critiques en se les servant elle-même lors d’une avant-première où toutes « ses » actrices présentes « descendent » littéralement son film prétendant qu’elles ont eu honte de le tourner et qu'au final on ne voit qu'une actrice, Maïwenn herself. C'est effectivement un cinéma et un film qui disent "moi je, moi je, moi je" en prétendant le contraire.

    Elle est mignonne Maïwenn quand elle se fait tancer par Joey Starr qui lui dit : « avec ton cinéma intello, tu te prends pour Sofia Coppola », et elle pleurniche en affirmant qu’elle veut se débarrasser au contraire de son image « branchée ».

    Bref, en un mot comme en cent, j’avais mille fois préféré « Pardonnez-moi » où Maïwenn nous invitait à une analyse en direct, nous comptant par le menu les pires moments de son enfance et de sa vie, mais avec de vrais acteurs qui jouaient les vrais personnages de sa vraie vie.

    Ici, de bons moments donc, de moins bons aussi. Des numéros chantés et dansés où les actrices sont soignées aux petits oignons grâce à des textes et des chorégraphies qui leur collent à la peau. Une révélation : Joey Starr. Une sensation étrange de malaise. Et un texte de Musset qui s’est imposé à moi en sortant de la projection :

    « Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux".

  • Choke de Clark Gregg °

    Choke - Sam Rockwell

    Victor est un « sex addict ».Il participe à des réunions de groupe pour obsédés sexuels ce qui lui permet de rencontrer des jeunes femmes atteintes de la même obsession et de s’envoyer en l’air sans s’engager. Son job consiste à se déguiser en domestique irlandais du XVIIIème dans un parc d’attractions. Lorsqu’il va au restaurant avec son meilleur ami (un gros lourdaud un peu niais comme il se doit), il s’étouffe volontairement pour qu’un client lui sauve la vie et le prenne sous sa protection (car quand on sauve la vie de quelqu’un on lui reste attaché à tout jamais). Le reste du temps il le passe à l’hôpital psychiatrique où se trouve sa mère qui ne le reconnaît plus et meurt peu à peu de la maladie d’Alzheimer. Victor aimerait qu’elle lui révèle avant de mourir qui était son père.

    Autant dire qu’on assiste assez abasourdi à l’adaptation pataude et ratée d’un roman délirant de Chuck Palahniuk. Tout ici est téléphoné et sans surprise et l’excellent (et trop rare) Sam Rockwell est étonnamment sage dans un rôle qui devait lui permettre toutes les pitreries dont il est capable. Apparemment l’acteur et le réalisateur ont préféré se concentrer sur quelques scènes d’émotion aux yeux humides (loupées) entre le fils et la mère qui ne sait plus qui il est.

    Pour le reste trois séquences se répètent indéfiniment : celles de cul pour attirer le chaland sans doute (rassurez-vous on ne voit que les seins et les fesses des jolies filles !), celles où Victor s’étouffe au restaurant pour tenter de nous faire croire qu’il va mourir (peut-être !!!), celles où le meilleur ami se masturbe, pour faire rire j’imagine etc…

    Bref un court métrage rincé jusqu’à plus soif pour tenir une interminable heure et demie… C’est moche, pas drôle, pas émouvant, sans intérêt.

  • PATRICK MC GOHAN

    19 mars 1928 – 15 janvier 2009

    cinéma,patrick mac gohan

    L’info n’a pas dû faire grand bruit car je n’ai appris la mort de Patrick Mac Gohan qu’aujourd’hui. La série dont il fut le héros a donné lieu à un véritable culte et le film « Truman show » en est inspiré.

    La scène d’ouverture est cultissime également. Pour les nostalgiques…

    Qui est le numéro 1 ???

     

     – « Où suis-je ? (Where am I?)

    – Au Village. (In the Village.)

    – Qu'est ce que vous voulez ? (What do you want?)

    – Des renseignements. (Information.)

    – Dans quel camp êtes-vous ? (Whose side are you on?)

    – Vous le saurez en temps utile... Nous voulons des renseignements, des renseignements, des renseignements. (That would be telling. We want Information, Information, Information!)

    – Vous n'en aurez pas ! (You won't get it.)

    – De gré ou de force, vous parlerez. (By hook or by crook, we will.)

    – Qui êtes-vous ? (Who are you?)

    – Je suis le nouveau Numéro 2. (The new Number 2.)

    – Qui est le Numéro 1 ? (Who is Number 1?)

    – Vous êtes le Numéro 6.. (You are Number 6)

    – JE NE SUIS PAS UN NUMÉRO, JE SUIS UN HOMME LIBRE ! (I AM NOT A NUMBER, I AM A FREE MAN!) »

  • Des envoyés très spéciaux de Frédéric Auburtin *

    Envoyés très spéciaux - Gérard Jugnot et Gérard Lanvin

    Frank journaliste vedette de la deuxième radio de France, R2I et son technicien Albert Poussin sont envoyés en Irak pour « couvrir » la guerre qui s’intensifie. Par inadvertance Poussin jette les billets d’avion et les 20 000 euros en liquide qui leur sont confiés pour leur voyage. Ils se retrouvent donc bloqués à Barbès et envoient des infos bidonnées mais très réalistes à leur station dont l’audience explose. A la suite de nouveaux contretemps, ils en viennent à mettre en scène leur propre prise d’otage. Cette fois la France entière se mobilise autour du slogan « un euro pour nos otages » pour faire libérer les deux hommes.

    On ne sait pas toujours si on doit être choqué ou consterné par le ton et le sujet ! Le film non plus ne tranche pas vraiment. Peut-on rire de tout ? Oui sans doute, à condition que la charge soit un peu plus cinglante. Le film hésite beaucoup tout en parvenant quand même à mettre mal à l'aise. Il est encore alourdi par un vaudeville grotesque (la femme de l’un a couché avec l’autre à l’insu du plein gré de tout le monde… oh la la !!!) qui n’avait rien à faire ici. En ce qui concerne la manipulation des foules par les médias, l’intox qu’on nous impose régulièrement à la radio, ça commence plutôt bien, hélas ça s’englue dans un grand porte nawak un peu gênant à propos du « charity business », du traitement des otages et de la guerre !

    J’avoue, j’ai souri deux ou trois fois grâce aux acteurs. On peut donc apprécier les délicieuses Valérie Kaprisky et Anne Marivin, Omar Sy loin de son (consternant) SAV se révèle bon acteur, Serge Hazanavicius est presque inquiétant en patron de radio uniquement intéressé par l’audience… mais évidemment c’est le couple des deux Gérard qui fonctionne plutôt bien, même si le Jugnot s’en sort un peu moins bien en associé un peu niais, le Lanvin est parfait en ronchon excédé ! Mais l'apparition de dos de l'insupportable Sarkozy imité par le désolant Laurent Gerra finira de dissuader ceux qui hésitent !

  • Yes man de Peyton Reed ***

    Yes Man - Jim CarreyYes Man - Jim CarreyYes Man - Jim Carrey

    Carl est un type plutôt antipathique qui fait tout pour l’être et le rester. Un jour, par désoeuvrement et curiosité il assiste au congrès des « Yes man » animé par un étrange gourou (Terence Stamp, toujours hot !) qui préconise de dire « oui » à tout pour s’affirmer et garantir le développement personnel. Dès lors Carl adopte la positive attitude !

    Je suis inconditionnellement

     

    Fan de

     

    JIM CAREY.

     

    Il me fait

     

    MOURIR DE RIRE !

     

     

    Ce film est son

     

    Nouveau one man show.

     

    Allergique s’abstenir !

    Cela dit, je dois insister sur le fait que, même s’il est le clown le plus déjanté que je connaisse, Jim Carrey n’oublie jamais de « faire l’acteur », qu’il peut passer du rire aux larmes, de l’émotion aux pitreries dans la même seconde en restant crédible et que malgré sa mégalomanie, son égocentrisme, son cabotinage permanent (appelez cela comme vous voudrez), il parvient néanmoins à mettre en valeur ses partenaires.

    Epatant.

  • Les noces rebelles de Sam Mendes ****

    Les Noces rebelles - Kate Winslet

    Les Noces rebelles - Leonardo DiCaprio et Kate Winslet

    Les Noces rebelles - Leonardo DiCaprio

    Les Noces rebelles - Leonardo DiCaprio et Kate Winslet

    Au milieu des années 50, Frank et April ont un coup de foudre. Ils sont convaincus qu’ils sont différents des autres et que leur couple résistera au quotidien, qu’ils réaliseront leurs rêves les plus fous sans jamais perdre leurs idéaux. Hélas, comme parfois, comme souvent, après qu’April ait dû renoncer à sa carrière d’actrice, qu’ils se soient mariés, qu’ils aient acheté une maison de banlieue proprette et fait deux enfants, la routine s’installe inéluctablement. April se sent étouffer dans sa cage dorée et Frank végète dans un emploi qu’il déteste mais qui assure la subsistance de la famille.
    Après une dispute un peu plus vive que les autres April propose à Frank de repartir à zéro en quittant les Etats-Unis pour s’installer à Paris où tout leur semble possible. Parviendront-ils à réaliser ce rêve de la dernière chance ?
    La rencontre douce, tendre et évidente n’occupe que quelques instants du film qui devient rapidement une longue et terrible scène de ménage. Et ces instants où le couple se balance des vérités pas bonnes à dire, pas bonnes à entendre, où emporté par sa rage et ses frustrations chacun va atteindre et dépasser les limites de ce qu’il est « raisonnable » de dire et supportable pour l’autre d’entendre, ces moments où l’on va trop loin sans possibilité de faire marche arrière, où les mots les plus cinglants voire sanglants sont prononcés, sont d’une puissance et d’une profondeur rarement atteintes au cinéma. Mendes décortique le couple au scalpel. Chacun renvoie à l’autre la « faute » de s’être installé dans ce bonheur ronronnant où l’espoir et l’évasion n’ont plus leur place, où il n’est plus question que de devoir et de responsabilité.
    La seule petite erreur de ce film intelligent me semble être d’avoir donné à un personnage « aliéné » la charge de révéler leurs faiblesses à Frank et April alors qu’ils paraissent suffisamment sensés pour le découvrir eux-mêmes. Ni l’un ni l’autre n’a vraiment tout à fait tort ni tout à fait raison. Les deux font ce qu’ils peuvent, comme ils le peuvent pour essayer de sauver ce qu’il y a de plus concret entre eux : l’amour. Mais alors que Frank parle beaucoup, April tente d’agir, chacun sachant qu’ils foncent droit dans le mur mais plus dans la même direction. Au fond, peut-être ont-ils compris qu’ils ont comme leurs amis, renoncé à leurs beaux idéaux de jeunesse. Quand ils se moquent de ces voisins insignifiants, peut-être comprennent-ils à quel point ils leur ressemblent, ne serait-ce que par le fait de vivre dans cette banlieue (très « Truman show ») véritable royaume du conformisme triomphant. C’est un film qui laisse des traces me semble t’il où chacun pourra trouver des résonances dans sa propre vie. La musique hypnotique et l’interprétation sans faille ne sont pas pour rien dans cette réussite totale.
    Leonardo Di Caprio, toujours meilleur de film en film affiche ici une belle maturité et des moments d’enthousiasme et d’émotion insoupçonnés. Kate Winslet, sublime, blessée, à la fois dure, douce et intransigeante est magnifique. Notons également la prestation très surprenante et diaboliquement sulfureuse de Kathie Bates. La dernière scène laisse le spectateur saisi d’effroi dans son fauteuil…