MA SEMAINE AU CINEMA
L'ARLESIENNE
Tulpan de Sergei Dorstevoy****
LE SACRIFICE
Harvey Milk de Gus Van Sant ***
LA DOUBLE PEINE
GERARD (forever)
L'AMOUR TOUJOURS
Last Chance for Harvey de Joel Hopkins**
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L'ARLESIENNE
Tulpan de Sergei Dorstevoy****
LE SACRIFICE
Harvey Milk de Gus Van Sant ***
LA DOUBLE PEINE
GERARD (forever)
L'AMOUR TOUJOURS
Last Chance for Harvey de Joel Hopkins**
Paul Bellamy, commissaire de son état et sa femme Françoise passent leurs vacances à Nîmes dans la maison de famille de Françoise. Mais Paul s’ennuie en vacances tandis que Françoise rêve de croisières. Bien que tout semble séparer cet improbable couple, ces deux-là s’aiment à la folie depuis longtemps et pour toujours et ne cessent de s’échanger caresses, baisers et regards concupiscents… et c’est très beau à voir (et cela prouvera encore à ce sale gosse de Rob Gordon qu’on peut ne plus être très jeune et très gros, aimer et être aimé !).
Heureusement, alors que Paul s’endort sur ses mots croisés, un mystérieux homme qui s’accuse d’un crime qu’il a peut-être commis mais pas vraiment, va venir lui demander son aide et sa protection, ainsi que l’arrivée de Jacques son jeune frère, très alcoolique et très perturbé vont le sortir de son indolence.
Quel film étrange ! Sans doute le plus lumineux de son réalisateur, on n’a jamais vu tant de lumière dans un Chabrol mais les personnages se multiplient sans qu’on les comprenne bien tous (Vahina Giocante, décorative, Clovis Cornillac se caricaturant), on se désintéresse de l’intrigue policière, on sourit à peine à la plaidoirie finale en chanson sur un air de Brassens, on se régale des petits plats mitonnés et de la performance de Jacques Gamblin dans un triple rôle.
Et puis quoi ? Et puis rien. Tout le reste semble mou, plan plan et répétitif… ou peut-être n’ai-je rien compris, Chabrol terminant son film par cette citation « Il y a toujours une autre histoire, il y a plus que ce que l’œil peut saisir » comme s’il y avait un sens caché, à chercher !!!
On aimerait vraiment rester simplement, sincèrement avec Marie Bunel (douce, charmante, discrète) et Gérard Depardieu qui forment un couple exquis, complice… ou mieux encore seul en tête à tête avec Depardieu enfin retrouvé, ressuscité, attentif aux autres, drôle, touchant. Merci néanmoins donc à Claude pour ce petit Chabrol mais ce GRAND Depardieu.
Harvey vit aux Etats-Unis, il est divorcé, il apprend qu’il est sur un siège éjectable au boulot et il se rend au mariage de sa fille en Angleterre auquel il n’est pas vraiment le bienvenu. Autant dire qu’Harvey n’est pas au top niveau moral. Il va croiser, décroiser, recroiser la route de Kate, une anglaise célibataire pas au mieux de sa forme non plus, bien seule et harcelée par une mère parano.
Une comédie sentimentale américaine de plus me direz-vous ?
Oui.
Et non.
Première particularité les protagonistes ont, lui, la soixante bien sonnée (en vrai Dustin à 72 ans mais chut, ça ne se voit pas !) et elle, la quarantaine bien tassée (en vrai Emma a 50 ans mais chut aussi, ça se voit à peine). Et la deuxième particularité c’est que compte tenu de leur âge justement, lui comme elle ont renoncé à croire à un quelconque bonheur avec un autre ou l’Autre, celui qu’on n’attend pas, qu’on n’attend plus. Ils vont résister mollement, émerveillés l’un de l’autre, l’un par l’autre, ne comprenant pas que comme pour deux ados le cœur peut encore faire badaboum et qu’il leur reste encore une chance, la dernière peut-être d’aimer et d’être aimé.
Alors, chabadabada, oui mais il faut bien admettre que ce film bercé sur la Tamise ne serait rien ou peu sans ses deux merveilleux acteurs : Dustin Hoffman craquant comme jamais et Emma Thompson délicieuse, radieuse, éblouissante comme toujours.
de Gus Van Sant ***
Alors qu’il rentre de son service militaire effectué dans la marine, Asa revient vivre avec sa sœur, son beau-frère et leurs enfants. Il rêve de se marier avec Tulpan qui ne veut pas de lui, prétextant qu’il a de trop grandes oreilles…
Cet argument est l’occasion pour le spectateur de découvrir un endroit du monde une planète inconnue, un lieu irréel qu’il est difficile d’imaginer même au plus profond de notre campagne la plus reculée : le Kazakhstan. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’irais y passer mes prochaines vacances tant la dureté de la vie et du climat y est rude pour une petite nature délicate… mais le formidable savoir faire du réalisateur nous plonge, nous immerge dans la quatrième dimension, une région insensée au milieu de nulle part, balayée en permanence par le vent, les tornades, écrasée de soleil. Cela donne des images à couper le souffle, d’une beauté fabuleuse qui aimantent littéralement le regard et rendent ce film inoubliable.
Sergey Bvortsevoy ne se contente pas de filmer et de nous offrir des images comme on en voit rarement et qui font de ce film une rareté, il nous raconte une histoire : comment Asa va réussir à plaire à la mystérieuse Tulpan en faisant de ses oreilles décollées un atout princier ? La démonstration est d’ailleurs à mourir de rire. Et oui, on rit énormément car les kazakhs de cette histoire ne manquent pas d’humour, même s’il est parfois involontaire. Et si certains d’entre eux rêvent d’un ailleurs meilleur, le réalisateur n’en fait pas des victimes contraintes à une vie d’une dureté implacable. Ce sont des bergers qui aiment leur pays, se battent contre les éléments, les tempêtes, les épidémies qui ravagent sans réelle explication le bétail et placent les liens familiaux au-dessus de tout. Certaines scènes filmées en plans séquences assez époustouflants donnent une vision réaliste, quasi documentaire (notamment « l’accouchement » en temps réel d’une brebis) de cette vie, et l’on retient son souffle, happés par tant de beauté et de précision.
Le soir tout le monde se retrouve entassé sous la même yourte, et c’est l’amour, la tendresse, l’altruisme, la patience exemplaires de la jeune mère pour son mari, ses enfants et son frère qui illuminent le film tout entier, assurent la cohésion de cette famille cocasse (les enfants sont à mourir de rire parfois), attachante et infiniment touchante.
Quant aux tentatives d’Asa, le « héros » de l’histoire pour convaincre Tulpan de l’aimer, de l’épouser, elles ponctuent le film de saynètes tendres et burlesques. Le suspens que le réalisateur entretient dans l'attente de nous faire découvrir Tulpan est assez captivant. Mais on n’est pas déçus…
On comprend que ce film plein de vie et de joie ait reçu le prestigieux prix de la section « Un certain regard » à Cannes et qu’il fasse le bonheur des cinéphiles festivaliers (il a été projeté en clôture au dernier Festival d’Annonay… je ne sais plus si je vous ai parlé de ce festival !!!).
Faites lui un triomphe car il le mérite et je ne vois pas comment il pourrait décevoir ou même déplaire tant il est beau, ensorcelant, vraiment unique.
Lui, c'est le réalisateur ! Pourquoi mais pourquoi il était pas à Annonay ??? Je suis sûre que j'aurais aimé son intelligence !
Erik sort de prison à 24 ans après y avoir passé ses années d’enfance et d’adolescence pour un meurtre qu’il a commis ou peut-être pas, là n’est pas (vraiment) la question. Avec l’aide et l’accord de Terry, son assistant social, il change de nom, de région et avec son appui, celui qui désormais s’appelle Jack va tenter de se reconstruire, de se « réinsérer ». Il va trouver un travail, des amis, tomber amoureux et mettre toute sa bonne volonté à se réadapter à un monde et une société dont il ignore les nouveaux codes.
Ce n’est pas trahir ce beau film douloureux que de dire que l’embellie sera de courte durée pour Jack. On sent poindre le drame dès le début même si on ne sait pas vraiment de quelle manière il va se concrétiser. La tension est constante amplifiée par la construction en un puzzle implacable fait de flash-backs qui nous renvoient à la l’enfance traumatique de Jack. Ce qu’il a fait n’est pas excusé ou justifié mais le réalisateur démontre ce qu’un engrenage a d’inexorable et de rigoureux.
Tout du destin de Jack qui semble inéluctable, semble tracé et l’emmener vers la tragédie : sa mère mourante alors qu’il est tout jeune et n’a même plus la force vitale de l’écouter, le père dépassé par le chagrin imminent de la perte de sa femme, une prof excédée, des jeunes un peu plus âgés que lui qui l’utilisent comme souffre-douleur, et enfin la rencontre avec un autre vilain petit canard (le saisissant Taylor Doherty au regard aussi troublant qu’inquiétant) qui va le défendre, l’accepter tel qu’il est et avoir l’influence redoutable de celui qu’on admire quoiqu’il fasse !
C’est par le biais des média (presse, internet) que le destin de Jack va de nouveau basculer vers l’horreur et c’est révoltant. Un portrait robot imaginé de celui qui n’était qu’un enfant avant qu’il ne disparaisse très longtemps derrière les barreaux paraît dans les journaux et une proposition de prime de 20 000 livres circule sur Internet pour retrouver le présumé auteur de l’horrible crime. L’opinion publique est terrifiante et abominable, prête à tout pour faire justice alors même que le prétendu coupable a payé sa dette.
Dans une Angleterre triste et antipathique, Jack devient le gibier. Ce que fait le fils de Terry (l’assistant social, merveilleux Peter Mullan) par jalousie est tout aussi inqualifiable… Par étapes, en flash-backs et par petites touches sensibles, discrètes qui démontrent à quel point une réinsertion peut être problématique (commander un plat dans un restaurant par exemple…), John Crowley (dont on a très très hâte de découvrir le prochain film) réussit un film fort, touchant, réaliste sans jamais sombrer dans le pathos ou le misérabilisme. Il est merveilleusement aidé en cela par un jeune acteur prodigieux, magnétique Andrew Garfield qui prouve que bien dirigé dans un rôle magnifique on devient un acteur magnifique…
LA LÉGENDE
Gran Torino de Clint Eastwood ****
PÈRE/FILLE MODE D'EMPLOI
LES GARNEMENTS
Le petit fugitif de Ray Ashley, Morris Engel **
LES GARDIENS