Dom Cobb est le meilleur "extracteur" qui soit. Il est chargé de pénétrer les rêves pour en extraire des données conservées par l'inconscient (si j'ai bien compris). Car oui, je veux bien essayer de vous donner envie de voir ce prodige de film (je suis très très cliente !) mais pour vous le raconter c'est une autre histoire et il faut sans doute que vous attendiez que je le revois une fois ou deux. Ce que je ferai, dès sa sortie (le 21 juillet, encore un peu de patience). Car là, j'étais invitée à la projection presse dans la prestigieuse et magnifique salle du Gaumont sur les Champs Elysées ou sévissait le f...... FBI in black.
De toute façon, parler trop d'Inception reviendrait à en révéler trop également. Il faut dire que comme souvent, je n'avais strictement rien lu pour garder le plaisir de la découverte intacte. Alors que puis-je vous en dire ? D'abord qu'évidemment je ne m'attendais pas à ce que cette grosse machine de guerre lancée la plupart du temps à 200 à l'heure soit un grand film d'amour... Si Dom est donc une sorte d'agent secret très spécial qui peut, dans un sommeil artificiel s'emparer de données essentielles, il a aussi une vie privée qui s'en est foutue le camp. Sa femme (Marion Cotillard, fatale) est morte (ou pas ?) et il cherche coûte que coûte à retrouver ses deux enfants ! Un homme d'affaires très riche (Ken Watanabe charismatiquissime) lui propose une affaire qui lui permettra de les retrouver. La cible (Cillian Murphy, parfait en petit garçon blessé) est le fils d'un très puissant industriel qui doit hériter de l'empire de son père avec qui il entretient des relations conflictuelles.
La réalisation est une succession de prouesses visuelles. On pénètre à l'intérieur des rêves ou à l'intérieur de l'inconscient des personnages. Ce qu'ils créent, imaginent ou détruisent est donc l'occasion de donner libre court à l'imagination d'un réalisateur qui n'en manque manifestement pas. Pour la première fois, que certains effets soient visibles ajoute à la vraisemblance et à la beauté. Des immeubles parisiens qui s'enroulent et s'imbriquent les uns dans les autres, un train qui fonce en pleine ville, des miroirs géants qu'on déplace simplement, des murs qui rétrécissent, des falaises entières qui s'effondrent, l'absence d'apesanteur, des ralentis qui s'éternisent, le temps des rêves inégal au temps réel... tout l'univers étrange des rêves où l'on peut survivre à la pire explosion, où l'on croise des personnes qui ne sont plus là est exploré, décortiqué. Et Nolan nous embrouille encore en faisant parfois rêver les personnages dans leurs propres rêves. Vous imaginez un peu à quels niveaux de perceptions on est confronté ? Une seule vision ne suffit pas, c'est sûr. De toute façon c'est un film captivant également du fait que même s'il est LE blockbuster de l'été, le réalisateur n'en a pas négligé pour autant ses dialogues (scientifiques mais pas trop) et le suspens, le personnage mettant des bâtons dans les roues de l'intrigue étant le plus inattendu qui soit... Quant à son merveilleux casting quatre étoiles, il n'oublie pas d'être des acteurs de tout premier plan. L'humour n'est pas absent non plus grâce en priorité à Joseph Gordon Levit (très "physique", alter ego efficace du personnage de Leo) et Tom Hardy (LE Bronson que j'ai tant aimé) qui ne cessent de s'envoyer des piques.
Et puis l'émotion est un des moteurs de l'histoire et il faut bien avouer que Leonardo di Caprio à l'aise et crédible dans les scènes d'action, se montre une nouvelle fois champion du monde toute catégorie du type amoureux, border line, qui souffre mieux que personne. Son rôle proche de ceux de "Les Noces rebelles" et plus encore "Shutter Island" où il frôle constamment la folie sème parfois le doute autant chez ses partenaires que chez les spectateurs. Capable dans la même scène de se montrer froid, puis d'être submergé par un désarroi et une inquiétude incontrôlables et de se ressaisir tout à coup, font de lui l'un des acteurs les plus intense, sensible, admirable et surprenant actuel.
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La réplique de Tom Hardy à Joseph Gordon Levitt :
"il ne faut pas avoir peur de rêver un peu plus grand chéri" mériterait d'être culte.