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  • DIMANCHE 21 SEPTEMBRE 2014

    Parfois en fin de journée (mais ça peut tout aussi bien être en début de journée, je ne suis pas regardante), le vide, le manque, le chagrin s'abattent sur moi.

     

    Ton absence injuste, incompréhensible, insensée, intolérable se déchaîne tout autour de moi et en moi. L'impression que ma peau frémit au bout de mes doigts, que mon cœur inutile lutte pour reprendre un rythme raisonnable.

     

    L'étonnement de croiser des gens qui me disent "alors ça va tu t'occupes ?"... comme si le fait de m'occuper pouvait calmer ma peine. La contradiction de penser que "les gens" feraient mieux de se taire et d'être à la fois stupéfaite, déçue surtout qu'on puisse me parler, passer du temps avec moi sans même t'évoquer un instant.

     

    L'application que je me mets à ne pas encombrer de mon chagrin, à être "normale", naturelle et avoir envie de supplier : "parlez-moi de Lui, je vous en supplie, parlez-moi de Lui. Ne faites pas comme s'il n'avait jamais existé". Mais la vie continue. On est rien. On ne laisse rien, pas de traces ou quelques-unes. Rien.

     

    Alors je me retrouve chez nous, seule avec toi et je me plonge dans ma nouvelle découverte... Un Benjamin encore... saisissant, bouleversant (désolée pour la pub supra merdique avant cet être sublime), en harmonie avec mon chagrin, ma douleur inconsolables ! Et il chante "Condolence"...

     

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    "Le silence de la mer n'effacera jamais le bruit de tes pas..."

    Deauville septembre 2014.

  • JEUDI 4 SEPTEMBRE 2014 - 3 MOIS...

    Le 7 juin 2011, après 8 mois de chimios en secteur stérile, on imaginait que c'était la fin de l'horreur, on y a cru. Alors que c'était le commencement de la fin qui surviendrait pratiquement 3 ans plus tard jour pour jour.


    Mais que tu étais beau ! Que j'aime ta voix, et ton sourire et ta douceur, et ton calme, et ta classe
    ...

     

     

    Tu me manques à un point inconcevable. Je sombre parfois dans une tristesse proche du désespoir. Et puis je me concentre sur nos années ensemble. Et sur tout ce qui a fait que l'on s'est rencontrés. Tous ces hasards et coïncidences qui nous ont mené l'un vers l'autre alors que nous vivions si loin l'un de l'autre. Tous mes ratages, mes mauvais choix surtout professionnels... je me dis que c'était pour me mener jusqu'à toi, et putain, ça valait le coup, et si c'était à refaire, je précipiterais les choses pour qu'elles arrivent plus vite, pour te connaître plus tôt et passer vingt ans de plus avec toi.

     

  • MARDI 26 AOÛT 2014 - AILLEURS...

    Le 5 juin, je me suis réveillée hagarde et terrifiée. J'ai bien compris qu'il s'agissait du "premier jour du reste de ma vie", pour toujours

     

    Que la vie, ma vie ne serait plus jamais la même.

     

    Et c'est bien l'une des rares occasions où je peux employer les mots jamais et toujours sans risque de me tromper et de trouver moi-même que j'exagère.

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  • LUNDI 4 AOÛT 2014 - DEUX MOIS...

    Tout à l'heure, je parlais avec Marlène (ma voisine). Elle a voulu voir mes "œuvres"... Oui, je bricole beaucoup depuis quelques semaines. Moi qui n'avais jamais tenu un pinceau et un marteau, qui n'avais jamais mis les pieds sauf contrainte et forcée chez Leroy Merlin ou Brico Dépôt... je peins, je couds, je découpe, je colle et je maroufle.

    Exemple : j'ai refait l'entrée qui était moche, crade et sombre. Elle est belle (en tout cas elle me plaît), propre et claire :-)

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    Et je ne vais pas en rester là...

     

    Et puis évidemment, nous avons parlé de Mouche. Parler de Mouche, c'est ce que je préfère faire sur la terre aujourd'hui ! Il y a des gens avec qui c'est facile et c'est bon. Avec d'autres, on ne l'évoque même pas. Et ça me fait mal. Lorsque des personnes qui l'ont connu, apprécié ne m'en parlent pas, ne prononcent même pas son nom, je suis déçue voire choquée. C'est terrible.

     

    Jamais nous n'avions été séparés aussi longtemps. Deux mois. Huit semaines. Les hospitalisations n'avaient jamais dépassé sept semaines. Alors voilà, nous avons dépassé notre limite de séparation. Sauf qu'à l'hôpital, j'y allais chaque jour.

     

    Le matin, les tous premiers temps, je me réveillais et j'étais obligée de refaire la mise au point sur les événements... au bout d'un petit laps de temps je pensais : "ah oui, c'est vrai, c'est fini. Cette fois, il ne reviendra plus". Jamais. Aujourd'hui déjà, après si peu de temps ou après tout ce temps, je sais dès que je me réveille qu'il n'est pas là. Que sa place est à jamais vide. Je dis "Mouche" chaque jour en me réveillant. J'ai besoin de prononcer son nom... enfin, son pseudo, de caresser son beau visage sur la photo et de lui sourire en retour. De l'implorer de m'envoyer sa force parce que ce vide, son absence, son silence assourdissant sont parfois insupportables. C'est une douleur mystérieuse, qui m'était jusqu'alors inconnue. Une sensation d'oppression au niveau de la poitrine.

     

    Certains s'inquiètent j'imagine. Se demandent si je m'ennuie ! Non jamais. Je ne m'ennuie jamais. A aucun moment je n'ai ressenti l'ennui et le désoeuvrement. C'est bien autre chose, une impression effroyable : le manque. Encore bien différente du besoin.

     

    Le manque.

     

    Ne plus le voir, ne plus le toucher, ne plus le sentir, ne plus l'entendre. C'est comme une entaille profonde dans ma chair. Une plaie qui ne cicatrise pas.

     

    Je n'ai pas de mode d'emploi. Je ne sais pas comment je dois me comporter ni comment les "autres" doivent se comporter. Je vais à l'aveuglette, au jour le jour. Je sais simplement que certains comportements, certaines attitudes me choquent et me blessent. Que certains, des voisins, des soi-disant amis ou connaissances ne se soient même pas donnés la peine de me manifester leur sympathie me choque. Que certains m'inquiètent et m'importunent avec des faits bassement matériels sans respecter cette période de chagrin intense me choque.

     

    Je comprends à quel point il doit être difficile de parler à quelqu'un qui comme moi vit un tel choc, une telle tragédie. Mais je crois que je préfère toutes les maladresses au silence. Chacun fait ce qu'il peut, comme il le peut. Je n'en veux à personne finalement. Je constate plus que jamais à quel point la sélection des personnes dont je dois m'entourer se fait naturellement. Avec certaines personnes chères qui ne savaient plus comment m'approcher sans craindre de me déranger ou de m'offenser les choses ont été mises au point simplement. Et je sais sur qui je peux compter désormais. J'ai constaté que certains dont je n'attendais rien se montrent délicats et attentionnés et d'autres dont je pensais qu'ils seraient présents disparaissent... C'est ainsi, c'est le moment où jamais. De toute façon, rien ne peut me faire autant de mal que la mort de Mouche.

     

    Pour mes relations "virtuelles" que j'entretiens depuis des années parfois, elles me sont toujours aussi précieuses comme toutes celles qui sont ou sont devenues réelles. Chacune se reconnaîtra.

     

    J'ai de longs, très longs moments de solitude comme je n'en avais sans doute jamais connus auparavant, ou je les ai oubliés. Des journées entières à ne voir personne, à ne pas ouvrir la bouche pour parler à quiconque. C'est sans gravité même si je m'interroge sur la nécessité de cette vie parfois. Même si je me demande comment je parviens à continuer à vivre alors que Mouche n'est plus là et qu'il a tant souffert. Et puis égoïstement je m'imagine malade à mon tour... puis mourante. Le seul "avantage", s'il est possible d'en trouver un... est que je n'ai plus peur de la mort alors qu'elle me terrifiait. Mais de la maladie, plus que jamais... Et Mouche est mort dans mes bras. Et je me demande qui me tiendra la main le moment venu, qui m'"accompagnera" et recueillera mon dernier souffle et ces pensées me terrorisent...

     

    Hier j'ai appris la mort de son "copain de greffe" Joseph... juste un mois et demi après lui, de la même saloperie de bactérie pulmonaire. Le même âge. Ils étaient devenus amis. J'étais effondrée.

     

    Les moments les plus terribles surgissent sans être invités. J'aimerais effacer le souvenir des derniers jours, voire des dernières semaines, si éprouvant. Le revoir ne plus pouvoir marcher, ne plus pouvoir se lever, ne plus pouvoir lever le bras sauf au prix d'un effort surhumain, et son pauvre visage émacié, son corps décharné quand il n'était plus lui-même. Et son agonie... Comment faire pour échapper à ça ? Pourquoi la mémoire impose t'elle parfois de revivre toute cette souffrance ?

     

    Je pensais ne pas pouvoir le revoir à l'hôpital et puis je suis tombée sur cette vidéo. Et j'ai ri. Le voir, l'entendre. Je pensais que ce ne serait pas supportable. Et ça l'est. C'est même un plaisir. C'était l'année dernière, il venait d'être greffé et il riait.

     

    D'ailleurs à propos de rire... ça me manque énormément de ne plus rire. C'est la personne la plus drôle que j'ai connue je vous l'ai déjà dit. Dès le réveil, il me faisait rire. C'est incroyable ce que tout le monde me semble fade, sans humour. Il n'avait pas le sens du ridicule, il se fichait de l'être, il aimait que je ris, que j'aille bien. Il voulait mon bonheur. Et moi je l'aime, j'aime son rire qui n'explosait jamais et son sourire, merveilleux, unique ! Jamais je n'ai vu un tel sourire chez personne. Cette lumière était le reflet exact de ce qu'il est. Un homme magnifique dont je suis tellement fière...

     

  • MERCREDI 11 JUIN 2014 - JE RESPIRE, JE SUIS VIVANTE...

    Et pourtant le "premier jour du reste de ma vie" commence aujourd'hui. Je n'ai toujours pas de mots pour exprimer ce qui vient de se passer. Mon amour est mort.

     

    Pendant ces six derniers jours, je l'ai accompagné, sa main inerte a peu lâché la mienne mais je suis parvenue à la réchauffer. Je lui ai beaucoup parlé à lui qui est déjà loin à jamais. Je l'ai imploré de m'envoyer SA force pour continuer le chemin sans lui, Mon amour.

     

    Je me répète : "je respire, je suis vivante..." ça me tient...

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  • DIMANCHE 18 MAI 2014 - ATTENTION LES BONNES NOUVELLES SONT À LA FIN DE LA NOTE :-)

    RENDEZ-VOUS DIRECTEMENT A L'EDITO DU MARDI 20.

     

    Edito du lundi 19 en fin de note.

    Edito du mardi 20 en fin de note.

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    Cette note est déconseillée aux personnes sensibles...

     

    Mouche s'est réveillé ce matin et s'est mis à me parler, parler, parler. Je n'ai pas l'habitude, il n'est pas bavard. Mais il m'a parlé de son passé récent, son désir d'en finir et que tout s'arrête, sa joie d'être de retour même s'il ne parvient pas à le manifester. Il m'a évoqué son avenir aussi, ses rêves, ses souhaits, ses projets même.

     

    Et pour la première fois il a manifesté le désir que je parle ici de ce qu'est la vraie vie d'un malade... très malade, gravement malade... avec des photos. Sans doute un peu déboussolé voire choqué par certains messages maladroits...

     

    Je lui ai dit à quel point ça devait être difficile de réussir à trouver quoi lui dire et  que c'était sans doute la façon de vouloir manifester leur soulagement de le savoir rentré à la maison.

     

    Ensuite il m'a dit : "oh et puis non... tu n'as jamais fait de notes "sensationnalistes" et voyeuristes, on ne va pas commencer".

     

    Sauf que là il dort. Donc, j'écris, je publie. Et puis pour une fois qu'il manifeste le désir que je raconte quelque chose de précis... Si plus tard il veut que j'enlève la note, je le ferai.

     

    Sachez quand même que je ne mets pas les photos les plus impressionnantes, mais il voulait quand même que vous sachiez ce qu'est une GvH de la peau (stade 2/3... sur 4) ainsi que son terrible et brutal amaigrissement.

     

    Vous n'êtes pas obligés de cliquer...

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