Paul se réveille, oppressé et mal en point. Normal, il doit être six pieds sous terre, enterré vivant dans un cercueil sommaire, une boîte en bois. Le temps de reprendre ses esprits et d'avoir dépassé l'intense moment de panique qui lui fait appréhender la situation, il se souvient. Paul n'est pas un soldat, il est chauffeur de camion pour une société américaine qui envoie du matériel nécessaire à la reconstruction d'un pays : l'Irak. Le convoi dont il faisait partie a été caillassé, attaqué près de Bagdad et tout le monde à l'exception de Paul a vraisemblablement été tué.
C'est étrange, il arrive parfois que la fin, l'épilogue d'un film ne soient pas à la hauteur du film lui-même. Et là, c'est l'inverse, le film n'est pas à la hauteur de sa conclusion totalement scotchante, sidérante, inattendue. Quel dommage, mais quel dommage ! Néanmoins, il y a deux superbes idées dans ce film. Cette fin donc, absolument immense, déconcertante et inattendue et le fait que l'acteur Ryan Reynolds soit seul à l'écran du début à la fin. Les autres acteurs crédités au générique ne sont que des voix. Jamais nous ne sortons du cercueil pour voir ou comprendre ce qui se passe à l'extérieur. Ce qui rend d'autant plus étrange et regrettable le fait qu'à plusieurs reprises le réalisateur nous montre le personnage dans la boîte toujours, mais sans couvercle ou sans montant sur un des côtés... Comme pour nous dire à nous autres pauvres abrutis de spectateurs que "hé ho, c'est pour du faux... l'acteur est pas tout seul enfermé dans une boîte !!!". Oui Monsieur Cortès on se doute qu'une équipe de tournage ne tient pas dans un cercueil de 2 mètres de long sur 50 cms de hauteur. Merci.
Alors oui, la métaphore est hardie et l'on comprend que les Etats-Unis se sont enlisés (buried ?) en Irak dans un conflit jamais justifié. On comprend que la vie d'un homme ne pèse pas lourd dès qu'il s'agit d'un anonyme, d'un civil, simple victime collatérale. On comprend que l'administration américaine soit un poil trop lourde : lorsqu'un citoyen appelle au secours on lui demande son numéro de sécu et j'en passe...
Alors oui, six feet under, personne ne vous entend pas crier, certes... mais alors pourquoi n'ai-je jamais ressenti de sympathie pour le personnage alors qu'il n'a absolument rien d'antipathique, m'a même tout l'air d'être un brave type le Paulot, super papa, gentil mari, bon camarade de travail, quoiqu'un peu injurieux avec une pauvre fille qu'il agresse au téléphone. Pourquoi n'ai-je jamais éprouvé cette impression d'asphyxie, de suffocation et d'angoisse que la situation filmée au plus près de la peur du héros aurait dû provoquer ?
Chaque événement est proposé l'un après l'autre comme autant de chapitres, Paul et son briquet, Paul et son portable (oui, dans sa caisse Paulot a un téléphone portable, un couteau, un stylo, un zippo et son lexomyl !!!), Paul a peur, Paul se calme, Paul s'énerve... Le grand moment reste sans doute Paul et le serpent (excusez-moi j'ai un peu pouffé !).
En résumé, la grande scène d'enfermement, d'ensevelissement la plus traumatisante que j'ai jamais vue au cinéma reste celle de Kill Bill II où Black Mamba se débrouillait bien mieux avec ses petits doigts musclés, celle qui m'a fichu la trouille ma vie dans une salle de ciné.
Reste quand même les cinq dernières minutes de ce film... Pfiou quelle fin !!!