UNE VIE MEILLEURE de Cédric Kahn *
Yann rencontre Nadia et c'est "chabadabada" dès le premier rendez-vous. Après une première nuit torride Yann découvre que Nadia a un petit garçon d'une dizaine d'années. No problemo, Yann est un grand gamin qui peut encore jouer à l'hélicoptère téléguidé avec le petit pendant que maman les observe d'un oeil humide et attendri. Il est cuisinier dans une cantine scolaire, elle est serveuse dans un restaurant. Lors d'une promenade près d'un étang, ils tombent nez à nez avec une bâtisse abandonnée mais néanmoins à vendre dans laquelle ils voient leur avenir. Ni une ni deux, ils foncent à la banque et contractent un crédit aussitôt accepté. Il manque quelques milliers d'euros ? Qu'à cela ne tienne, un mauvais conseilleur leur indique les prêts revolving qui leur permettent de financer un apport. Joie, bonheur à tous les étages ! Sauf que le jour du passage de la Commission de Sécurité... l'établissement n'est pas aux normes et l'autorisation d'ouvrir est refusée. Et voilà les deux tourtereaux empêtrés dans la spirale du surendettement. Fichés à la Banque de France, ils n'obtiennent plus un centime pour finir les travaux. Le couple ne survit pas aux problèmes. Nadia accepte un travail lucratif au Canada. Elle confie son fils à Yann en lui promettant de le faire venir dès qu'elle aura trouvé un logement décent. Mais quelques mois plus tard, elle ne donne plus signe de vie et Yann est de plus en plus réduit à la misère...
La rencontre ? Je n'y ai pas cru. Les problèmes de ce petit couple de tourteraux ? Pas plus. J'ai toujours vu Leïla Bekhti et Guillaume Canet qui jouaient des surendettés et pas les personnages d'une histoire plausible et tellement actuelle. Partant de là c'était déjà difficile de me faire avaler la pilule. Lorsque Nadia disparaît... le film trouve un léger sursaut grâce à l'interprétation de Guillaume Canet dont la rage et l'obstination deviennent tout à coup crédibles.
Mais le traitement du film est tellement calamiteux qu'à aucun moment on ne sent de révolte ou d'indignation face à cette dégringolade due en partie à la complexité implacable d'un système. Et puis, à l'instar du raté et récent "Toutes nos envies" de Philippe Lioret qui ne réussissait pas à choisir entre deux thèmes... Cédric Kahn mélange tout, se prend les pieds dans le tapis et ne cesse de semer de nouvelles embûches (et non des moindres !) sur le chemin déjà pas facile de Yann et Nadia. Il brasse large : en plus du surendettement, tout y passe, les marchands de sommeil, le statut illégal de la garde du fils de Nadia et lors de la partie canadienne... au secours !!! Je ne vous dis rien. Incapable de traiter ses sujets dans un seul film, il passe sans transition d'un thème à l'autre... Lorsque Yann s'occupe (très bien : "voler c'est pas bien") du fils de Nadia, ses problèmes insolubles de dettes disparaissent, et lorsqu'il s'occupe à nouveau de trouver de l'argent, l'enfant disparaît mystérieusement !
Le final est à pleurer... de rire !
Que certains osent faire un parallèle entre ce film qui n'émeut pas et ne fait pas bien peur et la galère sans nom de "Louise Wimmer" est totalement aberrant !