7 PSYCHOPATHES de Martin McDonagh ***
Marty est scénariste à Hollywood mais sèche complètement devant sa page blanche. Pour son prochain scénario il n'a que le titre : 7 psychopathes mais pas la moindre idée de comment commence ou finit l'histoire. Billy son meilleur ami est un barjot qui se rêve acteur mais démolit le portrait des réalisateurs qui ne l'engagent pas. Pour arrondir ses fins de mois, ce fêlé des pâtes a organisé avec un ancien tueur à la retraite un trafic de chiens. Ils les kidnappent et les ramènent à leurs maîtres pour toucher la récompense. Sans mettre ce lucratif passe-temps entre parenthèses, Billy se propose d'aider Marty à retrouver l'inspiration. Il passe une annonce dans un journal dans laquelle il demande à de véritables psychopathes de se manifester. En rencontrant des serial-killers, Marty sera forcé, c'est évident, de faire travailler son imagination. C'est donc ainsi que Marty et Billy vont être confrontés à un gangster sadique dont le chien adoré a disparu, à un serial-killer de serial-killers masqué, à un tueur amoureux et quelques autres tarés bien allumés ! Jusqu'au règlement de comptes final qui doit obligatoirement s'achever dans un bain de sang.
Tout aussi barré mais forcément moins surprenant que le formidable Bons baisers de Bruges, ce film ne mérite pas ses 3 ***, mais 2 ** ne seraient pas suffisantes. Malgré une loufoquerie, un humour très noir et des situations abracadabrantes totalement improbables, il faut bien reconnaître que le scénario un poil mou, répétitif et paresseux recycle en boucle la bonne idée du départ. La toute première scène est un hommage appuyé mais réjouissant à Tarantino. Hélas toutes les saynètes qui suivront ne seront pas de ce niveau. Le réalisateur semble se reposer entièrement (et il n'a finalement pas complètement tort) sur l'atout imparable du film : son casting de luxe. Et le trio de tête mérite à lui seul de faire le déplacement.
Marty/Colin Farrell, scénariste irlandais alcoolique en panne sèche d'inspiration est vraiment impayable lorsqu'il prend des notes, écrit trois mots puis en rayent deux. Et ses sourcils mobiles et indépendants l'un de l'autre sont une attraction. On sent bien que ses relations avec Billy/Sam Rockwell, toujours très à l'aise dès qu'il s'agit de faire le mariol et totalement siphonné, vont conduire à la catastrophe. Ces deux là sont parfaits pour jouer les abrutis rapidement dépassés par des événements trop grands pour eux.
Christopher Walken (adepte comme Clint du pantalon taille hyper haute porté directement sous les aisselles) n'a toujours rien perdu de sa superbe, même si ici, à de nombreuses reprises il se fait appeler sans broncher "le vieux" :-( Son regard transperce toujours l'écran. On ne sait jamais s'il va afficher le plus craquant sourire ou faire déferler sa colère. Son visage est magnétique et sa démarche de danseur chaloupée. Il réussit la performance d'être émouvant dans un film qui n'a pas la prétention de l'être. Et puis encore, il a une tirade unique au monde dans laquelle il défend les femmes au cinéma et encourage son pote scénariste (et tous les scénaristes) à leur écrire des rôles qui soient autre chose que des faire-valoir de leurs homologues masculins. "Je connais des tas de femmes qui savent faire des phrases correctes de plus deux mots" dit-il, ou quelque chose d'approchant.
Aaaaaaaaaaaaaaah ! Christopher ! What a fucking legend !