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5 * Bof ! - Page 25

  • TOUTES NOS ENVIES de Philippe Lioret *

    Toutes nos envies

    Toutes nos envies

    Claire est juge et s'implique un peu trop émotivement dans les affaires de surendettement dont elle s'occupe. Lorsque la mère d'un copain de classe de son fils comparaît devant elle, elle dépasse les limites de sa fonction et se fait rappeler à l'ordre. Ce qui ne l'empêchera nullement de prendre fait et cause pour cette jeune femme et son fils, de les héberger chez elle et bien plus encore... Elle rencontre alors Stéphane, juge lui aussi mais chevronné, de plus de 20 ans son aîné qui connaît parfaitement ce genre d'affaires et en est un peu devenu le spécialiste. Entre eux, naît un lien père/fille fait de tendresse et d'admiration, mais aussi l'impression de livrer le même combat contre les plus démunis...
    Le premier quart d'heure nous laisse clairement entendre qu'on va assister à une histoire qui traite du thème du surendettement et des sociétés de crédits qui vendent malhonnêtement aux insolvables et on est tout prêt à s'indigner violemment évidemment... brusquement le film bifurque. Claire est atteinte d'une tumeur au cerveau inopérable,
    elle va mourir dans les 3 mois. Et là, ça ne va plus du tout. En voulant traiter deux sujets et deux thèmes, Philippe Lioret n'en traite finalement aucun et s'embourbe dans un pathos qui fait pitié, qui met mal à l'aise mais n'émeut jamais. Rester l'oeil définitivement sec devant cette avalanche de malheurs et de tristesse est aussi incompréhensible que suspect.

    Son histoire cousue de fil blanc enchaîne les incohérences. Par ailleurs, Marie Gillain dans son costume de juge, dans son habit de mère de deux enfants n'est à aucun moment crédible. Elle n'est pas responsable évidemment et elle a même bien de la chance d'avoir 36 ans et d'en paraître 15, mais avec son habit de juge, avec ses deux enfants, ça ne passe pas.

    Et ce film enchaîne les absurdités et les incohérences : pourquoi Claire (alors qu'elle est soudée comme personne à son mari) ne lui parle t'elle pas de sa maladie ? Peut-on sortir et entrer d'un hôpital comme d'un moulin ? La scène du match de rugby (au secours !!!) a t'elle une signification ? Pourquoi n'y a t'il aucune complicité entre Claire et ses enfants ? Elle sait qu'elle va mourir et n'a aucun geste particulier vers eux ! Par contre, elle n'est que douceur et gentillesse envers la femme qu'elle décide de mettre à sa place auprès de son mari.
    Ce film, c'est n'importe quoi XXL ! Je n'ai pas cru à cette générosité.

    Mais, il y a Vincent Lindon, l'Acteur avec un grand A.

  • LA SOURCE DES FEMMES de Radu Mihaileanu *

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    Dans un petit village D'Afrique du Nord écrasé de chaleur et de sécheresse et oublié du reste du monde, les femmes doivent se rendre chaque jour dans la montagne pour chercher de l'eau. C'est leur lot depuis une éternité, aucune raison que cela change même si le chemin presque impraticable qu'elles doivent emprunter fait qu'elles chutent régulièrement, se blessent et s'épuisent. Mais le jour où l'une d'entre elles, enceinte et victime d'une chute de plus perd son bébé, Leïla se rebelle. Cette belle jeune femme instruite grâce à son (beau) mari instituteur qui lui a appris à lire (et à penser ?) propose à ses compagnes d'infortune de mettre les hommes (dont certains les regardent passer nonchalemment installés à la terrasse du café du village chargées comme des bourriques) face à leurs responsabilités. Le marché est simple : tant qu'ils n'auront pas fait installer l'eau courante dans le village, les femmes se refuseront à eux. La "grève de l'amour" est donc solennellement proclamée et pas forcément facile à respecter. Il y a celle dont "le four est chaud" et ne peut résister à son homme plus de deux jours et celles (plus nombreuses) qui ne peuvent se défendre face aux assauts parfois violents de leurs maris. Seule Leïla reçoit le soutien du sien.

    Sous ses airs de conte des milles et une nuit clairement cité ici, c'est une histoire bien actuelle que le réalisateur évoque. Mais dans la série "les grandes et belles intentions ne font pas les grands et bons films", celui-ci en est une fois de plus un exemple criant. Malgré quelques passages forts dont une explication de textes du Coran entre les insubordonnées et l'Imam, que les hommes ne cessent depuis des temps immémoriaux d'interpréter à leur avantage tentant toujours de réduire les femmes à l'esclavage alors qu'elles sont explicitement nommées comme étant leurs égales dans le texte, le film n'est qu'un très long et ennuyeux devoir appliqué, néanmoins illustré d'images sublimes élégamment éclairées.

    S'il paraît inconcevable à l'heure actuelle d'imaginer encore dans un pays tel que le Maroc où le film a été tourné, des endroits où l'eau n'arrive pas, où les poteaux électriques sont installés sans que l'électricité n'y arrive, où l'instituteur passe dans les maisons le matin pour persuader les mères d'envoyer leurs filles à l'école, où les hommes véritables coqs de basse-cour parfois oisifs contemplent, un verre de thé à la menthe à la main, les femmes s'éreinter à des besognes d'un autre âge simplement parce que ça a toujours été ainsi, se sentent humiliés si elles refusent de céder à leurs assauts nocturnes, où des petites filles de 14 ans continuent d'être mariées à des types qu'elles ne connaissent pas et qui ont trois fois leur âge... à aucun moment le film ne choque vraiment ni ne révolte jamais. Dommage. Tout cela est raconté sans énergie, sans souffle, sans réel vent de résistance ! La façon que les femmes ont de transmettre leurs messages aux hommes, en chansons devant des touristes qui croient assister à une cérémonie traditionnelle ou les habitants d'autres villages est surprenant, pas très convaincant à la limite du ridicule.

    A qui ou à quoi la faute ? Pas facile à dire. Evidemment, on sent Leïla Bekthi très appliquée mais jamais, malgré son regard embué, on ne croit à la paysanne frondeuse qui souffre, et la "star" apparaît toujours sous le khôl. Et puis Radu finit par s'empêtrer dans des histoires annexes qui alourdissent l'ensemble et desservent plutôt le propos. Qu'a t'on (entre autre) à faire de cet ancien fiancé de Leïla qui débarque comme un cheveu sur la soupe dans l'espoir de peut-être éventuellement et si ma tante en avait... récupérer la belle qu'il a trahie jadis, rendant le bel instit jusque là très compréhensif complètement con ? 

    Par contre, chaque intervention de la grande Biyouna bouscule le film. Dès qu'elle apparaît, dès qu'elle ouvre la bouche, on sent toute la connaissance et la souffrance des femmes du Maghreb qui s'expriment. Que ce soit au hammam, au lavoir ou sur son âne, chaque tirade de l'actrice comme une interpellation secoue l'inertie ambiante. Mais elle ne suffit pas hélas, à elle toute seule, à en faire un manifeste pour une cause.

    Je suis tombée tout à fait par hasard hier soir sur un reportage d'Envoyé Spécial qui a encore davantage décrédibilisé les bonnes intentions du film. Tourné dans le village où le film a lui aussi été réalisé, on découvrait les villageois dont de nombreux ont fait de la figuration. Jamais ils n'avaient vu un film et ne savaient même pas que le cinéma existe. On découvre, contrairement au film qui nous montre des femmes totalement décomplexées dès qu'il s'agit de parler de sexe, des femmes très embarrassées qui affirment qu'elles ne parlent jamais, même entre elles "de ces choses là". Et surtout on voit tout le folklore de leur visite éclair à Cannes. Elles vont au souk acheter une belle robe pour la cérémonie... mais arrivées sur la croisette on les pare des mêmes (très beaux) costumes que ceux du film. Une jeune fille dira : "je n'ai jamais vu personne habillé comme ça chez moi". Le retour à la réalité 48 heures plus tard est d'autant plus dur et sinistre. Chacun attendait quelque chose du film. "Quoi ?" leur demande t'on. "De l'argent".

    Je crois qu'il faut que je me fasse une raison, je n'aime pas le cinéma de Radu et le premier qui me demande qui est le père d'Anne-Marie Jaquet...  je l'extermine !!!

  • LOVE AND BRUISES de Lou Ye *

    LOVE AND BRUISES de Lou Ye, Tahar Rahim, corine yam, jalil lespert, cinéma, mostra del cinema, venise 2011LOVE AND BRUISES de Lou Ye, Tahar Rahim, corine yam, jalil lespert, cinéma, mostra del cinema, venise 2011

    Hua est venue de Pékin à Paris pour suivre un homme et poursuivre ses études. Lorsque cet homme la quitte brutalement, Hua se retrouve seule et perdue dans la capitale. Le jour même de la rupture et alors qu'elle traîne son âme en peine dans les rues, elle "tombe" sur Mathieu un ouvrier qui lui propose un rendez-vous et rapidement plus si affinités. Malgré la différence de milieu et surtout de culture Mathieu et Hua vont (paraît-il !!!) s'aimer et nous pauvres spectateurs allons assister assez accâblés à leurs frénétiques ébats jusqu'à épuisement.

    Jusque quand vais-je me précipiter dès que je verrai le nom de Tahar Rahim à un générique ? Hélas, même si Tahar est ici encore une fois assez extraordinaire, je peux dire aussi que ce film est une épreuve tant le personnage féminin principal m'est apparu obscur et antipathique. Comment aimer un personnage auquel je n'ai absolument rien compris ? Comment comprendre cette femme qui se jette continuellement aux cous des hommes, s'humilie, les supplie ? Comment surtout admettre qu'après s'être fait violer elle accepte de suivre un homme et d'entamer une relation amoureuse, un peu sado, beaucoup maso, à laquelle personnellement je n'ai jamais cru ? Comment comprendre qu'elle soit quittée de façon assez pathétique en pleine rue par un homme dès les premières images du film pour s'apercevoir qu'elle vivait finalement avec un autre, qu'un autre encore (ou plusieurs... là, j'ai un peu lâché l'affaire) l'attendai(en)t à Pékin mais qu'elle s'en vienne retrouver Tahar/Mathieu dans sa famille d'arriérés au fin fond du Pas-de-Calais pour lui faire comprendre que c'est sans doute fini entre eux ? Car oui comme pour Nakache et Toledano hier, n'oublions pas que tous les réalisateurs sont convaincus que les gens du nord sont édentés, abrutis et qu'ils vivent à 15 dans 8m² en se hurlant dessus. Enfin, même si les hommes viennent de Mars et les filles de Vénus, comment réussir à comprendre que TOUS les hommes qui croisent la route de cette fille perdue cheveux gras, triste à mourir, qui parle peu, en deviennent instantanément fou ?

    Le débat qui suivait la projection du film que j'ai eu la chance (!!!) de voir à Venise ne m'a pas éclairée sur les intentions et sur le comportement étrange de cette fille pas intéressante pour deux sous. Personne ne semblait pouvoir réellement expliquer le fond du film et s'attardait sur la forme. Quant à Tahar, il a fait comme si...

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  • LES MARCHES DU POUVOIR de George Clooney *

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    Ce sont les primaires au parti social... démocrate tazunien en vue de la prochaine élection présidentielle ! En lice deux adversaires, mais on ne va s'intéresser ici qu'au cas de Mike Morris gouverneur et candidat à la candidature. Et comme c'est George Clooney qui s'y colle, je vote, quoique... Pour mener tambour battant les derniers jours de la campagne, il faut remporter la victoire dans l'Ohio, le directeur de campagne (Phillip Seymour Hoffman, parfait, plus que parfait, superlatif, conditionnel passé présent à venir et j'en passe.. j'aime cet acteur passionnément, à la folie !) et son adjoint Stephen, un jeunot pas fini mais plein d'avenir et d'ambition, j'ai nommé Ryan-oulalalala-Gosling.

    George Clooney a enchanté Venise avec son film. Les italiens sont fous de George Clooney qui le leur rend bien, mais l'amour c'est connu, rend aveugle car le film de George, s'il est élégant et soigné, est également mou du genou. Il manque de rythme, de punch et sombre parfois même dans un ridicule achevé lors de certaines scènes. Celle où la jeune stagiaire (Evan Rachel Wood à qui je décernerais sans hésiter le Golden Raspberry Awards de l'année pour sa prestation dans ce film) drague le jeune loup aux dents qui rayent le plancher, est un summum de beaufitude, de lourdeur et de maladresse digne d'un mauvais sitcom. Ryan jouant le bel (forcément) indifférent et Evan Rachel (maquillée à la truelle trempée dans la farine) s'envoient des répliques censées faire grimper la température mais qui sont tout simplement consternantes. S'ensuit une scène grotesque de débandade indigne de notre driver... En outre, reconnaissons que les rares femmes de ce film misogyne sont incroyablement mal servies et filmées. Pour Miss Wood, c'est fait. Elle passe de fille pas farouche, aguicheuse prête à tout pour attirer son supérieur dans son plume à pucelle effarouchée sans plier les genoux. Mais il y a aussi Marisa Tomeï en journaleuse obstinée. Affublée de lunettes gigantesques, grimaçante et filmée en gros plans peu flatteurs, elle ressemble à Groucho Marx. Quant à la femme de Mike/George, en une pauvre scène en plan fixe dans une voiture, sa piètre prestation fait peine à voir.

    Revenons en aux marches ! Il est d'abord question ici de loyauté, d'admiration, de probité, de dévouement, de droiture. Le candidat et ses conseillers se partagent équitablement ces qualités et caractéristiques et l'on ne sait où donner de la tête devant tant de pureté. La politique serait donc un monde où des gens honnêtes et incorruptibles se soucient de l'avenir du pauvre monde d'en bas ? La première partie est donc laborieuse tant elle peine à présenter tous les protagonistes et leurs nobles desseins. Mais lorsque notre George réalisateur se met à gratter l'os de ce petit monde vertueux et que notre Stephen/Ryan se prend à fricotter avec le camp adverse, on se dit qu'enfin il va y avoir du grabuge. Effectivement, quelques retournements de situations, des trahisons et des coups bas font virer le film du côté du polar. Mais toujours aussi mollement.

    Et puis pschiiiit, on découvre que la perte des illusions se lit sans difficulté sur un visage, que la politique est un monde ripou encombré de bassesses, de compromissions, que le politicien priapique a une libido hors norme, qu'il faut se méfier des stagiaires... bref, qu'un traître c'est toujours un ami. Au passage, George nous aura asséné quelques propos de campagne assez puants comme la suprématie des Etats-Unis sur le reste du monde qui pourra entre autre se passer du pétrole des pays arabes en roulant au colza, comme l'incitation à se faire justice soi-même (au cas où un meurtre est perpétré sur un membre de sa famille) à condition d'être bien puni ensuite, et employé des mots tel que "race"...

    Etrange !

  • UN MONSTRE A PARIS de Bibo Bergeron *

    UN MONSTRE A PARIS de Bibo Bergeron, mathieu chédid, vanessa paradis, ludivine sagnier, gad elmaleh, cinémaUN MONSTRE A PARIS de Bibo Bergeron, mathieu chédid, vanessa paradis, ludivine sagnier, gad elmaleh, cinéma

    En 1910, Paris est inondé, le zouave du Pont de L'Alma et la Tour Eiffel ont les pieds dans l'eau. Le préfet Maynott ne fait rien pour remédier à la situation et les parisiens astucieux trouvent eux-mêmes des solutions. Le jeune Emile projectionniste est amoureux de la jolie Maud, caissière dans le même cinéma. Raoul, secrètement amoureux de la belle Lucile, assure au volant de son camion, tendrement nommé Catherine, des livraisons à un train d'enfer à travers la ville. Il encourage Albert trop timide, à déclarer sa flamme à Maud. Quant à Lucile, elle est chanteuse à "L'oiseau de Paradis", cabaret tenu par sa tante qui rêve de la voir fréquenter le beau parti que représente selon elle le pédant et arriviste préfet. Pfiou !

    Et le monstre du titre dans tout ça me direz-vous, petits malins que vous êtes ? J'y viens.

    Au terme d'une laborieuse première demi-heure où le temps s'éternise à nous présenter de multiples personnages qui n'ont pas tous leur raison d'être (ah le singe, sans doute de la famille du moutard de "Real Steel") et où l'on se demande perplexe "où le réalisateur veut-il en venir ?".... est créé le "monstre" de façon tout à fait abracadabrantesque. Parachuté comme un cheveu sur la soupe il est en fait une puce géante génétiquement modifiée. Et c'est bien difficile d'être l'être le plus gentil qui soit quand on a une apparence monstrueuse comme c'est le cas (regardez une puce au microscope vous comprendrez). La bestiole terrorise donc Paris qui compte sur le Préfet et la police pour le mettre hors d'état de nuire. Heureusement, l'aphaniptère tombe sur la douce, généreuse et compréhensive Lucile qui va recueillir, cacher et protéger le laideron. Il faut dire que tout muet qu'il soit, le monstre a le plus joli des organes lorsqu'il s'agit de chanter. Sous un déguisement, Francoeur (c'est ainsi que le baptise Lucile) forme avec la jeune fille un duo musical qui fait sensation au cabaret "L'oiseau de Paradis". Mais c'est compter sans l'acharnement de l'horrible Maynot.

    La simplicité du graphisme et de l'animation ne m'ont pas gênée. Bien au contraire, je les ai même trouvés tout à fait charmants et puisque j'avais le choix, j'ai vu ce film en 2D. Paris est très joli et les personnages gentillets (sauf le vilain Préfet) mais l'ensemble qui multiplie les intrigues et les coups de théâtre assez brusques manque de rythme et parfois même de cohérence. Et dès lors qu'on a entendu Vanessa et M. chanter (au bout d'une très longue demi-heure donc)... on n'a qu'une hâte, les écouter à nouveau. Hélas, seules quatre chansons nous sont offertes. Au final, c'est pourtant bien et uniquement le duo vocal que forment Vanessa Paradis et Mathieu Chédid qui est le seul grand intérêt ici. Leurs voix sont tellement assorties qu'il n'est pas surprenant que ces deux là soient les meilleurs amis du monde. Mais est-ce suffisant pour se déplacer en salle ?

  • BEAUTY de Oliver Hermanus *

    BEAUTY de Oliver Hermanus, Avec Deon Lotz, Charlie Keegan, Michelle Scott, cinémaBEAUTY de Oliver Hermanus, Avec Deon Lotz, Charlie Keegan, Michelle Scott, cinéma 

    Lors du mariage de sa fille aînée, François qui s'ennuie copieusement dans sa vie de famille et de chef d'entreprise, est troublé par Christian, le fils d'un ami qu'il n'a pas revu depuis de longues années. Le jeune homme de 23 ans a tous les atouts physiques et intellectuels dont on rêve et il est l'image même de la séduction et de l'assurance. Après le mariage, tourmenté par le souvenir du garçon, François se rend au Cap (à plus de 15 heures de voiture de chez lui) où Christian vit, il réussit à se faire inviter chez les parents du jeune homme et se met à le suivre de plus en plus fébrilement. Il découvre que Christian a une vie dont il est totalement exclu. Forcément, le jeune homme n'a vraiment que faire de ce type qui n'a rien d'attirant et je ne parle pas uniquement du physique. Dénué du moindre charme, du moindre humour, de délicatesse, de conversation et d'intérêt, je peux affirmer que François n'a vraiment rien pour lui. 

    Etait-il utile de charger autant le personnage de cet homme détestable, homosexuel refoulé et raciste ? J'ai eu du mal, ça m'arrive parfois, d'apprécier ce film à cause de son personnage principal antipathique de bout en bout. Même ces très très très longs plans où on le voit pensif, torturé ne permettent à aucun moment d'entrer en empathie avec lui. Ce que ce type fait est absolument ignoble, indigne, impardonnable et rien ne vient atténuer la portée abjecte de certains de ses actes (je ne spoile pas c'est du grand art !!!). Le réalisateur est-il un sadique chargé de mettre à l'épreuve le point culminant de tolérance (très rapidement atteint chez moi) du spectateur ? On attendrait du personnage au moins un comportement avec l'un ou l'autre des autres protagonistes qui le rende un peu moins médiocre voire supportable. Mais non, avec les uns et les autres ce ne sont que mensonges et sournoiserie.

    C'était pourtant bien tentant de voir un film qui évoque les Afrikaners d'Afrique du Sud. Cependant, ça et là émergent de bien belles idées de mise en scène comme celles où en caméra subjective on observe, à l'instar de François le voyeur, des personnages sans entendre ce qu'ils se disent. Mais au final, toute cette "glauquerie" finit par rendre l'ensemble invraisemblable et réellement insupportable. Si c'était le but recherché, c'est gagné.

  • RESTLESS de Gus Van Sant *

    RESTLESS de Gus Van Sant , henry hopper, cinéma, mia wasikowskaRESTLESS de Gus Van Sant , henry hopper, cinéma, mia wasikowskaRESTLESS de Gus Van Sant , henry hopper, cinéma, mia wasikowska

    Enoch a un curieux passe-temps. Depuis la mort de ses parents il s'invite aux cérémonies d'enterrement. C'est là qu'Annabel, son double féminin le remarque, le suit et souhaiterait bien davantage. Le jeune homme résiste d'abord (on y croit !) puis cède devant la persévérance de la demoiselle. Annabel qui n'a plus que trois mois à vivre (cancer du cerveau) et Enoch vont vivre cette phase terminale en parfaite harmonie, déconnectés du monde des vivants (on y croit).

    Si je ne savais que ce film a été tourné à Portland, patrie chérie du réalisateur, je dirais presque qu'il est parisien tant il est chic, snob et toc ! Je n'ai pas cru un instant à l'amour providentiel des deux gravures de mode très classe que sont Henry Hopper (réincarnation ou fantôme très très sage de papa Denis) et Mia Wasikowska (charmant petit oiseau très souriant). Ils changent de tenue vintage à chaque plan et évoluent dans une espèce de flou hamiltonien de la dernière élégance en évitant le plus souvent possible d'évoquer la fin prochaine d'Annabel. Quant à l'émotion, elle était en ce qui me concerne aux abonnés absents et la disparition brutale d'Annabel sans aucune souffrance ni dégradation (appelons cela décence pour être poli) m'a laissée de marbre.

    Quand élégance rime à ce point avec froideur il est impossible d'être touché. Reste un objet raffiné, propret mais totalement artificiel !

  • R.I.F. (Recherches dans l'intérêt des familles) de Franck Mancuso *

    R.I.F. (Recherches dans l'intérêt des familles) de Franck Mancuso; yvan attal, pascal elbé, cinéma

    Le torchon brûle et les noms d'oiseaux volent bas entre Monsieur et Madame Monnereau, mariés et parent d'un gentil mouflet. Monsieur (Stéphane pour les intimes) est flic, le genre qui va au charbon et reste pas au bureau à tailler les crayons, à taper des rapports d'un doigt sur une Remington en mettant du carbone entre deux feuilles ! Alors forcément il passe trop de temps à poursuivre le gredin et néglige sa gentille famille qui n'en peut plus. Pour tenter de recoller les morceaux, il décide de se mettre au vert et d'emmener madame et ouistiti une semaine en Lozère en plein mois de novembre : joie. Stéphane fait le coup de la panne à Valérie (qui s'appelle encore Valérie de nos jours ??? Pardon aux Valérie mais quand même !) et les voilà obligés de s'arrêter au beau milieu de nulle part dans une station service digne d'un tableau de Hopper. Pendant que Stéphane et le lardon partent en dépanneuse (ça amusera le gamin !), Valérie (mouarf... excusez moi les Val, je peux pas m'empêcher) reste à la station. Et quand les deux reviennent Valoche a disparu. La gendarmerie se met sur le coup mais Stéph trouve les méthodes de bouseland un peu trop pantouflardes. Il se mêle un peu trop de l'enquête mais rapidement de témoin il se retrouve premier suspect. ça craint !

    Bon alors comment dire ? Ce qui est bien dans ce film c'est l'environnement. On se croirait parfois au fin fond des States et Carlo Brandt s'est fait un look qui n'aurait pas dépareillé dans "Délivrance". Question scénario, ça laisse un tantinet à désirer tant les facilités font parfois sourire. Cela dit, Yvan Attal est très bien et Pascal Elbé fait des oeillades à sa collègue fliquette et reste droit dans ses bottes devant l'attitude méprisante de son collègue. C'est drôle.

  • LOVE AND BRUISES de Lou Ye *

    JOURNEES DES AUTEURS - MOSTRA VENISE 2011

     

    Hua est venue de Pékin à Paris pour suivre un homme et poursuivre ses études. Cet homme la quitte brutalement et Hua se retrouve seule et perdue dans la capitale. Le jour même de la rupture et alors qu'elle traîne comme une âme en peine dans les rues, elle "tombe" sur Mathieu un ouvrier qui lui propose un rendez-vous et rapidement plus si affinités. Malgré la différence de milieu et surtout de culture Mathieu et Hua vont (paraît-il !!!) s'aimer et nous pauvres spectateurs allons assister assez accâblés à leurs frénétiques ébats jusqu'à épuisement.

    love and bruises de lou ye; tahar rahim,corine yam,jalil lespert,cinéma,mostra del cinema,venise 2011

    C'est dans la très belle Sala Darsena de la Mostra que j'ai pu voir ce film et comme vous vous en doutez je m'y suis précipitée car au casting se trouvait Tahar Rahim. D'autant que la séance avait lieu (comme la plupart dans cette salle annexe du Grand Palais) en présence de l'équipe du film. Jouer les midinettes paparazettes : J'AIME !

    Hélas, même si Tahar y est assez extraordinaire, je peux dire aussi que ce film est une épreuve tant le personnage féminin principal m'est apparu obscur et antipathique. Comment aimer un personnage auquel je n'ai absolument rien compris ? Comment comprendre cette femme qui se jette continuellement aux cous des hommes, s'humilie, les supplie ? Comment surtout admettre qu'après s'être fait violer elle accepte de suivre cet homme et d'entamer une relation amoureuse à laquelle personnellement je n'ai jamais cru ? Comment comprendre qu'elle soit quittée de façon assez pathétique en pleine rue par un homme dès les premières images du film pour s'apercevoir qu'elle vivait finalement avec un autre, qu'un autre encore (ou plusieurs... là, j'ai un peu lâché l'affaire) l'attendai(en)t à Pékin mais qu'elle s'en vienne retrouver Tahar/Mathieu dans sa famille d'arriérés au fin fond du Pas-de-Calais pour lui faire comprendre que c'est sans doute fini entre eux ? Enfin, même si les hommes viennent de Mars et les filles de Vénus, comment réussir à comprendre que TOUS les hommes qui croisent la route de cette fille perdue cheveux gras, triste à mourir, qui parle peu, en deviennent instantanément fou ?

    Le débat qui suivait ne m'a pas éclairée sur les intentions et sur le comportement étrange de cette fille pas intéressante pour deux sous. Quant à Tahar, il a fait comme si...

    LOVE AND BRUISES de Lou Ye; tahar rahim, corine yam, jalil lespert, cinéma, mostra del cinema, venise 2011LOVE AND BRUISES de Lou Ye; tahar rahim, corine yam, jalil lespert, cinéma, mostra del cinema, venise 2011LOVE AND BRUISES de Lou Ye; tahar rahim, corine yam, jalil lespert, cinéma, mostra del cinema, venise 2011LOVE AND BRUISES de Lou Ye; tahar rahim, corine yam, jalil lespert, cinéma, mostra del cinema, venise 2011