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5 * Bof ! - Page 31

  • Esther de Jaume Collet-Serra *

    EstherEstherEsther

     

    Après avoir eu deux enfants dont une petite fille très mimi mais très muette et beaucoup sourde, porté un troisième enfant mort, fait une fausse couche sanglante qui donne des cauchemars, s’être mise à picoler, Kate reprend du poil de la bête et ce n’est pas grâce à sa psy culpabilisante bien comme il faut. Elle décide d’adopter (oui, la fausse couche a eu raison de sa nurserie intégrée), et John son mari choupinou (architecte comme il se doit) qui a donné un coup de canif dans le contrat il y a longtemps (mais faute avouée est pardonnée), est d’accord à 200 %.

    A l’orphelinat, le couple tombe en arrêt de stupéfaction devant Esther, jolie poupée intelligente, surdouée en dessin, en musique, très en avance sur tout pour son âge (9 ans), différente notamment dans sa façon très désuète de s’habiller et trop polie pour être crédible. Evidemment, Kate et John tombent dans le panneau. Heureusement, sinon y’aurait pas de film s’ils choisissaient Léa, moche, ordinaire et douée en rien…

    Esther est accueillie à bras ouverts par la petite sourde qui rêvait d’une sœur vivante et un peu moins bien par Daniel, le garçon de la famille qui voit tout de suite au premier coup d’œil que la Esther elle a grave something wrong qui tourne pas rond sous ses couettes comme c’est dit sur l’affiche ! Esther s’en fiche. Elle sait choisir ses alliés car Esther en plus de toutes ces aptitudes intellectuelles et de courtoisie, est manipulatrice et on sent bien qu’elle a un objectif… Bref, même si elle est totalement fêlée des pâtes, ce dont on s’aperçoit assez rapidement, ce n’est pas gratuit et nous ne saurons que très tard les raisons de son acharnement à être mauvaise. Car oui Esther est mauvaise comme une teigne galeuse et elle fait des choses que j’ai rarement vu faire par et à des enfants au cinéma. En vrai IRL, si, souvent !

    Esther a un sens précis à donner à sa vie et ce film mérite trois fois qu’on s’y attarde.

    1) le twist final est tellement « hénaurme » qu’il en devient fascinant et que je suppose qu’il faut être bien malin pour le découvrir. Le twist s’il est final n’est pas une danse qui fait mal au dos et où il faut se tortiller, c’est une révélation, un coup de théâtre J .

    2) Le suspens est suffisamment bien mené (malgré quelques longueurs et répétitions) pour ne pas s’ennuyer, ce qui est déjà un excellent point.

    3) L’interprétation de la petite Isabelle Fuhrman, tête d'ange puis tête de monstre la seconde suivante, est tellement fabuleuse qu’on peut véritablement se demander si elle n’est pas… non je ne dirai rien !

    Mais, il y a un mais et même plusieurs.

    Je rechigne toujours à voir ce genre de films d’épouvante/thriller/horreur alors qu’en fait d’autres films tels que « Inglorious Basterds » ou « Avatar » par exemple sont bien plus violents et sanglants que ce que j’ai vu là. Car si ce que Esther fait est absolument ignoble, injuste, révoltant et mûri dans un esprit totalement dérangé, la seule chose qui fasse sursauter sont : les coups de cymbales de la musique, une porte qui claque, la lumière qui s'allume ou s'éteint brusquement. Et ça, c’est insupportable et complètement ridicule.

    Quant au scénario qui fait qu’il faut tenir presque deux heures avant de démasquer la petite, il est tellement grossier qu’il en devient consternant. Malgré toutes les horreurs, et non des moindres, qui se passent en présence d’Esther et depuis qu’elle est dans cette famille, tout le monde s’acharne à lui trouver mille excuses. Et notamment le père dont le rôle pas enviable revient à Peter Sarsgaard de faire comme si la fillette était un ange et sa femme devenue une tarée. Quant à la psy… à part dire qu’elle est bonne à enfermer je ne vois rien d’autre pour sa défense.

    En résumé, cette chose se voit sans ennui, ce qui n'est déjà pas si mal mais sans affolement non plus.

  • Le dernier vol de Karim Dridi *

     

    Le Dernier volLe Dernier vol

    Sahara français 1933. Marie, aventurière et aviatrice amoureuse, débarque en plein désert dans son avion. Elle est à la recherche de l’homme qu’elle aime et qui s’est crashé quelques jours auparavant au-delà des montagnes du Ténéré. Elle rejoint un camp dirigé par un jeune colonel ambitieux et très respectueux de sa hiérarchie militaire. A ses côtés, le lieutenant Antoine Chavet en conflit avec la politique colonialiste française et très proche des touareg va aider la jeune femme à rechercher son homme. Ils vont quitter le camp et partir seuls dans une région où il n'est forcément pas simple de survivre.

    On est obligé de penser au romantiquissime « Patient anglais » : des militaires en sarouels, de beaux touareg qui portent de somptueux chèches aux beaux drapés bleu intense, une héroïne passionnée en veste saharienne, des chameaux, des tempêtes de sable, un soleil implacable, des crises de palud impitoyables… mais la comparaison s'arrête là car, au-delà de la perfection des décors et des tenues : rien. Le vide. L’histoire est portée sans conviction et comme nous pauvres spectateurs ne connaissons pas le Bill Lancaster que Marie recherche, on s’en fiche complètement un peu.

    Des dialogues insignifiants. Des personnages déprimés qui boudent ou qui pleurent. Et comme unique effet spécial, une alternance de plans fixes sur le désert monumental et sublime, de jour avec chaleur insupportable ou de nuit avec ciel étoilé, et sur le visage de Marion Cotillard qui quand elle ne boude pas, pleure. Et Guillaume qui joue le bel indifférent...

    Le film s’achève alors qu’il n’est pas fini et qu’il aurait pu commencer à devenir intéressant.

    On comprend que les deux tourteraux à la ville aient eu envie de re-faire un film ensemble, mais là franchement, à part des vacances au soleil, ils n'ont pas eu grand chose à nous proposer. Dommage.

    A voir pour les vues stupéfiantes de cette plage sans fin qu’est le désert et pour écouter la superbe musique du Trio Joubran. Est-ce ce qu'on demande à un film ?

  • Pas si simple de Nancy Meyers *

    Pas si simplePas si simplePas si simple

    Jake et Jane sont divorcés depuis 10 ans. Bien que Jake ait refait sa vie avec une femme beaucoup plus jeune que lui, les sentiments du couple semblent n’être qu’endormis. A l’occasion de la remise d’un diplôme d’un de leurs enfants bien arrosée, Jake et Jane « remettent le couvert » avec beaucoup d’enthousiasme et de plaisir(s) partagé(s). La question est : vont-ils revivre ensemble ? Ce n’est pas si simple.

    Si l’on passe outre le fait de l’absence totale de cinéma ici et que cette comédie sentimentale pour midinettes du troisième âge se déroule sur la côte ouest chez des richards qui n’ont qu’à se préoccuper de savoir « c’est quand le bonheur » ou « c’est quand qu’on baise » ? je dois dire que ça commence pas trop mal. Tout ça parce que le couple de divorcés n’est autre que Meryl Streep (formidable) et Alec Baldwyn (adorable, toujours prêt à retirer le bas...), qu’ils sont en pleine forme, drôles, plein de charme, qu’ils vont bien ensemble et qu’on ne souhaite qu’une chose, qu’ils se remettent à roucouler comme deux gamins sous la couette.

    Ajoutons, dans le rôle très très second du gendre traité comme une pièce rapportée dans cette famille « idéale », John Krasinki dont toutes les apparitions sont délicieuses, et on arrive à prendre pas mal de bon temps.

    On peut même, si on est de très très bonne humeur noter de ci de là quelques observations bien vues sur la différence entre les femmes qui viennent de vénus, les hommes de mars… les unes qui se cachent, les autres totalement impudiques, les unes qui enragent de vieillir et les autres qui se disent qu’il serait grand temps de repartir pour un tour de manège… Mais bon…

    Arrive l’erreur définitive de casting dont le film ne se relève pas : Steve Martin en séducteur. Imaginez un ringard lifté et bronzé aux cheveux blancs et la raie sur le côté qui part de dessus l’oreille… pouah ça fait froid dans le dos ! Ajoutez à cela quelques violons, trois moutards débiles (entre 20 et 28 ans) qui pleurnichent parce qu’ils ne se sont pas remis du divorce de leurs parents… et à partir de là, il faut endurer une heure interminable d'attermoiements, d'explications, de justifications jusqu’au dénouement pluvieux !

  • Arthur et la vengeance de Maltazard de Luc Besson *

    Arthur et la vengeance de MaltazardArthur et la vengeance de MaltazardArthur et la vengeance de Maltazard

    Arthur vit toujours parmi les humains, disons plutôt parmi des adultes inadaptés, mais peut parfois retourner au pays des Minimoys retrouver sa princesse Sélénia qui l'attend en languissant. A la date prévue et avec la complicité de son grand-père, de sa mère et de sa grand-mère il va traverser le passage secret pour retrouver ses amis. C'est précisément ce jour que choisit son père (le plus humain des humains...) pour rentrer en ville et Arthur est bien obligé de se plier à sa volonté. Mais il reçoit un appel au secours : les minimoys sont en danger. Il va donc braver les interdits et affronter de multiples dangers pour les secourir.

    Il y a du bon et du (beaucoup) moins bon dans cette deuxième aventure. J'avais beaucoup aimé la première car il y avait la surprise de découvrir un nouvel univers et de nouveaux personnages, Luc Besson prenait son temps pour installer son histoire et c'était vraiment bon. Cette fois évidemment l'effet de surprise ne peut plus jouer. Mais là où Luc  exagère c'est qu'il n'a fait de ce film qu'un épisode de transition, qu'il nous congédie brusquement par un "à suivre" alors qu'il n'a même pas fini de nous raconter cet épisode. Bien sûr, on ne doute pas que les Minimoys laissés sur place vont s'en sortir et que le vilain Maltazard ne va pas être à la fête sur terre... mais franchement, il ne se passe pas grand chose ici. On attend un semblant de scénario qui n'arrive jamais. Les séquences s'enchaînent. Il faut attendre un temps infini avant de retrouver Sélénia, une vraie bombe absolument craquante, et j'ai toujours envie de fiche des claques à Mia Farrow.

    Par contre, c'est très beau, enfin, moi j'adore, la symphonie et l'explosion de couleurs, la lune la nuit, les bestioles qui font pas peur (je déteste les insectes IRL), et surtout Sélénia. Donc j'irai sans doute voir la suite mais franchement comme disait ma grand-mère "quand y'a d'l'abus, y'a d'l'excès".

    Quant à l'incontournable Freddie Highmore on se demande comment il va pouvoir poursuivre l'aventure car il grandit le bougre et pas en grâce je trouve. Il a squatté tous les films où un moutard à l'air ahuri, aux cheveux hirsutes et aux oreilles décolées était nécessaire... mais là, il a 17 ans au moment où je vous parle. Il va finir par avoir atteint l'âge limite pour courir dans les pâturages. Cela dit, sa Sélénia a mille ans, donc, je dis n'imp' en fait.

  • PERSÉCUTION de Patrice Chéreau *

     PersécutionPersécution

    Souvenez-vous, si, souvenez-vous j’ai vu ce film il y a quelques mois en présence de l’équipe du film  à la Mostra de Venise où il était en compétition ! ça y est vous y êtes ? Même que je n'avais pas encore mon super appareil qui fera plus tard de belles photos de Clint...

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    Je n’en avais pas parlé car Chéreau fait partie de gens que j’aime. Et je déteste dire que les gens que j’aime me déçoivent. Or, il l’a fait une fois encore, après « Intimité », après « Gabrielle », je crois que Patrice et moi, on ne se comprend plus du tout.

    Pourtant ça commence très fort et très bien par une scène sidérante, qui va vite, dans le métro. On suit et on a envie de suivre cet homme dont on ne sait rien. Qui ressemble à un ouvrier. C’est Daniel, il retape des appartements immenses et tout cassés. Et puis, un homme inconnu s’introduit sur le chantier où Daniel dort, sans explication. On prend peur. Daniel le chasse, mais l’homme revient et persécute Daniel. Cet homme lui avoue son amour mais Daniel n’en veut pas.

    Il aime Sonia qui s’absente beaucoup pour son travail. Il la fuit, la rejette, l’attend. Elle lui manque. Quand elle revient, il l’ignore. Sonia aime Daniel. Elle est compréhensive, attentive mais se sent aussi persécutée par les exigences considérables et l’insatifaction permanente, maladive de Daniel. Et ce dernier commence à comprendre que cet homme qui le harcèle est un peu comme son double et qu’il agit de la même manière envers la femme qu’il aime, exigeant toujours plus.

    Au travers de ce couple incapable de s’aimer, ou d’aimer, chacun préférant chez l’autre son absence, voilà Chéreau qui replonge dans ses pires travers, des flots incessants de dialogues hurlés, une violence qui s’affiche parfois, une théâtralité, une hystérie, les corps nus qui s’expriment comme ils peuvent…

    Et pourtant, il y a de ci de là, de beaux moments malheureusement étouffés par une histoire qui finit par être grotesque d’invraisemblance et parfois même risible. Des adultes même passionnés ne sont pas obligés de s’infliger et de nous infliger ça.

    Romain Duris est formidable. Jean-Hugues Anglade aussi. J'ai trouvé Charlotte terne...

    On rêve pour Patrice Chéreau d’un amour sincère, idéal et apaisé.

  • Limits of control de Jim Jarmush *

    The Limits of Control

    Par un beau matin de fumette alcoolisée, Jimmy Jim s'est réveillé et s'est dit : "tiens mozeurfokeur, il me reste de la pelloche, et si je faisais un film ?" Alors bon, avoir de la pellicule, une caméra posée par terre pour faire des plans pas évidents, des potes disponibles pour venir faire un ptit numéro, de jolis endroits à filmer, une très belle musique électro et volatile suffit-il à faire un film ? Je dirai non, mais je peux comprendre que certains parlent d'ennui et d'autre d'hypnose. La première heure passée, le comique de répétition n'a plus agi sur moi et je me disais "finissons-en ou j'bouffe le klebs !".

    Un homme très mystérieux avec un costume bleu et une chemise mauve (bonjour l'assortiment de couleurs !) et une expression unique en guise de visage retrouve deux autres types dans un aéroport qui lui disent des phrases étranges, genre  "tu suivras le violon" et lui donnent une boîte d'allumettes.

    Puis les deux plus grands se jettent dans les bras l'un de l'autre et tronche de cake prend l'avion. Dans l'avion il ouvre la boîte d'allumettes et bouffe le petit papier blanc plié en quatre qu'était dedans.

    Arrivé en Espagne, il fait son taï chi, se couche tout habillé, se lève sans se laver, va au musée. Comme il regarde qu'un tableau à la fois, il y retourne le jour suivant. Il voit un violon, mais c'est pas le bon. Il commande deux expressos dans deux tasses séparées. Le garçon lui amène un double expresso. ça l'énerve.

    Un type avec un violon s'assied. "Tu parles pas spingouin ? ", "Non" qui dit avec la tête. L'autre lui baragouine des trucs sur un sujet et lui donne une boîte d'allumettes. L'homme étrange bouffe le papier qui est dans la boîte. Et va au musée voir un tableau. La routine.
    Il rentre le soir. Oh y'a une fille moche avec une grande bouche, des lunettes de secrétaire de porno et des seins disproportionnés dans son lit ! Elle a pas de vêtement du tout et elle lui dit "tu l'aimes mon cul... on jouerait pas à la poutre de Bamako ?". "Jamais pendant le service " qui dit. Alors ils dorment comme frère et soeur.

    Le lendemain, il se lave pas, il va au musée voir un tableau, il fait son Taï Chi... tout ça. Il revient chez lui et la fille avec sa grande bouche étou a mis un imper en plastique et rien en dessous. Elle dit "tu l'aimes mon imper en plastique transparent sans rien en dessous". Ouais, on voit qu'il aime bien, mais pas touche à la femme blanche ? Il préfère les chinoises je parie ! Alors pour passer ses nerfs, il casse son portable. "Han ? t'aimes pas les portables" qu'elle dit. Mais lui il répond jamais, il fait genre j'ai le rôle du type mystérieux. Du coup la fille, elle lui donne une boîte d'allumettes. Et il bouffe le papier.

    Il voit Tilda Swinton déguisée en pouffe qui lui parle cinéma. Elle lui donne une boîte d'allumettes. Elle lui dit qu'il devra suivre le pain et la guitare viendra. Il bouffe le papier. Il boit un café. Il fait son taï chi. Il prend le train et... Première péripétie :

    IL CHANGE DE COSTUME !

    Dans le train. Il fait son taï chi. Il boit des cafés. Il voit une fille bridée. Il la suit. Elle lui donne une boîte d'allumettes. Mais avant de bouffer le papier blanc qu'est dedans, il l'écoute. Elle aime la science. Et... deuxième rebondissement :

    IL SOURIT

    Il voit une guitare qui vient à lui. Il commande rien. Il veut deux cafés. Il parle pas espagnol. C'est pas la bonne guitare. Y'a pas le pain. Pas fou. Trop fort. Il fait son taï chi. Y'a pas de musée à Séville ou quoi ? Mais après i trouve un mec avec une guitare c'est Elephant Man qui lui donne une boîte d'allumettes. Il bouffe le papier blanc et hop... troisième cascade :

    IL PREND LA GUITARE.

    En plus de la boîte d'allumettes. C'est trop un fou ce mec ou quoi ?

    Faut qu'il trouve un mexicain. Gael Garcia Benal arrive en voiture (je dis pas tout de suite qui c'est qui conduit la voiture), ça tombe bien il fera le rôle du mexicain. J'ai toujours cru qu'il était spingouin moi. J'y connais vraiment queud en cinéma. Tu parles pas espagnol ? Non. Gael lui donne sa boîte d'allumettes. Mais il préfère la bouffer quand il est tout seul. On a sa fierté. Et il sort un portable. Comment c'est trop un rebelle lui. "No mobil" qui gueule l'autre (ça veut dire "pas de portable"). Il fait son taï chi, ça calme.

    Il monte dans la voiture. C'est Hiam Abbass qui conduit. Elle lui dit un truc en arabe. Sûrement : "vous parlez pas espagnol ?". Elle lui donne...

    loupé !

    Des clés.  ah ah ah j'vous ai bien eus !

    Il trouve la fille avec la grande bouche. Il lui met un drap sur elle. Toujours à poil. Elle va finir par prendre froid. Quoique là, on s'en fout, c'est la dernière boîte d'allumettes. Il bouffe le papier blanc et il va trouver Bill Murray. Mais bon. Avant il fait un peu de taï chi, mais on voit que c'est une nouvelle race de taï chi. C'est une sorte toute énervée, comme pour s'entraîner.
    Après il reprend l'avion. Il met un jogging vert.

    Fin.

  • Vincere de Marco Bellocchio *

    VincereVincere

    Lorsque Ida Dalser rencontre Benito Mussolini à Trente, elle est immédiatement fascinée par cet homme qui est un fervent militant socialiste pacifiste et grand orateur. Ils deviennent amants, se marient et Ida vend tous ses biens pour financer la création du « Popolo d’Italia » journal du futur parti fasciste. Alors qu’elle est enceinte, Ida découvre que Mussolini est déjà marié et a un autre enfant. Elle ne renoncera jamais à tenter de faire reconnaître cette union et la paternité qui dérangent le dictateur qui lui n’hésitera pas à la faire enfermer dans un asile psychiatrique, la séparer à jamais de son enfant qui sera placé dans un institut religieux puis dans un hôpital psychiatrique.

    Cette femme belle et courageuse est une rebelle, une héroïne de tragédie, hélas ce film ne nous la montre jamais autrement que comme une folle exaltée. Sa façon de regarder cet homme, de le dévorer littéralement du regard constamment, de se jeter à son cou, de le supplier de lui dire qu’il l’aime la rende à mes yeux hystérique et non passionnée. On comprend en voyant la femme légitime de Mussolini, la furieuse et moche Rachele, qu’il choisisse Ida comme repos du guerrier. Mais son attitude, il lui parle à peine, l’a-t-il d’ailleurs jamais regardée, et l’aveuglement d’Ida entièrement disponible placent leur relation sur un plan strictement sexuel.

    Pour le reste, le film est très sombre, au propre comme au figuré. Tourné la plupart du temps dans la pénombre ou faiblement éclairé, on a parfois bien du mal à distinguer le visage des personnages. Mais les nombreux documents d’archives qui parcourent le film sont passionnants. Ils montrent un Mussolini parfaitement clownesque dans des costumes de parade invraisemblables. Et les discours monstrueusement vides devant des foules fanatisées où il ponctue chaque phrase de grimaces, mimiques et rictus ridicules sont à la fois fascinants et terrifiants.

    La grande idée du film est évidemment qu’à partir du moment où Ida et Mussolini sont séparés et qu’ils ne se reverront plus, ce n’est plus l’acteur qui joue le rôle mais Mussolini lui-même par le biais des archives. D’ailleurs, Ida qui ne le verra plus, tout comme nous, que dans les reportages au cinéma dira simplement « comme il a changé ! ».

    On devrait être bouleversé par le destin inqualifiable de cette femme brutalisée, droguée, enfermée, humiliée, brisée mais on reste de marbre tant le film est froid. Et pourtant il y a beaucoup de bruit et de fureur, une musique pompière et emphatique omniprésente mais l’actrice Giovanna Mezzogiorno dans un rôle "David di Donatelloisable" ("regardez comme je fais bien la folle ! regardez comme je ne suis pas maquillée et qu'on me filme en gros plan !!!"...) ne m’a émue qu’à un moment, un seul, celui où (grande cinéphile apparemment) et alors qu’elle ne reverra plus jamais son fils, elle regarde au cinéma « The Kid » de Charlie Chaplin. Ou alors, est-ce mon amour pour ce film qui a fait que ?

    Par contre, les yeux de braise de l’acteur Filippo Timi qui joue Mussolini jeune puis plus tard son fils illégitime m’ont beaucoup impressionnée, ainsi que son imitation très cabotine mais plus vraie que nature des discours de Mussolini.

  • La grande vie d’Emmanuel Salinger *

    La Grande vie

    Les cours de philo de Grégoire, prof introverti qui rêve d’écrire, n’intérressent guère ses lycéens de terminale. Quand il ne donne pas cours il partage son temps entre la femme qui va (peut-être !) bientôt partager sa vie et une association qui vient en aide aux personnes délogées suite à un projet immobilier.

    Le très célèbre animateur d’une émission de télévision honteuse (entre Cauet et Fogiel) l’invite à débattre en présence de l’industriel responsable des expropriations musclées. Le pauvre Grégoire se prend les pieds dans le tapis, il est laminé par son adversaire et devient la risée du lycée.

    Pour se faire pardonner et aussi parce qu’il lui a rendu service, Patrick souhaite aider Grégoire en le prenant dans son équipe...

    Je suppose qu’il pourrait s’agir d’une tentative de vision vitriolée du monde impitoyable de la télévision, de la célébrité… sauf que ça fait pchiiit et que tout ceci reste très en surface sans égratigner personne et que Michel Boujenah semble trop gentil pour être cet animateur arrogant qui voue un culte à Léon Zitrone.

    Par contre, voir se transformer un acteur protéiforme génial au rythme d’un rôle qui évolue constamment est tout à fait réjouissant, et ce que fait Laurent Capelluto ici donne envie de le retrouver au plus vite dans un rôle digne de son grand talent.

  • Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé *

    Mademoiselle ChambonMademoiselle Chambon

    Jean est un maçon consciencieux dans son travail, tendre avec sa femme et son fils, aux petits soins avec son vieux papa. Jean est un mec bien.

    Un beau jour il croise le regard et les taches de rousseur de Véronique la jolie et gentille institutrice de son fils.

    Que va-t-il se passer ? Rien, ou pas grand-chose sauf que l’équilibre rassurant de la famille va vaciller mais pas trop et tout le monde va être malheureux.

    Jean/Vincent Lindon maçonne, on y croit. Cet acteur peut tout faire de toute façon.

    En pique-nique avec son fils et sa femme (Aure Atika, très juste, à sa place, évidente), Jean s’interroge sur le complément d’objet direct. C’est drôle, c’est touchant, on y croit. Quand il dit « relis un peu l’énoncé des fois ? », c’est à la fois à se tordre et poignant. Il sait faire ça Vincent Lindon, passer plusieurs sensations, plusieurs émotions dans une seule réplique.

    Jean/Vincent lave les pieds de son vieux père (même si c’est un crève-cœur de voir Jean-Marc Thibault tout vieux), il élève la voix pour se faire entendre sans jamais s’agacer de devoir tout répéter, et on y croit toujours.

    Lorsqu’il rencontre Melle Chambon, on y croit encore ou plutôt les incorrigibles romantiques sentimentaux (comme moi) qui sont venus voir une histoire d'amour y croient.

    Ah l’amour difficile, l’amour contrarié ou impossible, les jamais, les toujours ; au cinéma ça peut même donner la merveille des merveilles… dont le bruit court que Stéphane Brizé l’avait en tête ! Je n’ose le croire.

    Mademoiselle Chambon c’est Sandrine Kiberlain, très jolie, très douce (trop !) mais presque sans réactions parfois, sans énergie. Elle est l’institutrice itinérante dont on sent qu’elle est le vilain petit canard de sa famille. Elle poserait bien un peu ses valises puisqu'elle s'imagine qu'avec Jean dont elle fait chavirer le coeur, ça va être possible.

    Donc Jean et Véronique se plaisent. Donc, ils se regardent, s’effleurent, soupirent, se regardent, se tournent le dos, s’évitent, se regardent… Leurs yeux sont souvent humides mais pas les nôtres car s’il ne se passe rien entre eux, et qu’ils sont même maître dans l’art de l’intériorisation, il ne se passe rien non plus dans le regard et le cœur de la spectatrice que je suis. A un moment, j’ai eu envie de me lever et de leur dire « bon sang, PARLEZ-VOUS, deux grandes personnes consentantes comme vous devraient parler… ça peut aider !!! ».

    Je me disais aussi (un film où on a autant le temps de réfléchir c’est pas bon signe !) que je ne comprenais sûrement rien au désir, à la sensualité, tout ça. Est-ce que Mademoiselle Chambon a envie de sentir les grosses mains calleuses de Jeannot sur sa peau douce ? Est-ce que Jean veut apprendre le violon ? Rien, on ne sait rien, on ne comprend rien ! Je dois dire que s’il y a bien un endroit où cela ne me dérange pas de ne pas savoir c’est bien au cinéma. Mais entre ne rien savoir/comprendre de ce qui (ne) se passe (pas) entre les personnages et ne rien ressentir, il y a un monde non ?

    Si.

    Plus languissant que langoureux ce film décevant, sans émotion sur une rencontre ratée est raté.