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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 36

  • MY WEEK WITH MARILYN de Simon Curtis **

    My Week with Marilyn : photo Michelle WilliamsMy Week with Marilyn : photo Dougray Scott, Michelle Williamsmy week with marilyn de simon curtis,cinéma,michelle williams,eddie redmayne,julia ormond,kenneth brannagh

    Au sommet de sa gloire, Marilyn Monroe débarque en 1956 en Angleterre pour tourner sous la direction et au côté de Laurence Olivier Le Prince et la Danseuse. Tout récemment mariée à l'écrivain Arthur Miller, Marilyn est la proie de nombreux démons qui la fragilisent. Ses addictions, ses retards, ses caprices et son total manque de confiance en elle face à ces acteurs anglais qu'elle admire, font du tournage un cauchemar. Colin Clark jeune aristocrate fraîchement diplômé et promis à un brillant avenir ne rêve que de cinéma. A force d'obstination, il réussit à se faire embaucher sur le tournage du film en tant que 3ème assistant réalisateur. Il devient le confident de Marilyn et racontera plus tard dans un livre cette semaine auprès de la star et leur éventuelle idylle platonique.

    Pour qui connaît un peu la vie de Marilyn, la seule information sera ici de découvrir qu'elle aurait eu une aventure avec ce troisième assistant tombé instantanément (et comme tout le monde) sous le charme. Il faut dire qu'elle était irrésistible et parvenait à manipuler ceux qui l'entouraient avec la plus parfaite innocence. Même si Laurence Olivier (Kenneth Brannagh) affirme "ne te laisse pas avoir par ses airs de petites filles !", il reconnaît plus tard lui-même quelle magicienne elle est. Dès qu'elle apparaît, sa joie ou sa tristesse vampirise tout autour d'elle. Elle est le centre de toutes les attentions, de tous les regards. Et pourtant, personne ne parvient à la rassurer. Pas même Paula Strasberg, son "coach" aussi inutile qu'envahissant qui ne faisait que lui répéter à quel point elle était belle et unique sans jamais réussir à la convaincre de son talent. La présence de cette femme au côté de la star est une aberration pour les anglais qui ne comprennent rien à la fameuse méthode de l'Actors Studio.

    La bluette entre Colin Clark et Marilyn est insignifiante et anecdotique. Par contre, dès que le réalisateur se concentre sur le tournage du film dans le film, il devient beaucoup plus passionnant. Ainsi que lorsqu'il démontre à quel point la vie de Marilyn a pu être un enfer car la moindre de ses apparitions provoquait une émeute ou un attroupement. Délaissée par Arthur Miller qui commençait déjà à comprendre qu'elle ne lui laisserait plus un instant de répit, Marilyn est perdue et prête à se tourner vers le premier venu qui lui prodiguera attention et tendresse. C'est ce pauvre Colin qui s'y colle et en aura le coeur brisé. Mais apaisée provisoirement, Marilyn accomplira des prouesses, révélant quelle reine de comédie elle était. Finalement, Laurence Olivier et elle s'admirent réciproquement, sont fascinés par ce que l'autre possède ou représente. Le grand acteur rêve d'être une star tandis que la star brûle que soient reconnus enfin ses talents d'actrice. Hélas, malgré quelques beaux moments, le film finit par tourner en rond autour des retards et de la somnolence de Marilyn due à sa consommation d'alcool et de médicaments...

    Aucun reproche à faire à Michelle Williams qui n'a bien sûr pas l'aura de son modèle, mais quelque chose en elle de blessé qui la rend triste même quand elle sourit. Bravo encore à l'actrice pour sa sobre interprétation. A aucun moment elle ne force le trait ni n'insiste dans les mimiques, les clins d'oeil ou les sourires ! S'attaquer simplement à un tel mythe relève de la performance.

  • 2 DAYS IN NEW-YORK de Julie Delpy **

    2 Days In New York : photo Julie Delpy

     2 Days In New York : photo Albert Delpy, Julie Delpy

    Il y a quelques années, Marion passait Two days in Paris avec son amoureux hypocondriaque Jack et c'était désopilant de voir cet amerloque au milieu de la famille déjantée de la française. Aujourd'hui, Marion vit avec Mingus à New-York. Elle a eu un enfant avec Jack et Mingus a une petite fille d'une précédente union. Cette fois, la famille de Marion débarque dans la grosse pomme pour assister au vernissage de son exposition de photos de Marion. La famille c'est son père, mais aussi sa soeur qui a eu la bonne idée de venir avec son petit ami qui n'est autre qu'un ex de Marion. C'est à nouveau le choc des cultures car Marion est devenue plus américaine qu'américaine, c'est toujours hilarant mais moins et en tout cas pas toujours.

    Evidemment ce film n'arrive pas à la cheville du sublime "La comtesse" de la même Julie Delpy qui était un des plus merveilleux films de 2010, mais néanmoins j'aime cette fille d'amour et tout son cinéma. Je la trouve belle, intelligente, différente, originale, drôle, excellente actrice et réalisatrice. Dans ses films les "2 days"... il y a une pêche d'enfer que je ne retrouve nulle part ailleurs et un art consommé du dialogue qui flingue. Le rythme faiblit peu, les répliques fusent, les névroses des personnages explosent à chaque plan et c'est drôle la plupart du temps. Mais la réalisatrice avait plusieurs "choses" en tête et notamment souhaitait évoquer la mort de sa maman et elle s'y prend un peu maladroitement. C'est dommage car on sent poindre une émotion qui surprend dans un film si gai. Mais elle ne va pas au bout de cette émotion. Et puis le petit ami de la soeur est un personnage lourdaud, caricature de beauf idiot qui pèse sur le film et le tire vers le bas... mais heureusement Julie Delpy le fait disparaître bien avant la fin et il ne manque pas.

    Cela dit, il reste l'essentiel, les rapports familiaux et amoureux que la réalisatrice ne cesse de décortiquer tel un apprenti Woody Allen et c'est savoureux. Les altercations entre elle et sa soeur psychiatre vraiment tarée, virent souvent à l'empoignade devant les yeux à la fois réjouis et désolés du papa (le vrai papa de Julie), l'adorable Albert Delpy qui semble toujours s'amuser comme un petit fou dans les films de sa fille chérie.

    PS. : on me souffle dans l'oreillette qu'à la presque fin du film un caméo inattendu donne lieu à une scène qui à elle seule mérite le détour !!!

  • TORPEDO de Matthieu Donck **

    Torpédo : photo Matthieu DonckTorpédo : photo Matthieu DonckTorpédo : photo Matthieu Donck

    Pour comprendre le titre, il faut avoir un minimum de belgitude au fond de soi. Heureusement le réalisateur l'explique : "En Belgique, le terme Torpédo désigne un rétropédalage et c’est aussi le tout premier vélo pour beaucoup de Belges." Et comme le dit le personnage principal Michel Ressac : "le vélo, c'est comme la vie (ou l'inverse) si tu n'avances plus, tu tombes."

    Il y a longtemps que l'on sait que les belges ne sont pas comme nous, différents ! Ce film le confirme une fois de plus avec bonheur. Michel Ressac donc, loser professionnel, est réveillé par la sonnerie du téléphone. Il apprend qu'il fait partie des concurrents qui ont gagné la possibilité de tourner la roue du bonheur et de partager un repas avec Eddy Merckx (oui oui, le vrai !). Pour cela, il doit se rendre au magasin "SofaLife" de sa ville en compagnie de sa famille. Michel saute de joie car son père qui ne lui a plus parlé depuis des années a toujours été fan du champion cycliste et il souhaite lui offrir cette soirée de rêve en signe de réconciliation ! Sauf que Michel comprend qu'il a gagné sans aucune condition, mais surtout le problème est que Michel est célibataire et sans enfant. Qu'à cela ne tienne, il embarque dans son camping-car une ancienne petite amie, un gamin de 10 ans malmené par sa famille d'accueil et au passage kidnappe aussi le responsable du magasin de meubles qui ne lui a pas donné la possibilité de faire tourner la roue. Direction la Bretagne où le prochain tirage au sort doit avoir lieu.

    Le road-movie est l'occasion idéale de faire évoluer les personnages, de leur permettre de faire des rencontres sans qu'elles aient l'air d'être parachutées sans liens et de faire progresser une histoire. C'est ainsi que ce film sans prétention tient la route en faisant finalement un peu du sur-place ou en tournant en rond. Michel Ressac est rêveur, naïf, gentil, idéaliste, farfelu, et François Damiens livre une nouvelle composition très belge complètement craquante. Autour de lui, il y a un petit garçon impoli, sans-gêne que la vie n'a jusque là pas ménagé. Christian Charmetant est formidable en vendeur de meubles et Audrey Dana impeccable, tous deux chahutés par l'existence également. Mais François Damiens concentre toute l'attention sur lui. Ce type n'a jamais l'air de jouer. Tout ce film ressemble à une immense improvisation où l'acteur laisse libre court à sa fantaisie et son naturel impressionnants. Son merveilleux accent ajoute encore à la spontanéité et l'innocence du personnage. Rire beaucoup n'empêche nullement quelques moments pas loin de piquer les yeux, car ce garçon sait comme personne terminer un sourire par un rictus et un regard qui peu à peu se trouble et s'embue.

    Un film sympathique et tendre avec un acteur étonnant.

  • HUNGER GAMES de Gary Ross **

    Hunger Games : photo Gary Ross, Jennifer Lawrence

    Hunger Games : photo Gary Ross, Jennifer Lawrence, Lenny Kravitz

    Hunger Games : photo Gary Ross, Jennifer Lawrence

    Hunger Games est l'adaptation d'un roman best seller de Suzanne Collins vendu à des millions d'exemplaires. Je ne connaissais pas la chose. Même pas entendu parler jusqu'à ce qu'une addict me signale récemment l'existence du bousin. La cible ? Les ados. Malgré la noirceur sans fond du propos : des enfants s'entre-tuent sous les applaudissements de la foule ! Pourquoi font-ils cela ? Pour sauver leur pays tout simplement. Ou plus exactement pour éviter que le pays jadis ravagé par une guerre fratricide ne sombre à nouveau dans le chaos. Le gouvernement d'une nouvelle Amérique nommée Panem, est planqué dans une cité futuriste, le Capitole et organise chaque année les "Hunger Games". Ils consistent à choisir dans chaque district du pays (il y a en 12) deux enfants de 12 à 18 ans (les Tributs) qui sont égarés dans une forêt dont ne doit sortir qu'un survivant. Tous les coups bas sont permis. Katniss Everdeen se porte volontaire pour éviter que sa petite soeur Prim' désignée par le tirage au sort ne se rende dans l'arène. Après quatre jours d'entraînement et de préparation, Katniss et les 23 autres concurrents sont lâchés. L'avenir du monde c'est la jeunesse.

    La grande question est donc : Katniss Everdeen va t'elle succéder dans les coeurs teenage à Bella Swan Cullen ? En tant que novice de l'une et l'autre des trilogies (dont celle-ci sera une quadrilogie bien qu'il n'y ait que trois épisodes...), je dois reconnaître que Katniss l'emporte haut la main et à tout point de vue, sur l'apprentie vampirette. La béotienne sentimentale que je suis regrette que cette bombasse de Katniss tombe un peu trop facilement dans les bras de ce navet de Peeta, mais espère soupçonne que la belle n'ait agi que par pur oppportunisme... To be continued.
    En outre, j'espère que dans les prochains épisodes, les parents, les adultes vont réagir, se rebeller et ne pas laisser les enfants, que dis-je LEURS enfants aller s'entre zigouiller dans une forêt fort peu accueillante. Sans compter que non seulement ces jeunes gens doivent se méfier les uns des autres mais aussi faire face à quelques épreuves envoyées en suppléments gratuits par les autorités elles-mêmes qui suivent l'hécatombe en temps réel. Des caméras sont placées sur tout le parcours. J'ajoute enfin que l'événement est une espèce de Fear Factor de l'avenir, une émission de télé-réalité très prisée par les privilégiés qui ne vivent pas dans les districts et donc, n'ont pas à trembler pour leurs enfants. Les jeunes concurrents sont en quatre jours préparés, re-lookés pour séduire et plaire au plus grand nombre et attirer les sponsors. Ainsi  par exemple lorsque Katniss sera blessée, recevra t'elle via un petit hélicoptère téléguidé, une pommade miracle qui cicatrisera sa plaie en une nuit.

    Parmi les concurrents il y a de sacrées taches et même des tueurs nés auxquels on ne s'attache nullement et qu'on est pas fâché de voir disparaître. Et à ce titre, le film démontre bien la banalisation des ces émissions de télé réalité où l'humiliation permanente fait partie du "jeu". Sauf que là, le jeu se termine par une mise à mort. Et franchement tout est bon pour anéantir son nouvel ennemi : les flèches, les hâches, les pierres. Il y a des enfants, une petite fille, un petit garçon qui doivent survivre dans la jungle, se battre, combattre, chercher de la nourriture... et là, je me demande à qui ce film est destiné ? En arriverons-nous à cette société qui met ses enfants en première ligne pour perdure ? ça fiche vraiment les miquettes. (Et oui, sur cette terre, seule la souffrance des enfants et de mon chéri me tord les boyaux !) Alors au bout d'un moment, j'ai décidé de ne plus voir qu'un film et de ne plus me préoccuper que de la survie de l'héroïne Katniss, dont on ne doute pas un instant mais quand même il n'est pas interdit de trembler ! C'est ce qui fait défaut au film d'ailleurs. On ne tremble pas suffisamment pour elle même si ce qu'elle et ses accolytes vivent est inommable. Mais Katniss est tellement astucieuse, intelligente et combattive ! Et puis, elle se bat pour retrouver sa petite soeur, trop faible, trop jeune, trop petite et trop fragile pour survivre dans le district auprès d'une mère dépressive depuis la mort du papa.

    La première partie est interminable et pas très réussie. La vision futuriste d'un pays déshumanisé et de ses habitants superficiels et sûrs de leur bon droit finit par lasser. Les districts post-apocalypses sont beaucoup mieux rendus. Le film prend tout son élan et commence réellement au bout d'une heure quand les jeunes gens sont lancés dans le jeu sordide et sanguinaire.

    Les acteurs sont des caricatures d'êtres humains. Dans la grande ville Capitole, le Président c'est (RIP) Donald Sutherland, l'animateur de l'émission Stanley Stucci (lui qui me suivait partout au Musée Guggenheim de Venise, mais c'est une autre histoire) au sourire impitoyablement abruti. Woody Harrelson se ridiculise une fois de plus avec un rôle de cabot excessif. En ex-vainqueur de l'Hunger Game 25 ans plus tôt, devenu alcoolique, il est comme souvent en roue libre, et même pas drôle.Parmi les concurrents très fadasses, à part une petite Rue (Amandla Stenberg) magnifique et émouvante... notre chère Katniss est bien bien seule. Il faut dire que c'est l'admirable Jennifer Lawrence qui lui prête son visage parfait, sa beauté, sa fougue, sa détermination et son intelligence. Ce n'est pas la première fois qu'elle doit mettre sa vie en péril pour sauver sa famille. Elle fait ça admirablement bien, comme une grande.
    La suite je vous prie...

  • A L'AVEUGLE de Xavier Palud **

    A l'aveugle : photo Xavier PaludA l'aveugle : photo Xavier Palud

    Une jeune femme se fait assassiner et découper en quinze morceaux chez elle sans la moindre trace d'effraction. Un autre meurtre au procédé très différent mais tout aussi spectaculaire est perpétré, suivi d'un troisième... Alerte générale au 36, le commandant Lassalle aidé de son lieutenant, la jeune et charmante Héloïse qui en pince pour lui, sont sur le coup. Rapidement un accordeur de pianos, Narvik est suspecté. Mais il est aveugle et du coup, cela devient peu vraisemblable qu'il ait commis ces horreurs étant donné la complexité des modes opératoires.

    Polar nerveux et efficace et pub non dissimulée pour la Ford Focus (paiement en espèces merci) ce film ne renouvelle le genre en aucune façon mais au moins offre la possibilité de passer 1 h 34 pied au plancher sans une seconde d'ennui. Tout le monde connaît l'assassin pratiquement dès le début, les spectateurs, les flics et même les instances supérieures qui semblent avoir intérêt à étouffer les affaires. Le truc est de savoir comment ce brave Lassalle va bien pouvoir s'y prendre pour coincer le coupable avec qui se noue une étrange relation de confiance et comment contrer sa hiérarchie.

    Mais la cerise sur le gâteau d'une intrigue sans grande surprise, c'est Jacques Gamblin et son interprétation nonchalante de ce flic usé et brisé par un drame personnel. Avec sa tignasse poivre et sel très seyante, sa barbe de trois jours so sexy, ses costumes gris souris assortis à son humeur, ses conversations avec son chien, il est à la fois flegmatique et insolent quand il balance ses répliques et donne finalement un ton humoristique à une histoire très sombre. On rit donc beaucoup malgré les cadavres. Mélange du Mel Gibson suicidaire de L'Arme Fatale et du Bruce Willis solitaire des Die Hard, il est LA raison essentielle de voir ce film fort plaisant par ailleurs.

  • CLOCLO de Florent Emilio Siri **

     Cloclo : photo Florent Emilio Siri, Jérémie RenierCloclo : photo Florent Emilio Siri, Jérémie Renier Cloclo : photo Florent Emilio Siri, Jérémie Renier

    Cloclo : photo Florent Emilio Siri, Jérémie Renier

    Claude François, son enfance, sa vie, son oeuvre et son explosion en plein vol !

    Les biopics (« biographical motion true picture »), fictions centrées sur la biographie d'un personnage ayant existé (dixit wiki), on aime ou on n'aime pas. Moi j'aime, c'est mon côté "Voici"-pipole-midinette. Et pourtant, rares sont les grands films qui émergent du genre. Celui-ci ne fait pas exception à la règle et je commencerai par évoquer ce qui ne va pas.

    Je suppose qu'en allant voir un film qui évoque Cloclo, j'ai envie de TOUT savoir sans avoir à lire la biographie non autorisée d'une Clodette ou celle d'un des fils qui n'étaient que des bambins quand leur papa-star est mort, bêtement. Mais franchement, l'évocaton de l'enfance de Claude François à Ismaïlia en Egypte est ratée. Si ce n'est le rôle du père tenu par le toujours étonnant Marc Barbé, ici séduisant et impitoyable "contrôleur du traffic sur le Canal de Suez" qui prévoit pour son fils une belle carrière sur le Canal. L'histoire,  Nasser et les dons du gamin en décideront autrement.

    Tout artiste "biopicqué" se doit d'avoir à combattre un traumas d'enfance. Ici notre Cloclo est élevé à la dure par un père despote qui le reniera quand il choisira la carrière de saltimbanque et une mère sur-protectrice et omni-présente donc pénible. La rencontre avec le père ne se fera jamais. Le gosse qui joue Cloclo enfant est une têtaclaques et Jérémie Rénier qui apparaît dès l'adolescence un peu trop vieux pour paraître 17 ans. Après une demi-heure assez ennuyeuse, Cloclo débarque à Monaco. C'est la misère et il se fait vaguement repérer pour ses talents de batteur. Il "monte" à Paris et après quelques échecs retentissants dont son premier 45 T, le franco-arabe "Nabbout twist" il rencontre Paul Lederman qui devient son impresario et là le film prend une tournure franchement risible. L'apparition de Benoît Magimel boursouflé, moumoute de caniche, accent pied noir mixé avec le parler wesh-wesh des banlieues, interprétation/imitation de Robert de Niro dans le Parrain et Casino est à mourir de rire. Allez je ne résiste pas, je vous mets une petite photo. Pour l'entendre appeler Cloclo "fils" en lui tapotant l'épaule et le voir bouger il faut aller voir le film :

    Est-ce que tenter de se rapprocher du physique du vrai Lederman peut nuire ou profiter au film ? Je ne pense pas. D'ailleurs, qui connaît le physique de Paul Lederman dans la vraie vie (sans vouloir faire offense) ? L'acteur qui interprète Frank Sinatra lui ressemble autant que moi à Bernadette Soubirous et ça ne gêne personne. Là, j'ai bien cru que le film ne s'en relèverait pas, d'autant qu'à ce moment Cloclo himself devient un peu chef de clan. Avec l'argent qui s'accumule, il achète le fameux moulin en ruine de Dannemois qu'il restaure et y installe la famille et les amis qu'il dirige en patriarche.

    Et puis, ça s'arrange. On découvre Cloclo complètement imprégné de son éducation rigide, autoritaire, colérique, jaloux, maniaque, lunatique, capricieux. Il enfermait sa première femme à clé dans son appartement lorsqu'il avait un rendez-vous. Il a quitté son amour France Gall sur un simple coup de fil le soir où elle remporte le Grand Prix Eurovision, craignant trop qu'elle lui fasse de l'ombre. Il a caché la naissance de son second enfant pendant des années. Il prétendait que c'était pour le protéger du "grand barnum" et sa femme de l'époque pensait plutôt qu'être père de famille était moins glamour  aux yeux du public ! En plein milieu d'une chanson il pouvait se retourner sur un musicien et lui balancer "fausse note, t'es viré". Il enregistrait des "mémos" avec les idées qui lui passaient par la tête mais aussi pour donner ses consignes et ses ordres à tout son entourage. Bref, un type infernal, difficile à suivre et dont on a pas trop envie d'être le copain.

    Mais sur le plan professionnel, il a su surfer sur les vagues, s'imposer en pleine "yéyé mania", s'adapter au disco et revenir au top lorsque sa côte chutait. Quitte à simuler un malaise cardiaque en plein concert avec l'accord de Paul Lederman. Il devient un véritable business-man, fonde sa maison de disques, reprend un magazine pour les jeunes, puis un magazine de charme, crée son agence de mannequins. Une vie lancée à 200 à l'heure et des shows frénétiques, étincellants sur des rythmes et aux chorégraphies endiablés. Il impose des danseuses noires à la télévision française, gère son image avec application et écrit la chanson la plus connue au monde "Comme d'habitude". Elle deviendra "My way" dans la bouche de  Frank Sinatra son idole de toujours qu'il n'osera même pas aborder alors qu'ils sont dans le même hôtel. Il semblerait que Cloclo ait toujours souffert du complexe Frank Sinatra. Il se serait rêvé en crooner alors qu'il a selon ses propres mots "une voix de canard".

    Voilà, je vous parle beaucoup de Cloclo et peu du film. Il faut dire que c'est un biopic... Donc ça raconte, ça raconte. Il y a néanmoins de véritables moments de grâce. Notamment lorsque Cloclo rencontre ses fans. Apparemment ce sont les seules personnes de son entourage qui n'aient jamais eu à se plaindre de son tempérament impossible. Elles dormaient sur le palier de son appartement parisien (parfois il en cueillait une qui passait la nuit avec lui), l'attendaient devant chez lui. Il sortait et les laissait  lui parler, le toucher (mais attention à ses cheveux quand même), l'embrasser. Il connaissait le prénom des plus assidues. La scène où il descend la rue au volant de sa voiture avec les fans qui l'accompagnent sur le trottoir est un magnifique plan séquence. Celle où il découvre comme un enfant que la star Sinatra chante sa chanson est particulièrement émouvante également. Et du coup, le film manque de ces moments plus forts et touchants.

    Evidemment qui d'autre que Jérémie Rénier pouvait incarner Claude François puisqu'il lui ressemble déjà tant naturellement ? L'acteur s'est appliqué pour les chorégraphies, s'est mis du rimmel sur les cils, de la laque dans les cheveux mais il apporte en plus une touche particulièrement sensible et émouvante. Quand il se montre odieux avec ses partenaires et qu'il vient implorer le pardon, il est irrésistible. Il a donc réussi à trouver et à maintenir l'équilibre ou le déséquilibre entre le personnage antipathique et l'homme qui se disait mal-aimé. Une belle performance impressionnante qui donne parfois l'impression que Cloclo lui-même est revenu d'outre-tombe pour tourner le film. Mais du coupnles acteurs autour sont relativement inexistants.

  • AU PAYS DU SANG ET DU MIEL de Angelina Jolie **

     Au Pays du Sang et du Miel : photoAu Pays du Sang et du Miel : photoAu Pays du Sang et du Miel : photo

    Ajla est peintre, bosniaque et musulmane, Danijel est policier et serbe. Ils s'aiment mais un soir où ils se retrouvent en boîte, une bombe explose. La folie guerrière s'empare des deux camps et le pays est ravagé. Rapidement Ajla est faite prisonnière et retenue avec d'autres femmes dans une espèce de caserne dirigée par Danijel devenu soldat. Le plus longtemps possible il va tenter de la protéger, de la faire évader. Leur relation devient presque contre nature tant les deux camps semblent irréconciliables et absolument équivoque tant chacun semble ne pouvoir ni trahir les siens ni renoncer à l'autre.

    Si on faisait un "blind test" lorsqu'on va voir des films (c'est-à-dire sans connaître le nom du réalisateur), il serait difficile d'imaginer que celui-ci a été réalisé par une femme (quoique...) et moins encore par Angelina Jolie. Je n'ai jamais mis en doute son engagement que je trouve sincère et courageux mais pas de là à faire un film de guerre aussi violent. Je le trouve bien plus fort, honnête et audacieux que la Bigelowterie qui avait autant enflammé hollywood que les cinéphiles (mais pas moi).

    Le point de vue d'une femme sur un conflit aussi stupide (si tant est qu'il n'y en ait d'intelligent !) me semble tout à fait inédit. Il ne s'agit en aucun cas d'une énième vision mâle gonflée à la testostérone mais en grande partie du traitement réservé aux femmes durant les guerres. C'est d'ailleurs après cette guerre, au début des années 90 que le viol a été reconnu comme un crime de guerre ! La réalisatrice n'y va pas par quatre chemins et affronte avec beaucoup de force les scènes de combats. Elles sont d'ailleurs une des grandes réussites du film. Les "rafles" où les habitants sont forcés par les soldats avec une violence incroyable de quitter leurs logements rappellent celles perpétrées contre les juifs pendant la seconde guerre mondiale. C'est lors de ces rafles que les femmes sont choisies arbitrairement pour servir de bonnes à tout faire et d'esclaves sexuelles aux soldats. Ce film montre des abominations dont on se doute mais qu'on a jamais vues dans aucun film. La première heure est à ce titre tout à fait saisissante voire parfois insoutenable. C'est dans les scènes d'action les plus violentes que la réalisatrice fait preuve d'une maîtrise époustouflante. Le calvaire vécu par les femmes, et bien que les viols ne soient pas systématiquement soulignés en images, devient oppressant. La pire scène jamais vues est sans doute celle où des femmes sont désignées pour accompagner les militaires en forêt. Elles ne connaissent évidemment pas leur destination et les spectateurs non plus. Il s'agit en fait pour elles de servir de bouclier humain lors d'une mission. Comment de telles monstruosités peuvent-elles germer dans un esprit ?

    Dans la seconde partie, Angie perd un peu le fil de son histoire et surtout la force de son propos en se concentrant sur la relation entre Ajla et Danijel qui est devenue un peu artificielle puisqu'il réussit à la maintenir prisonnière dans une pièce où elle vit sa captivité de façon relativement privilégiée au su et au vu de tous les autres militaires. La situation semble pour le moins irréaliste ! Cela donne lieu à des scènes de sexe (ratées) et à un lien qui nous échappe souvent entre la prisonnière et son bourreau. Ajla est-elle consentante ? Joue t'elle un double jeu ? Son instinct de survie lui dicte t'elle sa conduite ? Aime t'elle cet homme ? Il faut reconnaître qu'on y perd souvent son latin et qu'on ne la comprend pas toujours voire plus du tout.

    Cela dit, Angelina Jolie a l'intelligence et nous surprend une dernière fois lors de son épilogue audacieux et puissant qui a raison de tous les doutes et hésitations.

    Quant au titre, il trouve sa signification dans le terme balkan où se situe l'actIon. "Bal" signifie "miel" et "kan" signfie "sang" en turc. Dernières particularités, le film a été tourné dans la langue du pays et sans stars (même si Bradounet fait une apparition furtive... mais il faut être très attentif).

  • MARTHA MARCY MAY MARLENE de Sean Durkin **

    Martha Marcy May Marlene : photo John Hawkes, Sean DurkinMartha Marcy May Marlene : photo Elizabeth Olsen, John Hawkes, Sean DurkinMartha Marcy May Marlene : photo Sean Durkin

    Martha s'échappe d'une ferme où elle vivait depuis deux ans dans une communauté aux gentilles allures hippies. Au premier abord tout le monde semble effectivement "heureux" et consentant à l'intérieur de cette ferme autogérée où tous les membres participent en alternance à tous les travaux. Il s'agit en fait d'une secte dont le leader Patrick, calme, tendre et charismatique asservit tous les locataires. Martha réussit à joindre sa soeur Lucy qui la recueille sans hésiter. La jeune femme fait des efforts considérables pour tenter de se réinsérer et se rétablir moralement mais ce qu'elle a vécu la hante et la perturbe de plus en plus.

    Par bribes nous découvrirons la face cachée de ce Patrick et la façon dont il anéantit la personnalité des jeunes filles forcément fragiles qu'il accueille. Un repas par jour, l'obligation de passer par son lit, cette ordure leur écrit des chansons, leur assure que chacune est sa préférée et leur assène un discours sur l'amour et la tolérance à gerber. Il leur affirme que leur prénom ne leur convient pas. C'est ainsi que Martha devient Marcy May puis Marlène selon le bon vouloir de Patrick. Il les rend dépendantes au point qu'elles ne peuvent plus rien décider seules. Elles sont littéralement parquées la nuit dans une seule et même pièce ou elles partagent les matelas déposés à même le sol. Parfois les rares garçons de la secte viennent les rejoindre et Patrick assiste à leurs ébats. Ambiance.

    Martha ne parvient pas à révéler à sa soeur ce qu'elle a vécu et s'enferme progressivement dans une paranoïa où elle ne distingue plus la réalité de ses cauchemars. Malgré sa bonne volonté, la soeur finit par ne plus pouvoir "gérer" Martha qui devient imprévisible, parfois agressive et incapable d'agir sans demander la permission. Le beau visage d'Elizabeth Olsen est un livre ouvert sur lequel passe toutes les émotions et sensations qu'un être humain peut ressentir jusqu'à la régression. De la confiance d'abord, au doute jusqu'à la terreur.

    PS. : vous savez que je ne suis pas moqueuse pour deux sous mais par contre je suis très généreuse et c'est ainsi que je tiens absolument à vous faire partager un avis sur ce film qui me semble éclaircir bien des zones d'ombre. Si vous ne comprenez pas, hélas je n'ai pas la traduction. Mais vous pouvez trouver l'article entier ICI. Un régal.

    "Petite coquetterie formelle d'autant plus fumeuse qu'elle est peureuse, "Martha Marcy May Marlene" semble finalement engoncé comme son couple dans un certain american way of filmmaking, maniérisme sundancien relevé à la sauce psychologisante."
    Alors vous en dites quoi ? ça en jette non ?
  • OSLO, 31 août de Joachim Trier **

    Oslo, 31 août : photo

     Oslo, 31 août : photo

    En cure de désintoxication, Anders obtient une "permission" afin de se rendre à un entretien d'embauche. Tout au long de la journée, avant et après son rendez-vous, il va faire des rencontres, retrouver des amis, tenter d'en revoir d'autres, contacter un ancien amour, sa soeur, régler des problèmes familiaux, vider la maison des parents... toute une vie en une journée pour se diriger lentement, inéluctablement vers un choix décisif.

    On apprendra peu de choses d'Anders. Et surtout pas comment il est devenu toxicomane. Il ne ressemble pas aux drogués présentés habituellement au cinéma. Il fait partie de la "classe moyenne", il est cultivé et avait un métier. Ce n'est ni un junkie perdu ni un toxico riche et égaré.  Quelques bribes du passé nous le rendront familier. La première scène silencieuse et glaçante le présente armé d'une grande détermination. Lestant ses poches de pierres, il s'avance sans la moindre hésitation dans un étang. Il s'enfonce, disparaît et refait brusquement surface. Il sort de l'eau comme accablé de ne pouvoir lutter contre cet instinct de survie. Cette journée il va donc la vivre et tanguer constamment entre l'espoir et l'abattement. Un téléphone dont il ne peut obtenir que la boîte vocale, un entretien qui va tourner court, le regard des autres tour à tour complices ou accusateurs, une rencontre inespérée... tous les micro événements de ce 31 août vont orienter Anders vers un choix déterminant, définitif mais aussi le faire hésiter.

    Cette lente et douloureuse errance à travers Oslo est entièrement portée par un acteur magnifique d'une tristesse insondable dont le visage s'éclaire à de rares et précieux moments d'un sourire désarmant.

  • LES INFIDELES de Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Eric Lartigau, Michel Hazanavicius, Alexandre Courtès **

    Les Infidèles : photo Alexandre Courtès, Emmanuelle Bercot, Eric Lartigau, Fred Cavayé, Gilles LelloucheLes Infidèles : photo Alexandra Lamy, Alexandre Courtès, Emmanuelle Bercot, Eric Lartigau, Fred CavayéLes Infidèles : photo Alexandre Courtès, Emmanuelle Bercot, Eric Lartigau, Fred Cavayé, Gilles Lellouche

    Le couple est-il synonyme d'infidélité(s) ? Oui répondent en choeur les 7 réalisateurs de ce film à sketches. Mais ce sont ici les hommes qui ont l'adultère et la trahison chevillés au corps. Je reconnais que j'allais un peu à reculons vers ce film car j'en ai vraiment plus qu'assez de la misogynie ambiante au cinéma, de l'image véhiculée sur les femmes (surtout les jeunes) par les réalisateurs avec la complicité des filles elles-mêmes tellement préoccupées par leur apparence et j'en passe (on n'est pas à un congrès du MLF). Mais contrairement à ce que j'imaginais et malgré les lourdeurs, les caricatures, j'ai ri et même souvent. Et il ne s'agit pas uniquement ici de rire DE, mais de rire AVEC. Bien sûr la plupart du temps, la caricature extrême fait plonger les hommes dans un ridicule sans fonds mais franchement, c'est parfois pas mal observé surtout lorsque ces chers machos se prennent pour des séducteurs irrésistibles. On sait de tout temps qu'un homme qui multiplie les conquêtes est un Don Juan, un tombeur, un bourreau des coeurs et qu'une femme atteinte du même symptome de conquérante est une salope, une nymphomane. C'est comme ça ! Qu'à cela ne tienne, je devais être de bonne humeur car je n'ai pas éprouvé ce sentiment de déséquilibre. Et si les hommes sont ici risibles et consternants dans leur addiction, j'ai trouvé que les femmes réagissaient plutôt avec fermeté à leurs petites bassesses et autres tromperies.

    Comme tout film à sketches il est forcément inégal. Le tort dans ce genre d'entreprise est de se réclamer forcément et systématiquement de Dino Risi et de ses Monstres ou d'Ettore Scola. Car si je tiens Jean Dujardin pour un merveilleux acteur, est-ce que Gilles Lellouche peut se réclamer de Vittorio Gassman, de Nino Manfredi ou Ugo Tognazzi ? Faut pas pousser mémère et je compte parmi mes films cultes "Nous nous sommes tant aimés" qui me fait toujours fondre en larmes de bonheur. Je n'imagine pas que ce film ci puisse devenir culte malgré de vraiment bons moments et même un sommet !

    La partie Manu Payet addict aux femmes du troisième âge coquines et S.M. ne m'a nullement convaincue ni même tiré un sourire compte tenu de la chute du sketche. Et puis Manu Payet... bon passons ! L'épilogue à Las Vegas tourne à la grosse poilade et au big porte nawak où il n'y a plus que les acteurs qui s'amusent. Gilles Lellouche aux urgences, "coincés" à l'intérieur d'une fille est l'apothéose de la bêtise et de la vulgarité. Ce qui fait quand même un score de 3 sketches qui sont d'après moi ratés.

    Il reste la virée pathétique des deux amis qui bien que mariés et père de famille pour l'un ne peuvent s'abstenir de sortir chaque nuit et de se retrouver immanquablement le matin, à l'heure où les "balayeurs sont plein de balais", plutôt insatisfaits. La vacuité de leurs bordées régulières démontrent comme jamais à quel point la chair peut être triste et "l'ennui désolé par de cruels espoirs". Mufles de façon extraordinaire ils parlent constamment de leurs légitimes à leurs conquêtes d'un soir.Le séminaire plus vrai que nature d'une entreprise dans un hôtel*** où Jean Dujardin, le sourcil épais, le bide flasque tente en vain jusqu'au petit jour de trouver une femme pour passer la nuit avec lui. Ses tentatives grotesques pour séduire, être drôle le conduiront à se comporter en gamin avec une collègue gentille et très patiente qu'il a quelques heures plus tôt insulter  sont navrantes. Et Jean Dujardin n'a pas son pareil pour jouer les abrutis sans avoir l'air de forcer. La liaison qui finit par le dépasser d'un dentiste bientôt quarantenaire et d'une jeunette de 19 ans qui refuse de se laisser soumettre. L'épisode des "Infidèles anonymes" qui réunit tous les participants de chaque sketche avec Sandrine Kiberlain (tordante et excellente) en animatrice autoritaire de ces "malades" dont Guillaume Canet, hilarant et fayot qui en est à sa 8ème tentative de désyntox.

    Et surtout, surtout, et sans vouloir être rabat-joie, l'épisode intitulé "La question", le seul réalisé par une femme, Emmanuelle Bercot est de loin le meilleur. Il n'est pas seulement le meilleur à l'intérieur du film mais vraiment d'une qualité exceptionnelle. Un couple rentre chez lui après une soirée chez un couple d'amis dont l'homme, infidèle compulsif, évoque ses conquêtes à voix basse pendant que sa femme s'affaire en cuisine. Devant la muflerie de cette attitude Alex... euh Lisa demande à son Jeannot de se parler franchement dès leur retour à la maison. Elle l'assure que leurs 15 ans de vie commune auront raison d'un coup de griffe dans le contrat, d'autant que le temps a sûrement passé sur cette incartade. Mauvaise idée. Et c'est à un véritable "Qui a peur de Virginia Woolf" auquel on assiste. Et si le propos est particulièrement bien observé (la femme dit "qu'est-ce qu'elle avait de plus que moi ?" et l'homme "il baisait mieux que moi ?") et filmé, les deux acteurs en présence : Notre Loulou et Notre Chouchou sont absolument prodigieux et je pèse mes mots. Alexandra Lamy merveilleuse, profonde et intelligente se décompose littéralement sous nos yeux. Et Notre Jeannot beau comme jamais fait preuve d'une mauvaise foi (ça, on a l'habitude) et d'une violence dont on ne l'imaginait pas capable. La complicité, le timing du couple font une fois encore, comme au temps d'Un gars une fille, vraiment des merveilles dans un registre tout à fait inédit.