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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 43

  • LE DISCOURS D'UN ROI de Tom Hooper **

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    Le papa de l'actuelle Reine d'Angleterre Elisabeth II s'appelait Albert, Bertie pour les intimes. Il n'avait pas du tout envie d'être roi. Il était officier de marine et entendait bien rester dans l'ombre de son grand frère qui devint le roi Edouard VIII à la mort de leur papa George V. Mais Doudou VIII était fou amoureux d'une pas grand chose roturière qui avait beaucoup pêché, ce qui ne se fait pas. Ah non. Doudou choisit donc l'amour et abdique. C'est ainsi que Bertie devient roi sous le doux pseudo de George VI en mémoire de papa. En fait, j'ai compris, les rois c'est comme les papes, ils peuvent choisir le prénom qu'ils veulent et après ils mettent le numéro qui suit le précédent. Enfantin. Bon.

    George est un bon soldat, il veut faire tout bien comme lui impose sa lourde charge mais nous sommes à la fin des années 30, Hitler commence à répandre sa haine et à faire entendre ses bruits de bottes un peu partout mais SURTOUT Georgie/Bertie a un big maousse problème : il est bébébébègue et c'est bien gênant car en cette ère moderne, les dirigeants des pays ont de plus en plus recourt à la radio pour parler aux ouailles. Secondé par sa femme la délicieuse future Reine mère Elisabeth et pour trouver un remède à son mal, George VI consulte des tas de rebouteux et charlatans dont un qui lui recommande de fumer beaucoup en aspirant bien la fumée, ça détend le larynx !!! C'est assez "comique" quand on sait que George VI est mort d'un cancer du poumon. Jusqu'au jour où Bertie atterrit dans le cabinet de Lionel Logue un australien spécialiste des problèmes d'élocution aux méthodes originales et inédites. Après une période de réticence puis d'adaptation, les deux hommes vont devenir amis et le rester toute leur vie et réussir au prix d'exercices parfois farfelus à venir à bout du bégaiement de Sa Majesté.

    C'est une bien belle histoire, joliment contée dans de somptueux décors et de biens beaux costumes. Mais est-ce volontaire de nous montrer la royauté comme un camp retranché, totalement déconnecté de l'extérieur et de la réalité ? J'ai bien compris que le thème du film était centré sur le handicap du roi à combattre et à surmonter, mais fallait-il pour autant reléguer le contexte historique au second plan et rendre le peuple totalement invisible voire inexistant ? Cet aspect du film m'a gênée, ainsi que la psychologie à deux sous qui explique tout dans les marcs de café et les couches culottes : Bertie est un gaucher contrarié, une nounou a été très vilaine avec lui et son frère se moquait de son bégaiement... Au secours !!! Cela dit, il y a d'excellentes choses qui permettent de ne pas s'ennuyer, mais sans plus. Il n'y a pas la flamme, la fièvre et l'émotion attendues. Comme disait Roxane à Christian "vous m'offrez du brouet quand j'espérais des crèmes".

    Les meilleures scènes nous les devons au trio de tête. Helena Bonham Carter est parfaite en épouse amoureuse, attentive, à la patience inépuisable. Cette actrice porte le costume d'époque comme aucune autre et contrairement à ce que tous ses derniers rôles de sorcières laissaient supposer, est capable de beaucoup de classe et de distinction. Geoffrey Rush est plus que parfait en professeur volontiers familier qui ne connaît rien aux usages de la cour et rudoie vertement son vénérable élève. Et puis il y a Colin The Firth si beau, si charmant, si élégant, si touchant, si fragile et un peu raide dans ses beaux costumes dont on rêverait qu'il déboutonne un peu le col !!! Le voir et l'entendre faire ses exercices et fuck fucker royalement est un bonheur.

    La cherry on the cake est évidemment l'humour so british, so délicious. De nombreuses répliques sont de petits joyaux. Lorsque Logue dit à son élève qu'il a encore un peu buté sur certains mots lors d'un discours, le Roi répond : "il le fallait, pour qu'ils me reconnaissent". Lorsque la Reine explique à son chéri qu'elle a par deux fois refusé de l'épouser car elle ne voulait pas vivre les fastes et le protocole de la cour, puis qu'elle a fini par accepter car elle a pensé "il bégaie si bien, il ne sera jamais Roi". J'adore.

  • BEYOND de Pernilla August **

    Festival International du Premier Film d'Annonay 2011

    Film en compétition - Suède

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    Leena semble heureuse avec son mari et ses deux filles jusqu'au jour où par un coup de téléphone elle apprend que sa mère mourante dans un hôpital à 600 kms de là souhaite revoir sa fille avant de mourir. Ni le mari ni les enfants de Leena n'étaient au courant de l'existence de cette mère qui refait surface brusquement. Poussée par son mari, elle entreprend avec sa famille le voyage qui la ramène vers cette mère qu'elle avait choisi d'écarter de sa vie. Sur la route, tout le passé et surtout l'enfance de Leena ressurgissent. Elle se souvient de chaque détail dont aucun ne nous est épargné également.

    Emigrés de Finlande en Suède les parents de Leena n'ont jamais réellement réussi à s'intégrer. Surtout le père qui peine à trouver du travail, à apprendre la langue et sombre peu à peu dans l'alcoolisme et la violence, rendant la vie pour Leena, sa mère qui elle aussi se met à boire, et son petit frère parfaitement infernale. La petite fille est un véritable petit soldat increvable, contrainte de relever ses parents qui parfois baignent dans leur merde ou leur vomis, poussée à devenir une championne de natation pour faire plaisir à papa et maman, mais surtout obligée de protéger son fragile petit frère dont elle est le seul rempart face à la violence croissante. Les subterfuges qu'elle utilise pour tenter de l'isoler des cris et des coups sont admirables. On ne cesse de trembler deux heures durant pour ces deux enfants, pétrifiés d'attendre quand la violence va finir par finalement se retourner contre eux... mais on a du mal à comprendre l'intérêt et le but d'un tel film, d'une telle histoire, sorte de Ken Loach misérabiliste puissance 10 (pour vous donner une idée).

    La petite fille Tehilla Blad, port de reine sur un corps de fillette, saisissante de bout en bout, porte ce film très très lourd sur ces délicates épaules. Elle est LA raison essentielle de se pencher vertigineusement sur ce "Beyond".

    Ci-dessous mes photos et vidéos de la rencontre qui a suivi la projection en présence de la petite Tehilla mais aussi de l'actrice suédoise Outi Mäenpää (sans oublier le show de Monsieur et Madame Zi Artistik (la meilleure traductrice que le festival ait portée)) :

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  • CONTRACORRIENTE de Javier Fuentes-Leon **

    Festival International du Premier Film d'Annonay 2011

    Film en compétition - Pérou

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    A Cabo Blanco, petit village de pêcheurs péruvien les traditions religieuses imprègnent la vie des habitants. Miguel a une vie bien réglée entre son travail, sa femme Mariela qui va bientôt accoucher et les parties de cartes avec ses copains au café sur la plage. Miguel a aussi un secret inavouable : il entretient une relation homosexuelle avec Santiago qui non seulement est marginal de par sa profession de peintre et photographe mais qui en plus boude la religion. Les deux hommes s'aiment en cachette et se retrouvent régulièrement dans une petite crique paradisiaque où ils peuvent vivre leur relation passionnée à l'abri des regards. Mais Santiago lassé de se cacher et d'assister au bonheur de Miguel qui sera prochainement papa, envisage de partir...

    Difficile de parler de ce film au thème ambitieux voire courageux sans rien révéler d'autant qu'une ambigüité au début du film (que j'espère lever lorsque le réalisateur sera là) m'a empêchée d'entrer en empathie avec Miguel et même de croire à la sincérité de son amour pour Santiago.

    Néanmoins ce film interroge à plus d'un titre : comment des hommes peuvent-ils vivre leur homosexualité dans une société aussi machiste, traditionnaliste, supersticieuse et bigote où chacun est averti des moindres faits et gestes de son voisin ? Comment respecter ses engagements, être honnête envers les siens sans trahir ses sentiments ?

    Les paysages sublimes, la beauté de Santiago, la profondeur des sentiments, la beauté de Santiago, la simplicité de la vie des villageois, la beauté de Santiago, la part de mystère et de trouble distillée par l'arrivée d'un fantôme, la beauté de Santiago... sont les atouts indéniables et non négligeables de ce film.*

    *Vous ai-je mentionné la beauté de Santiago (Manolo Cardona) ? Caliente no ? Si !

     

  • LES CHEMINS DE LA LIBERTE de Peter Weir **

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    En 1940 dans un camp de détention au coeur de la Sibérie sont entassés dans des conditions désespérantes, des russes, des polonais, des lituaniens, un américain, des opposants politiques, de simples citoyens qui se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, des condamnés de droit commun. Profitant d'une tempête, une poignée d'hommes s'échappent mais pour survivre et rejoindre (s'ils en trouvent) un pays plus accueillant, ils n'ont d'autre choix que d'entamer un périple à pieds qui les conduira sur plus de 10 000 kilomètres de la Sibérie en Inde...

    Ces hommes, puis plus tard une jeune fille elle aussi échappée d'un camp qui les rejoindra, passeront de l'enfer du bagne à celui des éléments naturels qu'ils soient climatiques, géographiques ou humains. Et rien ne nous est épargné des souffrances et épreuves endurées par ces quasi sur-hommes qui sans se poser la moindre question (et c'est ce qui est un peu gênant parfois) avancent sans jamais se décourager. Des moins 40 de la Sibérie, aux moustiques du lac Baïkal, de la fournaise du désert de Gobi, au franchissement de l'Himalaya, la faim, la peur, le froid, la chaleur, rien ne les arrêtera jamais.

    Dans des décors naturels absolument démentiels de beauté impitoyable et inhospitalière, Peter Weir fait progresser son petit groupe de survivants mais il n'instille à leur épopée phénoménale ni suspens, ni enjeu, ni émotion. Les acteurs, tous parfaits n'y sont pour rien. Et pourtant lorsque certains personnages disparaissent, et non des moindres, les yeux restent secs.

    On est loin de la belle surprise de "The Truman Show" et du lyrisme bouillonnant de "Master et Commander" (un de mes films chouchous de tous les temps !) pour ne citer que ces deux films du réalisateur. Ces chemins de la liberté auraient dû être un GRAND film, mais hélas, il ne ravira pas la place du "Pont de la rivière Kwaï" ou de "La grande évasion" au rang des films d'emprisonnement et d'évasion. Dommage et surprenant.

  • LE QUATTRO VOLTE de Michelangelo Frammartino **

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    De nos jours en Calabre, le réalisateur pose sa caméra attentive et admirative et observe. A quatre reprises, les quatre fois du titre, il nous donne à voir, à contempler, à réfléchir, à nous émouvoir ou à sourire. Un vieil homme malade emmène chaque jour son troupeau de chèvres dans des pâturages en altitude, accompagné de son chien forcément fidèle. On assiste au rituel quotidien de son coucher, à sa solitude déchirante et à son agonie. Un chevreau naît, s'égare et se refugie au pied d'un arbre majestueux qui sera abattu. Ce "sacrifice" donnera lieu à une fête villageoise puisque de l'utilisation de ses cendres résultera le charbon de bois permettant au village de se chauffer...

    C'est beau, c'est très beau, c'est même prodigieusement magnifique, bouleversant lorsque le vieil homme s'éteint, amusant quand le chien parvient à faire dévaler une camionnette en retirant la pierre qui la bloquait, émouvant lorsque le chevreau se perd, triste quand l'arbre est abattu, surprenant lorsque le charbon de bois est "fabriqué"... Sans le moindre dialogue et sans musique, le réalisateur nous offre un cinéma à la fois rigoureux et lyrique, forcément différent dans sa radicalité. Sans aucun doute, possède t'il une âme faite de sons, de sensations humaines, animales, végétales, minérales et on ne peut que saluer et battre des mains devant un cinéma  tellement à part. Mais peut-être aussi faut-il s'assurer de ne pas perdre en chemin le pauvre spectateur (dont je suis) habitué à ce qu'on lui raconte des histoires. En effet, les intentions et le propos du réalisateur sont loin de m'être toujours apparus limpides et je doute que dans son exigence manifeste il ait voulu se contenter de nous montrer de somptueuses images.

  • RENDEZ-VOUS L'ETE PROCHAIN de Philip Seymour Hoffman **

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    Tous les new-yorkais ne sont pas des intellectuels névrosés qui ont un appartement avec vue sur Central Park. Il existe aussi une "middle class" qui trime et galère à trouver l'âme soeur. C'est de ces "petites gens" pas trop beaux, pas trop glamour dont il est question ici. Jack est comme son ami Clyde, chauffeur de limousine mais alors que Clyde est marié et amoureux de sa femme Lucy, Jack, timide et mal dans sa peau vit solitaire et sans amour. Clyde va lui faire rencontrer Connie, une beauté un peu abîmée par la vie aussi peu sûre d'elle que Jack.

    Ce film est à l'image de son acteur/réalisateur : différent, et j'aurais aimé l'aimer à la folie... et je n'en étais pas loin. Philip Seymour Hoffman, acteur IMMENSE a quelque chose en plus que beaucoup d'autres n'ont pas, en plus de son talent infini. Ce doit être ça le charme ou le charisme. Comment fait-il, avec le physique qu'il a, à des années lumières des canons hollywoodiens ou des critètres de beauté, avec ses cheveux jaune filasses, ses tâches de rousseur, son embonpoint, sa peau qui rougit s'il fait chaud ou s'il fait froid, pour être aussi charmant et séduisant ? Il se dégage de lui douceur, bienveillance, humanité, générosité et évidemment infiniment de fragilité. Toutes ces caractéristiques dans le même bonhomme le rendent extrêmement attachant et, ainsi que lui révèlera Connie, sexy. Ce type, cet acteur et ce personnage ont l'air touchés par la grâce et c'est ce qui fait en grande partie l'intérêt de ce film doux comme une caresse, prometteur comme un rêve pour certains mais cruel pour d'autres. En effet, à mesure que le couple Jack/Connie apprend à se connaître, celui formé par Clyde et Lucie va peu à peu se lézarder. Les révélations longtemps tues, les trahisons qu'on ne peut pardonner vont progressivement devenir insurmontables, insupportables et les mener à la rupture. Jack et Connie en observateurs attentifs et terrifiés par l'avenir vont "profiter" de l'échec qui prend forme sous leurs yeux pour comprendre toutes les erreurs à ne pas commettre.

    En apprenant avec son ami Clyde à nager, à se jeter enfin à l'eau (très belles, drôles et touchantes scènes de piscine), et jusqu'à un dîner qui vire au fiasco total, Jack et Connie vont tenir leur promesse de ce rendez-vous de balade en bateau à Central Park comme base de leur avenir commun. C'est simple, fort, léger et profond comme tous les obstacles que doivent franchir les émotifs anonymes... Amy Ryan et Philip Seymour Hoffman sont adorables !   

  • LES TROIS PROCHAINS JOURS de Paul Haggis **

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    Si l'on ne tient pas compte du fait que son père ne lui adresse plus la parole (pourquoi ??? mysère), on peut assurer que John, sa femme et leur petit garçon mènent une vie tranquille et sans histoire pleine de connivence, d'humour et de tendresse. La preuve : chaque matin, maman Lara fait un auto-portrait avec son APN de la sainte trinité. Sauf que ce matin là, à peine le petit déj' englouti et qu'elle ait eu le temps de détacher son manteau d'une trace de sang... la police de Pittsburg (oui, ça se passe à Pittsburg) fait soudainement irruption dans la maison et arrête brutalement Lara pour le meurtre de sa patronne... Stupeur et abattement chez les Brennan, Lara en prend pour 20 ans et commence à purger sa peine. Au bout de deux ans, elle craque, grave et fait une tentative de suicide. Du coup, John relit "Don Quichotte" et se souvient surtout qu'il est Maximus Decimus Meridius, commandant en chef des armées du nord, général des légions Phoenix, fidèle serviteur du vrai empereur Marc Aurèl, père d'un fils assassiné, époux d'une femme assassinée et qu'il aura sa vengeance dans cette vie ou dans l'autre. Non mais. C'est là que le petit prof de littérature se transforme en machine de guerre prêt à tout et aussi à devenir hors la loi pour sortir sa chérie de prison ! Et il était temps car voir Maximus se faire mettre minable par deux voyous sans broncher, ça énerve !

    Vous l'avez compris, le GRAND intérêt de ce film c'est Russel Crowe, alors si vous faites une allergie, passez votre chemin. Moi j'adore. En plus, le réalisateur nous réserve quelques belles scènes d'action et de poursuites, notamment dans la dernière demi heure qui relancent l'intérêt et provoquent quelques poussées d'adrénaline. Il s'agit donc du remake américain de "Pour elle" de Fred Cavayé. Mais est-ce à cause de l'effet de surprise totalement émoussé (jusqu'ou un homme peut-il aller pour sauver celle qu'il aime ?) ou parce qu'on ne peut imaginer que Russel Crowe puisse perdre, cette copie m'a semblé moins captivante quoique plus musclée que l'original. Et puis, il me semble que le réalisateur français laissait planer le doute quant à la culpabilité de Lara alors que l'américain révèle et explique tout.

    Cela dit, le divertissement reste plaisant et efficace. Deux heures sans la moindre minute d'ennui, et Russel toujours très concerné dès qu'il s'agit de sauver une femme en péril, ce n'est pas rien.

  • MACHETE de Robert Rodriguez **

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    Machete était jadis un agent fédéral aux méthodes ultra violentes. Comme son nom l'indique, il ne travaillait pas à l'arme à feu et n'hésitait pas à sacrifier son partenaire dans la bagarre. Néanmoins il était craint et respecté. Mais à la mort de sa femme, sauvagement assassinée par Torrez un plus tordu que lui et accessoirement grand manitou mexicain de la drogue , il est devenu clandestin au Texas. Il va croiser la route de la très jolie Sartana chargée de contrôler l'immigration, de la très très jolie et très révolutionnaire Luz, du très vilain Booth, homme d'affaires prêt à tout par amour de l'argent, du très pourri Sénateur McLaughlin qui entre autres joyeusetés entend bien faire électrifier la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique aux fins d'éliminer la vermine...

    Robert Rodriguez ne connaît pas le second degré, il est, pied au plancher et ampli poussé au maximum directement au 36ème. On suit ou on ne suit pas mais on ne fait pas beurque à condition évidemment d'avoir le coeur bien accroché. Moi qui suis une nature délicate et fragile, j'ai dû me réfugier plusieurs fois dans les bras du warrior car les têtes se décapitent, le sang gicle, un certain se hara kirise, un autre est crucifié, un autre encore s'évade d'un hopital en utilisant comme corde les intestins d'une victime... et j'en passe et des plus croquignolettes ! Tout cela dans le plus pur style Tarantino/Rodriguez. Les filles sont très belles et souvent dénudées. Les garçons même très moches et très tueurs peuvent se comporter en vrais gentlemen mais aussi en parfaits salauds.

    ça ne rigole pas à la frontière mexicaine et pourtant on rit beaucoup parce que c'est un sacré foutoir auquel on ne comprend pas bien tous les tenants et aboutissants. Mais comme il n'y a pas trois espèces d'hommes dans cet univers, les méchants sont punis et les gentils gagnent. Enfin, je crois.

    C'est donc bel et bien du big porte nawak avec jolie musique latina, quelques ralentis et des acteurs et trices qui s'amusent comme des fous et dans le plus grand sérieux avec leurs armes. Machete ne dit pas trois mots mais agit. Le physique massif de Dany Trejo, éternel second rôle qui emporte ici le premier, ses longs cheveux, sa peau grêlée, son corps tatoué suffisent à créer un personnage dont on s'attend à ce qu'il affirme à la fin "I'll be back".

    Jessica Alba est à croquer, Mme Rodriguez une bombe, Steven Seagal une baleine, et... bonne nouvelle : Robert De Niro peut encore faire du cinéma de façon tout à fait convaincante et crédible. Dommage que le réalisateur n'ait pas raccourci son film d'un petit quart d'heure...

  • PIEDS NUS SUR LES LIMACES de Fabienne Berthaud **

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    Lily est une grande fille sans âge qui est restée une enfant. C'est une herbe un peu folle qui fait des trucs étranges avec les animaux vivants ou morts. Elle vit seule avec sa maman dans une grande maison à la campagne et ça tombe bien, ça arrange tout le monde. Il fait du soleil tout le temps et Lily peut courir pieds nus dans la nature, se baigner nue et porter des robes trop courtes. Mais maman est victime d'un AVC mortel au volant de sa voiture. Lily pourrait vivre seule, elle est adulte, mais en fait non, elle ne peut pas. Alors sa grande soeur Clara, très sage, très gentille et très affectueuse vient la rejoindre chaque weed end avec son mari plutôt conciliant et pas trop con mais qui aime faire l'amour même les jours d'enterrement, ce qui ne se fait pas quand même ! Mais ce n'est pas encore suffisant, Lily qui n'est pas seule dans sa tête, fait des bêtises en dehors du week-end et la personne chargée de s'occuper un peu d'elle (mais pas trop) se lasse rapidement. Lily vient donc vivre en ville (à Paris) chez sa soeur et son beauf qui ont un appartement très moche et très laid et vraiment pas beau du tout. Alors Lily se sent en prison et elle déprime. Sa soeur rêve toute éveillée de la noyer dans l'eau du bain mais ne le fait pas. Lily qui n'a pas tout son kilo s'échappe et traîne dans Paris à la recherche d'un verre d'eau. Alors Clara décide de la ramener dans la grande maison Ricorée à la campagne et comme ça elles pourront se mettre des limaces sur les bras, des poulpes sur la tête, remplir le congélo d'animaux morts, sauter à pieds joints dans l'eau froide sans culotte et en riant comme des sottes !

    Et pourquoi pas créer un business de PantouFFles et confitures pendant qu'on y est ? 

    Trois mecs à qui on hésiterait à donner l'heure au coin d'un bois viennent faire un barbecue merguez. Lily qui a une araignée dans le plafond fabrique un slip en poils de rats à son fiancé et Clara se fait réchauffer par Jean-Pierre Martins. C'est dur parfois le métier d'actrice.

    Que serait ce film sans l'immense talent déployé ici par les deux actrices ? Rien car il est cousu de fil blanc, totalement invraisemblable et le bonheur vraiment trop beau pour être vrai... Mais il faut reconnaître que Ludivine Sagnier est ici parfaitement crédible et convaincante en adulte qui a oublié de grandir dans sa tête. Et on sait gré à la réalisatrice d'avoir su exploiter à ce point la part d'enfance qui demeure en elle. Quant à Diane Kruger, elle est sobre, digne, délicate et protectrice. Un beau rôle.

    Mais le côté "viens poupoule, je suis demeurée mais je vais t'expliquer la vie à toi la sacrifiée qui a toujours fait là où on t'a dit de faire !..." non et non, à d'autres.

    Dernière chose, il faudrait que les réalisateurs et trices se décident un jour à ne pas faire disparaître Jean-Pierre Martins dans les dix premières minutes de leurs films ou aparaître dans les dix dernières. Merci. On tient sans doute là notre Javier Bardem à nous... et qui le connait à part Fred et moi ???

  • QUARTIER LOINTAIN de Sam Garbarski **

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    Thomas se rend dans l'indifférence générale de ses proches (sa femme, ses deux filles) à un Festival de B.D. dont il est un des auteurs invités. Manifestement las de tout, de sa vie, de son métier, en panne d'inspiration pour créer à nouveau, il ne se sent pas plus concerné lorsqu'un lecteur fan lui confie regretter qu'il ait abandonné son personnage vedette. Au retour, il se trompe de train, s'endort et se réveille miraculeusement à la gare du village où il a passé son enfance. Tout y semble plus ou moins déserté et après avoir traversé son ancien quartier, Thomas se rend au cimetière sur la tombe de sa mère morte 20 ans plus tôt. Il y est pris d'un curieux malaise et se réveille dans la peau de l'adolescent de 14 ans qu'il fut. Il veut profiter de cette aubaine pour tenter de modifier le futur car c'est justement l'année de ses 14 ans que son père a brusquement disparu pour ne plus jamais donné de nouvelles !

    Définitivement empreint d'une intense nostalgie ce film donne une envie folle de pouvoir comme le personnage de Thomas, d'un coup de baguette magique, replonger un temps dans son enfance. Et pas forcément pour en changer quoi que ce soit mais pour ressusciter un peu cette période sacrée. Si cette possibilité insensée et inespérée de revenir en arrière ne permet pas forcément à Thomas de modifier le cours des événements, il peut au moins dans son corps d'enfant mais avec sa mémoire d'adulte de 50 ans revoir ses parents et sa petite soeur, les aimer, les comprendre plus et mieux, parler enfin à la fille qu'il n'avait jamais osé aborder. Il pourra également définir le sens des priorités absolues et finalement admettre que la vie n'est pas nécessairement plus belle et réussie ailleurs et que non, on n'est pas obligés de répéter les mêmes conneries que ses parents. Qu'ils ne sont pas non plus obligatoirement responsables de tout et qu'il est possible de prendre son destin en mains.

    La reconstitution des années 60 est idéale ainsi que les rapports entre les êtres à une époque où les enseignants comme les parents ne s'embarrassaient guère de psychologie pour élever et éduquer les enfants. C'est un film fragile, sensible et délicat comme l'interprétation de Jonathan Zaccaï, Alexandra Maria Lara et du jeune Léo Legrand, et qui donne très envie à l'instar de son héros, d'effectuer ce voyage dans le temps.