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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 44

  • RED de Robert Schwentke **

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    Franck a beau a voir une jolie maison de banlieue toute proprette et bleutée, il s'ennuie ferme depuis deux ans qu'il est en retraite. Régulièrement il passe un coup de fil à Victoria, sentimentale loseuse, employée de la caisse de retraite en charge du dossier de Franck. Ils ne se connaissent pas IRL mais en rêvent et le redoutent l'un comme l'autre. Leur rencontre aura bien lieu en d'improbables circonstances que je vous laisse découvrir.

    Franck s'ennuie donc copieux malgré tous ses efforts pour tenter de ressembler à ses voisins adeptes de la décoration de Noël kitschissime :

    Heureusement pour les nerfs de Franck, un beau jour de décembre, son ancien employeur la CIA, décide de retrouver et d'éliminer tous les participants à une opération qui a eu lieu 20 ans auparavant et qui compromettrait les hautes sphères politiques actuelles ! Cela va permettre à Franck de nous prouver qu'il tient toujours la forme et qu'il est capable de déjouer les pièges, guet-apens et embuscades de ces nouveaux jeunes collègues. Ce sera l'occasion aussi à d'autres vieux briscards mis sur la touche de reprendre du service pour échapper à leurs poursuivants.

    Mon Jules a dit "j'espère que ton article sera une ode aux chauves qui sauvent le monde (ou leur carcasse) !" Et effectivement, avec un chauve, on se sent en sécurité. Le chauve ici, c'est Bruce, et Bruce, il faut l'avouer est beau et très bien conservé ! Alors qu'il expose son charme XXL intégré à son ADN, Malkovich joue comme souvent le barjot parano shooté au LSD pour les besoins du service avec délectation, Morgan Freeman fait le vieux sage philisophe comme d'hab' et Helen Mirren déploie sa classe en robe de soirée comme en pataugas. Quant à la délicieuse Marie-Louise Parker, elle tombe amoureuse de Bruce/Franck et on la comprend.

    Alors c'est drôle, vif, charmant, Bruce, de tous les plans est irrésistible et il faut que je me rende à l'évidence. Même amochés, j'aime les chauves !

  • LAISSE MOI ENTRER de Matt Reeves **

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    Synopsis : Abby, une mystérieuse fille de 12 ans, vient d'emménager dans l'appartement à côté de celui où vit Owen. Lui est marginal, il vit seul avec sa mère, et est constamment martyrisé par les garçons de sa classe. Dans son isolement, il s'attache à sa nouvelle voisine qu'il trouve si différente des autres personnes qu'il connaît. Alors que l'arrivée d'Abby dans le quartier coïncide avec une série de meurtres inexplicables et de disparitions mystérieuses, Owen comprend que l'innocente jeune fille est un vampire.

  • SANS QUEUE NI TÊTE de Jeanne Labrune **

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    Xavier est psychanalyste, ses patients s’allongent, il les reçoit dans un temps limité, il se fait payer en liquide de préférence et se lave les mains entre chaque rendez-vous. Alice est prostituée, ses clients s’allongent, elle les reçoit chez elle dans un temps imparti, elle se fait payer en liquide exclusivement et prend une douche après chaque visite. Voilà le postulat de départ et tout ce qui commence par psy (chiatre, chologe et chanalyste) doit être ravi de voir son art comparer au « plus vieux métier du monde ». Mais je trouve que c’est davantage la pute qui fait office de psy que l’inverse. Cela dit, Alice et Xavier vont mal tous les deux et sont lassés de voir défiler chez eux une faune mal dans sa peau ou mal embouchée ! Lui quitte sa femme fatiguée de ne plus comprendre son mari jadis "si gentil" et elle souhaite entamer une analyse qui devrait selon elle lui permettre d’abandonner son métier.

    Bonne nouvelle, surtout pour moi, Isabelle Huppert en deux films est remontée dans mon estime car elle est formidable et une fois de plus c’est elle qui tient tout le film. L’excellent Bouli Lanners, certes déprimé comme son rôle l’exige est ici particulièrement éteint et laisse ainsi toute la place à sa partenaire, qu’elle occupe avec panache. Il faut le reconnaître, à Isabelle tout lui va et elle s’adapte avec assurance et conviction à chacun des styles que ses clients pervers ou un peu dérangés lui imposent. Qu’elle soit en fillette qui aime les sucettes (même si elle reconnaît elle-même en se regardant dans le miroir affublée de son costume d’écolière que « ça commence à être limite »), en ménagère des années cinquante à bigoudis, en chienne SM ou en bourgeoise élégante, elle est incontestable.

    C’est donc pour elle et rien qu’elle que ce film vaut le déplacement. Car il faut reconnaître que la réalisatrice n’exploite pas du tout sa bonne idée de départ et que la rencontre des deux n’a jamais vraiment lieu. Dans le cabinet du psy nous ne verrons que des caricatures de « malades », un dépressif mal rasé qui se réjouit que son psy aille mal et un travesti un rien provoc' ! Et puis de quel droit le psy se permet-il de juger la prostituée ?

    Quant à la résolution finale miraculeusement idyllique, elle laisse vraiment un arrière goût de bâclage.

    Pour Isabelle donc, de pratiquement tous les plans et à son meilleur !

  • TROP LOIN POUR TOI de Nanette Burstein **

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    Un soir d’été New-Yorkais Garrett se fait plaquer d’un commun accord pour n’avoir pas réussi à décoder un cryptage fémino-vénusien. Il faut savoir qu’en tazunien lorsqu’une fille dit à un garçon « je ne veux rien pour mon anniversaire », il faut comprendre « vivement mon anniv’, que tu m’offres un cadeau ». Hélas Garrett n’a pas traduit et en est resté à la version martienne de la conversation, ce qui fâche définitivement la vénusienne. Heureusement, cupidon a plus d’une flèche à son arc et notre Garrett rencontre  Erin une merveille au langage très terrien.

    Halleluyah, les oiseaux chantent et on peut même entendre Jeff Buckley en tendant bien l’oreille. Seulement voilà, au bout de 6 semaines d’amour idéalement idylliques, Erin est obligée de rejoindre sa Californie natale car elle a enfin décroché le boulot de journalisme de ses rêves ! Bien que conscients des problèmes liés à l’éloignement, ils décident de poursuivre leur relation, par mail, par sms, par webcam et éventuellement de se payer l’avion de temps à autre pour une traversée est/ouest et réciproquement !

    Dans les comédies romantiques, il y a les master-pieces telles que « Elle et lui », « Brève rencontre », les sucreries comme « Coup de foudre à Nothing Hill » et les navets tel que le récent « Mange, prie, aime »… Celle-ci fait partie de la deuxième catégorie. C’est un petit bonbon acidulé qui ne fait de mal à personne et qui possède même beaucoup de charme grâce notamment à ses deux acteurs principaux.

    Evidemment il faut quand même supporter les inévitables codes et passages obligés qui ont parfois tendance à me hérisser les poils du dos, ici et notamment LES COPAINS !!! Quand ils ne sont pas stupides, obèses ou les deux à la fois, ils sont relous, scatos et évidemment de véritables repoussoirs. Les copains de Garrett sont de la dernière catégorie : bêtes et moches, restons polis !

    Par contre Erin n’a pas de copine (Dieu soit loué pour sa grandeur et sa magnificence !) mais une sœur et elle est vraiment tordante. Cette soeur a une fille qui est évidemment un condensé de teignerie, un mari qu’elle a définitivement castré, mais surtout elle est obsessionnelle : les taches, les odeurs, elle ne supporte pas. J’aime bien cette fille. Je la comprends, je suis (un peu) comme elle*. Et puis elle adore sa petite sœur et est prête à couper les attributs à celui qui lui fera du mal. J’aurais bien aimé en avoir une comme ça !

    Ce qui fait du bien ici c’est que même si les deux tourtereaux sont un peu des trentenaires immatures, d’ailleurs ils se rencontrent devant un jeu vidéo, ils ont aussi et surtout le charme XXL de Drew Barrymore et Justin Long, mais Drew d'abord que j’aime d’amour depuis 1983 ! Et puis, ils n’ont pas l’air de tomber d’une autre planète, ils parlent normalement, ont beaucoup d’humour, manifestent une complicité revigorante, une connivence évidente, ils sont assortis comme jamais… mais ont le triste désavantage d’être nés à une époque où il faut parfois choisir entre garder son boulot et vivre le grand amour !

     

    *pour les mal comprenantes, je suis "comme elle" rapport à ma maniaquerie qu'il faut pas m'approcher si on ne s'est pas désinfecté avant, pas parce que j'ai castré mon Jules !

  • AMORE de Luca Guadagnino **

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    C'est l'histoire d'une riche famille industrielle du Nord de l'Italie mais surtout d'Emma, mariée à Tancredi. Elle est mère de trois enfants et mène avec beaucoup de panache et de dévotion sa vie de femme du monde entre les luxueuses réceptions qu'elle donne dans sa maison-palais. Lors de l'anniversaire du patriarche, père de Tancredi, ce dernier lui transmet ainsi qu'à son fils l'entreprise familiale. Mais la passion qu'Emma va nourrir pour Antonio, un jeune cuisinier ami de son fils, va bouleverser et faire exploser les carcans qui l'écrasent. Un drame insurmontable va encore amplifier la révolution qui va déstabiliser les Recchi.

    C'est un film d'une ambition folle et démesurée qui par certains côtés, écrasé de ses références cinéphiles évidentes semble d'un autre âge. En effet, il m'apparaît complètement anachronique dans le cinéma d'aujourd'hui de s'intéresser à une grande famille capitaliste tant ses membres ont l'air déconnectés de la vie telle que le commun des mortels (dont je suis) la connaît. Je ne pense pas que ce qui m'a gênée soit la succession des styles, c'est même plutôt un bonheur de passer sans transition de Visconti à Hitchcock (même le chignon de Tilda Swinton IMPERIALE est Hitchcockien ainsi que cette « poursuite » dans San Remo copiée sur celle de « Vertigo ») mais la déception entre les sommets passionnants atteints et les profonds creux dans lesquels s'insinue un abyssal ennui. La très très longue scène d'introduction qui nous installe dans un dîner guindé où semble déjà planer le(s) futur(s) drame(s), nous promène dans cette maison musée pleine de marbre, d'escaliers, de pièces sombres, à la fois immense et étouffante... et malgré la longueur de cette scène, je n'ai pas réussi à comprendre parfaitement qui est qui (surtout les enfants, et certains invités...). Et je me suis plusieurs fois pendant la première heure, demandée quand l'histoire allait commencer.

    Par la suite, il y aura des coups d'accélérateur infernaux et vraiment saisissants qui m'ont clouée au fauteuil... puis de nouveau le calme, des plans fixes à la limite écœurant sur certains plats, une scène de sexe pas bien passionnante car pas bien passionnée. Et il faut reconnaître que le jeune partenaire de Tilda Swinton n'est pas, mais vraiment pas à la hauteur... Et pourtant j'ai vraiment l'impression qu'on était pas loin de tenir un chef d'oeuvre ! A quoi ça tient ?

     

    Par contre, Tilda Swinton magnifique, énigmatique, forte et fragile, parfois perdue, d'autres fois rassurante, mère, amante est le point positif irréprochable de ce film étrange. Cette actrice est immense et son investissement dans ce beau rôle est remarquable. Mais...

  • SIMON WERNER A DISPARU de Fabrice Gobert **

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    Pour ses 18 ans, les parents de Jérémie lui laissent la maison afin qu'il puisse fêter dignement l'événement... comprendre : avec l'ampli poussé à 24, de l'alcool à tous les étages et des préservatifs dans les poches, on sait jamais, ça peut servir. Laetitia et Frédéric s'éloignent un peu de la fête et découvre un cadavre dans la forêt qui borde le quartier. S'agit-il de Simon Werner qui a disparu du lycée il y a une dizaine de jours ? Une autre élève disparaît à son tour, puis un troisième...

    La belle idée de ce film est son savant montage qui à trois reprises va revenir en arrière en nous donnant la vision des choses et des événements selon trois points de vue différents. Suivant ce que chaque personnage objet chacun d'un chapitre, a vécu, on appréhendera les tenants et aboutissants sous plusieurs angles et aspects. Cette façon de chahuter la perception que l'on se fait de ce que l'on voit est toujours passionnante car on peut vérifier à quel point il est facile d'interpréter et évidemment de porter un jugement hâtif donc imparfait qui se révèlera forcément faux ou pas.

    Le réalisateur semble se moquer et détourner les codes du "teen movie", genre que je ne goûte pas particulièrement n'est-ce pas Gaël ? dès lors qu'il s'agit d'endurer les jérémiades soupirantes de pieuvres ou les questionnements existentiello-bourgeois lolesques kikoo lol MDR... mais que je ne connais pas trop finalement. L'intrigue se situe dans une banlieue indéterminée et plus particulièrement dans une cité proprette où chaque petite maison "ça m'suffit" avec garage deux voitures et jardinet ressemble à la suivante comme à la précédente. Et à la sortie de cette cité, une forêt va offrir toutes les possibilités pour laisser galoper l'imagination. Plutôt que de jouer aux apprentis Sherlock Holmes, les lycéens intrigués par ces disparitions vont gamberger et envisager toutes les explications possibles et imaginables, donnant à chaque protagoniste (profs, entraîneur de foot, élèves...) des intentions, un mystère ou des arrière-pensées qu'il n'a pas forcément.

    La résolution peut-être un peu décevante n'empêche pas ce film de jouer délicieusement avec nos nerfs. En outre, le fait que l'histoire se déroule en 1992 permet d'éviter l'utilisation abondante des portables et autres ordinateurs miraculeusement absents. Et puis surtout on peut découvrir de jeunes acteurs impressionnants (exploit : jamais agaçants !), très à l'aise et qui n'ont pas l'air de réciter des tirades qui ne leur conviennent pas mais dont les conversations naturelles semblent absolument prises sur le vif. Ana Girardot fille (et portrait craché) d'Hyppolite est délicieuse et charmante en belle du lycée convoitée par tous les garçons. Et Jules Pélissier, d'un naturel impressionnant sont les deux excellentes surprises de ce joli film, un peu hypnotique bercé par la musique de Sonic Youth (plus grand groupe mondial, il paraît...).

  • THE RUNAWAYS de Floria Sigismondi **

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    En 1975, deux petites poulettes de 16 ans mal aimées et totalement paumées, mais musiciennes et très préoccupées par leur look croisent la route d'un type complètement barge mais qui a du flair et décide d'en faire des stars à la hauteur des Beatles. Cet allumé est impresario et sent bien tout ce qu'il peut tirer en faisant de ces filles différentes un "produit". Sexe, drogue et rock and roll sont au rendez-vous et auront raison du groupe qui sera formé et ne (sur)vivra que 3 années. Il paraît que ces nanas sont les précurseurs du mouvement punk et qu'elles ont changé la musique pour toujours... ben dis donc.

    Je me souviens parfaitement du toujours électrisant "I love rock and roll" mais j'aurais été bien incapable d'en citer l'interprète. Il s'agit de Joan Jett qui sera en fait la seule à poursuivre une carrière solo après que le groupe soit mort de sa belle mort, les autres et notamment Cheri Currie, la poupée Barbie trash du groupe, ayant laissé pas mal de plumes dans la consommation à hautes doses de toute sorte de substances.

    Le film n'est pas calqué sur le biopic ordinaire qui enchaîne en général l'enfance traumatique, la gloire puis la déchéance. Il semble qu'il y ait une véritable histoire d'amour inaboutie entre Joan et Cheri. La réalisatrice insiste sur l'auto destruction de petites pin up talentueuses qui gobent des cachetons et sniffent des trucs par poignées jusqu'à en tomber. J'aurais aimé qu'elle s'attarde plus sur certains aspects à peine survolés. D'abord, on a un peu de mal à se rendre compte que Joan Jett est une guitariste surdouée. A peine gratouille t'elle quelques morceaux sur sa guitare. Ensuite, le côté féministe des demoiselles me semblent assez primordial et complètement éludé ici. Il en fallait une sacrée paire pour oser les premières et si jeunes se frotter à un milieu exclusivement macho-masculin qui leur fait bien sentir qu'elles ne sont pas les bienvenues. Enfin, la gloire mal assumée, mal vécue parce qu'elles sont mal accompagnées, de ces filles à peine sorties de l'enfance aurait également mérité un traitement plus approfondi.
    Quant au bruit et à l'énergie dégagés sur scène, on ne peut pas dire qu'ils m'aient transportée.

    Que reste t'il ? Deux actrices et un acteur. Kristen Stewart et Dakota Fanning sont méconnaissables et prouvent qu'elles peuvent se sortir des rôles où l'on rêve sans doute de les enfermer. La première, toute menue, sombre et solitaire, émeut grandement dans son rôle de grande fille qui semble entre autre ne pas assumer son homosexualité. J'entends encore les hurlements de Dakota Fanning lorsque son papa de cinéma, Tom Cruise, tentait de la sortir des griffes de vilains extra-terrestres. Elle a bien grandi, bien changé et son auto destruction est un vrai crève coeur. Quant à Michael Shannon, comme toujours, il est parfait en Frankenstein taré. Je me demande si ce type vit dans un hôpital psychiatrique et qu'on ne le sort que pour interpréter ces rôles de déglingos. 

  • CES AMOURS LÀ de Claude Lelouch **

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    Je sais que ça ne se fait pas trop, mais je ne peux pas m'en empêcher, j'aime Claude Lelouch, enfin, son cinéma (car je ne suis pas partageuse...), depuis toujours. Bien sûr, depuis quelques années et quelques films, il m'avait un peu déçue mais je restais fidèle en souvenir du bon vieux temps. Cela dit, il avait nettement repris du service avec "Roman de gare" en 2007, sorte de thriller littéraire, qui réussissait entre autre exploit de faire de Dominique Pinon un séducteur.

    Cette fois, c'est très très étrange ce qui se passe... Claude Lelouch refait quasiment à l'identique "Les uns et les autres" qui date de... je n'en reviens pas, 1981. Evidemment il y a quelques nuances et différences mais en gros, c'est la même chose. Sa caméra, étrangement peu virevoltante balaye la première partie du XXème siècle avec ses événements marquants (deux guerres mondiales, les camps de concentration, la libération, le débarquement...) et au centre, une héroïne qui tourbillonne d'amour en amour, d'homme en homme, échappe au sort réservé aux filles qui ont couché avec un allemand, traverse l'atlantique puis revient en France. C'est aussi grâce à une histoire toute en flash-backs que l'on va découvrir pourquoi Ilva dont la vie nous est contée, se retrouve au début du film dans un tribunal, accusée de meurtre.

    Voici donc une fille qui ne sait pas dire non, ou plutôt qui ne sait pas dire merci, ou plutôt qui ne connaît qu'une façon de dire merci : elle couche, elle tombe amoureuse, éventuellement elle épouse ! Une drôle de fille toute simple qui chamboule tous les garçons qu'elle croise, français, allemand, américain !

    Comme le dit Lelouch : "bien sûr qu'on peut aimer plusieurs fois, à condition que ce soit chaque fois un peu plus". Pourtant son Ilva, il la fait revenir à son premier amour, mais pas vraiment. Enfin bon, je ne vous raconte rien. Un film de Lelouch, c'est comme un livre, on tourne les pages, on déroule de la bobine. On se laisse emporter dès la première scène, lyrique XXL, ou on reste en dehors... et là, mieux vaut s'échapper si on n'adhère pas instantanément ! Moi, je me suis véritablement lovée dans mon fauteuil et pendant deux heures, je me suis laissée balader dans quelques décennies de cinéphilie que les films de Lelouch et les acteurs des films de Lelouch ont toujours accompagnée. Car oui, les péripéties d'Ilva finalement, on s'en cogne un peu. Ce qui compte ici c'est Lelouch, son regard, son enthousiasme, sa sincérité, son amour démesuré et communicatif du cinéma et des acteurs, la musique symphonique omniprésente, sa fidélité à certains acteurs, son don pour en découvrir d'autres auxquels on n'aurait pas pensé (Raphaël a l'air d'un ange et semble particulièrement à l'aise). Tous les excès et toute la passion de Lelouch sont dans ce film qui ressemble à un bilan. Alors bien sûr, il y a un chouya de mégalomanie (plusieurs extraits de son film Les Uns et les Autres), les scènes de camps de concentration sont ratées, voire gênantes, Liane Foly est exaspérante... mais il y a tout le reste. D'abord son incomparable direction d'acteurs, mais aussi sa façon unique de faire que la grande histoire du monde et la petite histoire des anonymes toujours se rejoignent logiquement avec tous ces hasards et ces coïncidences qu'il nous fait avaler comme des couleuvres. Mais ici, il crée un personnage qui n'est autre que lui-même, un petit garçon juif que sa maman a caché dans un cinéma à partir de 1942 pour lui éviter d'être découvert par la Gestapo. C'est ainsi que naît une passion... quand on s'intéresse de très près à ce qui se passe derrière l'écran ou dans la cabine de projection ! Et c'est émouvant de découvrir à quoi ça tient ce qu'on devient !

    Des extraits de films de l'époque où se situe la plus grande partie de l'action de "Ces amours là" sont inclus dans le film car le cinéma y tient une place déterminante. Ainsi peut-on revoir des passages de "Remorques", "Le jour se lève", "Hôtel du Nord" et "Autant en emporte le vent" et avoir le plaisir de retrouver Jean Gabin, Michelle Morgan, Arletty, Louis Jouvet, Clark Gable et... Scarlett. Et lorsqu'au générique défile les dizaines et les dizaines d'acteurs qui ont fréquenté les films de Lelouch on constate qu'il ne doit manquer aucun acteur français et ça donne une sacrée fringale de cinéma.

  • DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois **

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    En 1996, 7 moines ont été pris en otages puis assassinés en Algérie alors qu'ils occupaient depuis des années un monastère perché dans la montagne. La responsabilité de cette tragédie reste encore incertaine à ce jour puisque ces moines vivaient parfaitement intégrés à la population mais acceptaient également de venir en aide aux terroristes. Un climat de terreur s'empare du village et de ses environs après le massacre d'ouvriers croates par un groupe islamiste. Le quotidien du monastère est ascétique, rythmé par les différents offices religieux chantés, les repas silencieux quoique divertis par la lecture des psaumes, mais aussi très laborieux puisque chaque moine a une tache qui lui est attribuée afin de subvenir à la vie en autarcie de la communauté. Par ailleurs, l'entente est totale avec les villageois. Ainsi les moines participent activement à la vie locale, assistent à certains offices ou fêtes, aident aux travaux des champs mais mettent également à disposition des habitants un moine médecin. Lorsque les autorités locales proposent à Frère Christian de placer le Monastère sous la protection de l'armée, il refuse. Se pose alors, dans cette atmosphère de menace de plus en plus oppressante, la question des raisons de la présence de chacun dans ce pays puis des motifs de rester au risque de sa vie !

    Le choix délicat et décisif du départ est donc mis aux voix selon le principe démocratique du groupe et avant de prendre une décision définitive et collective, chacun va s'interroger sur ses motivations, ses raisons mais aussi la profondeur de son engagement et donc, de sa foi.

    Il semblerait que ce film doive être pris comme une vision universelle des choix et décisions d'hommes ordinaires face à une situation extraordinaire, ainsi que de ce qu'on peut être capable d'endurer par fidélité, dévouement, engagement, compassion. Sauf que ces hommes n'ont rien d'ordinaire et que leur dévouement ressemble davantage à de la dévotion, leur compassion à de l'abnégation et que je n'ai pu m'empêcher d'y voir quasiment exclusivement les dérives et exagérations de tout ce que l'engagement religieux peut produire sur les hommes et surtout les actes qui en découlent. Une pensée de Pascal (pas moi, l'autre, sans E) énoncée dans le film, résume exactement ce que je ressens en tant que mécréante athée : "Les hommes ne font jamais le mal si gaiement et si bien que quand ils le font par conviction religieuse". Et ce film le démontre encore, à part le racisme primaire voire primitif, les coupables de la barbarie ordinaire qui règne à travers la planète se réclament le plus souvent de Dieu !  Ne pouvant me détacher de cette pensée, le sacrifice insensé de ces hommes de foi me paraît aussi extravagant et incompréhensible que la haine déployée face à eux (et à la population) par les terroristes. J'ai clairement entendu que rester sur place malgré le risque de perdre la vie était un acte d'amour plus grand et plus fort que tout. Celui que chaque croyant peut ressentir pour Dieu, celui que tout religieux qui lui consacre sa vie conduit au renoncement ultime.

    Que reste t'il donc ? Un très beau film indéniablement, pas facilement oubliable dont le message d'amour et l'acte sacrificiel absolument vain m'échappent totalement mais dont je ne peux nier qu'ils me rendent admirative quoique définitivement incrédule. La perfection, la sur-humanité, la part de divin qui habite ces hommes me dépassent. Tout comme toute forme d'intégrisme me fait vomir.

    Le film est beau donc par ses images, même si on a peine à croire qu'il s'agisse d'un village de la fin du XXème siècle tant les conditions de vie semblent moyen âgeuses. Mais le chef de la police le crie à un moment : "c'est la colonisation française qui a réduit les chances de ce pays de se développer". Ce film est beau dans sa douceur méditative, sa lenteur contemplative, ses rapports humains tendres et chaleureux. Et puis surtout par ses acteurs qui tous semblent avoir pris le temps de ce rôle, leur métier pour un sacerdoce. C'est rien de dire qu'ils sont "habités" par leur personnage. Mais deux m'ont particulièrement éblouie. D'abord l'exquis Michaël Lonsdale qui avec sa bonhomie et une certaine candeur m'a touchée. C'est lui qui à mes yeux incarne véritablement la bonté, la compassion et semble plus que tout autre touché par la grâce qui ne l'éloigne pourtant pas des réalités de la souffrance. Et puis c'est encore lui qui a le mérite de dire les plus jolies phrases. Il faut le voir expliquer qu'il ne craint rien, pas même la mort et d'ajouter dans un demi sourire malicieux "Laissez passer l'homme libre" !!! Mais je dois dire que c'est la performance intense et angoissée d'Olivier Rabourdin qui m'a définitivement conquise. Parce que c'est lui qui hésite et résiste le plus, qu'il est le plus tourmenté, pris entre la culpabilité, la remise en question de sa foi et des doutes indescriptibles qui le font hurler de douleur la nuit seul dans sa chambre. C'est lui, le plus humain de tous je trouve et finalement celui qui me semble le plus auréolé de lumière.

    Etrange choix que le "Lac des Cygnes" pour l'une des scènes (la cène !) finales, mais les gros plans insistants sur le visage de chaque protagoniste (et notamment celui d'Olivier Rabourdin justement, transfiguré), même s'ils dramatisent un peu l'issue que l'on connaît, sont un des moments vraiment inoubliables de ce film.

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  • 600 KILOS D'OR PUR de Eric Besnard **

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    Virgil met au point avec son ami Lionel le casse d'une mine d'or en plein coeur de la forêt guyanaise. Les rejoignent Rémi un français qui traficote déjà sur place, Georges qui s'ennuie ferme dans son restau en France et a besoin d'action et Enzo un bel aventurier énigmatique. Lionel se fait assassiner et sa femme Camille, n'ayant plus rien à perdre prend sa place dans le groupe. Le casse se passe à merveille et 600 kilos d'or pur sont subtilisés au nez et à la barbe de la "Canadian Gold". Souhaitant sauver une indigène enceinte, Camille retarde le départ de l'hélicoptère qui endommagé, est obligé de se poser en urgence. Dans l'impossibilité de transporter 600 kilos d'or à pieds dans un milieu hostile, les "amis" (hum, hum) enterrent le butin (qu'ils comptent évidemment récupérer plus tard) et entreprennent d'échapper à leurs nombreux poursuivants en pleine jungle...

    En ne se montrant pas trop regardant face au dernier "acte" qui force un peu trop sur le mythe du bon sauvage et s'il n'a pas d'autre prétention que de divertir, il est possible de passer un agréable moment devant ce film d'aventures en terrain très hostile. Les méchants sont très méchants et cherchent à faire la peau aux héros, mais ils ne sont pas les seuls dangers à affronter. Notre équipe de traqués aura à faire face à une végétation, une faune et un climat très inamicaux et sera décimée progressivement sans que les survivants n'en soient émus. Un d'entre eux sera grignoté par un serpent d'eau, un autre par une plante très urticante, un troisième fera une rencontre pas sympathique avec une machette et j'en passe. Les acteurs n'ont rien d'autre à faire qu'à prouver qu'ils peuvent être jolis très bronzés en marcel qui colle à la peau, être héroïques ou démontrer comment l'appât du gain révèle la nature humaine...

    Par contre la faute impardonnable est de faire disparaître Jean-Pierre Martins dans le premier quart d'heure !