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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 45

  • LE BRUIT DES GLAÇONS de Bertrand Blier **

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    Un homme seul marche d'un pas décidé, s'arrête à la grille d'une grande bâtisse et s'annonce comme étant le cancer de Charles, écrivain célèbre retranché derrière ces hauts murs depuis que la gloire, sa femme et son fils l'ont quitté. Il vit là avec Evguénia une très jeune russe qu'il ne va pas tarder à chasser. Sa bouteille de blanc et son saut à glace ne le quittent pas. Dès le réveil il boit des litres et des litres de vin. Depuis longtemps manifestement puisque c'est semble t'il son alcoolisme qui fait fuir tout le monde autour de lui ainsi que son inspiration. Seul Louisa, sa fidèle bonne veille discrètement sur lui ! Malgré la "vie de merde" que lui décrit son cancer, Charles n'est pas du tout prêt à mourir et se montre quelque peu récalcitrant à accueillir les métastases...
    Dès que Jean Dujardin et Albert Dupontel sont en présence et commencent à s'échanger leurs répliques, aucun doute ne subsiste, on est bel et bien chez Blier et même du grand Blier puisqu'on retrouve des accents du génial "Buffet froid" et des joutes verbales surréalistes entre Serrault et Depardieu. Il n'est pas aisé de parler de tumeur, de cancer, de métastases, de chimio et de mort et de réussir à faire rire. Evidemment Blier y parvient parce que les deux comédiens face à face s'en donnent à coeur joie au cours de leurs empoignades et altercations. Mais l'émotion survient également à cause de ou plutôt grâce à l'interprétation parfois désespérée d'un Jean Dujardin très à l'aise dans le phrasé et l'absurdité de l'univers de Blier et qui a l'intelligence de ne pas surjouer l'homme ivre qu'il est du matin au soir en titubant ou bafouillant comme il arrive parfois. Les deux acteurs, en harmonie, vraiment parfaits, sont tour à tour la victime et le bourreau, le fragile et le robuste, le dominant et le dominé. Il arrive même que Charles le malade doive réconforter "son" cancer qui a un petit coup de mou face à l'ampleur, à la difficulté et la noirceur de sa tache.
    Avec son audace, son irrévérence et évidemment un rien de provocation parfois, Blier nous fait approcher la mort et les angoisses qui doivent forcément l'accompagner lorsqu'elle est annoncée. Mais aussi nous interroge sur notre façon de réagir, de l'affronter, de l'accepter ou de la refuser. Et puis, est-il possible aussi que lorsque tout va vraiment mal, on puisse en arriver à se fabriquer tout seul une maladie ? Blier pousse sa folie (douce) jusqu'à envisager un remède à un mal encore souvent incurable. 
    Loin de moi l'envie ou l'idée d'enterrer prématurément Blier évidemment, mais c'est toujours émouvant de découvrir un réalisateur qui vieillit s'interroger aussi précisément sur la faûcheuse !
    Alors pourquoi deux étoiles me direz-vous ? J'y viens. Dans ce film il y a deux garçons fabuleux. Qu'ils soient ensemble ou séparés, ils portent chacune de leur scène très très haut. Mais il y a aussi des filles. Je passe rapidement sur Christa Théret qui ne sert à rien, disparaît rapidement et est aussi insignifiante que mauvaise actrice. Ce qui a vraiment, mais alors vraiment gâché mon plaisir... c'est Anne Alvaro !!! Aaaaaaaaaaaaaaannne AAAAAAAAAalvaro ! Seigneur !!! Avec son masque de cire imperturbable, ses allures de corbeau noir (n'est-elle pas d'ailleurs la porte-poisse de cette grande maison dans laquelle elle voit se succéder de nombreux "parisiens" ?), ses grands yeux inexpressifs comme figés sur l'horreur, sa tristesse insondable, son jeu limité et outré... elle justifie à tout jamais l'emploi et l'existence du mot INSUPPORTABLE !  Or, à peu près à la moitié, elle s'empare du film pour ne plus le lâcher et je m'attends toujours à ce qu'elle se mette à déclamer du Racine, du Corneille ou du Shakespeare de sa voix pédante et affectée ! Elle est censée incarner la tendresse, être les bras dans lesquels chacun rêve de se jeter pour être enlacé, réconforté, rassuré... elle est pour moi repoussante exactement, précisément l'inverse, froide et effrayante. Et je trouve que le couple qu'elle forme avec Dujardin ne fonctionne absolument pas.
    Il y a une véritable et impardonnable erreur de casting entre elle et l'adorable Myriam Boyer qui aurait selon moi symbolisé à merveille la femme à la fois sensuelle et maternelle voire maternante que réclamait le rôle et que chaque garçon du film semble rechercher. Bref, Anne Alvaro a bel et bien gâché le bruit de mes glaçons par une crise d'urticaire géant.
    Blier se fait plaisir avec un groupe de flamenco qui débarque brusquement  sans aucune explication et une scène de provocation gratuite qui n'apporte strictement rien lorsqu'il fait dire à un jeune garçon de 16 ans qui vient de coucher avec la femme (de presque 60) qui l'a élevé qu'il vient de vivre le plus beau moment de sa vie. Mais on ne peut pas lui en vouloir pour ça, il est comme ça Béber.
    Mais Anne Alvaro, non et non ! J'pardonne pas.

  • SALT de Philip Noyce **

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    Evelyn Salt (Eve pour les intimes...) est un des meilleurs agents que compte la CIA. Jusqu'au jour où un vilain pas beau l'accuse d'être un agent double au service de la Russie chargée d'exécuter le Président russe lors d'une visite à New-York. Arrêtée par ses confrères qui veulent l'interroger, elle s'échappe, ce qui ne fait évidemment que décupler les soupçons à son égard. Poursuivie par les deux camps, Eve va mettre tout son savoir faire en oeuvre pour tenter de s'en sortir. Mais pour quelle raison précisément ? Pour mettre à exécution sa mission ou pour prouver son innocence ? Ben oui au fait "Qui est Salt ?". Vous le saurez en allant voir ce film, un pur divertissement qui fait ressurgir les fantômes de la guerre froide, les menaces d'attaque nucléaire et remonte jusqu'à l'assassinat de JFK par un certain Lee Harvey Oswald qui avait fait un long séjour en ex URSS...
    Pas le temps de souffler un instant pendant cette heure et demie de course poursuite où Angelina ne ménage pas ses talents de sportive pour nous faire trembler avec elle. Je ne me souviens pas avoir vu une fille courir autant dans un film. Eve/Angie est un mélange de James Bond pour la classe et la sexytude et de Jason Bourne pour la fougue et le talent. Elle est capable de vous bidouiller une arme de destruction massive avec les moyens du bord, un extincteur, des tuyaux et un bidon d'eau de javel... et de s'en servir. Elle déboulonne des molosses surarmés et surentraînés en moins de temps qu'il ne le faut pour dire "tarte aux myrtilles" et sans froncer les sourcils. Elle saute d'un pont d'autoroute à l'autre et atterrit sur un camion en marche, elle enfourche une harley et n'a besoin de personne, elle saute d'un hélicoptère en vol avec des menottes aux poignets, elle s'échappe et crapahute pieds nus sur une corniche pour sauver son petit chien, elle retient bravement ses larmes quand il arrive bien des misères à son chéri d'amour, elle se fait péter le nez sans pleurer... et j'en oublie.
    Cette femme est un surhomme et c'est Angelina Jolie que j'aime d'amour parce qu'en brune, en blonde, en garçon, avec un bonnet sur la tête, sans culotte, de face, de profil, de dos, en croquenots, en tallons aiguilles, elle est divine, elle est sympathique, elle est capable de sauver le monde et de repeupler la planète sans l'aide de personne.
    Elle EST le film à elle toute seule.
    La fin laisse présager un SALT 2,
    et vous voulez que je vous dise franchement ?
    Tant mieux.

  • D'AMOUR ET D'EAU FRAÎCHE de Isabelle Czajka **

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    Julie Bataille porte bien son nom car à 23 ans et malgré son Bac + 5, trouver un emploi est un véritable combat. Elle travaille quelques heures par semaine dans un magasin qui développe des photos, elle demande quelques billets à ses amants occasionnels et panique à l'idée de ne plus pouvoir subvenir à ses propres besoins. A l'occasion d'un de ses entretiens d'embauche elle rencontre Ben qui doit lui donner la réplique au cours d'un jeu de rôles. Le jeune homme a lui choisi de ne se poser aucune question et de vivre au jour le jour d'expédients et de petits trafics lucratifs. D'ailleurs il explique sa philosophie : "pour gagner un peu d'argent il faut travailler. Pour en gagner beaucoup, il ne faut rien faire". Il propose à Juliette de le rejoindre dans le sud de la France où il doit encore "rendre service à un copain"...
    Heureusement il y a Pio et Anaïs (très jeunes, très beaux, idéalement assortis...) qui dynamisent un peu ce film plan plan où il se passe peu de choses bien qu'il parte dans plusieurs directions dont aucune n'aboutit.
    Il semblerait que la réalisatrice veuille nous dire que face à la crise majeure que rencontre la jeunesse, à sa difficulté voire son impossibilité à trouver du travail, au salaire de misère que les surdiplômés doivent (éventuellement) accepter, aux humiliations quotidiennes qu'ils doivent affronter pour garder un poste qui ne correspond même pas à leurs compétences... elle n'ait d'autre alternative que la délinquance !
    Il s'agit donc d'un film étrange, comme s'il avait été confisqué des mains de sa réalisatrice avant qu'elle ne le termine. D'ailleurs il n'a pas de fin.
    Après nous avoir vaguement fait pénétrer dans le monde impitoyable de l'entreprise, fait subir un entretien d'embauche plus vrai que nature à son actrice, imposer un repas de famille je vous hais à vous faire froid dans le dos... la réalisatrice tente de transformer nos deux tourtereaux en Bonnie and Clyde en leur collant un flingue dans les mains et en faisant surgir un personnage inquiétant qui disparaît comme il est apparu ! Zarbi.
    Mais je le répète Pio et Anaïs sont irréprochables !

  • THE EXPENDABLES : UNITÉ SPÉCIALE de Sylvester Stallonnne **

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    Barney Ross et sa bande de mercenaires sont des surdoués en résolution de missions impossibles : prises d'otages en Afrique, éliminations de tyrans en Amérique centrale, rien ne les arrête pourvu qu'il y ait du danger et de la baston. Sitôt qu'une besogne est accomplie, ils disparaissent et se retrouvent pour la mission suivante. Ici, il s'agit d'éliminer un général qui tyrannise les habitants d'une petite île jadis paradisiaque et qui s'est accoquiné avec un gros trafiquant de drogue très sadique qui se révèle être un ex agent de la CIA...
    Mais en gros l'intrigue on s'en contrefout car voilà bien un film qui ne sert à rien à part faire énormément de bruit et remuer en tous sens mais aussi à prouver que certains vieux musclés en ont encore dans... sous la semelle. Excepté Mickey Rourcke qui reste assis, le ventre posé sur les cuisses, les autres s'en donnent à coeur joie et ne lésinent pas sur les cascades. Sly se fait plaisir sans donner l'impression de se prendre au sérieux. C'est lui le plus vieux et il a une forme olympique. Le plus petit c'est Jet Li. Le plus méchant c'est Eric Roberts. Le plus... rien-à-faire-j'y-arrive-pas-tellement-je-le-trouve-moche-et-mauvais c'est Jason Statham. Mais celui qui m'a le plus surprise c'est Dolph Lundgren ! Je n'avais jamais remarqué comme ce type est beau... Je ne suis donc pas venue pour rien.
    Sinon, et bien, ça pète, ça explose, ça caracole et ça tire tous azimuts avec des armes de destruction massive comme le fusil d'assaut automatique AA-12 (je me documente) qui est l'arme de feu la plus puissante du monde. Mais les mastars ne sont pas manchos à l'arme blanche non plus, comptez sur eux. Alors parfois ça gicle et comme la vie humaine n'a pas grande valeur, il y a 27 morts par scène ce qui ne dérange personne.
    Sylvester devant et derrière la caméra soigne bien ses petits copains et notamment il bichonne proprement l'entrée et la sortie de Schwarzy et exhibe Bruce Willis sous son meilleur profil... (non madame il n'est pas nu !).
    L'humour n'est pas absent et il n'est pas interdit de sourire à plusieurs reprises ou d'être stupéfait d'entendre des grands garçons plein de muscles et de tatouages se balancer ce genre de boutades :
    - "t'as combien d'hommes avec toi ?
    - que ta mère"...
    MDR,
    ou encore :
    - "qui t'a envoyé ?
    - ton coiffeur".*
    LOL.
     En conclusion, je vous recommande fortement de déposer votre cerveau à la consigne avant d'entrer en salle et de vous laisser aller à cette espèce de plaisir régressif un peu coupable de fin d'été.
    *notez que l'interlocuteur est chauve comme un oeuf.

  • LE CAFE DU PONT de Manuel Poirier **

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    J'apprends donc que Pierre Perret le chanteur a écrit un "ouvrage" relatant sa vie et en tout cas son enfance et que Manuel Poirier s'en est emparé pour nous le mettre en images. Soit. 
    C'est une surprise ! Il ne se passe strictement rien dans la vie de Pierrot et on ne voit pas comment cette enfance précise a fait que Perret est devenu l'auteur, compositeur et interprète que l'on connait. Si ce n'est qu'il apprend péniblement et sans enthousiasme à jouer du saxophone, il était manifestement plutôt cancre à l'école mais eut une enfance sans histoire entre des parents aimants et besogneux qui suaient sang et eau dans un troquet, le seul de ce village du sud-ouest, son petit frère et ses copains.
    Alors pourquoi deux étoiles me direz-vous, je vous vois venir ? Et bien parce que ce film qui n'est en rien le biopic d'une vedette du show-biz, est absolument savoureux, gentil, sans prétention et qu'il peut se déguster comme une petite madeleine. Evidemment je me demande si cette chronique du temps passé pourra plaire à ceux qui sont nés après 1970 et vous êtes nombreux mes cochons, mais pour les autres, ceux d'avant et encore bien avant, il n'est pas impossible qu'ils puissent comme moi, et à condition de ne pas être nés parigots têtes de veaux ou dans une (très) grande ville, prendre un sacré bain de jouvence, de revenez-y, de nostalgie appelez ça comme vous voudrez.
    Comme je le disais à Jules en sortant de la salle, ce film sent bon la paille et l'enfance. Il semble être tout droit sorti d'un autre âge mais sur le chemin du retour on a égrené tous les "et toi aussi tu faisais ça ?" qu'on avait à notre disposition. Et oui, quelque fois le cinéma, c'est aussi ça et on a un bout de sa vie qui défile et c'est sacrément bon. Les visites à la ferme, la découverte des cousines des copains, la pêche avec papa, le pique-nique du dimanche, la cueillette des champignons avec mémé, l'instit' sadique, la cour de récré tout ça... ça n'a l'air de rien mais c'est quand même beaucoup.

  • DROIT DE PASSAGE de Wayne Kramer **

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    L'Amérique est une terre d'asile. Un brassage meltingpotique d'ethnies diverses et variées. D'habitude le cinéma nous narre plutôt les déboires et déconvenues le plus souvent tragiques de ce qui se trame à la frontière américano-mexicaine où les migrants risquent leur vie dans l'espoir d'un avenir meilleur. Ici on survole le parcours de plusieurs personnages de toutes origines dont certains prêts à tout et aussi à n'importe quoi pour obtenir la naturalisation. Les candidats à cette longue procédure administrative ne sont pas forcément issus de pays du tiers ou quart monde ni forcément de pays en guerre puisqu'il y a même des candidats australiens.
    La première originalité est donc ce survol des "pratiques", des risques et des aberrations en matière d'émigration, mais aussi, on peut "apprécier" un film qui n'hésite pas à raccompagner ses personnages à la frontière au lieu de jouer la carte de l'angélisme, sans pour autant forcer sur le pathos et les drames familiaux que ce genre de situations provoque. Cela dit en explorant tous azimuts différentes "affaires", on a parfois du mal à comprendre où se situe le message du film si tant est qu'il y en ait un et si, sous couvert de fournir un tableau clinique et objectif, il ne stigmatiserait pas encore davantage les populations issues de l'immigration...
    On trouve donc ici, Max Brogan, agent zélé mais humain (c'est Harrisson !) du Service d'Immigration de Los Angeles qui débarque régulièrement avec la cavalerie dans des entrepôts pour traquer le travailleur clandestin. En général, la pêche est plutôt bonne mais notre Max va  s'émouvoir du sort de la jeune mexicaine Mireya et tenter de l'aider à sauver son fils confié à une famille pas très scrupuleuse.
    Son collègue est Hamid dont la famille d'origine iranienne organise une grande fête bling bling en l'honneur de la naturalisation du père. Max découvrira alors que la soeur d'Hamid, une jeune femme libre et parfaitement intégrée est en conflit avec cette famille restée très traditionnaliste, accordant peu de liberté aux femmes.
    Une jolie avocate (Ashley Judd, trop rare) en manque d'enfant, se prendra d'affection pour une petite orpheline africaine adoptable, alors que son mari (Ray Liotta, bouffi) utilisera son petit pouvoir pour faire payer (cher) à une aspirante actrice venue d'Australie son accession à la précieuse Green Card.
    Un ado coréen compromettra gravement les chances d'intégration de sa famille en s'accoquinant avec des petits truands armés.
    C'est le cas de la petite Taslima qui est ici le plus douteux. Voilée pour aller en cours, elle sera dénoncée par le proviseur de son lycée pour avoir effectué un exposé où elle justifiait (sans pour autant les approuver) les attentats du 11 septembre 2001 ! Son ordinateur mine essentielle et révélatrice permettra au FBI qui y découvre des sites et des forums islamiques, de voir en elle sans autre analyse, une terroriste en puissance.
    Entre la mexicaine fille-mère, le coréen braqueur, l'iranien intégriste, la bangladeshi terroriste, la blonde australienne opportuniste... on feuillette un catalogue où ne sont évités aucun cliché ni lieu commun.
    On peut donc éventuellement saluer le film qui a le mérite de parler de cet état de faits qui obtient d'étranges résonnances dans le climat franco-français actuel et sourire franchement à la scène de grand messe de naturalisation avec main sur le coeur et hymne national chanté horriblement mal par un chanteur r'n'bisant à la voix chevrottante et au regard embué. 

  • UN POISON VIOLENT de Katell Quillévéré **

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    Tout le monde doute en cet été un peu gris et pluvieux au fin fond de la Bretagne. Anna adolescente de 14 ans prépare sa "confirmation" mais hésite entre son amour pour Jésus et son attirance physique pour Pierre un étonnant et très persévérant garçon de son âge. Triste que son papa ait quitté le domicile, Anna s'éloigne de plus en plus de sa mère, bouleversée d'avoir été injustement abandonnée. Tandis qu'Anna partage une grande complicité avec son grand-père, très vieil homme tendre et bougon qui ne quitte plus sa chambre, sa mère va chercher à renouer avec sa foi perdue et semer par là même le trouble dans le coeur du jeune curé du village.
    Tout semble tellement désuet et anachronique dans ce film qu'on ne sait pas trop à quelle époque l'histoire se situe réellement. Peu d'indices nous indiquent si l'on est dans les années soixante, au début du XXème siècle ou à notre époque. Anna est tiraillée entre l'amour censé élever l'esprit et celui qui révèle et libère le corps et cette alternative semble évidemment bien éloignée des préoccupations actuelles des filles de son âge, pour l'athée mécréante que je suis. Quant au père et à la mère, isolés et englués égoïstement de leur côté dans leurs problèmes d'adultes, ils ne s'embarrassent guère, contrairement aux tendances actuelles, de psychologie vis-à-vis de leur fille déchirée par ses incertitudes. 
    C'est assez étonnant de découvrir que ce film très pieux empreint d'une grande austérité parfois est le premier d'une toute jeune femme. Mais malgré ce dépouillement et une certaine gravité, il est régulièrement parcouru de frémissements, grâce à ces deux jeunes acteurs, Clara Augarde et  Youen Leboulanger Gourvil... notamment parce que la première est capable de s'évanouir lorsque son émotion est trop insupportable, le second lorsqu'il déclare sa flamme en chantant et s'accompagnant de sa guitare pour sa belle à la chevelure d'or.
    Finalement le choix d'Anna, dont une partie ne semble pas très crédible, se révèle cinématographiquement audacieux, courageux et inattendu.
    J'étais par contre beaucoup plus sceptique lors de la scène très très limite, pour le moins inconfortable et vraiment pas indispensable où le grand-père demande à sa petite-fille de lui montrer une dernière fois "l'origine du monde" !!!
    Lio est vraiment très bien même si son rôle n'est pas assez important et la musique est ensorcelante.

  • SHREK 4 - IL ETAIT UNE FIN de Mike Mitchell **

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    Shrek s'ennuie ferme dans son marais putride. Le rôle et la vie trop routiniers de mari aimant et de papa gâteau finissent par le lasser. Le jour du premier anniversaire de ses trois rejetons où tous ses amis sont réunis, il quitte la fête excédé et se montre odieux avec Fiona. Ce qu'il voudrait c'est redevenir l'ogre craint de tous qu'il a été. Justement il croise la route du lutin Tracassin qui lui donne l'occasion de réaliser son voeu le plus cher. Shrek signe donc un contrat avec le sournois sans trop se préoccuper d'en comprendre toutes les clauses. De retour dans un pays où il fait régner la terreur pour son plus grand bonheur, Shrek va devoir reconquérir ses amis, son amour mais aussi combattre de vilaines sorcières et  le Royaume de TropTropLointain devenu une dictature aux mains de l'infâme Tracassin.
    Comme pour Toy Story récemment, ce qui manque le plus irrémédiablement et très logiquement, c'est l'effet de surprise du premier épisode où l'on découvrait un univers, des personnages et l'histoire assez audacieuse d'un héros original et anti-conformiste qui réussissait l'exploit de sauver et de libérer une belle princesse. Et ce, malgré sa laideur et sa puanteur ! Cela dit, retrouver Shrek pour une dernière fois (si le titre tient sa promesse) même dans une aventure sans beaucoup de surprise, n'est pas désagréable du tout. Et puis, il y a même une scène copiée/collée sur une scène d'"Autant en emporte le vent"...

  • NIGHT AND DAY de James Mangold **

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    June croise Roy dans un aéroport. Plus exactement, elle le percute... car June est toujours dans le cirage et se cogne souvent. En fait leur rencontre n'a rien de fortuit et Roy en a profité pour dissimuler un mystérieux et très précieux objet dans les bagages de June. Ils se retrouvent dans le même avion et alors que June croit avoir enfin trouvé sur un coup de foudre l'homme de sa vie, Roy, poursuivi, traqué va devoir mettre les bouchées doubles pour sauver sa propre vie et protéger celle de June désormais liée à lui.
    L'argument n'a ni queue ni beaucoup plus de tête mais on s'en fiche un peu, beaucoup. Il s'agit là de la comédie sentimentale pyrotechnique de l'année ou au moins de l'été et les deux acteurs stars aux sourires à 56 dents ultra white ne ménagent pas leur peine et leurs cabrioles pour ne pas nous laisser le temps de reprendre notre souffle. Outre leur râtelier et leur forme olympique, Tom et Cameron nous laissent admirer leurs bustes irréprochables, leurs muscles huilés et profiter de leur humour. Cameron, cte grande gigue aux yeux bleu des mers du sud joue les garçons manqués et les filles romantiques avec euphorie et Tom en mode séducteur conquérant déploie tous ses talents comiques et réussit sans en faire des tonnes son grand numéro de charme.
    Dommage que les meilleures répliques se trouvent dans la bande-annonce. Ma préférée reste la désormais célèbre : "faut vous hydrater".

  • PETITS MEURTRES A L'ANGLAISE de Jonathan Lynn **

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    Victor Maynard a repris la petite entreprise familiale de tueurs à gages. Il effectue son travail consciencieusement sans état d'âme et malgré ses 54 ans, il rend quotidiennement visite à sa mère pour lui rendre des comptes. Pour la vieille femme, il en va de la réputation de la famille et de feu son époux que son fils soit irréprochable auprès de ses employeurs. Jusqu'au jour où par un curieux hasard il se retrouve à sauver la vie de sa victime, une jeune cleptomane très délurée. Par la suite, séduit par la jeune femme, il  ne parvient pas à mener à bien son contrat. Le duo va se transformer en trio avec l'arrivée d'un troisième larron, Tony, jeune fumeur de pétards désoeuvré que Victor va prendre sous son aile pour lui enseigner le métier... Poursuivi par les sbires d'un escroc collectionneur de tableaux (Ruppert Everett, exquis comme toujours) qui s'est fait filouter par Rose, les trois compères vont se cacher et ruser pour échapper à leurs poursuivants.
    Voilà un film formidablement rafraîchissant qui n'a d'autre but que de divertir. Il le fait admirablement bien grâce à un scenario rondement mené qui enchaîne les actions à un rythme trépidant et surtout à son casting qui semble, comme le spectateur, s'amuser follement de l'autre côté de l'écran.
    Rupert Grint prouve qu'il aura sans doute une vie professionnelle après l'école des sorciers. Bill Nighy use avec aisance et élégance de son flegme britannique. A son impertubabilité s'oppose la vivacité et la spontanéité d'Emily Blunt qui révèle ses talents comiques. Et physiquement elle est un mélange de Gene Tierney et d'Eva Green si seulement les réalisateurs pouvaient s'intéresser davantage à elle qu'à cette nouille de Gemma Atterton.
     
    Quant à l'Office de Tourisme londonien, il peut remercier Jonathan Lynn pour la visite de Londres, de Camdem à Trafalgar Square (je fais ma maligne car je connais...), car il a bien saisi toute la différence, l'attraction et la séduction de cette magnifique ville.