NANNY McPHEE ET LE BIG BANG de Susanna White **






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Elsa est très fragile. Elle ne voit plus qu'épisodiquement son fils de 10 ans dont elle ne pourra recupérer la garde que si elle trouve un emploi stable. Hélas, les petits boulots qui l'aident tout juste à survivre ne lui permettent pas de conserver son logement dont elle est expulsée. Devenue aussi marginale que son voisin Mathieu qui n'a d'autre solution que de s'installer dans la forêt, elle dort la nuit dans sa voiture et imagine diverses combines pour pouvoir manger, se laver et se présenter aux entretiens d'embauche qu'elle rate systématiquement par manque d'énergie, de conviction, de confiance en elle...
Suivre le parcours de ces deux paumés poétiques nous plonge au coeur même d'un sujet de société très actuel et très angoissant : comment se réinsérer quand on a tout perdu ? Et on ne rêve que d'une chose, que ces deux là s'en sortent tant ils sont attachants. Mais le réalisateur ne nous donne pas à vivre le combat de deux battants acharnés à refaire surface mais de deux êtres délicats et rêveurs, doux et lymphatiques par vraiment armés pour affronter l'adversité.
Voir et entendre Denis Podalydès aborder un entretien et faire l'éloge du doute, justifier les quatre années d'interruption dans son curriculum par son besoin de prendre du recul afin de s'assurer au travers de ses nombreuses lectures si le travail est vraiment indispensable, et d'ajouter qu'au jour de cet entretien il n'est pas encore tout à fait certain qu'il le soit est d'un comique quasi surréaliste. Il faut dire que Podalydès est une nouvelle fois au top de son attitude lunaire et de son interprétation décalée.
Quant à Julie Gayet elle compose avec beaucoup de douceur et de fantaisie une partition de fille perdue, rêveuse, absente, contemplative. Victime tantôt lucide tantôt inconsciente, ses quelques larmes de désespoir et d'abattement crèvent le coeur. Elle est aussi capable de se montrer inquiétante et menaçante lors d'une scène impressionnante, anxiogène où en jouant avec son fils sur une plage, elle flirte avec la folie. Une très grande interprétation qui la rend particulièrement exquise, charmante et aimable.
Cependant en oscillant trop entre le burlesque désopilant et l'aspect beaucoup plus dramatique, le réalisateur nous laisse un peu désorientés car ses deux losers adorables accumulent les malchances en série. Ceci dit, résolu à se comporter de façon franchement optimiste, il semble nous dire qu'il est possible de se retrouver 7 fois par terre et se relever 8 fois... même si Elsa et Mathieu ne semblent pas trés bien barrés et qu'il n'y a pas de quoi en rire. C'est ce qui est gênant !
Grâce à Cinétrafic et Studio Canal, j'ai pu voir THE RED RIDING TRILOGY que j'avais raté lors de sa sortie. Ce coffret est actuellement disponible.
Avant d'être trois films cette trilogie a d'abord été un roman en quatre volumes de David Peace "Quatuor du Yorshire". L'originalité du projet vaut d'abord parce que les trois réalisateurs ont conservé le même style et la même ambiance tant dans la froideur que le minimalisme des décors, des lumières et des couleurs, assurant une cohérence à l'ensemble.
3 films et 3 dates pour brosser un tableau plutôt lugubre et peu reluisant de l'Angleterre de Madame Thatcher, avec des enchevêtrements et des événements vus parfois sous des angles différents, et pour chaque période un "héros" distinct.
1974 de Julian Jarrold : Eddie Dunford jeune journaliste enquête sur le meurtre de trois petites filles. La piste d'un serial killer est envisagée alors que l'une des fillettes est retrouvée avec des ailes de cygne cousues dans le dos. Tout en menant son enquête, Eddie va vivre une histoire d'amour avec la mère d'une des victimes et découvrir que la police corrompue semble à la fois protéger l'assassin et cacher les magouilles d'un promoteur immobilier qui veut récupérer un terrain occupé par des gitans.
1980 de James Marsh : un flic intègre de Manchester, Peter Hunter reprend l'enquête qui concerne un éventreur de femmes qui terrorise le Yorshire depuis 6 ans. Ses découvertes ne sont pas du goût de la police locale. Quant à la vie personnelle sans joie de Hunter, entre sa femme et sa maîtresse, elle ajoute encore au climat sombre et déprimant de l'ensemble.
1983 d'Anand Tucker : une nouvelle disparition de petite fille offre des similitudes avec celles de 1974 qui pousse un avocat minable à se demander si une personne inoccente n'aurait pas été condamnée. Cet "épisode" est chargé de résoudre cette série de meurtres commencée 9 ans plus tôt.
5 amis d'enfance font le rêve de créer leur groupe de rock. La rencontre avec la directrice d'une maison de disques qui les remarque lors d'un concert les propulse sur le devant de la scène. Ils font un disque puis une tournée mais l'arrivée de Laura va perturber leur ascension.
L'ensemble est éminemment sympathique mais sitôt vu sitôt oublié. Les jeunes acteurs sont tous formidables. Marc André Grondin étire jusqu'à plus soif son côté désinvolte et rock qu'on lui connaît. Il fait cela très bien. Arthur Dupont a la bouche et les attitudes de Mike Jagger. Jules Pélissier rescapé d'une "Nouvelle Star" s'en tire pas mal même si sa jolie voix est peu mise en valeur. Et Abraham Belaga ressemble beaucoup à Jocelyn Quivrin, il en a la dégaine élégante et nonchalante.
Dommage que Christopher Thompson ne se concentre pas uniquement sur ce groupe d'amis et l'aspect auto destructeur de son leader/chanteur. Il leur colle dans les pattes une salle gosse de riches, emmerdeuse de première dont le boulot à plein temps est de repérer les futures rock-stars, séduire le chef du groupe puis un autre membre du groupe, s'autoproclamer "égérie", ficher la pagaïe et disparaître. Ce personnage excécrable interprété par une actrice insignifiante qui n'a d'autre talent que d'être jolie, m'a définitivement "plombé" ce film. Que le chanteur en tombe amoureux après une conversation d'une banalité à pleurer sur un trottoir, passons. Mais qu'un autre succombe, c'est trop et totalement inexplicable et inexpliqué. Le tempérament suicidaire de la star du groupe suffisait à en justifier l'implosion.