Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

4 ** POURQUOI PAS ? - Page 49

  • LES CHEVRES DU PENTAGONE **

    19170697_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20090918_111641.jpg
    19170694_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20090918_111640.jpg19268505_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100308_122836.jpg
    19170691_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20090918_111639.jpg
    Désespéré parce que sa femme l'a quitté pour son rédacteur en chef, le journaliste Bob Wilton décide de faire ce que font tous les hommes dans ce cas selon lui : partir à la guerre. Il s'installe dans un luxueux hôtel au Koweit et attend l'opportunité d'un événement intéressant à "couvrir". C'est la rencontre avec l'ex soldat américain Lynn Cassady qui va le mener en Irak où il va l'accompagner sur une prétendue mission et enquêter sur un programme très mystérieux du Pentagone : l'utilisation des pouvoirs paranormaux des soldats qui permettraient de changer la guerre en une espèce de guerre bio, sans armes et sans violence ! Méthode selon laquelle, les soldats dotés de ces pouvoirs pourraient lire dans les pensées, traverser les murs et autres joyeusetés paranormales.
    Ce programme américain a réellement existé et a malheureusement donné lieu à une utilisation beaucoup moins peace and love, comme pratique de torture notamment sur les prisonniers d'Abou Grahib !
    Ce qui fait évidemment tout le sel de cette comédie guerrière qui se voulait différente, c'est son casting quatre étoiles grand luxe ! Hélas, alors que le réalisateur tenait là l'une des plus belles bandes de barjots qui soient, prêts à tout et à n'importe quoi pour faire rire, il s'est contenté de quelques idées qui m'ont laissé sur ma faim parce que j'ai senti à quel point les acteurs pouvaient, voulaient, auraient dû et pu aller loin, très loin dans le porte nawak et la loufoquerie. Il semble évident que les quatres lascars en avaient encore sous la semelle
    Ewan McGregor, parfaitement benêt et ahuri (pour rester polie) ne cesse de s'extasier sur la possibilité de devenir un Jedi, après avoir longuement interrogé son interlocuteur sur ce qu'est un Jedi. MDR, Ewan, TU ES Obi Wan Kenobi qui l'a oublié à part toi ?
    Georges ne se départit à aucun moment de son inénarrable sérieux, de son flegme inébranlable et son grand numéro de médium haut de gamme, capable à l'occasion d'utiliser des pratiques (physiques) plus radicables fait mouche à chaque fois. La réplique qui m'a fait hurler de rire et quasiment suffoquer pendant 10 minutes alors que la salle impassible essayait de suivre le film... (pardon à eux mais non en fait je m'en cogne) : alors que notre Georges attend que son réchaud à énergie solaire fonctionne et qu'il fait nuit noire, il annonce :
    "c'est officiel, la nuit est tombée".
    Moi j'aime, j'adore, j'en re-veux !
    Jeff Bridges, longue tresse et turban dans les cheveux est impeccable et irrésistible dans son costume de gourou new age, peace and love déconnecté au LSD. Quant à Kevin Spacey, il est très vilain et son rôle de teigneux est tordant.
    Et puis voir Jeff demander à Georges de se libérer, de s'épanouir en dansant façon hare krishna est l'un des grands moments.
    En fait, ce film c'est ça, quelques grands bons moments exécutés par de grands acteurs mais qui se repose trop sur eux entre temps et n'a rien à offrir. Dommage.

  • CHLOE de Atom Egoyan **

    19242835_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100203_053301.jpg 19218701_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20091229_032147.jpg19218700_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20091229_032147.jpg

    Catherine et David sont plein aux as, ils ont une maison/mausolée gigantesque, un métier qui les passionne et les absorbe (lui prof en fac, elle gynécologue), il s'aiment d'un amour plein de tendresse et de complicité malgré le temps qui a passé. Mais il y a des ombres au tableau idyllique, leur fils, ado tourmenté en pleine crise et Catherine qui est persuadée que son mari la trompe. Pour en avoir le coeur net, elle engage la jeune et belle Chloé, escort girl. Elle la charge de séduire son mari et de lui raconter en détails leurs rendez-vous. Les événements vont très très rapidement prendre une tournure tout à fait inattendue, que je laisse le soin aux professionnels de vous révéler.

    Evidemment après le vertigineux "Adoration" du même Egoyan, ce "Chloé" pourrait paraître être un tout petit film mais finalement pas tant que ça. Parce que le réalisateur maintient le suspens et les surprises alors qu'à plusieurs reprises on est tenté de croire qu'on a compris où il nous emmène, et puis non. Un film qui réserve la dernière révélation lors du tout dernier plan est pour moi un film réussi et j'en sors avec un sourire jusque là parce que je me suis dit que... et tout compte fait, pas ! ça parle de séduction, de tromperies, de manipultation, de mensonges, de cachotteries mais pas seulement. David est un homme qui atteint la cinquantaine et est au summum de sa séduction qu'il exerce sur toutes les femmes surtout jeunes qui croisent sa route, alors que Catherine se sent vieillir et de moins en moins désirable. Observer son mari flirter avec toutes ces filles devient pour elle de plus en plus cruel, injuste et insupportable.

    Je passerai sur l'interprétation de Liam Neeson que je n'ai pas trouvé très à l'aise dans ce rôle de séducteur. Par contre les deux joyaux de cette histoire parfois torride sont d'une part Amanda Seyfried ravissante et ensorcelante, d'autre part Julianne Moore qui réussit à faire oublier l'accident de sa récente décevante, désastreuse et pathétique composition. Elle est ici d'une beauté à tomber, d'une élégance, d'une volupté et d'une sensualité fabuleuses.

    Si vous ne vous laissez pas piéger par l'histoire, succombez au moins aux deux actrices !

  • LA RAFLE de Rose Bosch **

    19269205_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100308_012827.jpg19269184_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100308_012616.jpg
    19269200_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100308_012824.jpg

    En France, dès juin 1942, les juifs ont dû porter l'étoile jaune et se faire recenser. Un mois plus tard 13 000 d'entre eux, juifs français ont été "raflés" dès le petit jour le 16 juillet, entassés au Vélodrome d'Hiver dans le 15ème arrondissement,  puis internés dans des camps et enfin déportés vers Auschwitz pour y être exterminés. Parmi eux, 4 050 enfants dont un, Jo Weissmann toujours en vie, a réussi à s'échapper du camp de transit de Beaune La Rolande dans le Loiret. Aucun des autres enfants n'a survécu. Anna Traube, toute jeune fille à l'époque réussit quant à elle à s'échapper du Vel d'Hiv'. Le dernier témoin de ces quelques journées au bout de l'enfer est un pompier de Paris. Tous les personnages du film ont vraiment existé et la réalisatrice utilise le véritable nom de certains d'entre eux.

    Cette abomination décidée par Hitler et les nazis fut orchestrée et accomplie en France avec beaucoup de zèle et d'application par le gouvernement de Vichy, Pétain, Laval, Bousquet, aidé par la police qui manifestement s'est peu posé de questions face à ces ordres insensés. Aucun allemand n'intervient dans cette rafle. Et alors qu'ils ne souhaitent déporter "que" les adultes, les français se demandent ce qu'ils vont bien pouvoir faire de tous leurs enfants ! Qu'à cela ne tienne, les enfants seront déportés également. Il s'agit donc de la première guerre de toute l'histoire de l'humanité délibérément faite à des enfants. Ce n'est pas l'unique atrocité de cette période mais elle est de taille.

    Si on s'en tient aux faits, à l'histoire, à cet épisode innommable, je dirais que ce film est nécessaire, indispensable. D'autant qu'il est le premier à traiter ce fait précis, même s'il a déjà été évoqué par ailleurs. C'est donc courageux de la part de Rose Bosch de s'y être attaqué, d'autant que les français cherchaient moins à témoigner que les allemands qui ont toujours photographié ou filmé leurs crimes, puisqu'il paraît qu'il n'existe aucune image de ces quelques jours de juillet 42. Par conséquent, entrer dans ce Vél d'Hiv' reconstitué pour la toute première fois est un choc considérable car on est instantanément projeté à l'intérieur d'un stade immense où 13 000 personnes, hommes, femmes et enfants sont entassés par une chaleur accablante, sans eau, sans nourriture. Le bruit qui y règne, le brouhaha des discussions, le cri des enfants, les plaintes des malades, l'atmosphère moite sont saisissants. Le désarroi, la peur et l'incompréhension se lisent sur les visages. Un médecin et quelques infirmières sans matériel ni médicament essaient tant bien que mal de palier les maladies infantiles, les blessures, les malaises. Tout cela en plein Paris...

    L'arrivée des pompiers qui vont dérouler les lances pour amener de l'eau à toutes ces personnes est vécue comme une victoire, une libération. Ils sont acclamés par la foule. C'est un passage très fort du film d'autant que ces hommes, saisis de stupeur et de compassion, vont également se charger de faire passer des messages à l'extérieur. Les passages bouleversants  et véritablement traumatisants se succèdent. Après quatre jours passés dans cet endroit, les 13 000 juifs sont tout aussi brutalement et toujours sans aucune explication, emmenés dans des trains vers des camps de transit dans le Loiret où ils "patienteront" sans qu'aucune justification leur soit jamais donnée... sans doute les fait-on attendre que les crématoires en Pologne soient opérationnels. L'écrire ou le dire c'est une chose, le voir en est une autre et le coeur se serre d'incompréhension devant ce "spectacle" inqualifiable.

    Que des hommes aient pu faire "ça" à d'autres hommes restera à jamais inconcevable, inimaginable et pourtant ça a bien existé. Voir des trains à bestiaux, des barbelés, des étoiles jaunes, des baraquements insalubres... est toujours insoutenable. Comme entendre ces cris de terreur brusquement assourdis par une porte qui se verrouille sur eux définitivement ! Comme il est déchirant d'entendre le père de famille en arrivant à Beaune La Rolande dire à ses enfants pour les rassurer : "vous voyez, nous n'avons pas quitté la France !"

    Mais cette barbarie insondable commençait d'abord par de la cruauté mentale dont le paroxysme est atteint lors de cette scène où les wagons n'étant pas assez nombreux pour contenir tout le monde, les enfants sont séparés de leurs mères ! De l'autre côté des barbelés, les hommes épouvantés assistent à la scène, impuissants. Jamais ni les uns ni les autres ne se reverront. Et là, les mots me manquent pour exprimer ce que j'ai ressenti...

    C'est donc un film témoignagne nécessaire je pense, courageux, mais difficile à supporter.

    Et parce que ce sujet est révoltant, j'ai un peu de réticence à évoquer les faiblesses du film... Mais bon, on est au cinéma quand même !

    Si j'ai trouvé Mélanie Laurent et Jean Réno vraiment très bien, très profonds, vibrants et touchants. J'ai eu plus de difficultés à voir en Gad Elmaleh ce père de famille protecteur. Le tout petit Nono, zozotant et très mignon, brusquement seul à la mort de sa mère que personne n'ose lui révéler, joue tellement comme une savate que chacune des ses apparitions censées être touchantes j'imagine, m'ont agacée au plus haut point. Par contre, le jeune garçon qui joue le rôle de Jo Weissman (le seul à s'être échappé) est une vraie petite graine de star. Face à tous les autres gamins qui jouent horriblement faux, il est tout à fait surprenant. J'ai également trouvé particulièrement maladroites les scènes où l'on découvre Hitler (interprété par un très joli acteur aux yeux bleus !!!) écouter Wagner, faire sauter de beaux petits enfants aryens sur ses genoux, obéir au doigt et à l'oeil à cette tarée d'Eva, s'offusquer des conditions d'abattage des bêtes dans les abattoirs etc... A-t'on vraiment encore besoin de nous dire que ce monstre était un homme ? Quant à Pétain marchandant avec Laval qui marchande à son tour avec les allemands sur le nombre "d'unités" à exterminer sont aussi lamentables qu'ils devaient l'être dans la réalité. Evidemment le Paris et plus précisément le Montmartre de carte postale du début sert à nous montrer qu'une période de bonheur peut basculer d'une seconde à l'autre ainsi que le contraste avec la noirceur qui va suivre... mais en 42, Paris était bel et bien occupé non ?

    Le film mentionne également les 10 000 juifs "introuvables" lors de cette rafle mais rien sur les "justes" qui les ont sans aucun doute aidés à y échapper. Ce n'est pas le sujet.

  • A SINGLE MAN de Tom Ford **

    A Single ManA Single ManA-Single-Man.jpg

    George ne se console pas de la mort de Jim son grand amour, le compagnon qui partageait sa vie depuis 16 ans. Au bout de huit mois de chagrin et alors que "se réveiller le matin est devenu une douleur concrète", qu'il faut chaque jour se dire qu'il va falloir tenir jusqu'au bout d'une nouvelle journée, George décide d'en finir. Il va passer cette journée qui ne sera définitivement pas comme les autres à préparer méticuleusement son suicide. Faire des choses essentielles, symboliques et d'autres tout à fait quotidiennes et ordinaires. En outre, il assurera les cours de linguistiques qu'il donne à l'université de Los Angelès. Mais la vie, le destin, les rencontres, les imprévus font que tout ne se passe pas toujours comme on l'a décidé.
    Alors que la famille de Jim a refusé que George assiste aux obsèques, il entreprend seul le fameux travail de deuil, parfois aidé par sa meilleure amie  (Julianne Moore : EXASPERANTE) qui, amoureuse de lui, se désole qu'il la repousse on le comprend, un tel pot de colle !!! mais on la comprend aussi, Colin, on a très envie de le coller.
    Pour incarner cet homme fier et blessé qui doit cacher sa souffrance parce qu'aimer un homme au grand jour quand on est un homme est encore inconcevable dans l'Amérique de 1962, Tom Ford a choisi le stradivarius des acteurs de grande classe. J'avoue que sans lui, ce film m'aurait sans doute laissé indifférente.  Tout chez Colin Firth est synonyme d'élégance et de distinction. Mais sous l'apparente froideur couve le feu de la passion, c'est évident. Sur son visage que le réalisateur inspecte au plus près passe toutes les émotions d'un homme qui ne sait plus s'il doit vivre ou mourir, qui ne conçoit plus la vie sans la personne qu'il a le plus aimée mais qui s'aperçoit aussi que séduire et être séduit peut encore redonner un sens à l'existence. Et puis lors d'une longue séquence muette, George/Colin mime et répète plusieurs fois et en différents endroits de sa maison la scène de son futur suicide. Avec un flegme tout british mais parfaitement hilarant, il cherche manifestement à ce que le coup de révolver fasse le moins de dégât possible. C'est un moment très drôle et j'espère que c'est volontaire parce que j'étais la seule à rire... Mais ce moment est quand même relativement surprenant, il faut l'avouer, dans un film qui se prend au sérieux. Il aurait pu ou dû être un grand mélo mais Tom Ford a choisi de soigner davantage l'esthétique que l'émotion. Tout comme il ne fait que survoler le thème de la différence évoqué lors d'un cours en amphi. Incontestablement tout est très beau à regarder, tout est parfaitement propre, bien rangé, à sa place. Pas la moindre poussière dans les maisons, pas le moindre brin d'herbe qui dépasse dans les jardins, un plan fixe interminable devant une affiche géante de "Psychose", des pauses absolument pas naturelles, des conversations qui tombent comme des cheveux sur la soupe avec de jolis garçons de passage, un jeune homo avec son pull en mohair blanc, un autre qui joue torse nu au tennis, l'intérieur très raffiné de la maison d'architecte de George... tout, absolument tout semble être là pour faire beau, nimbé de beaucoup de couleurs et enveloppé d'une bande sonore très "in the mood for lovienne"...  mais toute cette application manque furieusement de naturel. Comme cette scène insupportable où Julianne Moore a un fourire. J'ai rarement vu une scène aussi ratée !
    Tom Ford refuse qu'on parle de son film comme d'un film traitant de l'homosexualité. Pour lui il s'agit d'une histoire d'amour universelle. Sans doute, mais un réalisateur hétéro n'aurait sans doute pas promené sa caressante caméra sur Colin Firth qui se déshabille, (et s'habille avec beaucoup de classe et de raffinement) et ça c'est plutôt une bonne nouvelle pour les filles comme pour les garçons qui aiment les garçons !
  • ENSEMBLE C'EST TROP de Léa Fazer **

    19215509_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20091222_104557.jpg
    19215507_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20091222_104556.jpg
    Au cours d'un dîner infernal familial et dominical, Marie-France découvre que son mari la trompe. Folle de colère et de douleur elle va se réfugier chez son grand garçon Sébastien qui est marié avec Clémentine avec qui il a deux enfants. Le provisoire s'éternise car non content de l'avoir trompée, ce mari presque soixantenaire a une liaison avec une jeune femme de 30 ans sa cadette qui attend un enfant de lui... Tout se complique évidemment et lorsque l'enfant paraît, l'infidèle s'aperçoit qu'il a fait fausse route, qu'il s'ennuie avec sa nouvelle très jeune femme. Il aimerait bien rentrer au bercail mais Marie-France a de son côté pris goût à sa nouvelle liberté.
    Je vous passe les détails vaudevillesques et abracadabrants de cette comédie joyeuse et grave qui pointe quelques aspects de la vraie vie d'aujourd'hui même s'il est évident que rarement toutes les catastrophes s'abattent sur la même famille, quoique... et qu'elles sont encore plus rarement résolues en quelques coups de cuillère à pot ! Entre les envahissants, les velléitaires, les irresponsables, les donneurs de leçons, les anxieux, les insouciants... la famille trimballe son lot de boulets. Mais je dois dire qu'il y avait bien longtemps que je n'avais tant ri à une comédie française et que ce sont plus les acteurs que le film lui-même qui sont responsables de mon hilarité.
    Evidemment retrouver pour la dernière fois Jocelyn Quivrin à qui ce film est dédié est une raison suffisante pour le voir. Mais il faut reconnaître que Nathalie Baye, complètement déchaînée, d'une fantaise rare, d'un abattage réjouissant, d'un naturel, d'une classe et d'une drôlerie exquis est absolument irrésistible.
    Et puis, le petit plus vient d'Eric Cantona, que j'ai toujours trouvé grand, grand acteur et qui est ici très à sa place en Prince Charmant...

  • FROM PARIS WITH LOVE de Pierre Morel **

    From Paris With LoveFrom Paris With Love

    Vous vous souvenez de "Taken" !

    Hein ? Vous vous souvenez pas de "Taken" ?

    Bon allez voir . ça y est, ça vous revient maintenant ?

    Tout ça pour vous dire que c'est le même réalisateur et qu'à l'époque j'avais même dit que je ne voulais plus en entendre parler. Mais j'ai le droit de changer d'avis, je suis chez moi après tout. Et puis vous avez vu les beaux yeux des deux garçons au dessus ? Vous résistez vous ? Pas moi. Bon en gros, c'est l'histoire de Jimmy Reese qui est tout propre sur lui au début et qui a l'air du premier de la classe. Il est le bras droit de l'Ambassadeur Américain à Paris, autant dire qu'il lui sert à tout et aussi de tête pensante et même à jouer aux échecs. Mais James a deux casquettes et parfois il reçoit de mystérieux appels téléphoniques et il exécute de bizarres missions ordonnées par un mystérieux monsieur dans le téléphone.

    Pour sa première mission il doit changer une plaque minéralogique sur une voiture dans un parking en faisant bien comme ça et comme ça pour que personne le voit. Il n'a même pas un tourne-vis électrique que même moi qui suis pas une flèche en bricolage j'en ai un. Le soir, il rentre chez lui et y'a une belle fille qui le rejoint et qui met une robe en peau de rideau (comme Scarlett O'Hara), il fait "waouh",

    et... rideau,

     ils vont au lit parce que la robe ça l'a trop énervé, il veut l'enlever.

    Ensuite la voix dans le téléphone lui ordonne de mettre un micro dans le bureau d'un Ministre qui s'est fait la tête de Derrick en plus moche. Avec du chewing-gum et une agrafeuse, il accomplit sa mission. Mais il en a marre des missions de tafioles, lui ce qu'il veut c'est de la vraie mission top secrète à la Rambo. La voix mystère dit qu'il n'est pas encore prêt mais qu'en attendant de voir il faut qu'il aille chercher un partner à l'aéroport. C'est le partner qui a une mission mais il devra lui servir de chauffeur et aussi l'aider à porter un vase avec trois kilos d'héroïne dedans. Il dit "banco" parce que quand la voix lui cause, il bronche pas d'une oreille. Il dit "oui monsieur" et il fait. Basta cosi.

    La première apparition de John Travolta c'est le partner; Wax il s'appelle, fait très très peur. Crâne rasé, chaînes de rappeurs au cou, boucle d'une oreille et look de zonard, il dit plein de gros mots à un pauvre gars de l'aéroport qui veut pas laisser entrer ses canettes de boisson énergisante en France. Mais ça s'arrange grâce à Jim qui met un autocollant "diplomatic" sur les canettes.

    Le Wax c'est un warrior. Wax on - Wax off, c'est son cri de guerre. Il vient foutre un sacré boxon à Paris. 24 morts/seconde, c'est sa moyenne. C'est un arsenal à lui tout seul. Il tire dans tout ce qui remue. Jim se demande si c'est une vraie mission. Mais la voix lui dit "oui, c'est une vraie mission"... "Mais euh... qu'il répond, je fais rien qu'à porter un vase avec 3 kgs d'héroïne dedans à travers Paris pendant que lui tire sur tout ce qui remue".

    - "Ta gueule, c'est une vraie mission que je te dis. C'est qui la voix ???"

    A un moment ils rencontrent une bande de chinois malintentionnés, mais Wax se met en mode "on" et les dégomme tous. ça tombe bien vu que bien qu'ils soient au moins 6 ou 7, ils attendent leur tour. Ensuite ils vont dans la banlieue pas rose-morose. Mais avant ça, John/Wax a faim et il nous refait le coup du Royal Cheese, MDR. Et là, Jim, qui commence à avoir le sens de l'humour arme fatale dit à des mastards bien craignos : "on aimerait bien lui et moi se téléporter à l'intérieur de l'immeuble". C'est du langage banlieue ça. Ils entrent dans l'immeuble et foutent tout par terre à coup de sulfateuse et d'explosifs.

    Ensuite ils se retrouvent à genoux dans une cave avec un moutard qui les menace. Jim se dit que devant un gamin le Wax va pas baisser les bras. C'est tout le contraire et il dit : "devant un somalien de 10 ans très énervé qui tient une kalachnikov, tu fais ce qu'il dit". Et puis, après une course poursuite sur l'autoroute (mais depuis que James Gray a course poursuiter la nuit sous la pluie et dans le brouillard, les courses poursuites seront jamais plus ce qu'elles étaient) tout le monde se rend au sommet pour l'aide à l'Afrique où il y aura du beau linge...

    La bombe va t'elle exploser ou pas ? Je vous le laisse découvrir.

    C'est donc du gros cinéma bourrin pyrotechnique qui fait tchacatchac tchicboum, un peu décérébré, un peu raciste (les méchants sont les chintoks, les pakistanais, les somaliens, les bronzés... les gentils sont les américains qui nous ont sauvés en 18 et en 45 que sinon on serait teutons)

    MAIS...

    le duo vedette Jonh Travolta et Johnathan Rhys-Meyers sont deux très très bons acteurs qui pour une fois dans ce genre de couple semblent vraiment complices (l'un n'essayant pas de tirer la couverture à lui... malgré la consternante première scène travoltienne... il se calme ensuite) et s'amuser comme des ptits fous. Donc, je me suis amusé avec eux (façon de causer) en décidant de ne pas prendre tout ça au sérieux. ça démarre pied au plancher, ça fonce dans le mur une heure et demi plus tard et on ne voit pas le temps passer.

    Evidemment, le soir du même jour j'ai vu "Shutter Island" ***** et là, je dis encore, encore encore...

  • HORS DE CONTRÔLE de Martin Campbell**

    Hors de contrôleHors de contrôle

    Thomas Craven est un inspecteur de police de Boston fatigué (ça se voit à son imper mastic... dans ma famille chez moi on appelle ça "un Colombo"). Il a élevé seul sa fille Emma qui est partie faire ses études en Pensylvannie. Alors que la chérie de 25 ans revient passer quelques jours chez son papounet d'amour, elle se fait assassiner devant lui sans qu'il puisse rien faire. Persuadé que la fusillade lui était destinée, il mène l'enquête qui le conduit sur de fausses pistes mais rapidement lui fait découvrir les secrets de sa fille, de son travail et de ses implications politiques.

    On comprend avant Thomas que le boulot d'Emma, ingénieur dans une gigantesque entreprise qui chipote avec le nucléaire, est au centre de l'histoire. Les intérêts qui mettent en cause les marchands qui arment les pays en guerre, les terroristes, la cuisine et les manoeuvres politiques, l'intervention de l'Etat à tous les niveaux, le secret défense, la CIA qui manoeuvre, tout ça... on s'en fiche un peu. On peut bien sûr, si on est de mauvaise humeur faire les gros yeux au côté justicier MAIS hors la loi/de contrôle de Thomas qui venge sa fille en faisant des cartons sur tout ce qui gigote... mais bon, moi j'ai décidé que j'allais voir Mel Gibson au cinéma et que de toute façon j'ai parfois envie de déboulonner tout ce qui remue pour moins que ça !!!

    Et il est vrai que du Mel, si t'en veux pas, t'en re-auras quand même ! En effet, mis à part Danny Huston dans son sempiternel et fatigant rôle de méchant patron vraiment pas subtil, quelques conversations énigmatiques avec Ray Winstone qui joue un agent nettoyeur de la CIA, et quelques jolies scènes où sa fille lui revient en fantôme, Mel est seul, bien seul. Et le solitaire misanthrope hermite las et dégoûté de la vie, il fait ça très très bien. Et encore mieux je dirai après quelques années d'absence sur les écrans qui lui ont harmonieusement buriné le visage (pourquoi ça va si bien aux garçons et que ça fait si moche chez une fille ????), il est ici particulièrement malheureux, sombre et accablé ce qui est parfaitement compréhensible. Mais surtout, il semble avoir gommé tous ses tics et une sobriété vraiment bienvenue le rend encore plus touchant. D'autant que le réalisateur évite de lui mettre en bouche des répliques où l'humour à deux balles auraient démontré le cynisme du bonhomme. Quand on vient de perdre son enfant (et Mel s'y connaît... peu de films je crois où il ne soit veuf ou n'ait perdu un enfant) on n'a plus trop envie de faire dans la blagounette grasse, et Mel est donc exemplaire, comme absent mais déterminé, uniquement habité par sa vengeance (roooo, c'est pas bien, faut pas le faire !), il est le mec qui n'a plus rien à perdre et se fout de tout, avec son oeil bleu acier mais constamment très humide.

    Bon, de toute façon, moi, voir un papounet et sa fifille marcher bras dessus bras dessous au ralenti, ça me fait fondre !

  • L'AUTRE DUMAS de Safy Nebbou **

    L'Autre DumasL'Autre DumasL'Autre Dumas

    Alexandre Dumas et son "nègre" Auguste Maquet essaient de trouver l'inspiration au bord de la mer à Trouville. Charlotte, jeune admiratrice de l'écrivain dont Maquet tombe instantanément amoureux croit qu'il est le grand homme ! Malgré les tentatives pour révéler à la jeune fille qui il est réellement, le malentendu s'installe.

    Il y a des "choses" vraiment formidables dans ce film. Voir de la littérature au cinéma, moi, j'adore. C'est l'assurance la plupart du temps, et c'est le cas ici, d'avoir à se mettre dans les oreilles de beaux dialogues joliment troussés et un rien ampoulés comme j'aime. Aucune phrase ne commence par "à la base" et ne se termine par "c'est clair". Et ça, c'est "juste" délicieux.

    Et puis il y a les acteurs. Le tandem de deux "monsieur plus" excessifs et d'ordinaire plus tonitruants fonctionne admirablement, tous deux ayant choisi (ou ayant été contraints par leur réalisateur) d'être plus "intérieurs" et d'opter pour une simplicité, une humilité et une subtilité qui leur conviennent parfaitement. Aucun des deux ne tirent la couverture. Et il se glisse derrière leur complicité parfois teintée de doute et de jalousie, beaucoup de mélancolie, une certaine lassitude qui s'accomodent incroyablement bien à la personnalité de ces deux acteurs parfois/souvent travaillés par le découragement. Depardieu/Dumas reste l'ogre épicurien qui baise et qui bouffe viscéralement mais ici plus fragile, parfois ridicule, il est vraiment touchant. Quant à Poelvoorde/Maquet, talentueux mais besogneux, c'est tout en finesse, humilité et douceur qu'il compose ce personnage fasciné et rebuté par son "maître". Il est extraordinaire.

    Les femmes de ces monstres envahis par leur ego sont sublimes. En tête Catherine Mouchet qui avec sa voix envoûtante, son physique incomparable compose une savoureuse Madame Maquet capable de beaucoup de distance et qui joue de sa fantaisie. Dominique Blanc en ombre jalouse et protectrice de Dumas est finalement plus despote qu'elle ne paraît avec un art consommé de se rendre indispensable. Et enfin Mélanie Thierry est parfaite en jeune féministe rebelle et prête à la révolution.

    Hélas, en mélangeant les histoires : littéraire, amoureuse, révolutionnaire (j'y ai perdu mon latin parfois à savoir qui est républicain qui est monarchiste et je m'en foutais éperdument)... j'ai l'impression que Safy Nebbou se prend un peu les pieds dans le tapis. Chaque histoire mérite qu'on s'y attarde mais ici j'aurais eu envie de me concentrer exclusivement sur Dumas et Maquet. 

  • LOVELY BONES de Peter Jackson **

    Lovely BonesLovely BonesLovely Bones

    Susie vit avec sa famille Ricorée (son fère, sa soeur, ses parents, parfois sa grand-mère) une vie d'ado de 14 ans qui va à l'école, au ciné-club et rêve de son premier amour en lorgnant un "grand" et beau garçon de terminale. Un soir elle est attirée  puis piégée par son voisin pédophile qui la viole, la tue et fait disparaître son corps. Dans un "entre deux" de l'au-delà elle continue à pouvoir observer sa famille anéantie et à semer des indices afin que l'enquête pour retrouver son assassin aboutisse.

    Peter Jackson mêle dans une même histoire enquête sur un serial-killer et le drame d'une famille, de parents confrontés à la plus grande douleur de leur vie. Il alterne la découverte d'une espèce de paradis idéal que les occupants peuvent imaginer à leur façon et le quotidien terrestre qui observe l'enquête et les diverses réactions des membres de la famille face à la tragédie. Autant le dire carrément, la partie enquête est pratiquement absente voire ratée. C'est dommage mais ce n'est sans doute pas le propos du film. La vision du paradis donne à Peter Jackson l'occasion d'explorer une nouvelle fois son... goût pour les décors gigantesques et fantastiques. C'est la plupart du temps extravagant mais il tombe parfois dans une surenchère de couleurs acidulés qui va de la meringue pastel à la boulaneige scintillante et c'est assez surprenant. Accordons au réalisateur le bénéfice du doute en précisant qu'avant d'aller vraiment au paradis la petite Susie "vit" dans un entre-deux qui est représenté tel qu'elle l'imagine... Comme il s'agit d'une fille encore petite, disons que son bon goût n'est pas encore affirmé.

    La partie la plus réussie est donc celle qui ausculte les effets de la mort du Susie sur ses parents et sa soeur. Evidemment Peter Jackson ayant déplacé son équipe aux Etats-Unis se plie aux diktats d'une fin hollywoodienne (je n'ai pas lu le roman dont est tiré le film) mais je pense que dans la vraie vie il y a deux façons de réagir pour des parents. Soit cette épreuve quasi insurmontable les soudent à tout jamais soit elle les éloigne l'un de l'autre. Ici, le père fou de sa fille et fou de douleur veut comprendre et trouver le coupable. La mère quant à elle s'isole et se sépare un temps de sa famille pour s'abrutir dans un travail de cueillette de quelque chose (je ne sais plus quoi).

    Finalement il semblerait que, contrairement à ce que nous disent d'habitude les films, ce n'est pas aux vivants de laisser symboliquement "partir" les morts pour un repos éternel mais aux morts de cesser de venir hanter les vivants pour leur permettre de continuer à vivre. Soit.

  • DISGRACE de Steve Jacobs **

    DisgraceDisgrace

    David est prof de littérature dans une Université du Cap en Afrique du sud. Il recherche des femmes beaucoup plus jeunes que lui pour assouvir sa libido très active, parfois contre espèces sonnantes d’autres fois pas. Sa relation avec une de ses étudiantes à laquelle celle-ci veut rapidement mettre fin va provoquer un scandale le forçant à démissionner. Il choisit de s’isoler chez sa fille Lucy, espèce de baba cool solitaire qui habite une ferme très isolée où elle cultive des fleurs, des légumes et élève des chiens. Les rapports entre le père et la fille sont cordiaux, sans plus. David ne comprend pas la façon de vivre de Lucy qui ne cherche pas à lui expliquer. Néanmoins il témoigne beaucoup d’affection et une sorte d’admiration pour cette fille qu’il a délaissée.

    Un jour, ils sont agressés par trois jeunes noirs. David enfermé et brûlé vif se trouve dans l’impossibilité de défendre Lucy qui se fait violer. Il pense pouvoir lui faire quitter cet endroit qu’il juge dangereux mais elle refuse de partir. Malgré les risques et les compromissions qu’elle doit consentir, elle se sent chez elle et aime ce sublime pays.

    Manifestement après avoir été dominés par les blancs, les noirs de ce pays les tolèrent tout en cherchant à leur faire comprendre qu’ils seraient aussi bien ailleurs. Une jeune femme seule est d’autant plus exposée que la femme là-bas comme dans beaucoup d’endroit est souvent la plus sacrifiée. Lucie peut obtenir un soutien en se mariant car une fois mariée elle se retrouverait systématiquement sous la protection d’un homme. Son père est scandalisé par ces pratiques… mais peu à peu, il va réaliser que son attitude vis-à-vis des femmes était d’une certaine façon tout aussi dégradante et condamnable.

    Il n’est pas aisé de comprendre tous les tenants et aboutissants de cette histoire et « d’entrer » dans ce film tant il reste opaque et mystérieux la plupart du temps. Mais il faut admettre que John Malkovich est un acteur fascinant. Toujours calme et doux, inquiétant puis inquiet, ambigu la plupart du temps, on ne sait jamais vraiment s’il est sympathique ou antipathique. S’il faut croire à son repentir ou y voir de l’ironie. C’est la force de cet acteur de semer le trouble dans tous les sens du terme dès qu’il apparaît.

    Mais le film quant à lui, on dirait vraiment qu’il ne sert à rien…