Mathieu est atteint d’un cancer en phase terminale. Il a choisi de mourir chez lui, seul, loin de ses proches. C’est donc à Théo, jeune homme compatissant, disponible, très récemment déçu par l’amour et rencontré par hasard dans un café qu’il offre ses dernières semaines. Leur relation amicale éphémère, fugace n’en est pas moins riche d’intensité, de complicité et d’intimité.
L’agonie et la mort de Mathieu ne sont qu’un préambule à ce qui va suivre. Pourtant les liens qui se tissent entre Mathieu et Théo, magnifiquement interprétés, avec beaucoup de pudeur et de lucidité par Jean-Jacques Levessier et Aymeric Cormerais, mériteraient un film à eux seuls tant leurs rapports généreux dénués d’opportunisme sont beaux. Ce n’est d’ailleurs pas tant Mathieu qui nous manque lorsqu’il disparaît, mais la beauté des attachements qu’il était capable de faire naître.
C’est aussi Théo qui sera chargé, à la mort de Mathieu, de prévenir ses amis les plus proches. Ils seront donc 4 garçons et 3 filles, entre 22 et 26 ans qui vont se rencontrer autour d’un cercueil pour finalement construire de nouvelles amitiés, trouver un sens à leur vie, et en l’honneur et dans le souvenir de Mathieu : Vivre !
C’est à partir de là que le film réalisé dans l’urgence, dans l’euphorie et avec l’énergie de la jeunesse de ses interprètes qui célèbrent la vie, nous fait découvrir un cinéma différent qui ne respecte aucun code mais offre un regard nouveau et un hommage sincère et vibrant au cinéma des aînés. On s’attend d’ailleurs à tout moment voir surgir Patricia/Jean Seberg pour nous proposer le « Herald Tribune » dans un Paris si beau qu’il semble presque irréel.
Nous suivrons sur quelques semaines le chemin de Théo et des autres, avec leurs projets, leurs rêves qui se concrétiseront, ou pas…
J’aime bien la façon dont Aymeric me parlait du film récemment : « Si on devait faire une comparaison culinaire je dirais qu'un film "normal" c'est : entrée, plat, dessert; alors que celui-ci est comme un buffet où l’on peut grignoter un peu de tout ».
Le cinéma la plupart du temps c’est beaucoup de temps qui passe, beaucoup de patience, des années d’attente parfois, de réflexion, d’hésitation, de doute et puis parfois «un soir d’avril» par exemple, un réalisateur décide que tout doit être différent.
Voilà la façon dont Yvon Marciano raconte comment l’idée de « Vivre ! » lui est venue, après avoir mis en exergue une phrase de Jacques Rivette :
« C’est toujours la méthode avec laquelle on tourne un film qui est le vrai sujet ».
« Un soir d’avril, cette idée soudain s’est imposée à moi : tourner un long-métrage, en trois semaines, au mois d’août à Paris, avec des jeunes comédiens, une équipe légère, caméra à l’épaule, dans une totale liberté. Je n’avais aucune idée à cet instant précis du sujet, j’avais juste le désir de tourner dans Paris une histoire de jeunes gens. Je n’avais pas beaucoup d’argent, seulement l’envie de partager cette aventure avec des comédiens de l’École Florent, et des étudiants de l’ESEC, deux écoles où j’enseigne quelques semaines par an. J’en ai tout de suite parlé à mon ami Pierre Befve qui a été opérateur sur plusieurs de mes courts métrages. Il a tout de suite adhéré à cette idée un peu folle. Il fallait faire vite. L’équipe technique a été composée en quelques jours (6 étudiants de l’ESEC, 3 de l’Ecole Louis-Lumière), le numérique s’est imposé tout de suite, le choix du HD après quelques essaie. J’ai réalisé le casting en 5 semaines d’une aventure humaine et professionnelle exceptionnelle, avec des comédiens et des techniciens entre 20 et 28 ans, qui, pour 95 % d’entre eux, n’avaient jamais tourné. Grâce à l’investissement et au dévouement de tous, le pari a été tenu jusqu’ici : 8 personnages principaux, 10 personnages secondaire, 80 lieux de tournage dans Paris, et 150 séquences. J’espère que, dans le film tel qu’il est aujourd’hui, il passe un peu de cette énergie et de cette liberté dont j’avais eu tant envie ce soir d’avril ».
Il est difficile de parler d’un film dont on connaît l’acteur principal. J’aimerais que tout le monde le voie et l’aime, et qu’Aymeric ait enfin la carrière qu’il mérite. Vous pouvez vous rendre compte de son talent (les filles, détendez-vous !) en regardant le court-métrage de Romuald Beugnon « Béa » pour lequel il a obtenu le Prix d’Interprétation au Festival du Film Romantique de Cabourg. Et si vous avez une bonne mémoire, vous pouvez vous souvenir d’Aymeric qui avait un rôle (court, pas très gratifiant mais hilarant) dans « Le premier jour du reste de ta vie » de Rémi Besançon. Si vous avez regardé la télé vendredi 2 octobre, vous l’aurez peut-être reconnu dans « Pour une nuit d’amour » de Gérard Jourd’hui dans le rôle d’un jeune homme pas bien malin qui « bouscule » et dénonce Thierry Frémont…
Vous pouvez également retrouver l’avis de Sandra M. ici, ainsi que l’interview qu’elle a réalisée auprès d’Aymeric et du réalisateur Yvon Marciano.
Et aussi participer au concours qui vous permet de gagner des places et de rencontrer l'équipe de ce film.