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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 52

  • Le dernier pour la route de Philippe Godeau **

     François Cluzet, Philippe Godeau dans Le Dernier pour la route (Photo) François Cluzet, Michel Vuillermoz, Philippe Godeau dans Le Dernier pour la route (Photo)

    Hervé est patron d’une agence de presse, marié et père d’un grand garçon. Tout serait pour le mieux s’il n’était dépendant depuis de longues années à l’alcool. L’histoire commence le jour où Hervé décide de se rendre dans un centre de désintoxication en pleine nature. Après avoir pris plusieurs « petits déjeuners » à sa façon : deux verres de vin blanc au café du coin, un verre de vin blanc au buffet de la gare… il découvre l’endroit où il a choisi de vivre pendant six semaines, la chambre qu’il partagera avec un autre pensionnaire, le groupe avec qui il vivra chaque jour obligatoirement jusqu’à 22 heures (extinction des feux), la « quarantaine » d’une semaine (aucun contact avec l’extérieur, pas même les proches), les réunions où chacun évoquera tour à tour sa dépendance et les conséquences qu’elle a eues sur la vie… Il fait la connaissance de ces compagnons blessés et de l’équipe soignante qui est intégralement composée d’anciens alcooliques, des médecins aux infirmiers et divers psys…

    Ce n’est qu’en quelques flash-backs que l’on voit comment Hervé complètement addict se levait la nuit pour vider des bouteilles seul dans la cave en pleurant de honte, jusqu’à tomber. Comment sa femme le regarde (Anne Consigny, la souffrance faite actrice…) et son fils l’évite.

    En écoutant le récit de ses compagnons qui tentent de reprendre goût aux choses avec douleur, ironie, colère ou découragement selon les cas, il découvre qu’il n’est pas seul et que ce « problème avec l’alcool » comme disent la plupart des dépendants, est une maladie dont on ne guérit jamais mais qu’on peut contrôler. Il réalise peu à peu les dégâts irréversibles qu'elle a également provoqués sur les êtres les plus proches (sa femme, son fils) soulagés enfin qu’il ne soit plus à la maison.

    Interpréter de façon plus qu’impeccable par un François Cluzet abîmé, constamment dense et profond sans jamais être excessif qui sait d’ailleurs exactement de quoi il est question, mais aussi par quelques autres dont Michel Vuillermoz et Marilyne Canto, ce film souffre de son manque de… souffrance ! Il n’y a pratiquement jamais une tête qui dépasse dans ce scénario bien rangé qui aligne des sentences thérapeutiques bien proprettes et prévisibles et où personne ne semble ressentir le manque (ou si peu).

    Les deux (donc trop rares) apparitions du médecin du centre (très très étonnant et inquiétant Philippe du Janerand) qui décrit de façon clinique et chirurgicale les risques, dangers et ravages de l’alcoolisme sur l’organisme (sur le foie : hépatites, cirrhose, reflux, gastrites… ou sur le système nerveux : démence) devant son auditoire épouvanté sont suffocantes.

  • Les derniers jours du monde de Jean-Marie et Arnaud Larrieu**

     Mathieu Amalric, Arnaud Larrieu, Jean-Marie Larrieu dans Les Derniers jours du monde (Photo) Mathieu Amalric, Arnaud Larrieu, Jean-Marie Larrieu dans Les Derniers jours du monde (Photo)

    La fin du monde est proche. Le gouvernement est parti se planquer dans son abri anti-atomique et la nouvelle Capitale de la France est Toulouse. C'est l'été, tout le monde a chaud et se prélasse à Biarritz en vacances. Robinson a trompé sa femme l'été précédent avec Laé, une grande fille très maigre et très nue qui le hante. Des sirènes apocalyptiques annoncent parfois une pluie de cendres qui cesse comme elle a commencé. Certains portent un masque, d'autres refusent. Et Robinson, dévoré de passion pour sa Laé perdue, part à sa recherche, rejoint sa femme puis la re-perd, devient l'amant d'une ex-maîtresse de son père, retrouve un ami homosexuel qui lui avoue son amour.

    Ce qu'il y a de plus beau dans les films des frangins, ce sont les paysages. Ils l'aiment leur sud-ouest et donnent toujours envie d'aller y faire un tour. En tout cas pas en été, car les soirées de bord de mer biarrots (de Biarritz, pour les nuls) ressemblent au périphérique parisien à 17 h 45 ! Et ici, une fois encore, c'est très beau et la nature que Robinson traverse en France et en Espagne est somptueuse.

    Son périple nous emmènera en Asie et au Canada car Robinson nous conte également en flash-back son histoire avec Laé qui l'a baladé d'un bout à l'autre du monde.

    S'il ne vous restait que quelques heures à vivre, que décideriez-vous de faire, ou qu'aimeriez-vous faire ? Les frères Larrieu n'ont pas l'ombre d'une hésitation : une grande partouze (c’est possible pourquoi pas, mais peut-être pas indiscutable) dans l'abri anti-atomique d'un château. L’idéal pour amener une scène pas terrible qui lorgne vers celle d’Eyes Wide Shut (plus réussie car beaucoup plus flippante) où un Tom Cruise égaré circulait de salle en salle… Ici c’est Mathieu Amalric qui erre de pièce en pièce et refuse même la gâterie d’une très accorte dame qui lui en colle une. Car Mathieu/Robinson est beaucoup plus romantique que les Larrieu et les réalisateurs lui accordent la possibilité d’une île et de chercher jusqu’à le retrouver (ou pas ?) son grand amour !

    Moi, s’il ne me restait que quelques heures à vivre j’aimerais les passer dans les bras de la personne que j’aime… ça tombe bien, je lui ai posé la question ce midi et il a eu la même réponse. C’était beau, on en aurait pleuré.

    Mais revenons-en aux derniers jours ! Qu’est-ce qui fait que ce film n’a pas été le grand choc renversant qu’il aurait dû, qu’il aurait pu être ?

    L’ennui, l’inexcusable, l’impardonnable ennui… qui s’installe hélas trop souvent entre deux scènes, malgré le sujet audacieux (un film français d’anticipation !!!), le traitement (on sait juste qu’il y a une menace mortelle qui s’abat sur le monde mais jamais on ne sait s’il s’agit d’une maladie, du climat, de l’eau…), et la vision du monde qui se termine mais garde encore en partie toute sa magie.

    Hélas aussi et surtout, l’histoire d’amour entre Mathieu Amalric (étrange, drôle, surprenant comme à l’accoutumée mais aussi désorienté et particulièrement disponible…) et Laé ne m’a pas convaincue du tout, du tout… et même je n’y ai pas cru une seconde. Je suis à peu près sûre que supprimer toutes les scènes où apparaît Laé rendrait le film plus cohérent. L’errance du personnage n’en aurait sans doute été que plus fascinante. Hélas, les frèrots ont voulu lui donner corps… et quel corps !!! Celui de Omahyra Mota, sublime et longue liane tatouée, sans pudeur, sans vêtement (et hélas, sans talent d’actrice) qui exerce (dans le film) le doux métier de « chauffeuse de partouze ». Je sais que les garçons sont très énervés par cette grande fille dont certains pensent qu’elle est le fantasme ultime (MDR J)… Aiment-ils savoir aussi que la perfection au féminin fait un caca qui sent bon ??? (c’est dans le film je n’invente rien !).

    Les garçons se trompent, comme souvent.

    Le fantasme ultime serait (éventuellement) une fille qui plairait autant aux garçons qu’aux filles.

    Le fantasme ultime est donc bien Mathieu Amalric, ses grands yeux, sa belle voix… désiré par tout ce qui bouge sur son passage, filles et garçons !

  • La camara oscura de Maria Victoria Menis **

     Maria Victoria Menis dans La Camara Oscura (Photo)

    En 1892, Gertrudis naît sur un bateau qui amène des immigrants juifs en Argentine. Déçue d’avoir une fille, la mère rejette l’enfant qu’elle trouvera toujours laide au point de la cacher sur les photos de famille. Le physique de Gertrudis ne va pas s’arranger avec le temps (pour vous donner une idée, imaginez un corps de fille avec la tête de Jean Reno : aiuuuuutooooo !).

    Ses parents vont la marier à un riche propriétaire local, ravi d’épouser une femme laide qui ne pourra le tromper. Toute sa vie, elle lui servira de bonne à tout faire, même des enfants qui seront tout aussi indifférents à leur mère que le reste de la terre.

    Depuis l’enfance, Gertrudis cultive sa richesse intérieure et se réfugie dans la lecture de contes, de poésies, plante des fleurs, se promène nonchalamment en soupirant...

    Jusqu’au jour où son mari reçoit pour quelques jours un photographe qui devra réaliser des clichés de la famille et des travaux au champ. Gertrudis est en admiration devant les récits de ce français qui a parcouru le monde avec son appareil photos…

    Voilà typiquement le genre de film beau et chiant. Et même très beau. Mais à part nous dire que la beauté cachée des laids se trouve à l’intérieur qu’y a-t-il ? Nada.

    Cela dit, on peut facilement se laisser happer par la douceur grisante de l’ensemble, admirer chaque plan qui mériterait qu’on s’y attarde et peut-être (comme moi) se laisser cueillir par une fin aussi exquise qu’inattendue qui rattrape la torpeur dans laquelle on aurait pu se laisser emporter.

    Un film délicat. Ce n'est déjà pas si mal.

  • Harry Potter et le Prince de sang mêlé de David Yates **

     Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint, David Yates dans Harry Potter et le Prince de sang mêlé (Photo) Bonnie Wright, Daniel Radcliffe, David Yates dans Harry Potter et le Prince de sang mêlé (Photo) Alan Rickman, Daniel Radcliffe, Emma Watson, Maggie Smith, Rupert Grint, David Yates dans Harry Potter et le Prince de sang mêlé (Photo)

    L’ombre de la mort et des ténèbres plane sur ces nouvelles aventures du petit sorcier devenu grand. Et comme justement ses copains et lui sont devenus grands (16 ans, c’est pas rien), les hormones et tous les trucs de l’alchimie chabadabadienne commencent sérieusement à les chatouiller. Chez ces ados qui continuent néanmoins à porter des pulls infames droits sortis des seventies ou des chemises de bûcheron, comme chez tous les ados, rien ne peut être simple. Hermione se meurt d’amour pour Ron qui s’amourache de Lavande Brown (une cruche béate et gnangnan qui l’appelle « Ronron » J), tandis qu’Harry, ce nigaud, ne voit pas que Ginny, la sœur de Ron s’étiole d’amour pour lui. On attend réellement le cœur battant que les couples se forment pour de bon, si les garçons se décident enfin à ne plus être aveugles… La sorcellerie ne peut pas tout apparemment…

    Concernant l’intrigue, comme d’habitude, je n’y comprends rien sauf que Harry est « l’élu » qui doit éliminer celui-dont-il-est-le-seul-(avec-moi)-à-oser-prononcer-le-nom : Voldemort qui terrorise sorciers et Moldus aidé par de mystérieux et inquiétants démons tout noirs.

    Grande et bonne nouvelle, cet épisode est sans aucun doute le plus réussi. Contrairement à tous les autres, même celui considéré comme le meilleur jusqu’ici (le 3…) il ne laisse aucune minute de répit et reste plutôt palpitant d’un bout à l’autre. C’est déjà pas mal, mais c’est encore mieux que ça.

    La scène d’ouverture est prodigieuse et installe un climat assez angoissant dans un Londres que l’on traverse a toute allure en volant comme grimpé sur le dos de Superman. Les décors gothico-kitsch sont somptueux et les effets spéciaux de plus en plus spéciaux et spectaculaires, donc de moins en moins visibles. Même la traditionnelle partie et l’entraînement de Quidditch ressemblent enfin à quelque chose bien qu’il semble se rapprocher de plus en plus d’une espèce de football dans les airs aux règles absconses (mais il est tout aussi possible de survivre sans rien comprendre aux règles du hors-jeu) et aux costumes improbables.

    Ce qui semble faire désormais partie du contrat est qu’il y a une fois encore mort d’homme et non des moindres… On peut donc regretter que ce qui ne change pas du tout est l’absence totale d’émotion.

    L’histoire, toutes les histoires ne semblent être là que pour amener plus ou moins énergiquement au combat final en maintenant un intérêt constant (je le répète, c’est vraiment le cas ici). Il est certain que lorsque l’on verra la dernière image de la dernière bobine d’une saga qui nous aura tenu en haleine pendant 10 ans, on sera comme orphelins d’Harry, de ses amis et de ses ennemis. En attendant ce grand moment, on peut se concentrer sur les changements notables de ce sixième épisode. Le meilleur, j’insiste !

    D’abord, Halleluyah Harry apprend à « transplaner » sans vomir et surtout, surtout, cette espèce de dadais (qui sera bientôt plus grand que Dumbledore) commence à avoir de l’humour, ce qui lui faisait sérieusement défaut jusque là. Oui, pour la toute première, fois toutoute première fois, j’ai ri pendant « Harry Potter… ». J’ai lu de ci de là que Daniel Radcliffe était mauvais acteur alors que je trouve au contraire qu’il s’améliore et que son jeu s’affine de film en film.

    Je n’en dirai pas de même d’Hermione (Emma Watson) qui évidemment a le rôle pas forcément facile de la forte en thème, première de la classe, donneuse de leçon… mais son joli minois exprime peu de choses alors qu’elle se languit pour Ron, rappelons-le.

    Ron (Rupert Grint) est étrangement le tombeur de ces dames et il a complètement abandonné tous ces tics et grimaces qui (me) l’avaient rendu insupportable. Il ne l'est donc plus (insupportable) et même mieux que ça.

    Quant à Ralph Fiennes celui-dont-etc..., sans doute trop occupé à faire la lecture à Kate Winslet, il ne fait qu'une apparition ectoplasmique (surtout ne clignez pas des yeux, vous risqueriez de le rater).

    Les profs et autres piliers de Poudlard assurent toujours sans faillir mais il est évident que c’est toujours Sevenus Rogue (Alan Rickman… je l’aime d’amour !) qui distille nonchalamment, langoureusement et intelligemment l’inquiétude, le trouble et l’ambiguïté…

    Mais les lauriers reviennent étonnamment à celui que le physique et le jeu exécrables ajoutés à son rôle de chanmé sournois avaient jusque là rendus antipathique, Tom Felton allias Drago Malefoy. Malgré son rôle essentiel, ses apparitions sont plutôt réduites dans le film. Néanmoins, il le traverse comme un fantôme en proie aux pires tourments. Il semble d’ailleurs davantage angoissé et suicidaire que réellement animé de sombres desseins. Son air et son comportement mélancoliques sont la grande et bonne révélation de ce chapitre. Il est épatant.

    Foi de Moldue, vivement la suite !

     Alan Rickman, Tom Felton, David Yates dans Harry Potter et le Prince de sang mêlé (Photo)

  • La sicilienne de Marco Amenta **

     Veronica D'Agostino, Marco Amenta dans La Sicilienne (Photo)

    La petite Rita fait le bonheur et la fierté de son papa. Sauf qu’il n’est pas un papa ordinaire puisqu’il s’appelle Don Vito Mancuso et qu’il est le parrain d’une mafia sicilienne. Lorsqu’il se fait assassiner pour avoir refusé d’entrer dans le trafic de drogues, la petite fille est folle de douleur, mais son frère lui demande d’apprendre à patienter. Ils le vengeront plus tard. Le frère se fait également assassiner. Cette fois, Rita décide d’alerter la justice de Palerme et de dénoncer le clan adverse. Elle se présente donc chez un procureur munie des carnets dans lesquels elle a consigné tout ce dont elle a été témoin depuis des années.

    Le plus saisissant est d’apprendre que cette histoire est vraie et que cette jeune fille courageuse qui a fini par comprendre la différence entre vengeance et justice savait qu’elle risquait sa vie en s’attaquant au cœur même de la Mafia. Le Procureur qui l’a aidée était un ami du juge Falcone assassiné par un chef mafieux qui actuellement croupit en prison.

    Ce n’est pas un GRAND film sur la mafia mais le réalisme percutant habilement associé à un style romancé et l’absence de fioritures en font un témoignage honnête sur un fléau qui continue à imposer son pouvoir. Le réalisateur a compris qu’il était inutile d’en faire trop pour qu’on comprenne la fameuse loi du silence qui semble triompher d’elle-même. Le rôle des femmes, réduites au silence et aux larmes, à n’être que des ombres portant les deuils successifs des hommes est terrible. On n’en salue que plus l’audace, la résolution voire l’héroïsme de cette jeune fille de 17 ans qui a tenté de tenir tête à la « pieuvre ».

    Si le choix de Gérard Jugnot dans le rôle du magistrat est surprenant (ils n’ont pas d’acteurs en Sicile ?), il ne s’en sort vraiment pas mal du tout. Mais c’est évidemment la jeune Veronica d’Agostino pratiquement seule contre tous, dont l'enfance et l'adolescence bousillées la rendent encore plus formidable en victime vengeresse, rageuse, traquée et résolue.

  • Commis d’office d’Hannelore Cayre **

    Commis d'office - Roschdy ZemCommis d'office - Roschdy ZemCommis d'office - Roschdy Zem

    Antoine Lahoud est avocat mais il a bien du mal à boucler les fins de mois compte tenu des « petits » dossiers qui ne rapportent rien et pour lesquels il est commis d’office. Jusqu’à ce qu’un avocat véreux qui roule sur l’or lui fasse une proposition qui le mettrait à l’abri du besoin pour le restant de ses jours : prendre la place d’un de ses clients détenu auquel il ressemble. Antoine, intègre et scrupuleux refuse puis de plus en plus coincé par un compte en banque négatif, se résoud à accepter l’invraisemblable marché.

    La réalisatrice, avocate passionnée de cinéma, connaît son dossier. Et c’est bien dans la partie quasi documentaire que son film est le plus séduisant. En effet, l’immersion dans les coulisses des commissariats, des tribunaux, des prétoires, des salles d’audience, des bureaux des juges est vraiment très intéressante et édifiante sur pas mal de points. Le mépris des « ténors » du barreau, la toute puissance des juges, le cynisme ambiant, le désarroi des auteurs de « petits » délits… tout ça fait assez froid dans le dos et on se prend à souhaiter ne jamais avoir affaire à la « justice ».

    Par ailleurs et même si Hannelore Cayre réussit à maintenir un réel suspens dans la partie purement fictive, on a quand même bien du mal à croire à cette histoire abracadabrante de substitution de personne au sein même de la prison. Ce qui fait qu’on se retrouve avec deux films dans un seul et qu’on aurait préféré coller davantage aux basques de la profession du « commis d’office ».

    Cela dit, il ne faut pas bouder son plaisir et surtout ce film assez insolent.

    Il aurait également fallu que la réalisatrice parvienne à canaliser l’outrance de Jean-Philippe Ecoffey car même si on comprend le plaisir que peut éprouver un acteur à interpréter un pourri de cette envergure qui cumule pas mal de tares, son exubérance finit par lasser et être ridicule.

    Mais vous l’avez compris, Antoine Lahoud est interprété par un géant. Roschdy Zem, quasi omniprésent, porte ce film sans faillir. Aussi à l’aise et crédible en robe légèrement débraillée d’avocat, qu’en sweat à capuche et qu’élégant en costume Armani (ou autre, j’y connais rien aux marques, mais un « costard à 30 plaques »… ça doit bien être ça), il assure le charme, l’énergie et la crédibilité du film tout entier. Convaincant, plus charismatique que jamais, drôle, pathétique, émouvant, cet acteur irrésistible est vraiment infaillible.

    Tiens c’est pas dur, rien que pour l’entendre redire encore : « Je veux qu’on soit gentil avec moi », j’irais bien revoir le film. C’est dire si Hannelore Cayre lui doit beaucoup et qu’elle ne s’est pas plantée dans ce choix.

  • Incognito de Eric Lavaine **

    Incognito - BénabarIncognito - Franck Dubosc

    Lucas est devenu une star de la chanson française depuis qu’il a utilisé les textes de son ami Thomas disparu. Depuis 10 ans, il vit dans une luxueuse demeure qu’il partage avec un parasite pique-assiettes désoeuvré devenu un ami, Francis. Lorsque Thomas refait surface alors qu’on le croyait mort, Lucas panique et n’ose lui avouer que c’est grâce à lui qu’il a obtenu gloire et fortune. Pendant 3 jours, Lucas va demander à Francis de se faire passer pour le propriétaire de tout ce qu’il possède aux yeux de Thomas. C’est clair ? Bon, c’est pas grave, de toute façon on sait que c’est pas beau de mentir, d’être opportuniste et d’usurper la place ou l’identité de quelqu’un d’autre. Mais l’essentiel est de bien rigoler.

    Et je dois dire que j’ai ri, beaucoup, malgré le titre sans personnalité, malgré l’affiche hideuse, malgré Franck Dubosc qui n’est pas connu pour toujours faire dans la dentelle comique, malgré Bénabar qui n’est pas acteur mais qui finalement l’est. Bref, beaucoup d’obstacles qui se franchissent aisément grâce aux talents réunis ici et permettent donc de passer un bon moment. Le rythme soutenu, les gags en cascade, les dialogues aux petits oignons font qu’on sort content de la projection. Oui Franck Dubosc est drôle, très, même cul nul avec un sous-pull en lycra… et oui Bénabar se révèle bon acteur avec une palette d’émotions assez large.

    Eric Lavaine parle de son film comme d’un film de copains qui n’a d’autre prétention que celle de divertir. C’est vrai que les rares filles présentes ont bien du mal à se faire une petite place. Mais puisqu’il s’agit d’un film de copains, le pari est réussi.

  • OSS 117 Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius **

    OSS 117 : Rio ne répond plus - Jean DujardinOSS 117 : Rio ne répond plus - Jean DujardinOSS 117 : Rio ne répond plus - Jean Dujardin

    Trois ans après, l’agent secret français le plus con de France, Hubert Bonisseur de la Bath allias double un sept, est de retour, mais 12 ans ont passé. C’est la magie du cinéma. Heureusement, OSS l’est toujours autant. Con, je veux dire. Sa mission, car il en a une et il l’accepte : récupérer un micro film à Rio, dont on apprendra qu’il peut être très compromettant pour l’État. Pour retrouver un ex nazi, il aura comme partenaire une (séduisante bien sûr) lieutenant colonel du Mossad, Dolorès, dont il aura évidemment bien du mal à admettre qu’elle est son égale.

    Comme dans le premier « épisode », on se fiche un peu de l’intrigue car on sait qu’elle sera résolue à la surprise de 0SS lui-même qui ne comprend pas grand-chose à ce qu’on lui demande mais qui bénéficie toujours d’un pot monumental pour se trouver sur les bonnes pistes et s’en sortir sans (presque) une égratignure. Ce qui l’intéresse davantage c’est de tester son pouvoir de séduction qu’il juge lui-même irrésistible sur toutes les jupes et maillots de bains qui passent et aussi de prendre très à cœur le rôle de couverture qui lui revient. Ici, il est censé être photographe reporter pour un magazine. Ne ratez donc pas l’album de ses photos qui défile pendant le générique : c’est du grand.

    Pour le reste c’est un festival Dujardin avec un véritable récital de répliques qu’il profère parfois avec la certitude qu’elles sont évidentes de drôlerie et d’autres fois persuadé qu’elles sont d’une intelligence, d'une finesse d'analyse à toute épreuve. Mais qui d’autre que Jean Dujardin pourrait les débiter sans nous faire hurler de honte. Car sa bêtise, son ton péremptoire, sa prétention et sa misogynie ne sont rien à côté de son racisme qui démontre plutôt son ignorance et son incompréhension de tout ce qui n’est pas français mais qui frôle parfois le négationnisme. Qui d’autre que Dujardin peut réussir à nous faire rire avec « ah oui ? l’Holocauste ? Quelle histoire !!! » ou encore « ne pourrait-on un jour envisager une réconciliation entre l’Allemagne Nazie et les Juifs ? ». Sans parler de sa définition d’une dictature ou des communistes !!! Tout ce qu’il dit est une accumulation d’énormités qui résume pourtant assez bien tout ce qu’on peut entendre comme banalités, âneries, lieux communs et clichés. Mais concentré dans une seule et même personne, c'est "énorme" ! Dans un tout autre registre, qui d’autre que Dujardin peut porter un tel maillot de bain ? Qui d'autre que Dujardin peut hésiter entre aller à droite ou à gauche quand il n'y a qu'un seul chemin à suivre ? Qui d’autre que Dujardin danse le twist comme ça ? Qui d’autre que Dujardin rit comme ça ?

    Sinon, il y a du soleil et des belles filles, Louise Monnot qui porte parfaitement la mini-jupe s’en sort mieux que je ne l’imaginais (mais la pauvre qu’a-t-elle à faire à part se désoler ou s’agacer d’avoir un tel boulet comme partenaire ?) et Pierre Bellemare en chef de service est vraiment très bien.

    Mais vous l’avez compris, ce qui est irrésistible dans ce film, c’est Jean Dujardin.

  • Prédictions d’Alex Proyas **

    PrédictionsPrédictions - Nicolas Cage

    En 1959, les enfants d’une classe d’école primaire de Boston-States-Unis mettent des messages dans une « capsule temporelle » qui sera ouverte lors d’une cérémonie par les élèves de la même école 50 ans plus tard. En 2009 donc. C’est le petit Caleb, orphelin de mère et fils d’un père statisticien (ça tombe hyper bien) qui hérite du message chiffré de Melinda, petite fille pâlotte et perturbée qui avait une étrange façon de se faire une manucure !

    John le père va rapidement découvrir que ces séries de chiffres sont en fait des dates, avec latitude/longitude et nombre de victimes de toutes les catastrophes des 50 dernières années (11 septembre 2001 compris)… et que les trois dernières séquences annoncent des pépins à venir. Comment faire pour éviter le bordel terminal alors que d'étranges bonshommes viennent murmurer à l'oreille de votre rejeton un peu dur d'oreille, that are the fucking questions ?

    Le premier et le dernier quarts d’heure sont à extraire de ce film catastrophe patapouf où même les scènes de traumas familial ne nous sont par épargnées : la mère/épouse morte, le père qui arrive systématiquement en retard pour aller chercher le moutard à l’école, le même qui, coupable, regarde sa montre en se tapant le front : « merde, j’ai oublié la fête de Caleb !!! », la mésentente père/fils, le copain qui ne croit pas les histoires abracadabrantesques etc…

    Même si les effets spéciaux des catastrophes en cascades sont nickel chrome (pour comprendre le nouveau procédé utilisé, renseignez-vous !), tout est prévisible et vu archi vu et Nicolas Cage fait son job en réfléchissant et en courant beaucoup.

    Et pourtant, j’ai comme l’impression qu’Alex Proyas est passé pas loin de réussir un beau grand film. La scène d’ouverture située en 1959 est intrigante à souhait et rappelle davantage l’univers thriller horrifique style Guillermo del Toro (toutes proportions gardées évidemment, pas la peine de me tomber dessus à cinéphilie raccourcie !) qu’un blockbuster. Quant au dernier quart d’heure ésotérico biblique et totalement improbable sans doute, il m’a néanmoins laissée complètement baba, jusqu’à quel sacrifice est-on capable d’aller pour tenter de sauver son enfant ? En tout cas, pour une fois qu’un réalisateur va au bout de son hypothèse de départ, c’est dommage de bouder son plaisir… même si, je le répète, entre le quart d’heure initial et le quart terminal, il est difficile de ne pas un peu gigoter sur son siège !