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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 53

  • Duplicity de Tony Gilroy **

    Duplicity - Paul Giamatti et Tom WilkinsonDuplicity - Julia Roberts et Clive OwenDuplicity - Clive Owen

    Claire est agent de la CIA (prononcez « si aie hé », ça le fait) et Ray, agent du MI6 (dites « aime aïe sixe », that will do). Ils se rencontrent à Dubaï lors d’une mission chabadabadaboum et avant qu’il n’ait le temps de lui prouver son amour, Ray finit saucissonné (drogué) par la belle qui lui vole les secrets cachés dans sa chaussette. MDR.

    Les deux tourtereaux se retrouvent, (hasard ou coïncidence ?) se font des yeux de crapauds morts d’amour en se balançant des vacheries, Claire ôte son string, Ray sa chemise, craque boum hue , ils démissionnent et montent un coup qui devraient les mettre à l’abri du besoin pour le reste de leurs jours et leur permettre de se compter fleurette les pieds dans l’eau !

    L’arnaque, on s’en bat l’œil, il s’agit de piquer la formule d’un produit pharmatico capillaire révolutionnaire et ainsi prendre de vitesse deux maousses multinationales costaudes qui se tirent la bourre sans concession. Mais ce qui compte vraiment c’est le duo de charme qui sévit à l’écran et dégaine ses répliques cousues bouches plus vite qu’ils n’enlèvent le bas et grâce à leurs mines d’innocents, on ne sait jamais qui dit vrai et qui ment ! C’est un régal pour l’oreille mais aussi pour les yeux. Julia Roberts très en formes (y’a une justice, je vous le dis, Julia Roberts a des bourrelets… et le cheum qui m’accompagnait a dit élégamment « elle n’a jamais si bien porté son nom… ») mais en petite forme (voyez ce que je veux dire !) est associé à Clive Owen qui alterne les mines déconfites, réjouies… tout frais, un peu idiot parfois, un petit air « canaille » craquantissime et fou d’amour comme jamais est sexissime même quand il a sa chemise.

    Ça va vite, on voyage beaucoup, il y a du soleil (et peu de nanas)… la scène d’ouverture avec Tom Wilkinson et Paul Giamatti (les deux patrons) est le top model des scènes de cinéma au ralenti : HILARANTE et la fin que l’on sent arriver comme un gros patapouf est déconcertamment bien envoyée…

    Vite vu, vite oublié mais réjouissant !

  • La fille du RER d’André Téchiné **

    La Fille du RER - Catherine Deneuve et Emilie DequenneLa Fille du RER - Emilie Dequenne et Nicolas DuvauchelleLa Fille du RER - Catherine Deneuve, Emilie Dequenne, Michel Blanc, Mathieu Demy, Nicolas Duvauchelle et Ronit Elkabetz

    Jeanne vit avec sa mère Louise dans un pavillon de banlieue plutôt cossu s’il n’était sonorisé par le passage régulier et vrombissant du RER. La mère et la fille sont très proches l’une de l’autre, hyper complices. Louise garde des enfants à domicile et se désole un peu que Jeanne sans emploi ne mette pas plus de conviction à en chercher un.Quand Jeanne rentre le soir, elle dit qu’elle a passé sa journée en entretiens mais Jeanne ment. Elle passe en fait son temps à glisser dans les rues en se faufilant sur ses rollers. Puis elle rencontre Franck qu’elle trouve idéal. Elle s’installe avec lui dans un drôle d’endroit. Louise doute que sa fille puisse trouver le bonheur avec ce garçon un peu étrange et direct dans ses paroles, elle reste sceptique sur le comportement de Franck qu’elle trouve agressif… et effectivement, il quitte rapidement Jeanne de façon brutale. En réaction à cet abandon qu'elle ne comprend pas, Jeanne va inventer un mensonge rocambolesque qui va faire chavirer bien des existences…

    André Téchiné brode et imagine la vie de Jeanne qui bascule à partir d’un fait divers réel. En 2004, une jeune fille a porté plainte suite à une agression antisémite dont elle aurait fait l’objet dans le RER. En l’absence de toute preuve et de tout témoin, cette « affaire » a mobilisé pendant 48 heures toute la compassion et toute l’émotion nationales (des média aux 60 millions de citoyens français en passant par l’Elysée… et pourtant nous n’avions pas encore à l’époque un Président prêt à se déplacer et à intervenir personnellement dans chaque foyer dès qu’il y a une fuite d’eau !). L’intox était assez géniale et fascinante mais la jeune femme avait dû rapidement reconnaître qu’elle avait tout inventé !

    N’aimer que moyennement un film d’André Téchiné est suffisamment rare pour que j’en sois encore toute déconcertée le lendemain de sa vision. Et pourtant, même après réflexion, je dois avouer que les aspects gênants ont pris trop de place pour faire de ce film, un film aimable.

    Je n’ai pas aimé que Téchiné :

    - se mette à filmer caméra à l’épaule ? On se doute –même moi- qu’une fille à rollers, sillonne et slalome : inutile de nous mettre la caméra sur roulettes. Cette façon de filmer devient vraiment pour moi très très gênante.

    - qu’il fasse (comme le premier débutant américain venu) tomber des giboulées dignes des moussons tropicales dès que les choses se gâtent pour un personnage ? Avez-vous remarqué vous aussi à quel point il pleut quand ça tourne au vinaigre ?

    - ne nous donne pas l’occasion d’aimer sa Jeanne ni de comprendre réellement pourquoi, comment elle sombre si rapidement dans cette espèce de folie et qu’elle redevienne tout à coup aussi « normale » que vous et moi qui ne nous sommes jamais fait des entailles (très très légères) au visage et aux bras, couper une mèche de cheveux, tatouer des croix gammées sur le ventre pour filer droit à la police accuser des noirs et des arabes ?

    - bâcle sa fin en queue de poisson, au soleil autour d’une table « ami Ricorée »,

    - ait négligé les personnages de Ronit Elkabetz et Mathieu Demy…

    Que reste t’il alors ? Les acteurs évidemment.

    Emilie Dequenne est Jeanne. Dans son regard absent, parfois plongé dans le lointain, on sent toute la fragilité et l’ambiguïté de la jeune fille.

    Nicolas Duvauchelle est Franck, toujours tendu, inquiet et inquiétant.

    Et évidemment, Catherine Deneuve est Louise, parfaite. Crédible en mère attentive, affectueuse puis inquiète, crédible aussi en « assistance-maternelle » de banlieue qui « joue au sable » et raconte des histoires aux enfants. Son naturel, son énergie, sa liberté et sa vulnérabilité font ici, une nouvelle fois des merveilles.

  • Bellamy de Claude Chabrol **

    Bellamy - Marie Bunel et Gérard DepardieuBellamy - Marie Bunel et Gérard DepardieuBellamy - Gérard Depardieu

    Paul Bellamy, commissaire de son état et sa femme Françoise passent leurs vacances à Nîmes dans la maison de famille de Françoise. Mais Paul s’ennuie en vacances tandis que Françoise rêve de croisières. Bien que tout semble séparer cet improbable couple, ces deux-là s’aiment à la folie depuis longtemps et pour toujours et ne cessent de s’échanger caresses, baisers et regards concupiscents… et c’est très beau à voir (et cela prouvera encore à ce sale gosse de Rob Gordon qu’on peut ne plus être très jeune et très gros, aimer et être aimé !).

    Heureusement, alors que Paul s’endort sur ses mots croisés, un mystérieux homme qui s’accuse d’un crime qu’il a peut-être commis mais pas vraiment, va venir lui demander son aide et sa protection, ainsi que l’arrivée de Jacques son jeune frère, très alcoolique et très perturbé vont le sortir de son indolence.

    Quel film étrange ! Sans doute le plus lumineux de son réalisateur, on n’a jamais vu tant de lumière dans un Chabrol mais les personnages se multiplient sans qu’on les comprenne bien tous (Vahina Giocante, décorative, Clovis Cornillac se caricaturant), on se désintéresse de l’intrigue policière, on sourit à peine à la plaidoirie finale en chanson sur un air de Brassens, on se régale des petits plats mitonnés et de la performance de Jacques Gamblin dans un triple rôle.

    Et puis quoi ? Et puis rien. Tout le reste semble mou, plan plan et répétitif… ou peut-être n’ai-je rien compris, Chabrol terminant son film par cette citation « Il y a toujours une autre histoire, il y a plus que ce que l’œil peut saisir » comme s’il y avait un sens caché, à chercher !!!

    On aimerait vraiment rester simplement, sincèrement avec Marie Bunel (douce, charmante, discrète) et Gérard Depardieu qui forment un couple exquis, complice… ou mieux encore seul en tête à tête avec Depardieu enfin retrouvé, ressuscité, attentif aux autres, drôle, touchant. Merci néanmoins donc à Claude pour ce petit Chabrol mais ce GRAND Depardieu.

  • LAST CHANCE FOR HARVEY de Joel Hopkins **

    Last Chance for Love - Dustin Hoffman et Emma Thompson Last Chance for Love - Dustin Hoffman et Emma Thompson Last Chance for Love - Dustin Hoffman et Emma Thompson

    Harvey vit aux Etats-Unis, il est divorcé, il apprend qu’il est sur un siège éjectable au boulot et il se rend au mariage de sa fille en Angleterre auquel il n’est pas vraiment le bienvenu. Autant dire qu’Harvey n’est pas au top niveau moral. Il va croiser, décroiser, recroiser la route de Kate, une anglaise célibataire pas au mieux de sa forme non plus, bien seule et harcelée par une mère parano.

    Une comédie sentimentale américaine de plus me direz-vous ?

    Oui.

    Et non.

    Première particularité les protagonistes ont, lui, la soixante bien sonnée (en vrai Dustin à 72 ans mais chut, ça ne se voit pas !) et elle, la quarantaine bien tassée (en vrai Emma a 50 ans mais chut aussi, ça se voit à peine). Et la deuxième particularité c’est que compte tenu de leur âge justement, lui comme elle ont renoncé à croire à un quelconque bonheur avec un autre ou l’Autre, celui qu’on n’attend pas, qu’on n’attend plus. Ils vont résister mollement, émerveillés l’un de l’autre, l’un par l’autre, ne comprenant pas que comme pour deux ados le cœur peut encore faire badaboum et qu’il leur reste encore une chance, la dernière peut-être d’aimer et d’être aimé.

    Alors, chabadabada, oui mais il faut bien admettre que ce film bercé sur la Tamise ne serait rien ou peu sans ses deux merveilleux acteurs : Dustin Hoffman craquant comme jamais et Emma Thompson délicieuse, radieuse, éblouissante comme toujours.

  • Le petit fugitif de Ray Ashley, Morris Engel et Ruth Orkin **

    Le Petit fugitifLe Petit fugitif

    Ça se passe à Brooklyn dans les années 50. Joey 7 ans et Lennie 12 ans vivent seuls avec leur maman dans un petit appartement. C’est l’été mais Lennie considère Joey comme un fardeau car il doit s’en occuper pendant que la mère se rend pendant deux jours au chevet de leur grand-mère. Pour se débarrasser de Joey, Lennie simule un accident. Persuadé d’avoir tué son grand frère, le petit Joey se sauve, saute dans un train et se retrouve à Coney Island qui à l’époque était un immense parc d’attractions au bord d’une plage surpeuplée. Joey va passer une journée et une nuit de rêve et de cauchemar, multipliant les tours de manèges, la dégustation de confiseries, organisant sa fuite devant les policiers, se débrouillant pour gagner les cents qui lui permettent de subsister et se distraire pendant ces 24 heures.

    Entre le bonheur et la culpabilité de Joey la caméra se situe toujours à hauteur du petit garçon qui est une espèce de petit poulbot new-yorkais dont la bouille craquante et le naturel désarmant sont inoubliables. A aucun moment on a l’impression que Joey « joue » mais que toutes ses mimiques, expressions, réactions sont saisies sur le vif.

    Il est incroyable que ce bijou de film soit resté inconnu pendant 56 ans alors qu’il a obtenu un Lion d’Argent à Venise, qu’il était nommé à l’Oscar du meilleur scénario et qu’il est à l’origine de bien des carrières cinématographiques prestigieuses et que François Truffaut en dit :

    "Notre Nouvelle vague n'aurait jamais eu lieu si le jeune Américain Morris Engel ne nous avait pas montré la voie de la production indépendante avec son beau film, Le Petit Fugitif".

  • Los bastardos d’Amat Escalante **

    Los Bastardos

    Chaque jour Jesus et Fausto deux mexicains clandestins parmi d’autres à Los Angeles attendent en discutant assis contre un mur qu’un « yankee » leur offre un travail pour la journée payé une misère. Il s’agit de travailler sur des chantiers, ou désherber, cueillir des fraises… Un jour, un travail très particulier leur sera proposé dans un quartier résidentiel. Leur nouvel outil : un fusil !

    On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec « Funny Games » de Michael Haneke même si ici la violence et la torture morale et physique ne sont pas disséquées. Le réalisateur, en quelques scènes quasi silencieuses, s’attache autant à nous démontrer sans emphase l’avenir tout tracé des « bourreaux » sans avenir que les relations sans joie des « victimes » nanties capables aussi de se transformer en assassins. Il évoque le racisme, l'humiliation... Drôle de monde pas drôle où la violence peut surgir ou plutôt exploser. On la pressent mais elle jaillit soudainement comme la musique, électrique, clouant sur place les personnages et les spectateurs.

    Un film âpre, violent, tendu, sobre et… beau.

     

  • Walkyrie de Bryan Singer **

    Walkyrie - Tom CruiseWalkyrie - Le Comte Claus Schenk von Stauffenberg et Tom Cruise, son incarnation à l'écran

    Le Vrai Von Stauffenberg / Le Faux Von Stauffenberg.

     

    De 1942 à 1944 la préparation et l’échec de l’attentat visant à renverser le gouvernement allemand en assassinant Hitler.

    Pas moins de 15 attentats ont été commis pour tuer Hitler lors de la dernière guerre mondiale. Je n’ai jamais lu ça dans mes livres d’histoire, alors merci au cinéma américain de nous éclairer sur ce pan de l’histoire mondiale. En fait nous découvrons que la « résistance » allemande au plus haut niveau de l’armée et du pouvoir s’est organisée dès 1942. Le Comte/Colonel Von Stauffenberg qui n’était au départ qu’un des éléments de cette dernière conspiration visant à éliminer Hitler s’est retrouvé fortuitement chargé de déposer la bombe aux pieds du führer.

    Tous les allemands n’ont pas été nazis. Bon. L’histoire est incroyable, hélas le film trop sage et ressemble aux bons films de guerre d’antan. C’est déjà bien mais pas assez. Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’imaginer les milliers voire les millions de vies épargnées si cet exploit avait abouti, tout comme on se prend à envisager comme les protagonistes du film au coup double qui faillit survenir, Mussolini devant être présent lors de la réunion fatale. Tout se passe comme prévu ou presque jusqu’à ce que la sacoche contenant la bombe soit malencontreusement déplacée. La bombe explose bel et bien mais ne cause que quelques blessures sans gravité à Hitler.

    Le réalisateur s’applique consciencieusement à ne rendre aucun personnage sympathique. Ils ont (quand même) tous sans exception signé le pacte nazi. Sans en faire des héros, il les présente comme des militaires prêts à se sacrifier mais néanmoins brisés de devoir rompre leur engagement, trahir leur serment.

    Avec le recul, je m’aperçois que ce film est une succession de scènes formidables qui au final produisent un film pas médiocre mais insatisfaisant. Difficile à expliquer. La préparation de l’attentat donne lieu à de nombreuses scènes bavardes et justifiées qui mettent remarquablement en lumière à la fois les hésitations, les doutes et la détermination des uns et des autres. L’attentat lui-même est assez classique. Mais c’est la dernière demi-heure qui est la plus palpitante à mes yeux. La bombe ayant explosé, Von Stauffenberg déclenche la fameuse opération Walkyrie qui consiste à renverser le pouvoir, prendre le contrôle de l’armée, arrêter les S.S., les ministres… c’est là que Singer réussit l’exploit de nous y faire croire quelques minutes alors qu’on ne devrait avoir aucun doute. Pendant quelques heures l’Allemagne nazie a été sous le contrôle de ces résistants… jusqu’à ce qu’Hitler reprenne la parole.

    Evidemment le gros problème est que ce film aurait dû être réalisé en allemand. Entendre ces Von Stauffenberg, Fromm, Olbricht, Fellgiebel parler un américain impeccable est un peu gênant. La musique boum patatra terrifiante dès qu’Hitler apparaît à l’écran est grotesque. Et les quelques notes de la fameuse Chevauchée des Walkyries me donnent comme à Woody envie d’envahir la Pologne ou comme Coppola de napalmer une forêt.

    Pratiquement tous ces nazis sont des acteurs américains ou anglais, sauf, SAUF Thomas Kreschtmann en maillot de bain (merci Bryan Singer). Quant à Tom Cruise, œil de verre, mâchoire carrée et palpitante, droit dans ses bottes, il est impeccable de sobriété.

    Mitigé, l’avis, donc.

    Walkyrie

    C'est Thomas Kreschtmann (sans son maillot... enfin, je suppose !).

  • Le bal des actrices de Maïwenn **

    Le Bal des actrices - Maïwenn, Jeanne Balibar et Julie DepardieuLe Bal des actrices - Linh Dan Pham, Mélanie Doutey, Maïwenn, Julie Depardieu et Jeanne Balibar

    Ni tout à fait un film, un documentaire ou une comédie musicale… un peu les trois à la fois mais pas vraiment non plus, le nouvel opus de Maïwenn a tout pour surprendre, séduire et agacer. Tout comme sa turbulente et manipulatrice réalisatrice d’ailleurs. En ce qui me concerne, je ne suis pas parvenue à croire une seconde qu’il s’agit d’un quelconque documentaire où les actrices seraient  prises sur le vif dans leur vraie vie alors qu’on voit systématiquement que tout est mis en scène. Je ne crois pas non plus à l’amour démesuré de Maïwenn pour les actrices mais plus à un règlement de comptes entre filles où mine de rien, la réalisatrice « balance », comme souvent, avec l’air le plus innocent du monde. Maïwenn part du postulat incontournable que les acrtrices sont des femmes qui ont davantage besoin d'être aimées que les autres. Ah bon !

    Ce n’est pas (toujours) déplaisant pour autant car le casting quatre étoiles qui défile ici réserve de bien beaux moments où chacun trouvera ses préférences. Tout ceci étant éminemment subjectif. En ce qui me concerne ce sont Jeanne Balibar, Julie Depardieu, Charlotte Rampling et Romane Bohringer qui emportent tous mes suffrages car ce sont elles qui me semblent les plus sincères, à la fois originales et spontanées. Véritablement « aimables ».

    Le numéro de furieuse qui galère de Karole Rocher est trop systématique et répétitif pour finalement émouvoir. Quant à Christine Boisson en prof de théâtre qui confond manipulation et humiliation, elle est (enfin, son rôle est) exécrable et pathétique.

    Evidemment, on ne doute pas un instant que le métier d’actrice qui consiste aussi  à être la plus belle, la plus irréprochable, qui n’a pas le droit de vieillir pour un public exigeant prêt à fondre sur la moindre info « people » et s’en délecter ne soit pas de  tout repos toujours. Mais on a quand même du mal à s’apitoyer sur le sort d’une telle qui touche une enveloppe de 20 000 €uros pour poser un quart d’heure avec une bouteille de champagne à la foire de Trifouillis les Pedzouilles même s’il est évident que ce soit moins glamour et valorisant qu’un tapis rouge. Tout comme il est difficile de s’attendrir sur telle autre qui part à l’autre bout de la planète pour un temps illimité car elle n’en peut plus de ce monde impitoyable.

    Maïwenn coupe court à toute tentative de critiques en se les servant elle-même lors d’une avant-première où toutes « ses » actrices présentes « descendent » littéralement son film prétendant qu’elles ont eu honte de le tourner et qu'au final on ne voit qu'une actrice, Maïwenn herself. C'est effectivement un cinéma et un film qui disent "moi je, moi je, moi je" en prétendant le contraire.

    Elle est mignonne Maïwenn quand elle se fait tancer par Joey Starr qui lui dit : « avec ton cinéma intello, tu te prends pour Sofia Coppola », et elle pleurniche en affirmant qu’elle veut se débarrasser au contraire de son image « branchée ».

    Bref, en un mot comme en cent, j’avais mille fois préféré « Pardonnez-moi » où Maïwenn nous invitait à une analyse en direct, nous comptant par le menu les pires moments de son enfance et de sa vie, mais avec de vrais acteurs qui jouaient les vrais personnages de sa vraie vie.

    Ici, de bons moments donc, de moins bons aussi. Des numéros chantés et dansés où les actrices sont soignées aux petits oignons grâce à des textes et des chorégraphies qui leur collent à la peau. Une révélation : Joey Starr. Une sensation étrange de malaise. Et un texte de Musset qui s’est imposé à moi en sortant de la projection :

    « Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux".

  • Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan **

    Les Trois singes

    Après avoir tué accidentellement un homme sur la route, un politicien demande à son chauffeur d’endosser la responsabilité et d’aller en prison à sa place moyennant finances. Pendant son année d’emprisonnement, son fils va s’enfermer dans l’oisiveté et sa femme le tromper. A son retour, chacun saura, chacun verra ou comprendra et tout le monde restera silencieux, essayant de « faire comme si ».

    Voilà typiquement le genre de film que je qualifierai de beau mais chiant. Je sais, c’est imprudent de « défendre » un film de cette façon et de tenter de vous donner envie avec une telle entrée en matière ! Et pourtant, il faut reconnaître que la langueur s’installe peu à peu et que même si elle est en parfaite adéquation avec l’abattement des personnages qui s’emmurent dans leurs mensonges et leurs dissimulations, on s’approche à plusieurs reprises de l’ennui. Cependant, certaines scènes portées par la souffrance et le désarroi offrent un suspens certain et des fulgurances qui vont jusqu’au choc notamment lorsqu’on ne sait si la femme va se suicider ou pas et si l’homme va intervenir. On est sûr d’une chose : le drame couve à tout moment et les images d’une vertigineuse beauté valent à elles seules le voyage.

    Mais on est loin de l’enivrement de « Les climats »…