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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 55

  • Hellboy II : les légions d’or maudites de Guillermo del Toro **

    Hellboy II les légions d'or maudites - Doug Jones, Ron Perlman et Selma BlairHellboy II les légions d'or maudites

    Le Prince Nuada cherche à rompre la trêve maintenue entre les humains et les créatures fantastiques depuis des siècles et déclencher une guerre définitive. Heureusement HellBoy et ses amis aux pouvoirs surnaturels du BPRD (Bureau de Recherche et de Défense Paranormal) veillent.

    Evidemment, il n’y a plus l’effet de surprise de découvrir un géant rouge vermillon avec une queue de diable, deux cornes sur le front qu’il est obligé de limer chaque matin, une main droite gigantesque en pierre, des muscles insensés… mais je ne peux cacher mon attirance pour ce super héros pas comme les autres. Infantile, ronchon, gourmand, ami fidèle, amoureux fou, Hellboy (« Rouge » pour les intimes) est plus humain que les humains, touchant, séduisant bien que pas toujours très malin. Ses partenaires, le télépathe amphibie Abe tombe amoureux d’une princesse et Liz la petite amie d’Hellboy s’enflamme toujours si elle est en colère ou contrariée. Elle est enceinte et ne sait comment l’annoncer à son immature compagnon. Pour le reste du scénario, il est plus un prétexte pour faire apparaître une multitude de specimens en tous genres plus ou moins magiques mais il serait dommage de bouder son plaisir devant ce spectacle ininterrompu.

    On reconnaît évidemment la patte enchanteresse du réalisateur qui avait poussé loin les limites du fantastique avec l’éblouissant « Labirynthe de Pan ». On découvrira donc dans ce deuxième épisode de haute tenue des machines aux engrenages infernaux très « timburtoniennes », des créatures maléfiques ou bénéfiques (ou les deux à la fois, tel un géant silvestre de toute beauté) très « tolkienesques », un marché aux trolls sous-terrain qui semble droit sorti de « Star Wars » etc. Malgré ces références, le film de del Toro reste très personnel et nous aère parfois en nous emmenant dans des paysages irlandais sublimes.

    Même s’il faudra beaucoup d’imagination aux scénaristes pour ne pas être decevants (Madame Hellboy est enceinte de jumeaux, il serait un peu trop simpliste que les rejetons soient une fille pyrokinésique et un diablotin écarlate…), je ne peux nier que je retrouverai avec plaisir cet univers peuplé de sublimes créatures et cette bande de héros qui sauve le monde.

  • Mesrine : l’instinct de mort **(*)

    Mesrine : L'Instinct de mort - Vincent Cassel

    Premier volet du dyptique retraçant la vie, les amours, les emmerdes et la mort de Jacques Mesrine nous suivons celui qui fut « l’Ennemi Public N° 1 » dans les années 70, de Paris en Espagne et au Canada.
    Que Mesrine (le vrai) exerce une quelconque fascination et qu’on lui attribue des actes héroïques me semble être une aberration. Raciste, misogyne, colérique, caractériel et violent, ce type est un voyou, un truand, un gangster, un tueur, un rebelle qui ne défend aucune cause. Ce film le démontre et si l’on ne savait pas que Mesrine a réellement existé, on dirait que les scénaristes ont un peu chargé la mule. Les prétendus actes glorieux qu’on lui attribue sont en fait complètement irresponsables, le faisant toujours flirter de près avec la mort, comme sa spectaculaire évasion de sa prison au Canada (dont les méthodes n’auraient sans doute pas été reniées par les nazis) ainsi que la tentative insensée de libération plus tard de ses co-détenus. Les quelques démonstrations d’affection envers ses enfants par exemple ne font pas de ce type quelqu’un de sympathique. Il brandissait son nom comme un titre de gloire ou un trophée « je suis Jacques Mesrine » répétait-il à l’envi (dites bien « Mérine » paraît-il si vous ne voulez pas vous en prendre une entre les deux yeux). Quant à son prétendu code de l’honneur qu’il agite comme une évidence, il ne l’empêchait nullement de pointer une arme dans la bouche de sa femme quand elle lui avait un peu trop mis les nerfs. Donc, Mesrine est un sale type et ce film l’illustre bien. Mais derrière ce personnage, il y a un acteur et quel acteur ! Les allergiques à Vincent Cassel devraient fuir d’emblée car il compose là un rôle très « actor’s studio » et son travail sur le physique, la démarche, la voix est impressionnant et phénoménal. Tour à tour inquiet mais surtout inquiétant, tendu, imprévisible, il est une véritable bombe à retardement dont on se demande à chaque instant quand elle va exploser. En ce qui me concerne, je trouve que le spectacle de cette interprétation qui ne fait évidemment pas dans la dentelle mais au contraire dans la démesure, vaut largement le déplacement.
    A ses côtés, plein d’acteurs formidables qui sont à leur meilleur, notamment Gilles Lelouche (toujours parfait), Cécile de France (malgré un rôle bâclé) très convaincante et étonnante dans son rôle de Bonnie Parker amoureuse et Gérard Depardieu (et oui, dans la famille Depardieu, j’aime le père, le fils, la fille et même le sain d’esprit) massif, colossal, immense (dans tous les sens du terme) qui sans forcer, sans surjouer, d’une discrétion et d’une simplicité exemplaires emporte chaque scène.
    Les « plus » de ce film qui donnent évidemment envie de voir le second volet sont donc l’interprétation haut de gamme et le style « à l’américaine » qui donne du rythme et permet de ne pas avoir le temps de souffler un instant.
    Les « moins » résident dans le fait qu’on ne comprend pas vraiment comment Mesrine en est arrivé là, si ce n’est qu’il méprise ses parents, ses débuts prometteurs en assassin lors de la guerre d’Algérie et ses mauvaises fréquentations lorsqu’il rentre en France. Tant qu’à faire un film de quatre heures on aurait pu nous inviter à découvrir comment était le jeune Mesrine. Par ailleurs, le rythme trépidant évite au réalisateur de créer un véritable lien entre les différentes scènes et épisodes de sa vie. Des indications (telle année, tel endroit) nous informent… mais comment fait-il pour voyager alors qu’il est recherché, pour préparer ses « coups », pour faire ses rencontres ? Tout est éludé. Dommage. 

  • Tonnerre sous les Tropiques de Ben Stiller **

    Tonnerre sous les Tropiques - Jack Black, Robert Downey Jr. et Ben StillerTonnerre sous les Tropiques - Robert Downey Jr. et Ben Stiller Tonnerre sous les Tropiques - Brandon T. Jackson, Ben Stiller, Robert Downey Jr., Jay Baruchel et Jack Black

    5 acteurs hollywoodiens à l’égo pachydermique et à l’ambition de mammouth (un Oscar sinon rien !) sont engagés pour tourner « le plus grand film de guerre de tous les temps ». A la direction : un réalisateur anglais déclaré incompétent par un producteur survolté. Pour tenter de relancer le tournage du film dont un technicien a malencontreusement fait exploser les décors, le réalisateur emmène son quintet d’acteurs en pleine jungle pour une séance de cinéma vérité. Ils vont vite se rendre à l’évidence que plus aucune caméra ne tourne et qu’ils se trouvent plongés dans une vraie guerre !

    Je n’avais pas autant ri (au cinéma...) depuis des semaines. Pourtant le début peut laisser présager le pire : une série de fausses bandes-annonces de faux films des acteurs dans le film du film dont certains (même parodiques, merci j’ai compris) ne sont vraiment pas drôles du tout du tout. Et puis ça s’arrange dès que le tournage du film dans le film commence (vous suivez ?).

    Si Ben Stiller entend parodier et critiquer les films de guerre à gros budget (j’en sais rien, j’ai pas de dossier de presse moi madame), il se plante car son film n’a rien d’un nanar de pacotille tourné avec deux bouts de ficelle de cheval : C’EST un film de guerre à gros budget. Quant à la satire du système hollywoodien (les producteurs mégalos pourris, les caprices de star, les films « franchise » à millions d’entrées, les produits dérivés, la cérémonie des Oscar etc…) si elle est parfois savoureuse n’est pas vraiment vitriolée. La réussite est aussi ailleurs et surtout à découvrir Ben Stiller capable de réaliser un film musclé, macho (on n’en doutait pas), énergique, trépidant et drôle, très drôle.

    Si comme moi, vous vous êtes gavés de « Platoon », « Apocalypse Now », « Voyage au bout de l’enfer » et j’en passe, vous verrez qu’ici tout est là : la jungle hostile, les méchants asiatiques, les tortures, la cervelle qui gicle, les tripes à l’air, les actes héroïques, la franche et virile camaraderie, les soldats qui rient et pleurent en même temps, qui tombent au ralenti au son de musique symphonique, la fin qui n’en finit pas de finir avec sauvetage in extrémis du soldat Ryan, et « Sympathy for the devil » des Rolling Stones (les Stones chantent toujours dans les films qui parlent du Viet-Nam)… Dans les « modèles » tout ceci était émouvant, tragique ou insupportable. Ici, c’est marrant.

    Le plaisir tient également, c’est évident à l’interprétation. Je ne citerai pas toutes les guest stars invitées qui défilent, d’autres s’en chargent mais ceux qui n’ont rien lu pourront avoir des surprises, mais je recommande le rôle proprement ahurissant du producteur vulgaire et accro au coca light. La star d’hollywood qui s’y colle, grasse, poilue, chauve m’a impressionnée et prouve qu’elle peut encore surprendre. Bravo.

    Pour le reste, j’ai découvert deux acteurs très prometteurs et jusque là inconnus, Brandon Jackson et Jay Baruchel qui se collent les rôles des « bleubites » et parviennent à s’imposer face à leurs aînés. Chapeau.

    Jack Black, qui ne m’a encore jamais fait rire, confirme qu’il ne me fait pas rire et hérite une fois de plus du rôle qu’il préfère : caca-prout-vomis. Passons.

    Restent Ben Stiller qui n’hésite jamais à se ridiculiser aussi bien dans les dialogues que dans les déguisements ou attitudes, mais surtout celui qui surprend encore c’est Robert Downey Jr. Son rôle d’acteur proche des thèses de l’actor’s studio qui consiste notamment à entrer dans un personnage fait qu’il a subi une intervention de pigmentation de la peau pour être un soldat noir et adopte le parler « yo man » dans une caricature outrancière qui étrangement le rend plus sobre qu’à l’accoutumé. Bon, il faut le voir et l’entendre pour le croire.

    Allez, faites tourner les hélicos !

  • Cliente de Josiane Balasko **

    Cliente - Nathalie Baye et Eric CaravacaCliente - Nathalie Baye et Josiane Balasko

    Cliente - Eric Caravaca et Isabelle Carré

    Judith a la cinquantaine resplendissante des femmes sûres d’elles et elle est responsable d’une petite entreprise qu’elle mène de main de maître avec sa sœur, amie et confidente Irène : une émission de téléachat. Toutes les deux ont un point commun : elles ont trop souffert en amour. Alors qu’Irène attend toujours l’amour avec un grand Ta, Judith a choisi de payer pour rencontrer des jeunes gens, prendre du plaisir avec eux et que ça s’arrête là. L’amour sans les ennuis qui vont avec, c’est pas mal. Elle devient la cliente régulière de Marco/Patrick marié et amoureux de sa femme, Fanny. Cette dernière n’est pas au courant de la manière dont son mari ramène l’argent à la maison et surtout pour payer les traites de son salon de coiffure. Lorsqu’elle l’apprend, tout est bouleversé. L’amour s’en mêle !!!

    Les bonnes intentions (et les bons sujets) ne font pas les grands films. C’est le cas ici. Malgré ce qui agace un peu : le choix de la musique (un rap assourdissant et une chansonnette débile des années 60 ou 70 que vous aurez en tête jusqu’au lendemain parole d’honneur !!!), la place considérable prise par les seconds rôles qui n’apportent RIEN à l’histoire mais l’encombrent en l’alourdissant (la co-animatrice sosotte qui change de fiancé comme de déprime, l’ami qui fait des chantiers, l’assistant homo…), certaines scènes répétitives de repas dans une HLM de banlieue qui tournent immanquablement à la bagarre rangée, une escapade en Arizona très jolie mais inutile… et la voix off des personnages principaux qui nous commentent ce qu’ils pensent alors que les merveilleux acteurs présents à l’écran nous les exposent clairement. Et bien malgré tout ceci c’est quand même l’impression de sympathie qui l’emporte. Car lorsque Josiane se concentre sur les rapports des 4 personnages principaux, elle fait souvent mouche. De belles scènes drôles, réalistes et émouvantes entre les deux sœurs démontrent la complicité de deux actrices aussi différentes et talentueuses que Josiane Balasko et Nathalie Baye. Isabelle Carré, qui semble pouvoir tout jouer, est ici une petite balieusarde amoureuse, perchée sur des talons de 15 centimètres très surprenante.

    Mais surtout c’est entre Judith (Nathalie Baye, exceptionnelle) et Marco (Eric Caravaca, adorable) que tout se joue. Leurs scènes, malgré le sujet qui aurait pu être graveleux, sont pleines de justesse et de délicatesse. Il est dommage que la réalisatrice se soit éparpillée au lieu de se concentrer sur eux mais au final, c’est un film d’amour (celui qui n’a pas d’âge…) où personne n'a le "mauvais" rôle, qu’elle nous offre avec son cœur de midinette gros comme ça.

  • Faubourg 36 de Christophe Barratier **

    Faubourg 36 - Kad Merad, Clovis Cornillac, Gérard Jugnot et Maxence PerrinFaubourg 36 - Gérard Jugnot, Kad Merad et Nora ArnezederFaubourg 36 - Clovis Cornillac

     

    Paris 1936, 3 amis se retrouvent au chômage après que le cabaret où ils travaillaient a fermé. Le moment d’abattement passé, ils vont tout faire pour tenter de redonner vie au spectacle. Ce ne sont pas les embûches, les contre-temps et les coups du sort qui vont faire défaut...

    Tout est impeccable dans ce beau film qui semble revendiquer un petit air plaisamment vieillot. Tout est parfait, l’ambiance, la reconstitution de Paris, ses pavés, ses escaliers, ses toits, à mi chemin entre « Moulin Rouge » et « French Cancan », le climat social, l’allure résolument « titi » des énergiques interprètes, les chansons drôles, tristes à pleurer ou réalistes qui semblent dater des années 30 (alors que pas), les morceaux de music-hall follement dynamiques et colorés qui donnent des fourmis dans les pattes, les sketches pas toujours finauds mais qui faisaient s’éclourer de rire des salles entières. Il ne manque rien ou presque ou seulement une chose qui me semble essentielle et m’a retenue de voir le grand film populaire que j’attendais : l’émotion ! En effet, malgré toutes les difficultés, les complications, les empêchements et les drames qui se nouent sous nos yeux, ils restent désespérement secs et le cœur ne palpite pas.

    Dommage, mais en tout cas, l’interprétation brillante n’y est pour rien car chacun des acteurs (qui poussent tous la chansonnette) est un virtuose dans sa partition. Comme il faudrait les citer tous et détailler leurs talents (ce qui serait trop long) je n’en citerai que deux : le tout jeune Maxence Perrin (déjà adorable Jojo dans « Les Choristes ») et surtout, surtout Nora Arnezeder, toute jeune  et sublime nouvelle venue de 18 ans, qui maîtrise aussi bien le chant que la comédie et est le véritable soleil de ce faubourg. Une révélation.

    Cela dit je souhaite à ce film le même succès que celui des Choristes, précédent film de Christophe Barratier, et je ne saurais le déconseiller car le pari est osé de réaliser un film aussi spectaculaire et dont l'ampleur des séquences musicales va crescendo.

  • La belle personne de Christophe Honoré **

    La Belle personne - Louis GarrelLa Belle personne - Léa Seydoux et Grégoire Leprince-RinguetLa Belle personne - Louis Garrel et Léa Seydoux

    Dans un lycée parisien où les profs et les élèves rivalisent de beauté éthérée et se mélangent au gré de leurs amours possibles ou interdites, Junie est la « nouvelle ». Elle va chambouler la tête, le cœur et la vie d’Otto, un garçon de son âge et de Nemours, son prof d’italien.

    Evidemment on ne peut le nier et comme l’a écrit Madame de La Fayette « jamais cour n’a eu tant de belles personnes ». J’aurais aimé adorer ce film pour plein de raisons. Notamment parce qu’il est de Christophe Honoré qui m’a valu mes plus belles émotions « trufaldiennes » (oups !) et cinématographiques de ces dernières années et la découverte de quelques acteurs sublimes. Hélas, cette mayonnaise n’a pas pris, je n’ai cru ni à l’histoire ni aux effets collatéraux en cascade qu’elle entraîne. La patte de Christophe Honoré est là pourtant, indéniablement, ne serait-ce que dans sa façon inimitable de filmer Paris qui donne encore et encore le désir de redécouvrir la ville en dehors de tout circuit touristique. Mais la passion censée animer et détruire les trois personnages en présence m’a laissée de glace. Elle nous est imposée sans qu’on comprenne bien pourquoi et comment cette gamine boudeuse aux yeux rouges (elle vient de perdre sa maman…), ado dans le pur style fille perdue cheveux gras, peut séduire et ravager le cœur des deux garçons. Il faut dire que la fille, la toute nouvelle Léa Seydoux qui semble enflammer aussi les critiques malgré sa diction approximative et son jeu limité ne m’a pas convaincue du tout ; et qu'ils cessent de la comparer à Adjani, pitié ! Il faut dire aussi que mon cœur de pierre était déjà resté de marbre devant la « Naissance des pieuvres » l’an passé, autres ados ronchons et soupirantes. J’aime être emportée par le souffle épique et romanesque des passions romantiques mais je pense que les émois adolescents et capricieux des cours de récré ne me captivent pas. Autant une héroïne shootée au spleen existentialiste peut électriser quand elle est interprétée, incarnée par une actrice qu’on sent bouillonner et animée de l’intérieur autant il ne reste que des bouderies lunatiques exaspérantes quand c’est une petite fille qui s’y colle…

    Face à elle, les deux très aristocratiques Louis Garrel (sublime, qui peut alterner dans la même scène humour, légéreté et désespoir) et Grégoire Leprince Ringuet (la grâce et la ferveur incarnées) sont les joyaux de ce film également illuminé par les apparitions (c’est rien de le dire) luminescentes, flamboyantes, fulgurantes des merveilleuses Chiara Mastroiani et Cothilde Hesme.

  • Max la Menace de Peter Segal **(*)

    Max la menace - Steve CarellMax la menace - Steve Carell

    Maxwell Smart est un gratte papier grisâtre d’une agence de renseignements américaine, entre FBI et CIA (j’imagine). L’agence s’appelle CONTROL et Max rêve d’en être un de ses mythiques et légendaires « agents de terrain » pour porter de beaux costumes et une cravate assortie. Par un concours de circonstances il accède à cette promotion et se voit chargé de démanteler la dangereuse organisation KAOS dont le chef Siegfried (Terence Stamp, magnétique…) envisage d’équiper les dictateurs (instables et imprévisibles !) du monde entier en armes nucléaires. La co-équipière de Max est la terrible « agent 99 » aussi belle que redoutable !

    A ranger dans la catégorie sitôt vu sitôt oublié ce film à l’humour régressif assumé fait passer un délicieux moment plein de joie et de bonne humeur. Nouveau retour quelques décennies en arrière (décidément) il rappellera encore aux plus âgés d’entre nous que ce Max a bercé notre enfance. C’était l’agent secret le plus balourd et ringard qui soit et qui parlait dans sa chaussure équipée d’un téléphone ; il rejoignait son bureau après avoir franchi de lourdes portes blindées et tapé un code dans une cabine téléphonique ascenseur, au son d'une musiquette inchantable mais inoubliable... ça y est, vous y êtes ! Ce Max nouveau parle aussi à sa chaussure mais beaucoup moins, mais il est également équipé de gadgets insensés tel un lance-flammes dans un couteau suisse, et rien que de l'entendre, et le voir, dire "est-ce que que je serais transparent ?", à force de se faire bousculer voire piétiner, est hilarant ! Moins couillon et même beaucoup plus malin que OSS 117, moins glamour que James-Ô James !-Bond (quoique) ce Max là possède un atout XXL : son interprète, Steve Carell que je ne connaissais que par son très beau et très subtil rôle de dépressif dans « Little Miss Sunshine » (décidément, il faut d’urgence que je me mette à l’humour caca prout pour découvrir des acteurs tels que lui et récemment Adam Sandler). Ici, l’humour bas de plafond fait des prouesses et il faut bien reconnaître que 9 fois sur 10, c’est drôle, très. Steve Carell possède cette espèce de détachement nonchalant, cette fantaisie métaphysique digne de Bill Murray (qui fait ici une apparition… tronquée) et comme il ne se départit jamais d’une raideur plutôt adorable dans sa folie, on meurt d’envie de lui demander d’aller encore plus loin dans l’extravagance, la loufoquerie et l’outrance.

    Max/Steve Carelll est accompagné dans ses exencitricités par l’Agent 99/Anne Hattaway qui s’en donne à cœur joie en prouesses physiques et scènes de séduction et parvient à assurer plus que bien face au rythme comique faussement paresseux de son partenaire.

    Les scènes d’action se succèdent à un rythme d’enfer, les effets spéciaux sont parfaits car invisibles mais vous l’aurez compris la machine de guerre de cette parodie de films d’espionnage, celui dont on  a envie de dire « mais il ne s’arrête jamais ! » c’est Steve Carell.

  • A swedish love story de Roy Andersson **

    A Swedish Love Story - Ann-Sofie Kylin et Rolf SohlmanA Swedish Love Story - Ann-Sofie Kylin et Rolf Sohlman

    Pär croise le beau regard d’Annica. Ils ont 15 ans. Ils vont se chercher, hésiter puis s’aimer. Près d’eux, autour d’eux : des adultes complètement à côté de la plaque. Ça se passe en Suède et c’est, forcément, différent.

    Est-ce un mal de tête persistant qui m’a fait (un peu) passer à côté de ce chef d’œuvre annoncé datant de 1969 ? Ce que je ne peux nier c’est que ce film singulier qui alterne bruit et fureur puis calme et douceur ne ressemble à aucun autre, même s’il y plane l’ombre de Bergman. Suède oblige sans doute. Il y a avant tout une ambiance, une façon de filmer ou de sous-entendre que les sentiments vont à la dérive, qu’on finit forcément seul et mal dans sa peau. Le réalisateur était encore tout jeune (27 ans) lorsqu’il a filmé cette histoire d’amour adolescente pure, sincère, forte, belle et passionnée. On y croit, on s’y retrouve. Plus rien ne compte, plus rien n’existe, on abandonne les copains et les après-midi à jouer au flipper et à fumer des clopes, à faire le mariole sur sa mobylette. Il n’y a plus rien d’autre que l’Autre, son regard, son sourire et ses bras. Le moindre de ses gestes est magie, la moindre de ses paroles est rêve. On s’abandonne à la musique qui décrit si précisément cet état hors du monde. Les deux jeunes acteurs, excellents, nous replongent sans résistance dans ce bienfaisant bain d’adolescence.

    Imbriquée dans cette histoire miraculeuse, il y a celle, en périphérie, beaucoup plus sombre des adultes. Ils sont tous moches, ridicules, grotesques et surtout désespérément tristes voire dépressifs. Ils donnent cette impression tenace d’avoir raté leur vie. Et on tremble pour nos deux sublimes tourtereaux plein d’espoir et de promesses. On ne parvient pas à douter qu’ils vont devenir des vieux cons. C’est triste.