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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 59

  • La clef de Guillaume Nicloux **

    La Clef - Guillaume Canet
    La Clef - Guillaume Canet

    Eric vit avec Audrey qui rêve d’un enfant. Eric fait la sourde oreille et prend ce désir avec dérision. Ça agace Audrey qui pleure et trépigne… L’ambiance ne va pas s’arranger après le coup de fil d’un certain Joseph qui prétend détenir les cendres du père d’Eric. Après avoir dit ne pas se sentir concerné par ce père qui ressurgit alors qu’il ne l'a jamais connu, Eric accepte de rencontrer Joseph et se retrouve avec une urne très embarrassante…

    Film d’une noirceur abyssale (à déconseiller définitivement aux femmes enceintes), d’une violence et d’une cruauté sans nom, « La clef » nous fait plonger avec son anti-héros dans une machination infernale où le suspens à tiroirs perd un peu le spectateur. Mais c’est avec délectation qu’on se laisse prendre aux multiples suppositions et égarer dans le labyrinthe du scénario. Hélas la fin réserve une conclusion malheureusement bâclée qui ne répond pas vraiment à la question « Un fils doit-il payer pour les crimes de son père ? ».

    Néanmoins, exceptée Marie Gillain qui hérite d’un rôle catastrophique qui laisse même son partenaire sans voix… ce polar noir noir noir bénéficie de deux atouts majeurs : son ambiance lugubre, sordide, sombrissime et son casting impeccable et souvent à contre-emploi avec en tête Guillaume Canet, victime consentante très très maso.

  • Cow-Boy de Benoît Mariage **

    Cowboy
    CowboyCowboy

    Coup de mou existentiel pour Bruno qui est mal dans sa vie, dans son travail, dans son couple. Journaliste pour la télévision, il se retrouve à s’humilier dans des clips pour la sécurité routière. Alors que sa femme, en plein désir d’enfant, le considère comme atteint du syndrome de Peter Pan, il décide de retrouver Sacchi, héros révolutionnaire de sa jeunesse qui avait pris les enfants d’un bus en otages pour protester contre le licenciement abusif de son père. L'obsession de Bruno devient de rassembler tous les acteurs de ce drame et d’en faire la reconstitution sous forme de documentaire. Il parvient à convaincre son patron qui l’associe pour ce projet à une équipe de bras cassés. Il va effectivement retrouver Sacchi qui a perdu tous ses idéaux en devenant un gigolo pathétique (ou l’inverse), ainsi que tous les otages et leur proposer un voyage de trois jours dans LE bus, jusqu’à la mer du Nord (ah la mer du Nord !!!).

    Nouveau festival Poelvoorde qui ne décevra pas ses fans dont je suis. Quoiqu’il fasse, quoiqu’il dise, il est bon, il est excellent et surprenant. Quand il doit convaincre, il trouve des arguments dont on a toujours l’impression qu’il les invente au fur et à mesure et qu’il parvient à se convaincre lui-même. Quand il affirme à son collègue terre à terre : « Le conflit c’est l’essence même du cinéma. Tu t’emmerdes s’il n’y a pas de conflit », on le croit, même si on n’y comprend rien et qu’on ne voit pas le rapport. Quand il rencontre dans un restaurant le « vrai » Olivier Gourmet et qu’il s’approche de sa table pour l’inviter à la sienne, il lui balance "ben alors les frères Dardenne vous ont laissé tomber" ou  « attention, la palme dort »… on rit, alors que dans la bouche de quelqu’un d’autre, ce serait limite très con. Mais Benoît a l’art et la manière. Il ne craint pas le ridicule et lorsque sa femme l’emmène dans des réunions de puériculture et qu’il se retrouve à faire du « portage de bébé », il est drôle et même touchant. Tout autre que lui aurait l’air d’un plouc, c’est ainsi.

    En dehors de la prestation très anxieuse, la plus belle à ce jour, de Benoît Poelvoorde, il y a le tournage du film dans le film (exercice que j’apprécie toujours) et la manipulation des images par ceux qui les créent. Bruno n’hésite pas, entre autre, à modifier les cadrages pour provoquer l’émotion du spectateur. Le tournage est un fiasco. Personne ne se prête réellement à ce jeu de dupe et Bruno sombre de plus en plus.

    Autour de l’acteur extraordinaire Poelvoorde, il y a Gilbert Melki qui se régale visiblement à jouer les gigolos, blasé, profiteur de toutes les situations mais avec aussi plusieurs fêlures qu’on découvre peu à peu, et ce formidable acteur belge qu’est François Damiens (déjà vu dans « OSS 117 »), à la fois naïf, attentif, sensible et généreux.

    Mais c’est pour Benoît (et la bonne idée du faux reportage sur le vif…) que le film mérite le voyage. Mieux et plus que jamais on sent ici le tourment et les angoisses du personnage et peut-être de l’homme, qui c’est certain, nous fera pleurer prochainement. Pour achever de vous convaincre, j’ajouterai qu’il faut le voir reprendre goût à la vie en chantant « Non, non rien à changer des Poppies »… Je ne vous en dis pas plus, mais son sourire…

  • 24 Mesures de Jalil Lespert **

    24 mesures - Benoît Magimel
    24 mesures - Berangere Allaux et Benoît Magimel

    C’est la belle nuit de Noël… sauf que pour quatre égarés elle sera tout sauf belle. Une prostituée essaie de récupérer la garde de son enfant. Un chauffeur de taxi fait un casse et va rendre une dernière visite à son père. Une jeune fille explique à sa mère qu’un jour il sera trop tard pour lui dire « je t’aime ». Un batteur de jazz règle aussi certains comptes. Les quatre sont en quête de leurs parents ou de leur enfant, ils vont se rencontrer cette nuit là par hasard où leur destin va basculer.

    La caméra hyper mobile qui ne lâchera pas les comédiens saisis constamment en très très gros plan et l’atmosphère nocturne donnent à ce film une ambiance asphyxiante qui ne se démentira jamais (et feront que la moitié des spectateurs quittera la salle afin sans doute d’éviter un suicide collectif). En effet, la façon dont les personnages sont révélés ou se rencontrent est d’une violence inouïe, la scène d’ouverture est à ce titre des plus oppressante (d'autant plus quand on comprend ce qui s'est passé et pourquoi Lubna Abaznal est dans cet état...). D’autres suivront, tout aussi cauchemardesques et  tout sera d’une noirceur et d’un pessimisme sans fond qu’aucune lumière (si ce n’est le sourire de Sami Bouajila et les impros jazz d’Archie Chepp) ne viendra éclairer.

    Jalil Lespert, magnifique acteur par ailleurs, est-il à ce point désespéré pour nous présenter un premier film en tant que réalisateur d’une telle noirceur ? En tout cas, on ne peut nier qu’un auteur soit né et que ce qu’il fait faire à ses acteurs très très concernés, est fabuleux. Si les filles sont un peu trop caricaturales et hystériques, les garçons sont mieux servis avec des rôles plus émouvants.

    Ce que fait Benoît Magimel ici est de l’ordre du surnaturel et du miraculeux, je ne vois pas d’autre explication…

    Un film aussi désespérément sans issue est rare…

    Voici l’explication du titre par Jalil Lespert lui-même :

    "A la base, je pensais que jazz et blues se jouaient en 24 mesures. Mais Archie Schepp m'a appris que c'était une erreur ! Une erreur intéressante dans la mesure où, sans être exacte, elle renvoyait quand même à quelque chose de musical, mais aussi à la date du 24 décembre qui est essentielle dans le film et à d'autres notions comme 24 images par seconde. De plus, je préférais la sonorité de 24 à celle de 12, qui est le bon nombre de mesures pour le blues, alors je l'ai gardé."

  • La légende de Beowulf de Robert Zemeckis **

    La Légende de Beowulf - Ray Winstone
    La Légende de Beowulf - Ray Winstone

    En 500 et des poussières au Danemark une créature monstrueuse, Grendel terrorise et décime la population du Royaume du Roi Hrothgar. Seul un héros pourrait en venir à bout. Il se présente en la personne du Viking Beowulf qui ouvre les bras et pousse des gueulantes en hurlant « BEEEEEEEEEEOOOOOOOOOOOOOOWUUUUUUUUUUUUUUULF !!! ». Il combat la bestiole tout seul et tout nu comme un ver et lui fiche une sacrée raclée surtout dans l’oreille, parce que le monstre est fragile de l’oreille ! Après, il s’empare du royaume, devient calife à la place du calife pour conquérir la reine qui chante des chansons tristes et fait plein de bêtises parce que s’il est héros, le héros n’en est pas moins homme…

    Amateurs d’heroïc fantasy (j’en suis) ce film est pour vous. Evidemment tout le monde n’est pas Tolkien (même si cette œuvre l’a inspiré, paraît-il) et Zemeckis n’est pas Peter Jackson. Néanmoins ce film est vraiment plaisant, même s’il faut un temps d’adaptation à son étrange « design » qui le rend bizarrement hyper réaliste et franchement effrayant par moments. Et puis, on s’habitue. Il faut vous dire que le réalisateur a utilisé la technologie du performance capture qui permet de recréer à la perfection les expressions et les gestes des comédiens en infographie. Pour simplifier je dirai que les acteurs sont « dessins animéifiés » et ça surprend quand on n’est pas prévenu (comme moi). Sous les capteurs on peut donc s’amuser à re-découvrir Ray Winstone (comment ce géant de muscles de Beowulf peut être Ray Winstone ??? Demandez le au responsable de la « performance capture »), Anthony Hopkins (gras et libidineux), Robin Wright Penn (triste, comme d’hab’), John Malkovich (fourbe comme touj’), Angelina Jolie (sublime et nue pour une f’), Brendan Gleeson (spécialiste des films en costume).

    Donc si vous voulez voir un film peuplé de monstres, de sortilèges et de magie, où le héros n’est qu’un homme faillible et imparfait qui ne jure que par les burnes d’Odin, cornebouc, direction les contrées lointaines et sauvages du nord de l’Europe.

    Photos de 'La Légende de Beowulf'
  • LIONS ET AGNEAUX de Robert Redford **

    lions et agneaux - cinéma

    Pour évoquer la guerre en Irak, Robert Redford explore trois pistes :

    • à Washington, un sénateur accorde une interview à une journaliste de télévision pour lui exposer une stratégie militaire,
    • sur la côté Ouest, un professeur essaie de convaincre un étudiant de choisir un engagement,
    • en Afghanistan deux anciens élèves du même prof sont pris au piège…

    Commençons par ce qui ne va pas, mais alors pas du tout, du tout :

    I - Dans le bureau d’une université, un professeur idéaliste (Bob himself) convoque un élève et tente de le convaincre de son potentiel. Ce jeune homme nous est présenté comme un brillant sujet ce qu’à aucun moment nous ne découvrons car il semble équipé d’autant de réflexion qu’une huître. Que voyons-nous à l’écran ? Un petit branleur en short et chemise hawaïenne qui doit penser que la plus grande résistance est de poser ses pieds sur la table ! Quant à l’acteur, il est de cette espèce « tête à claques » qu’Hollywood nous sort régulièrement de son chapeau, et comme j’aime décerner des prix, je lui décerne sans hésitation l’Oscar de l’acteur le plus mauvais et le plus antipathique de sa génération. Retenez bien son nom… et puis non, oubliez.

    C’est là que je me dis : Bob, cesse d’enlever, puis de remettre, puis d’enlever, puis de remettre tes lunettes, cet acteur est nul, ça se voit à l’œil nu, et il gâche cette partie du film.

    II – A la suite d’un brillant exposé, deux étudiants du même prof. révèlent qu’ils se sont engagés dans l’armée : consternation du prof qui se sent responsable ! On retrouve les deux jeunes gens à 3 000 mètres d’altitude, seuls, blessés dans la neige, encerclés par des talibans. Cette partie spectaculaire et hautement dramatique… n’est pas mal ficelée et on ne peut que s’étonner et être consterné de découvrir que des jeunes gens (un afro et un latino américains… quand même !), intelligents, avec un avenir puissent s’engager volontairement pour aller combattre à 10 000 kms de chez eux.

    C’est là que je me dis : Bob n’a jamais réalisé de film de guerre, contre la guerre et il le regrette.

    III – Et voilà ce que Bob aurait dû faire et n’a pas osé : nous enfermer pendant une heure et demi dans un bureau avec Meryl Streep et Tom Cruise et les laisser débattre en un face à face clair, intelligent et efficace. Tom Cruise est parfait, effrayant en sénateur rongé d’ambition qui souhaite une fois encore « utiliser » les médias pour tenter de redorer le blason des politiciens aux yeux des citoyens et « vendre » une opération militaire censée régler le problème de la guerre. Il affronte Meryl Streep plus que parfaite en journaliste fatiguée à force de compromissions. Le rôle des médias et la manipulation politique sont traités sans manichéisme et renvoie dos à dos politiques et journalistes. « Mon objectif est de provoquer chez le spectateur une réflexion sur la démocratie » assure Redford. Une question, posée par la journaliste, reste néanmoins sans réponse : « Pourquoi a-t-on envoyé 150 000 soldats dans un pays qui ne nous a pas attaqués… et une poignée d'hommes dans un pays qui l’a fait ? ».

    C’est là que je me dis que Bob, à 71 ans, est encore un réalisateur militant écolo et démocrate, mais au final, un film un peu raté, un peu réussi, c'est un peu décevant.

    …………………………………………….

    En lisant un article à propos de Robert Redford, j’ai appris que le projet de film « A walk in the woods » qui retrace les voyages d’un homme avec un ami au travers d'une Amérique sauvage… était abandonné. Robert Redford qui était très attaché à ce projet a dû y renoncer car il devait y retrouver Paul Newman dont la santé se serait dégradée et que, vraisemblablement, ce dernier ne tournera plus… Certains savent que Paul Newman est un de mes amours de jeunesse et de toujours… alors, je suis triste (mais pas jalouse..).

     
  • L’heure zéro de Pascal Thomas **

    L'Heure zéro - Melvil Poupaud

    L’heure zéro c’est l’heure du crime et tout est mis en place dans cette adaptation d’Agatha Christie pour que sonne cette heure après que tous les protagonistes nous aient été présentés ! Camilla Tressilian richissime vieille dame indigne et opiomane (Danielle Darrieux, délicieuse) réunit pendant l’été dans sa splendide demeure bretonne quelques personnages qui se détestent plus ou moins cordialement. Guillaume Neuville (Melvil Poupaud, très beau, mince, chic et classe comme Cary Grant), star perdante du tennis et sa femme Caroline (Laura Smet, hystérique, vulgaire… son premier rôle ???), l’ex femme de Guillaume, la discrète Aude (Chiara Mastroiani, impériale comme… non…) ainsi que d’autres invités dont la présence est plus ou moins désirée par les uns et les autres, plus le personnel de maison.
    Deux meurtres plus tard, intervient le commissaire sous les traits de François Morel (décalé et savoureux qui chantonne : « Maigret, Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Colombo… ») pour mener l’enquête. Chacun de ces personnages dont aucun n’est réellement sympathique va révéler sa vraie nature comme on s’y attend.

    La partie de Cluedo peut commencer.
    La maison est agathachristienne, la musique hitchcockienne et le film s’achemine pépère vers un dénouement et des révélations que les plus malins (dont je ne suis pas) découvriront peut-être. Rien d’inoubliable mais plutôt l’occasion pour tous les acteurs de faire leur petit numéro. Plaisant !

  • Deux vies plus une d’Idit Cebula **

    Deux vies plus une - Jocelyn Quivrin, Emmanuelle Devos et Gérard Darmon

    Eliane est instit, elle a un mari qui l’aime, une fille (le genre ado qui me donne envie de lui coller la tête dans un seau d’eau glacée jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bulles…Voyez « Tout est pardonné » pour découvrir une ado ENFIN « normale »…) qui veut un appart à elle (normal, au lycée on est autonome !), une famille juive bruyante et omniprésente et une mère sénile et envahissante. Eliane étouffe, elle court tout le temps, alors du coup elle veut devenir écrivain. Normal… on a tous des carnets de gribouillages, collages, pattes de mouche, bavardages qui traînent dans un coin ! Sauf que là, un éditeur sexy et craquant (normal c’est Jocelyn Quivrin) va les trouver absolument délicieux et les publier. On croit rêver. Bon, moi j’ai jamais rien compris à l’art contemporain et abstrait. Donnez moi du Van Gogh et du Zola, je risque de m’extasier mais devant ces barbouillages je ne suis que consternée.

    Et oui, hélas, d'abord je n'ai pas compris le titre et j’ai l’impression d’avoir vu cela mille fois déjà et devant le manque de rythme et d’originalité ici, j’étais un peu triste et déçue pour ce premier film plein de bonnes intentions. Les plus jolis moments étant ceux qu’Eliane passe en « compagnie » de son père au cimetière, là où elle va puiser un peu de réconfort et d’énergie. Les morts sont rarement contrariants… quoique ! Sinon, il m’est arrivé une chose comme rarement au cinéma, une sensation d’étouffement, de claustrophobie car tout se passe dans des endroits étriqués (ah les apparts bordéliques et encombrés !!!) qui manquent d’électricité. Tout est filmé dans la pénombre et la réalisatrice a le don (il paraît que c’est génial) de réussir à caser 10 personnes en gros plan dans la même scène qui donne le tournis.

    Bon, cessons de tirer sur l’ambulance, Idit Cebula peut dire un grand merci à son casting formidable très impliqué. Les garçons sont parfaits, Yvon Back en collègue pot de colle et faussement compréhensif, Jocelyn Quivrin (vivement un grand premier rôle à lui tout seul… il peut le faire !) irrésistible. Et bien sûr, Gérard Darmon en mari border line, dépassé par les velléités de sa chérie. Il faut le voir dire « je ne suis pas un homme moderne moi, je ne veux pas évoluer » et se confier à sa fille en pleurnichant (le cauchemar d’une fille, sachez-le, jeunes papas qui me lisez, ne confiez JAMAIS vos peines de cœur à votre grande fille… fin de la parenthèse).

    Mais évidemment la grande réussite de ce film c’est la tornade Emmanuelle Devos toujours juste et jamais ridicule quelles que soient les situations : elle tombe de sa chaise lors d’un repas trop arrosée, elle dégringole d’un canapé après avoir fumé un joint, elle se casse la figure dans l’escalier avec ses courses… Elle est belle, drôle, émouvante. Pour elle donc.

  • King of California de Michaël Cahill**

    King of California - Michael Douglas

    Charlie sort de l’hôpital psychiatrique. Il est attendu par sa fille de 17 ans Miranda qui a vécu seule pendant ces années. Charlie n’est pas tout à fait guéri et s’est mis en tête, pour offrir une vie meilleure à sa fille, de déterrer un trésor enfoui depuis le XVIIIème siècle. Le trésor se trouve sous le supermarché et la chasse peut commencer !

    Ce film vaut surtout pour la relation père fille tout en douceur, en tendresse et où les rôles sont inversés… le père ayant quelque peu perdu les pédales en court de route. Michaël Douglas assure en papa atteint de folie douce. Hirsute, barbu, le regard perdu il s’en donne à cœur joie dans un emploi aux antipodes de ses rôles à costume cravate et nous fait un plaisir fou en s’amusant.

  • La vie d’artiste de Marc Fitoussi **

    La Vie d'artiste - Sandrine Kiberlain

    Alice est actrice mais gagne sa vie en étant « doublure voix » d’une héroïne de manga, Bertrand est prof de français mais se rêve auteur, Cora est chanteuse mais ne trouve que des petits boulots humiliants… Autant dire qu’ils sont tous insatisfaits, parfois aigris, mal dans leur peau et que leur désir commun est : la reconnaissance !  Alice ne cesse de dire : « je veux qu’on me voit… je veux me voir sur un écran »… Bertrand fantasme sur les prix littéraires et Cora ne s’abaisse pas à participer à certains castings… Il est d’ailleurs dommage justement que ces trois personnages qui ont des difficultés insurmontables à exercer le métier qu’ils aiment semblent plus animés par le désir de gloire…

    A une époque où le slogan incontournable est « vu à la télé », ce film parfois drôle et plutôt vachard démontre que ce ne sont pas forcément ceux qui ont du talent qui réussissent et réciproquement, que réussir à vivre de sa passion est parfois un véritable chemin de croix semé d’embûches et de déceptions et aussi qu’on n'est pas tous égaux devant la chance, paramètre essentiel de la réussite dans ces milieux.

    Le casting est éblouissant avec en tête Sandrine Kiberlain, remarquable dans ce rôle de bougon obstinée. A noter également la lumineuse présence de Grégoire Leprince Ringuet qui, lorsqu’on sait les ravages qu’il fait chez les jeunes gens de son âge, a la réplique la plus drôle du film : « je suis le type le plus impopulaire de ce lycée » !

    Ce film a reçu le Prix Michel d’Ornano 2007 qui récompense un premier film.

     

  • La maison de Manuel Poirier **(*)

     

    La Maison - Bruno Salomone et Sergi Lopez

    Malo tourne en rond. Il écoute des chansons tristes en fumant des cigarettes et en buvant des verres de vin d’Anjou tout seul dans son appartement. En instance de divorce, ses enfants lui manquent. Au retour d’une soirée chez des amis il visite une maison de campagne aux volets bleus mise en vente par adjudication dans laquelle il trouve la lettre d’une petite fille adressée à son père. Il va rencontrer les deux sœurs qui vivent la vente de cette maison comme un crève cœur.

    Comme toujours Manuel Poirier s’attache et nous attache aux êtres, aux amis, aux lieux et laisse une place considérable aux enfants. C’est incroyable, on dirait que Manuel Poirier est un réalisateur qui a une « vraie » vie comme les « vrais » gens ! Pour évoquer cette histoire triste et banale il s’entoure de Bérénice Béjo et Barbara Schultz plus sœurs, sensibles et adorables que jamais et de Sergi Lopez. Qu’il soit triste, gai, qu’il titube, qu’il pleure, qu’il hurle de colère, qu’il éclate de rire… cet acteur est constamment juste et crédible.

    Ceux qui ont connu ce déchirement de devoir se séparer un jour de la maison de leur enfance entreront sans difficulté dans l’intimité de ces cœurs brisés…

    Les autres pinailleront… tant pis pour eux ! 

     

    La Maison - Sergi Lopez