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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 62

  • Par effraction d’Anthony Minghella ***

     

     

    Le couple que Will forme avec sa compagne Liv traverse une grave crise conjugale. Ils sont confrontés au lourd problème de leur fille de 13 ans, autiste, anorexique, acrobate surdouée. Par ailleurs, les tout nouveaux bureaux de Will situés dans un quartier délicat de Londres sont cambriolés plusieurs fois. Will parvient à pister l’un des jeunes cambrioleurs, Miro, qui vit avec sa mère Amira, réfugiée bosniaque. Entre tous ces personnages qui vivent dans des mondes opposés, des liens inattendus vont se tisser.

    Si Anthony Minghella peine un peu à décrire une réalité sociale où se côtoient nantis et défavorisés et si sa morale est d’une naïveté confondante (tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil), il s’en sort beaucoup mieux avec la complexité des sentiments et les drames qui jalonnent la vraie vie des vraies gens. Il est aidé en cela par son éblouissant casting. Evidemment Robin Wright Penn est (comme toujours) dépressive et torturée… mais elle le fait si bien ! Juliette Binoche en bosniaque musulmane prête à tout pour aider son fils délinquant est magnifique, subtile, vraiment impressionnante et d’un naturel toujours aussi singulier. Quant à Jude Law, tantôt indécis, tantôt convaincant, tellement amoureux, en quête de l’amour plus précisément qu’on lui refuse (sont-elles folles ???), il exprime comme jamais, avec beaucoup de retenue et une émotion palpable la confusion des sentiments et cela lui va à merveille.

    Un beau film nonchalant et poignant.

     

  • LE COME BACK

     de Marc Lawrence**

    le come-back -

    Alex a fait partie d’un groupe « pop » dans les années 80. Aujourd’hui, has-been très lucide sur sa condition, il se produit dans les centres commerciaux et les parcs de loisirs, continuant à affoler les ménagères de moins de 50 ans par son célèbre déhanchement.

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  • Mon fils à moi de Martial Fougeron **

     

    Un pavillon bourgeois de province, un couple, deux enfants… Tout semble être calme et paisible, sans histoire mais le film commence alors qu’une ambulance est garée devant la maison. En un long flash-back, nous allons découvrir quel drame s’est joué ici. Le père est prof d’université, la mère « femme au foyer », l’aînée en fac va bientôt prendre une chambre en ville et le fils, Julien 12 ans, entre le collège, son piano, sa grand-mère et son amie Alice… doit faire face à sa mère envahissante qui l’aime et le déteste au-delà de toute mesure.

    Ce premier film sec, dense et brutal nous parle de l’enfance maltraitée ou comment un amour excessif peut devenir destructeur. Les violences physiques succèdent aux violences psychologiques et l’on est horrifié d’assister à cette entreprise de dévastation d’un enfant. La grand-mère aimante ne parvient pas à canaliser la folie naissante de sa propre fille. On n’aura pas d’explication sur la descente progressive de cette femme vers la démence… juste une piste lorsque la grand-mère lui crie à travers une porte qui ne s’ouvrira pas : « tu as toujours été folle ma pauvre fille ! ». La grande sœur, inquiète essaie d’alerter le père : « Julien pleure encore dans sa chambreil va pas bien ». Mais le père, absent, distrait, inapte est plus préoccupé par son travail et la tendresse que sa femme ne lui porte plus que par son enfant : « c’est un ado, c’est dur pour tout le monde à cet âge là ».

    Voir cet enfant prostré, recroquevillé, pleurer dans un coin de chambre ou sous un lavabo est un crève-cœur. On dirait qu’il cherche à disparaître et en même temps il fait tout pour continuer à plaire à cette mère qu’il aime. Elle lui jettera à la figure les chocolats qu’il lui offre, s’évanouira presque lorsqu’elle s’aperçoit qu’il se rase. Elle refuse de le voir grandir, qu’il lui échappe. Elle l’aime et n’a aucune conscience de ses débordements nocifs et castrateurs. C’est sombre et violent, et la maison, la chambre de plus en plus dépouillée de cet enfant deviennent les témoins d’un huis clos étouffant.

    Nathalie Baye, à la fois vampire, autoritaire, cruelle et vulnérable est époustouflante d’ambiguïté dans ce rôle où elle joue, sur le fil du rasoir, la folie naissante et un amour disproportionné et interdit... Le jeune Julien, incarné par Victor Sévaux dont c’est le premier rôle, hyper sensible, hyper touchant est remarquable.

     

  • Michou d’Auber de Thomas Gilou **

    Messaoud, petit parisien de 9 ans est « placé » par la DDASS chez Gisèle et Georges (qui n’ont pu avoir d’enfant) en plein cœur du Berry. Les parents « nourriciers » de Messaoud sont pleins de tendresse pour l’enfant mais cela se passe en 1960, à la campagne. Les parents de Messaoud sont algériens, Georges est un ancien militaire qui « a fait » l’Algérie et la récente télévision qui occupe les foyers ou les bistrots est envahie par les discours du Général... Gisèle décide de teindre Messaoud en blond et de l’appeler Michou !

    Au-delà des retrouvailles savoureuses de Nathalie Baye et de Gérard Depardieu et de la découverte d’un petit acteur incroyablement juste, Samy Seghir, ce gentil film qui marche sur des œufs pour parler d’une époque troublée se laisse voir avec beaucoup de plaisir. Même bourrée de clichés et de bons sentiments, l’entreprise semble sincère donc pleine de justesse et d’émotion. C’est à la fois drôle et grave sans jamais tomber dans la niaiserie. Par ailleurs, retrouver, comme des points de repères…, tous les détails qui faisaient l’ambiance des années soixante est un régal.

    Gérard Depardieu (plein de rage et de douceur) confirme, film après film, qu’il redevient le grand acteur sans fard et sans tic qu’il est. Quant à Nathalie Baye, comme toujours, elle continue de transformer le moindre rôle en pépite d’interprétation. Toute en grâce, en distinction et en élégance, elle peut dire à Mathieu Amalric (aaaaah !) « Me regardez pas comme ça, je suis une fille de la campagne moi ! » et être crédible. Belle femme et belle actrice !!!

     

  • Au nom de la liberté de Philip Noyce **

    Ce film retrace les débuts de l’engagement de Patrick Chamusso en Afrique du Sud jusqu’à son emprisonnement à Robben Island (+ de 10 ans..) comme prisonnier politique, là où Nelson Mandela a été incarcéré pendant plus de 20 ans. C’est l’histoire vraie d’un homme qui mène une vie tranquille avec sa femme et ses deux enfants et qui, à la suite d’une erreur se fait arrêter. Pour cacher son alibi qui lui ferait perdre sa femme, il avoue ce qu’il n’a pas commis. Finalement relâché, il prend conscience qu’il peut lutter contre l’apartheid et s’engage dans l’ANC (African National Congress), ce parti déclaré hors la loi.

    Ce film démontre avant tout comment à partir d’erreurs, d’aveuglement, de mensonges et d’injustices on fait d’un homme ordinaire et pacifiste un terroriste. L’acharnement et la paranoïa des tortionnaires qui voient des terroristes partout créent un climat de tension permanente : en gros, tout le monde est suspecté. 20 millions de blancs contre 3 millions de noirs dans ce pays, quelque chose cloche car ce sont les blancs qui se sentent agressés.

    Le duo d’acteurs est tout simplement remarquable. Derek Luke/Patrick Chamusso, impliqué sans réserve démontre avec calme et détermination qu’il y a une limite à l’absurdité à ne pas franchir. Quant à Tim Robbins/Nic Vos le policier, il donne tout ce que ce personnage a d’ambigu. Sorte de nazi appliqué à la tâche, père aimant et protecteur, il pousse le sadisme jusqu’à accorder une trêve à son prisonnier le dimanche (jour du Seigneur !!!), interrompre les séances de torture et l’inviter à la table familiale. D’autant plus sidérant que ce film est un film sur le pardon et qu'évidemment c'est la victime qui finit par pardonner, même si le bourreau semble rongé de remords...

    « Patrick Chamusso est un homme remarquable, une source d'inspiration pour nous tous. Il est allé au-delà du drame, au-delà de la haine pour apprendre à pardonner.", raconte le réalisateur.

     

  • Contre-enquête de Franck Mancuso **

     

    Richard Malinowski, capitaine cool à la « Crime » aime son boulot. Il a une belle maison, une belle femme, une petite fille adorable. Il voit sa vie basculer le jour où sa fille est massacrée (violée, tuée à coups de pierres) par un détraqué. Très vite un suspect est arrêté puis condamné. Le coupable clame son innocence du fond de sa prison et Richard, intrigué par la vitesse à laquelle l’enquête a été ficelée, perturbé par les lettres que lui envoie inlassablement le coupable, se met à douter. Il décide de se lancer dans sa propre contre-enquête.

    Dans la série « les clowns se mettent au drame », je vous présente Jean-KC-Dujardin qui s’en sort mieux que bien dans un rôle sombre à la limite du mutisme où il ne vous arrachera pas un sourire. Broyé par un chagrin insurmontable (comment survivre à l'inconcevable ?), il avance telle une machine, obstiné, résolu à trouver l’assassin de sa fille.

    Laurent Lucas est lui aussi parfait dans le rôle du condamné. Son visage peut tour à tour être celui d’un ange ou d’un démon et pendant 1 h 30, on pense alternativement « oui, c’est lui, avec sa tête de psychopathe » et « non, ça ne peut pas être lui, avec sa tête d'innocent ! ».

    Contrairement à certains films, on n’en sait pas plus que l’enquêteur mais finalement, lors du dénouement on ne peut qu’apprécier d’avoir été bel et bien manipulé !!!

    P.S. : celui qui me donnera l’explication de la lettre qui commence par « Mon cher Capitaine » recevra un paquet de Bêtises de Cambrai de la production. Merci.

     

  • DREAMGIRLS de Bill Condon **

    dreamgirls -

    Des années 60 aux années 80 : l’ascension d’un trio de chanteuses repérées par un manager ambitieux et opportuniste. En gros, l’histoire des « Suprèmes », de la firme de disques Motown et des coulisses pas toujours reluisantes du show-businness.

     

    Comme souvent, on assiste à la découverte, l’ascension, la dégringolade de certains pour finir sur un happy end à paillettes. Il faut reconnaître que les numéros musicaux sont électrisants et qu’on a des fourmis dans les pieds mais on peut regretter que le réalisateur hésite entre comédie musicale (certains dialogues sont entièrement chantés et pas d’autres… on ne sait pas pourquoi) et mélo historique. J’avoue cependant que les chanteuses qui s’époumonent et huuuuuurlent leur partition sont parfois à la limite du supportable. Béyoncé est très belle et Jennifer Hudson s’égosille comme personne. Mais la vraie révélation de ce film (sitôt vu, sitôt oublié) est bien Eddie Murphy que je crois voir pour la première fois tenir un vrai rôle plein de nuances. Il nous honore également de plusieurs numéros musicaux vraiment parfaits dont un en particulier très « James Brownien » absolument saisissant. Pour lui, donc.

  • Chronique d’un scandale de Richard Eyre **

    Sheba, prof de dessin « bobo » mariée et mère de deux enfants, débarque dans un collège londonien dans lequel sa beauté, sa blondeur et sa naïveté vont faire quelques ravages. Barbara, enseignante à la veille de la retraite, vieille fille aigrie, solitaire et autoritaire qui ne vit que pour son chat et son journal intime voit en Sheba l’amie idéale. Lorsque Barbara surprend Sheba dans les bras d’un de ses élèves de 15 ans, la jalousie la consume puis rapidement la volonté de la tenir sous sa coupe par ce secret qui va les lier.

    Une Kate Blanchett fragile et sensuelle et une Judi Dench pathétique et effrayante tirent cette histoire vers le haut. Entre les deux actrices, il se passe quelque chose au-delà de la complicité et de l’admiration mutuelle. Elles vont jusqu’au bout de leurs petits mensonges, de leurs petites trahisons et de leur solitude, de leur soif d'amour, de leur connivence puis de leur affrontement avec une efficacité et une sobriété confondantes. Malgré cela, entre les deux, l'ambiance est électrique.

  • Bug de William Friedkin **

    Agnès vit seule dans un motel miteux d’une banlieue minable dans la terreur de son ex qui sort tout juste de prison où il vient de purger deux ans pour violences conjugales et dans le souvenir de son fils. Une amie lui présente Peter, un vagabond triste et doux… mais zarbi !

    Agnès va mal. Ça se voit car elle a les cheveux gras et des T-shirts informes et lorsque Peter débarque chez elle, elle est bien la seule à ne pas comprendre qu’il est complètement bargeot… parce que dans la salle, je vous assure qu’on le voit illico qu’il a une araignée dans le plafond le beau gosse ! Peu importe, elle tombe raide dingue amoureuse de lui. Après une nuit youpi tralala, Peter et Agnès commencent à se gratter comme des furieux et Peter révèle à Agnès qu’il est un cobaye échappé de l’armée et que des « men in black » lui ont introduit des insectes espions sous la peau. Et youpla, la fête peut commencer : ça pique, ça gratte… il faut extraire les bestioles : ça coupe, ça tranche (à voir pour le croire : un arrachage de dents maison !!!). Plus la peau est scarifiée, plus ils s’aiment ces deux là et luttent ensemble contre ce secret d’Etat dont ils sont les victimes.

    En fait, c’est un film d’amour… si, si ! mais surtout c’est un cauchemar sur les peurs enfouies, l’obsession de la persécution et du complot, une réflexion sur la folie qui guette et, entre paranoïa et schizophrénie, comment il est facile (et commode ?) de basculer et d’y sombrer ! Le réalisateur referme le piège petit à petit pour en arriver à un huis clos bien barré et claustrophobe sur deux acteurs littéralement possédés (quelle actrice cette Ashley Judd !).

    Réalisé dans une pièce, avec deux acteurs et un téléphone : le strict minimum nécessaire, Friedkin s'amuse : "Le budget du film est de 4 millions de dollars, ce qui représente le budget cantine d'une film standard".  La suprême élégance étant de faire de la dernière scène bien flippante (dans un décor tout alu... superbe), un modèle de tension, non dans les images mais dans le dialogue halluciné et paroxystique des deux tourtereaux, et d’interrompre l’horreur de façon à la fois abrupte mais ô combien subtile…

    Chapeau !

  • Odette Toulemonde d’Eric Emmanuel Schmitt **

    Odette vit à Charleroi et a fait de son univers restreint un monde enchanté. Elle est vendeuse dans un grand magasin, a deux enfants (un fils coiffeur adorable et homosexuel, une fille rebelle et désoeuvrée) et habite un appartement minus. Ce qui rend sa vie si belle, c’est qu’elle est une optimiste forcenée, qu’elle est fan de la mer du Nord (la seule, la vraie, celle qui change de couleur tous les quarts d’heure), de Joséphine Baker et surtout, surtout de Balthazar Balsan, auteur à succès (féminins) de romans à l’eau de rose dont elle dit qu’il lui a sauvé la vie quand elle allait si mal...

    L’auteur déprime. Un jour, alors qu'Odette lui a adressé un courrier d'admiratrice énamourée, il frappe à sa porte…

    Voilà un film rose bonbon comme un roman Harlequin. C’est kitsch, bourré de clichés, dégoulinant de bons sentiments et pourtant le charme opère à condition de ne pas être trop exigeant et de laisser aller son côté midinette car il ne révolutionnera pas le 7ème art.

    Encore une fois, je n’ai rien compris à la critique qui s’est acharné sur ce film. Effectivement si E.E. Schmitt ne revendique pas la naïveté et la « fleurbleuitude » de son film, il faut qu’il consulte. Mais si, comme je le crois toute cette candeur est parfaitement assumée, on passe un bon moment. D’autant que le couple vedette est particulièrement attachant. Catherine Frot (mon actrice française préférée ex-aequo… j’aime TOUT chez elle ; elle est drôle, fine et vivante). Elle est tout à fait à l’aise et à sa place dans ce rôle de femme à la fois légère et positive qui répand le bonheur autour d’elle. Quant à Albert Dupontel (décidément très éclectique) il est un parfait séducteur.

    P.S. : MAIS ??? Elle n'est pas belle ma lettre à Clint qu'il ne vienne jamais frapper à ma porte ???