Par effraction d’Anthony Minghella ***
Le couple que Will forme avec sa compagne Liv traverse une grave crise conjugale. Ils sont confrontés au lourd problème de leur fille de 13 ans, autiste, anorexique, acrobate surdouée. Par ailleurs, les tout nouveaux bureaux de Will situés dans un quartier délicat de Londres sont cambriolés plusieurs fois. Will parvient à pister l’un des jeunes cambrioleurs, Miro, qui vit avec sa mère Amira, réfugiée bosniaque. Entre tous ces personnages qui vivent dans des mondes opposés, des liens inattendus vont se tisser.
Si Anthony Minghella peine un peu à décrire une réalité sociale où se côtoient nantis et défavorisés et si sa morale est d’une naïveté confondante (tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil), il s’en sort beaucoup mieux avec la complexité des sentiments et les drames qui jalonnent la vraie vie des vraies gens. Il est aidé en cela par son éblouissant casting. Evidemment Robin Wright Penn est (comme toujours) dépressive et torturée… mais elle le fait si bien ! Juliette Binoche en bosniaque musulmane prête à tout pour aider son fils délinquant est magnifique, subtile, vraiment impressionnante et d’un naturel toujours aussi singulier. Quant à Jude Law, tantôt indécis, tantôt convaincant, tellement amoureux, en quête de l’amour plus précisément qu’on lui refuse (sont-elles folles ???), il exprime comme jamais, avec beaucoup de retenue et une émotion palpable la confusion des sentiments et cela lui va à merveille.
Un beau film nonchalant et poignant.