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4 ** POURQUOI PAS ? - Page 67

  • Qui m’aime me suive de Benoît Cohen ***

     Ne commettez pas mon erreur : ne vous embarquez pas sans un bon kleenex bien absorbant car ce beau film joyeux et mélancolique est aussi très très triste !

    « Max est comme un Mustang au milieu d’un troupeau de poneys »… ce n’est pas moi qui le dis, c’est sa meilleure amie interprétée par la délicieuse Julie Depardieu. Toutes les filles sont raides dingues amoureuses de Max. Je les comprends, Max c’est Mathieu Demy (ah ses yeux, ah son sourire !) et quand il sourit le monde s’effondre alentour et quand il chante, c’est un mix entre Mathieu Bogaert et Mathieu Chedid (amenez-moi un Mathieu tout de suite !!!).

    Les femmes de la vie de Max ne s’appellent ni Josiane ni Bernadette non, les femmes de la vie de Max sont Anna, Maya, Chine ou Praline. Elles veulent toutes plaire à Max, elles font tout pour, elles y consacrent leur vie et ça les empêche un peu de vivre aussi. C’est très beau, très doux et très violent car Max ne veut faire de mal à personne donc, il en fait à tout le monde... Max, ça le fait beaucoup pleurer parfois. Ah, les yeux de Mathieu Demy qui pleurent des rivières sont très beaux et on a envie de le consoler. Max et Mathieu Demy sont irrésistibles et ça suffirait presque à faire un film mais il y a quand même une véritable histoire.

    Max est chef de clinique dans un grand hôpital. Il n’a pas choisi sa vie et comme il a l’impression d’avoir trahi tous ses rêves, à 35 ans il décide de tout plaquer pour reconstituer le groupe de rock de ses 15 ans. Sa femme (Romane Bohringer : sublime et pimbêche pour la première fois) le chasse, elle a aimé et épousé un médecin, pas un saltimbanque puis décide d’essayer de le soutenir pour ne pas le perdre. Dans le nouveau groupe, il y a une fille, Chine (Eléonore Pourriat une secousse sismique à elle toute seule) qui sera le catalyseur du nouvel envol de max. Et puis, il y a l’ombre de Maya, l’absente, et Praline (Julie Depardieu) l’amie de et pour toujours, amoureuse éconduite mais chacune de ses scènes (notamment son accouchement) sont de pures merveilles, des trouvailles touchantes et burlesques comme Julie Depardieu. Il y a les amis aussi et chaque second rôle est comme une espèce d’idéal d’interprétation.

    Alors, n’hésitez pas, suivez la route de Max, il saccage tout et surtout bouleverse tout le monde sur son passage mais personne ne peut lui en vouloir : normal c’est Mathieu Demy (fils d’un magicien et enchanteur lui-même).

    Snif !

  • Le voyage en Arménie de Robert Guédiguian ***

    Guédiguian quitte Marseille et l’Estaque pour se rendre en Arménie, pays de ses ancêtres et c’est très beau.
    Anna (Ariane Ascaride), cardiologue est pétrie de certitudes et a l’habitude de tout régenter autoritairement autour d’elle. Lorsqu’elle découvre que son père est cardiaque, elle n’hésite pas : elle prend rendez-vous avec un chirurgien et lui annonce « l’opération est pour tel jour ». Le père refuse, s’enfuit en Arménie et sème des pistes pour que sa fille, qui n’y a jamais mis les pieds, le retrouve.
    C’est un véritable voyage initiatique qu’Anna va entreprendre. D’abord en colère et agacée par tout ce qui l’entoure, elle va finir par se sentir arménienne, elle va douter et se découvrir.
    Guédiguian n’y va pas de main morte dans l’émotion mais aussi dans l’invraisemblable et le démesuré mais il signe là un véritable film d’aventures auquel il ne nous avait pas habitués jusqu’à présent. A Erevan, Anna va faire de providentielles rencontres : un guide (photo), un ancien général (marseillais qui a fui, Gérard Meylan, épatant, suscite toujours ce mélange de douceur et d’inquiétude), une jeune coiffeuse en danger et adorable et qui rêve de partir en France, un médecin humanitaire (Jalil Lespert, toujours parfait), un militaire (Serge Avédikan, ex « Pull-Over rouge"), un mafieux (Simon Abkarian, formidable). Tous vont tomber à point nommé et sous le charme d’Anna et vont l’aider.

    Les grosses ficelles scénaristiques (comment imaginer qu’on puisse arriver dans ce pays pas facile et y être accueillie et protégée aussi aisément ?) importent peu. Guédiguian, toujours amoureux fou de son interprète apparemment, ne la quitte pas d’une semelle (choix étrange d’ailleurs de talons aiguilles pour parcourir l’Arménie, pays des cailloux) et elle, en bon petit soldat va jusqu’à prendre les armes pour arriver au bout de son chemin.
    C’est captivant, très très émouvant, merveilleusement interprété, l’Arménie est un pays somptueux avec en toile de fond le Mont Ararat qui semble vous observer de partout, l’Arménien est une langue superbe, la leçon d’histoire est passionnante… Embarquez-vous pour ce voyage inédit, savoureux et poignant !

  • Meurtrières de Patrick Grandperret***

     

    Le premier quart d’heure sonne faux : situations, dialogues et personnages sont à la fois obscurs et insignifiants. Et puis tout s’arrange lorsqu’au bout de ce quart d’heure lourdingue Nina et Lizzy (équipées des mêmes désillusions) se rencontrent à l’hôpital psychiatrique où elles cherchent à sécher leurs larmes et d’où elles s’échappent.

    Elles se rencontrent parce qu’elles se « reconnaissent » alors qu’elles sont à la fois si différentes et si complémentaires. Ce sont avant tout deux actrices Hande Kodja et Céline Sallette, deux beautés, deux tempéraments, deux révélations qui portent et élèvent le film vers des sommets d’authenticité et d’émotivité. Elles ont une vivacité, une énergie, une fougue et une vitalité qui explosent à chaque instant. Elles ne sont pas forcément sympathiques mais on les aime d’emblée car dans leur cavale improvisée, sans argent, par une accumulation de poisse inconcevable, toutes les portes vont une à une se claquer violemment devant elles. On ressent leur faim, leur désillusion et on perçoit la tension qui évolue en rage et qui vont les conduire au pire. Dès la scène d’ouverture, on sait qu’il y a meurtre, puisque le film est un long flash-back, mais on ne sait lequel des personnages rencontrés en route les y conduira. La victime sera leur bourreau aussi.

    Il n’y a ni justification, ni plaidoyer en faveur de leur acte, juste sans doute l’évocation que nous sommes dans un monde où les filles ont toujours à se justifier d’être libres et jolies et qu’elles doivent constamment en payer le prix en n’étant, encore et toujours, qu’objets de désir et d’assouvissement de ce désir. Effrayant, pitoyable et écoeurant.

    Soudées, unies, inséparables, leurs silhouettes menues et énergiques s’éloignent dans la nuit, elles n’ont toujours pas mangé et ça crève le cœur.

  • La Fête du Cinéma, les dimanche 25, lundi 26 et mardi 27 juin ****

    Si la cinéphile boude ses salles pendant cet évènement, elle n’en loue pas moins l’initiative, 22ème du nom qui permet après l’achat d’une place au tarif plein, de voir des films au prix de 2 €uros.

    Voir des films, en redécouvrir, se faire des séances de rattrapage, voilà le principe de l’évènement à vivre sans modération !

    De façon tout à fait subjective et personnelle, je recommanderai particulièrement ceux-ci (dans le désordre) :

    « C.R.A.Z.Y » : petit bijou drôle, vif, émouvant avec un acteur magnifique Marc-André Grondin et qui grâce à un bouche à oreille plus qu’enthousiaste (dont le réalisateur est le premier heureux et surpris) poursuit sa triomphale carrière méritée. Ne ratez pas l’envol de Zacharie !

    « The road to Guantanamo » : docu-fiction saisissant et éprouvant.

    « Volver » où Pedro Almodovar nous redit avec son talent et sa sensibilité qu’aucune maman (la sienne, la vôtre, la mienne) ne devrait mourir..

    « Conversations avec une femme » : conversations sensibles,subtiles, touchantes et adultes entre une femme et un homme adultes.

    « Bled number one » : un acteur et un réalisateur Rabah Ameur Zaïmeche qui parle de son pays, des gens de son pays, avec douceur, objectivité et tendresse.

    « Marie-Antoinette » où Sofia et Kirsten rassemblent leur jeunesse, leurs doutes, leurs troubles, leur talent et leur solitude dans un monde qui les juge et les bouscule.

    « Avril » : coup de cœur absolu, plein de fraîcheur de drôlerie et d’intensité, et une actrice immense Sophie Quinton.

    Et puis « Le Caïman » et « Paris, je t’aime » les hymnes, les hommages des amoureux aux amoureux du cinéma.

    9 films, indispensables (!!!) en trois jours, c’est faisable non ? ;-))

     Que tous ces réalisateurs et tous les autres qui m’échappent ou que je ne « rencontre » pas en soient remerciés.

     

     

  • Kamikaze Girls de Tetsuya Nakashima **

    Frénétique, déjanté, libre et différent, il faut se laisser emporter par l’enthousiasme communicatif de ce film qui se déroule à 100 à l’heure. « Kamikaze girls » a perdu une étoile [*] en route car le réalisateur, sans doute désolé à l’idée de quitter ses deux héroïnes fêlées n’a pas réussi à s’arrêter à temps. Néanmoins, si ce n’est ce petit quart d’heure de trop, les idées abondent dans ce film maîtrisé à la vitalité communicative.

    Momoko est une poupée barbie nipponne et blonde indifférente absolument à tout sauf à son look qu’elle travaille consciencieusement. Elle a choisi sa voie : la voie Lolita… Momoko est une sorte de bibelot de porcelaine fascinée par le baroque rococo et son unique rêve aurait été de se goinfrer de chamallows avec Marie-Antoinette en s’extasiant sur leurs dentelles respectives. Allergique au travail et à toute forme de relation, elle fera pourtant la connaissance de Ichiko, amazone « trashos » et inquiétante, adepte du coup de boule et membre d’un gang de filles qui crachent et font de la moto en essayant de terroriser tout le monde.

    Malgré tout ce qui les sépare et les oppose Momoko et Ichiko vont s’aimer dans un feu d’artifice d’images (mangas, séquences animées, gags en pagaïe) et de sons (jusqu’à Richard Strauss).

    C’est franchement réjouissant et différent un film qui commence par ces mots : « ma bécane crache le feu »… surtout si c’est une poupée en organdi qui les prononce !

  • Bled Number One de Rabah Ameur-Zaïmeche***

    Kamel (surnommé Kamel-La France) rentre au pays après un séjour en prison dont on ne saura rien. Son bled ? Un trou. Mais il le filme avec force et tendresse. Kamel c’est Rabah Ameur-Zaïmeche lui-même, il est l’acteur réalisateur de ce film et il est beau comme Travis Bickle

    Entre douceur, nonchalance et tradition, la vie s’écoule.

    Jusqu’à ce que Louisa rentre elle aussi au bled, chez sa mère, accompagnée de son petit garçon. Elle a quitté son mari, macho borné, qui l’empêche de vivre son rêve : chanter. Elle fait honte à sa famille, ça ne se fait pas de quitter son mari. Son frère la bat jusqu’au sang. Son fils lui est enlevé, pour toujours. Elle commence à avoir le regard vide et à s’emmurer dans le silence.

    Jusqu’à ce qu’une bande d’intégristes (absolument pas stigmatisés : jeunes et glabres) viennent semer la terreur obligeant le village à s’armer !

    La tension croît et la peur s’invite. Mais entre inquiétude et délicatesse, des scènes de toute beauté serrent le cœur : un bain de mer comme une purification où un homme et une femme se rapprochent momentanément. Et puis surtout, après une tentative de suicide, Louisa finit dans un hôpital psychiatrique où les femmes semblent libérer des contraintes et des entraves et où résonnent leurs cris mi-déchirure, mi-amusement : « les fous sont dehors ». Là enfin, Louisa réalise son rêve : chanter devant un public conquis. Le spectateur l’est aussi car l’actrice Meriem Serbah (qui ferait pâlir toutes les pseudo divas hurlantes) nous fait ce cadeau : interpréter « Don’t explain » de Billie Holliday et c’est modestement sublime.

  • Conversation(s) avec une femme de Hans Canova***

    Les jamais et les toujours, ce sont des mots d’amour.

    Les histoires d’amour finissent mal en général et certaines ne peuvent jamais finir. Cette histoire-ci fait partie de la deuxième catégorie.

    Un homme et une femme (on ne connaîtra pas leurs prénoms) se retrouvent (est-ce par hasard ?) à un mariage et reprennent une conversation interrompue dix ans plus tôt. L’utilisation du « split-screen » (l’écran partagé en deux), absolument pas gênant, permet de ne pas les quitter des yeux un seul instant pour notre plus grand plaisir et de voir des bribes de leur vie lorsqu’ils étaient ados.

    C’est un huis-clos bavard, mais compte tenu du titre, on n’est pas trompé sur la marchandise. Au contraire, on souhaiterait qu’ils continuent à se parler encore et encore…

    C’est drôle, émouvant, ironique et le réalisateur réussit la prouesse de ne jamais sombrer dans le mélo et de concocter une fin loin d’être convenue. Cela tient à un texte adulte admirablement bien écrit et servi par deux acteurs (Helena Bonham Carter et Aaron Eckart) au charme ravageur qui semblent en harmonie permanente. Il se crée entre eux une sorte d’accord parfait tant leur musique est en adéquation. C’est romantique, mélancolique et jamais mièvre. C’est admirable, gai et triste à la fois ; ça parle des promesses qu’on n’a pas tenues, d’un monde dans lequel la quarantaine est pour une femme le commencement de la fin, et pour un homme le début de la séduction, ça parle d’amour, celui qui vous laisse en miettes en vous offrant les moments les plus intenses de votre vie et celui plus « raisonnable » qui dure…

     

  • La maison du bonheur de Dany Boon**

    A quoi ça tient qu’une comédie franco-française ne soit ni beauf ni franchouillarde ??? Difficile à dire. Le thème est simple : un rêve vire au cauchemar (il y a quelques scènes bien angoissantes quand même) et les protagonistes doivent se dépatouiller avec les quiproquos et malentendus qui filent un train d’enfer armés de dialogues poilants qui fusent à qui mieux-mieux. C’est très drôle parfois, drôle souvent et en tout cas, pour notre plus grand plaisir, jamais vulgaire ni lourdingue (je résiste à l’envie de citer les balourdises qui sévissent encore sur les écrans).
    Les acteurs ne sont évidemment pas pour rien dans cette réussite. Ils ont l’air de s’amuser et du coup, on s’amuse avec eux, ce n’est pas plus compliqué que ça.
    J’accorde une mention spéciale à Zinedine Soualem (il faut dire Zinnnndine et pas Zinédine… avec un tel prénom, pourquoi n’est-il pas encore star ?), chouchou de mon cœur depuis longtemps : il est ici irrésistible et à Daniel Prévost, toujours persifleur et ironique, il me ravit.
    En un mot cette comédie raisonne comme une exception dans le paysage parfois prétendument comique et cela fait un bien fou.