La question est clairement posée dans le film, Hubert Bonnisseur de la Bath allias OSS 117 est-il d’une intelligence hors norme ou un con intégral ??? La réponse est sans appel et nous affirmons sans hésitation : c’est un con absolu.
Mais revenons au film. L’intrigue un peu maigrichonne se barre en quenouille et n’est d’ailleurs absolument d’aucun intérêt, même si l’on y croise, entre autres, des nazis qui réclament « une seconde chance ». C’est vrai pourquoi les nazis seraient-ils toujours les méchants ?
Par contre, ce qui est attirant c’est l’hommage au « cinéma de papa » et aux premiers James Bond. Dès le générique kistschissime et la musique ringarde, on est plongé dans ce cinéma désuet des années 50/60 et c’est magnifiquement réalisé. Filmé en scope et en technicolor, le film accumule les plans larges et puis la caméra se rapproche et se fixe sur un visage grimaçant qui récite avec emphase un dialogue ridicule. Chaque personnage attend que l’autre ait fini sa phrase avant d’intervenir. Des flash-back hilarants nous montrent OSS et son meilleur ami sur une plage : ils jouent au jokari et semblent ne se déplacer qu’au ralenti. Quand ils sont en voiture, les personnages ont un écran (très visible) qui défile derrière eux, ce qui a pour avantage de ne pas décoiffer la dame et permettre une conversation comme dans un salon. On est dans une ville avec la Tour Eiffel en arrière-plan et hop, un panneau explicatif nous indique : « Paris », idem pour un endroit avec le Colisée, c’est « Rome » etc, etc… Et en prime, un petit cadeau : une poursuite (à pied) désopilante dans les ruelles du Caire très très Hitchcockienne, pas moins !
Le Caire est un véritable nid d’espions internationaux dont la « couverture » est pour tous et chacun d’eux l’élevage de bœufs, moutons ou poulets. Sauf pour le belge, véritable éleveur infiltré parmi les espions. Oui, je sais, ça se complique. Sauf également pour notre OSS 117 qui prend très au sérieux son pseudo rôle de directeur d’un élevage de poulets au lieu de s’intéresser à sa mission !!!
OSS 117, comme chacun sait, à moins d’être spéléo et d’avoir vécu ces dernières semaines au fond d’une grotte, c’est Jean Dujardin et comme il le dit lui-même : « un peu de Sean, beaucoup de conneries »… Effectivement et désolée, mais il n’y a pas d’autre mot et hisser la connerie à ce niveau de sublime c’est du grand art. OSS est un con (le répètera t’on jamais assez), c’est un beauf, inculte, macho, homophobe, raciste, borné, qui n’aime que la castagne. Comment Jean Dujardin qui assume, parvient à faire passer cette indigeste pilule, c’est tout le mystère de son «art» et du formidable capital sympathie qu’il trimballe mais aussi de l'intelligence du film qui dès qu'il profère un propos (plutôt des lieux communs) raciste ou homophobe le fait contrer par une réplique qui le remet à sa place en le ridiculisant : cassé !
Incapable de découvrir le moindre indice même quand il saute aux yeux, infoutu de faire la plus petite déduction même sur une autoroute semée de cailloux blancs, les énigmes se résolvent d’elles-mêmes et lui valent les encouragements et l’admiration de ses supérieurs. Devant la réussite de sa mission au Caire, son chef décide de l'envoyer en Iran : "chouette, dit-il, ça me permettra de reprendre l'avion..."
Autour de lui, deux OSS girls belles et futées craquent malgré tout pour ce bellâtre idiot. Il faut dire qu’il porte le maillot de bain à ceinture et le smoking en alpaga comme un prince et qu’il a beaucoup dû regarder le grand Sean pour pouvoir traverser une salle où tout le monde se retourne sur son passage sans rire et sans être ridicule. Par ailleurs, il apprend l’arabe en trois jours, il chante magnifiquement bien et danse le mambo et le twist à faire pâlir John Travolta, il se recoiffe (raie et gomina) d'un seul mouvement de la main, il articule ses dialogues improbables avec une diction irréprochable.
Franchement, bouder ce plaisir serait dommage, car « la blanquette est bonne ».