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2 **** INDISPENSABLE - Page 54

  • Qu’un seul tienne et les autres suivront de Léa Fehner ****

    Qu'un seul tienne et les autres suivrontQu'un seul tienne et les autres suivrontQu'un seul tienne et les autres suivront

    Que peuvent bien avoir en commun Stéphane qui va accepter un marché bien tordu pour essayer de se sortir de la mouise, Zohra algérienne qui vient en France pour comprendre comment et pourquoi son fils est mort et Laure jeune fille de 16 ans incomprise qui va s’amouracher d’un jeune rebelle un peu révolutionnaire ?

    Simplement et accidentellement, ils vont tous se retrouver à faire la queue pour entrer au parloir d’une prison du sud de la France. Et ce film, le premier d’une jeune réalisatrice de 28 ans nous y conduit de façon magistrale après nous avoir fait partager un peu la vie de chacun des personnages pendant deux heures exceptionnelles. Et ses personnages, elle les aime, elle ne les stigmatise pas, ne les juge pas et du coup on entre avec une facilité déconcertante en empathie avec eux.

    Réussir un film choral est un exercice de haute voltige et Léa Fehner le maîtrise admirablement. Les trois personnages principaux n’ont rien à voir les uns avec les autres, ne se rencontrent pas, leurs histoires n’ont rien en commun, sauf peut-être la tragédie, l’événement ou la décision qui va les mener au parloir, mais elles nous sont racontées avec une fluidité, une cohérence et une progression dramatique tellement maîtrisées qu’elles forcent l’admiration.

    De prison il est question et pourtant on n’y passe relativement peu de temps. Tout se joue également à l’extérieur, car la prison ne détruit pas uniquement ceux qui y sont entre les murs. Mais la réalisatrice tourne autour du bâtiment imposant et monstrueux, nous laissant découvrir le no man’s land où il est construit mais aussi percevoir les bruits tellement caractéristiques tels que les clés qui tournent dans les serrures, les portes qui claquent et les cris qui fusent constamment.

    Par touches successives, la réalisatrice décrit les moments où la vie de chacun va basculer pour parvenir à son épilogue et on aimerait pouvoir prolonger encore cet accompagnement et savoir ce qu’ils vont devenir.

    La maîtrise de son sujet et de sa réalisation n’est pas le seul atout de Léa Fehner et elle peut y ajouter une direction d’acteurs hors pair. Elle a tiré le meilleur des quelques joyaux qui composent son extraordinaire casting. La petite Pauline Etienne en ado/adulte « pas si jeune que ça » est toujours d’une justesse impressionnante, Farida Rahouadj incarne à elle seule toutes les femmes maternelles/« maternisantes » du cinéma, Julien Lucas le jeune médecin mufle, macho se transforme imperceptiblement et succombe presque à son insu, Marc Barbé est un élégant manipulateur tout en finasseries, Vincent Rottiers voyou charmeur souvent au bord de l’implosion, et bien sûr surtout Reda Kateb, déjà particulièrement remarquable dans « Un prophète », il prouve ici ce qu’est un Acteur tout en douceur...

    Mais au fond il n’est pas étonnant qu’avec un titre aussi magnifique Léa Fehner ait réussi un film qui y ressemble, humain, intense, fiévreux et chaleureux.

  • La route de John Hillcoat ****

    La Route

    Voilà c’est arrivé, on ne sait pas comment mais on se doute pourquoi… la terre est dévastée. Elle n’est plus qu’un champ de ruines, de cendres, parfois encore secouée de soubresauts terribles qui lui ouvrent les entrailles. Aucune plante, aucun animal n’a survécu. Mais quelques hommes, oui, pour leur malheur. Certains se sont regroupés en bandes armées à la recherche des quelques gouttes de pétrole leur permettant de se déplacer et de capturer les plus faibles. La barbarie a pris une nouvelle forme : le caNNibalisme.

    Une famille a survécu près de 10 ans, épuisant toutes ses ressources. A bout de tout et alors que la mère a décidé de se suicider, on suit le trajet qu’empruntent le père et le fils qui se sont fixés comme ultime objectif, pour ne pas mourir sans doute, de rejoindre la mer, au sud. Persuadés qu’il reste forcément quelque chose quelque part.

    Dans un monde privé de soleil où le froid et la pluie sont quotidiens, sans toit, sans nourriture pendant des jours parfois l’homme et son fils marchent dans des paysages gris et désolés. Ils n’ont plus que ce lien qui les unit et cette volonté de vivre totalement absurde quand il ne reste rien et qu’il n’y a plus aucun espoir en rien ni en personne.

    L’ordinaire devient d’avoir à lutter chaque jour et chaque nuit contre la faim, le froid mais aussi la peur que d’autres les surprennent et les tuent.

    Ceux qui ont lu le livre foudroyant de Cormac McCarthy ne devraient pas être déçus tant le réalisateur s’est appliqué à rendre sensibles à l’écran les mots de l’écrivain : « Quand il se réveillait dans les bois et dans l’obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l’enfant qui dormait à son côté. Les nuits obscures au-delà de l’obscur et les jours chaque jour plus gris que celui d’avant… » ; et grâce aux teintes monochromes l’atmosphère glaciale, humide, terrifiant.

    On ne doute pas un instant que s’il était seul cet homme ne lutterait plus. Il braque régulièrement le revolver sur la tête de son enfant quand la crainte qu’il soit capturé par les cannibales devient trop fortes. Mais l’idée de tenir son enfant mort entre ses bras lui est insupportable.

    J’envie ceux qui n’ont encore ni lu le livre, ni vu ce film et qui vont découvir les visages et l’aventure de ce "couple" inédit et bouleversant.

    Il faut dire qu’en choisissant Viggo Mortensen pour être ce père qui lutte, vacille, se montre injuste pour protéger son enfant, le réalisateur a réussi un coup de maître. Impressionnant de force et de fragilité, il n’est qu’amour et tendresse pour cet enfant qu’il tente de rassurer en lui mentant la plupart du temps. Le petit Kodi Smit-McPhee en ange pétri de peur est à la hauteur.

    Ils sont parfaits de complicité tous les deux, indissociables et émouvants.

    La Route

  • HADEWIJCH de Bruno Dumont ****

    HadewijchHadewijch

     

    Céline est au couvent pour devenir religieuse. Elle veut consacrer sa vie à Jésus, à Dieu dont elle est « amoureuse ». Elle ne veut qu’aucun homme ne l’approche ou la regarde. Elle prie. Elle refuse de se nourrir. Elle ne se protège pas du froid, s’impose des mortifications. Devant le radicalisme absolu de cette foi, la mère supérieure la chasse, pour son bien, du couvent et lui recommande de reprendre contact avec le monde extérieur. De retour à Paris dans l’appartement luxueux de ses parents qui la laisse complètement livrée à elle-même, elle prie encore.

     

     

    Puis rencontre Yassine et son frère Nassir. Ce dernier qui organise des séances de réflexion sur des thèmes religieux va l’emmener encore plus loin dans l’extrémisme. En côtoyant l’Islam le plus dur, elle s’imaginera être prête à aller au bout ou au-delà de sa foi, guidée par Dieu.

     

     

    Que ce film est difficile, mais qu’il est beau ! Incroyablement, infiniment, vertigineusement beau. Foudroyant.

     

     

    Dumont pose sa caméra et ne la bouge plus. Ce sont ses acteurs qui ont des jambes en bon état de fonctionnement qui bougent vers elle ou autour d’elle. Merci à lui pour cette stabilité qui nous donne jusqu’au vertige la possibilité de contempler, d’admirer chaque plan, de méditer, d’être terrassé de tant de beauté ou d’apprécier le visage miraculeux de sa nouvelle actrice, l’ensorcelante Julie Sokolowski. Tout en elle, jusqu’à sa voix, n’est que grâce et ferveur. Mais sans emphase. Dumont l’éclaire littéralement par moments et tout autour d’elle semble s’éteindre. Dire qu’elle est habitée, possédée n’est en rien péjoratif. Sa foi l’obsède, la porte jusqu’à la hanter et la détruire, la pousser à commettre l’horreur. C’est elle, cette petite jeune fille toute frêle à la drôle de démarche, au visage multiple, avec ce rôle profond et ambigu, d’une intensité rare qui porte seule ce film curieux, terrible et énigmatique. Cette fille folle et amoureuse ou folle amoureuse d’un « être » qu’elle ne voit pas et qui lui manque.

     

     

    « Dumont fait sa Thérèse " et le chemin de croix de sa folle du seigneur est d'une troublante beauté »

  • A l'origine de Xavier Giannoli****

    A l'origineA l'origine

    A l'origine, il y a un scarabée. Mais reprenons au commencement...

    Philippe est un petit escroc qui vit d'arnaques plutôt gonflées à des entreprises. Avec de faux documents et un téléphone il organise un trafic de revente de matériel. Jusqu'au jour où en passant devant le chantier de construction d'une autoroute il découvre un projet abandonné depuis deux ans suite à une plainte des écologistes. La population, dont 25 % est au chomage, reprend espoir à l'arrivée de Philippe qui se fait passer pour un représentant d'une des filiales du chantier. Jusque là il n'avait eu affaire qu'à des anonymes mais en rencontrant certains habitants de cette petite commune du Nord de la France sinistrée depuis l'arrêt du chantier, il va être pris à son propre piège. Il ne va pas, comme les autres fois, réussir à s'échapper une fois son forfait accompli et va se retrouver à la tête d'un chantier colossal : construire un bout d'autoroute. Son mensonge devient peu à peu plus grand, plus énorme, trop grand pour lui de toute façon, mais des liens se tissent avec une jeune femme attachante et courageuse, Monika (la jeune Soko, extraordinaire) qui cumule deux petits boulots pour essayer de s'en sortir, son petit ami Nicolas (Vincent Rottiers, formidable) en qui Philippe doit sans doute reconnaître le jeune homme magouilleur qu'il a dû être, et surtout Stéphane, la Maire de la commune qui va non seulement lui accorder une confiance aveugle mais lui réapprendre à sourire, à aimer, à vivre. Un peu...

    Xavier Giannoli filme avec beaucoup d'ambition cette histoire invraisemblable (et pourtant tirée d'un fait divers) à la fois épique et intime. On pourrait évoquer Ken Loach tant l'aspect social est au cœur même du film. Mais le réalisateur ne tombe jamais dans le misérabilisme ou la compassion facile. Il filme ample des paysages un peu désolés, des briques rouges souvent assombries par la pluie, des ciels bas à l'horizon du plat pays. Il donne aux machines des allures d'oiseaux métalliques, de grands monstres en fer irréels et leur fait exécuter de véritables ballets nocturnes. C'est magnifique mais pas seulement. Giannoli donne une dimension supra-sensible aux joies, aux espoirs et aux drames humains qu'il met en œuvre dans cette aventure incroyable. Il parle d'enthousiasme collectif, d'équipe, de solidarité.

    Peut-être qu'à l'origine, les hommes étaient comme cela...

    Et tout cela en nous racontant l'histoire d'un petit malfaiteur sans grande envergure mais plutôt malin et opportuniste. Ce truand c'est François Cluzet, une nouvelle fois épatant. Tendu, nerveux, silencieux, parfois désorienté par l'étendue de sa propre escroquerie, puis transfiguré par le bonheur des sentiments qu'il découvre (amour, amitié), il est constamment d'une justesse inouïe. Face à lui, Emmanuelle Devos rayonne de douceur.

    Ce film asphyxiant à cause de l'ombre de l'imposture qui plane sur lui, est un GRAND film.

  • Tu n’aimeras point (Eyes Wide Open) de Haim Tabakman ****

     Ran Danker, Haim Tabakman dans Tu n'aimeras point (Photo) Zohar Strauss, Haim Tabakman dans Tu n'aimeras point (Photo)

    Aaron vit dans un quartier populaire de Jérusalem avec sa femme et ses quatre enfants. C’est un juif orthodoxe. Il vient de perdre son père et rouvre la boucherie kasher qu’il tenait. Tout semble aller pour le mieux dans le plus banal, rassurant, lugubre et ultra orthodoxe des quotidiens possibles.

    Banal pour cet endroit précis de la planète régi intégralement par la religion pratiquée sans compromission possible. Car vu d’ici, on a plutôt l’impression que ce petit coin du monde en est resté au moyen-âge ou à l’inquisition. Aaron, très respecté de sa communauté, tout comme sa femme et ses enfants s’accommodent fort bien de cette harmonie arbitrée par l’école talmudique, les prières, le rabbin.

    Jusqu’à ce jour de pluie où Ezri vient s’abriter dans la boucherie d’Aaron. Difficile pour ce dernier (et on le comprend…) de résister à ce jeune étudiant, un peu triste et perdu, si seul et si beau. Du jour au lendemain, Aaron va voir avec effarement son monde de certitudes, de croyances et de convictions infaillibles se fissurer jusqu’à s’effondrer. Lors d’une étreinte avec Ezri, il murmurera « comment en suis-je arrivé là ? ». Mais aussi, il découvrira des sensations et des sentiments qui lui étaient inconnus. « Avec lui, je vis » dira t’il au rabbin venu lui demander pourquoi il est si difficile de se séparer du jeune homme.

    Car évidemment les amours d’Aaron et Ezri ne sont pas concevables. Pire encore, dans cette religion, l’homosexualité n’existe pas, il n’y a ni place ni discussion possible sur ce point.

    Parcouru de scènes d’une beauté et d’une profondeur insensées, étouffé par une musique lancinante qui laisse présager le drame à chaque instant, ce film met en évidence avec subtilité une facette des ravages de l’intégrisme religieux capable de salir la pureté de sentiments qui le dépasse.

    Comment l’aveuglement, l’intolérance et la bêtise peuvent (tenter de) détruire des êtres.

    Comment les textes religieux peuvent donner lieu à des interprétations qui affirment tout et appliquent le contraire. A cet égard d'ailleurs, le titre français est (pour une fois) pas mal choisi, même si le titre original "Eyes wide open" donnait le vertige également.

    Le réalisateur ne cherche pas à séduire le spectateur avec une romance édulcorée et c’est plus dans les regards et l’urgence que dans les discours que tout se joue. Il n’élude pas non plus la scène difficile où les deux hommes s’embrassent pour la première fois. Elle est très belle, brutale et douce. Et ce qui est encore plus beau c’est l’étincelle que l’on voit s’allumer dans l’œil jusque là éteint d’Aaron. Ezri va même l’apprendre à sourire. Et c’est sublime, tout simplement.

    Mais les deux hommes surveillés en permanence (la beauté d'un plan fugace où l'on voit dans le reflet d'un autobus qui passe qu'un groupe les observe est sidérante...), harcelés, menacés, ils vont devoir choisir.

    Le dernier plan fixe, long, insistant laisse le spectateur face lui aussi à un choix. Douloureux de toute façon, mais beau.

    S’agit-il de renoncement, de sacrifice, d’altruisme ?

  • Partir de Catherine Corsini ****

     Kristin Scott Thomas, Catherine Corsini dans Partir (Photo) Sergi López, Catherine Corsini dans Partir (Photo) Yvan Attal, Catherine Corsini dans Partir (Photo)

    Tout semblait aller pour le mieux entre Suzanne et Samuel : lui chirurgien, elle souhaitant se remettre à son travail de kiné après avoir élevé leurs deux enfants devenus ados dans une grande maison du sud de la France. Et puis, pour aménager le futur cabinet de Suzanne c’est Ivan, ouvrier espagnol qui intervient. L’attirance réciproque entre la « bourgeoise » et le « prolo » ne tarde guère à se manifester

    Qui aurait cru qu’à partir d’une trame aussi mince, on ne sombrerait pas une nouvelle fois, une fois de trop dans le banal trio amoureux assorti d’une petite historiette de différences de classes sociales ? C’est pourtant le cas et Catherine Corsini réinvente littéralement le triangle improbable où il y a forcément un personnage de trop. Mais elle s’y prend très habilement en ne cautionnant pas l’adultère, en ne faisant pas du mari trompé l’homme monstrueux à abattre, ni de l’amant un parti idéal. La réalisatrice nous parle de l’Amour, le seul, le vrai. Celui qu’on n’attend pas, qui vous foudroie quand on s’y attend le moins, qui bouleverse tout sur son passage, les certitudes, les habitudes, qui transforme la vie, fait rajeunir, rend heureux quand il est partagé. Et c’est le cas ici.

    Hélas, un tel amour ne concerne pas toujours uniquement les deux amants, mais peut également chahuter, ébranler voire détruire l’entourage proche. C’est aussi le cas ici.

    Ne sachant mentir et ne parvenant pas à cacher cette liaison, Suzanne la révèle à Samuel qui dans un premier temps s’effondre de chagrin et multiplie les attentions pour reconquérir sa femme. Manifestement stupéfaite de redécouvrir les sentiments de son mari, elle va promettre de renoncer à son aventure. Provisoirement bien sûr car le manque de l'être aimé va rapidement devenir envahissant.

    Suzanne va finalement décider de vivre sa vie comme elle l’entend, de s’affranchir définitivement de ce mari qu'elle finira par avoir en horreur et dont elle dépend à tout point de vue. Elle va s’imaginer qu’en 20 ans de vie commune elle a acquis quelques biens. C’est compter sans l’habileté machiavélique de Samuel qui va user des seules armes qui lui restent pour tenter de faire à nouveau revenir sa femme. Il va utiliser ses relations, ses influences politiciennes pour couper les vivres à Suzanne, faire en sorte qu'elle et Ivan ne trouvent plus de travail.

    Et c’est bien là toute la nouveauté de ce qui aurait pu n’être qu’un vaudeville de plus avec jalousie exacerbée. C’est beaucoup plus difficile de vivre le parfait amour quand on a plus un sou en poche. Et ici, ce n’est pas la passion elle-même qui détruit ou contrarie les amants mais les conditions et surtout les contretemps et complications pour la vivre.

    Cela dit Suzanne et Ivan s’aiment sincèrement et Suzanne est plus forte que sa frêle apparence le laisse supposer…

    Yvan Attal se tire admirablement du rôle peu enviable du mari trompé qui après le chagrin entend bien ne pas se laisser faire. Il affiche d’abord la belle assurance de celui à qui tout a réussi aussi bien dans la vie personnelle que professionnelle puis se met à vaciller dès qu’une pièce de son bel édifice lui échappe.

    Sergi Lopez discret, fragile et rassurant, a la séduction moelleuse dans son œil de velours et son accent onctueux. Irrésistible.

    Mais c’est Kristin Scott Thomas qui est la lumière chatoyante de ce film bouleversant qui s’embrase au moindre de ses regards. Elle est constamment d’une justesse et d’une crédibilité insensées. Lors d’une de ses rencontres avec Ivan, elle ne parvient pas à le quitter alors qu’elle doit rentrer chez elle, elle lui demande en riant « il faut que tu me chasses, sinon je ne pourrais pas partir ! » ; il finit pas lui dire « va t’en, rentre chez toi ». Le regard implorant, douloureux d’enfant paniqué qu’elle a à cet instant est tout simplement bouleversant et inoubliable. C'est grâce à de tels moments que je comprends pourquoi j'aime autant les acteurs. Comment font-ils parfois pour aller chercher de telles émotions qui traversent l’écran, vous saisissent et vous étreignent le cœur ?

    Kristin Scott Thomas est plus que belle. C’est fou ce que les femmes au sourire triste peuvent être plus belles que les autres ! Elle a une classe folle. Elle est radieuse et bouleversante à l’image de ce film d’amour émouvant.

  • J'ai tué ma mère de Xavier Dolan ****

    Je vous avais déjà dit ici, à quel point ce film est formidable.

    Mais pas suffisamment.
    J'y reviens donc aujourd'hui car je l'ai revu et il me semble que je suis bien loin d'avoir rendu compte combien il est en fait impressionnant, remarquable, époustouflant...

    Et, ce qui m'avait un peu échappé à la première vision : absolument bouleversant.

    J'en suis sortie cette fois chavirée avec la certitude d'avoir vu une histoire d'amour, un grand film d'amour.

    Si les références incontestables à Gus Van Sant et Wong Kar-Waï sautent aux yeux, ce qui est encore plus indiscutable c'est le caractère unique et personnel de ce premier film qui déborde d'idées prestigieuses et le rendent singulier, original, à nul autre pareil : ralentis surprenants et totalement injustifiés, texte qui s'affiche sur l'écran, décadrages audacieux, musique totalement pertinente...

    Il est fréquent chez les cinéphilesphages de mon espèce d'établir un classement des films préférés en fin d'année. Incontestablement, en cette moitié d'année, je peux annoncer haut et fort que :

    "J'ai tué ma mère" est (pour l'instant) MON COUP DE COEUR 2009.

    Vous êtes convaincus ?