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2 **** INDISPENSABLE - Page 56

  • La graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche ****

    Photos de 'La Graine et le mulet'

    Slimane a travaillé 35 ans sur les chantiers navals de Sète. Devenu trop lent, trop vieux, il est honteusement licencié. Divorcé, il vit seul dans une chambre d’hôtel. Il accorde ses faveurs à la patronne, une belle femme beaucoup plus jeune que lui et sert de père substitutif à sa fille Rym, ado bouillonnante qui l’adore. Par ailleurs, Slimane reste très proche de son ex-femme Souad et de ses enfants à qui il apporte régulièrement du poisson « le mulet ». Le traditionnel couscous du dimanche réunit tout le monde autour d’une grande table bruyante, joyeuse, gourmande même si l’on sent que des tensions et des non-dits pourraient surgir à tout moment. Souad, matriarche aimante et autoritaire le dit à ses enfants qui ne comprennent pas pourquoi elle s’est séparé de cet homme admirable : « arrêtez vos mic-macs avec votre père, ou je ressors les dossiers ». Sélim se sentant inutile et souhaitant laisser quelque chose à ses enfants, décide de retaper un vieux rafiot échoué dans le port pour en faire un restaurant dont la spécialité serait « le couscous de la mer ». Le film nous raconte la tragédie de cet homme décidé à s’en sortir malgré les embuches et grâce aux efforts, à la volonté et à l’amour de ses proches.

    Le génie d’Abdellatif Kechiche est de nous faire entrer sans préambule dans la vie de cette famille et de nous la rendre immédiatement sympathique (certains membres plus que d’autres évidemment) et de nous la faire aimer. Ce film est une tranche de vie, de l’humanité en barre comme on n’en voit peu. Les joies, les soucis, les déceptions, les bonheurs, les malheurs ce sont les nôtres, ceux de tout le monde avec ici, bien sûr une dimension supplémentaire sur laquelle le réalisateur ne s’appesantit pas et qui semble dire : « nous sommes français comme vous… ni plus, ni moins ».

    Ce qui frappe et séduit également ici, c’est la langue utilisée. Elle est tellement imagée, précise, déversée avec tellement de rage et de fièvre qu’elle donne lieu à d’authentiques tirades qui laissent le spectateur littéralement essouflé. Plusieurs scènes sont à ce titre de véritables moments d’anthologie drôles ou dramatiques qu’on aimerait pouvoir se repasser en boucle pour en goûter toute la saveur et la finesse. Quelques monologues, moments de bravoure irrésistibles d’humour ou de tension devraient entrer au panthéon des scènes cultes… celle où la jeune Rym explique à Slimane que ses fils lui manquent de respect, celle où la même Rym essaie de convaincre sa mère de se rendre à une fête, la discussion dans un café autour d’une table, véritable hommage à la « partie de carte » de Pagnol, le moment où l’une des belles-filles de Slimane lui explique longuement, douloureusement que son fils n’est pas un homme bien… Autant d’instants magiques où tout se joue avec des mots.

    Ainsi que le réalisateur nous l’avait déjà démontré dans « L’esquive », ce sont les femmes qui tiennent les rennes, qui ont la tchatche et les arguments. Excepté le beau et positif personnage de Slimane (dont on n’est pas près d’oublier le magnifique et doux visage), les hommes ici ne sont pas à la fête, ils n’ont pas inventé la marche arrière et sont, pour certains franchement cons, n’ayons pas peur des mots. C’est « grâce » d’ailleurs à l’inconséquence d’un de ces garçons que la dernière demi-heure est transformée en véritable polar haletant et cruel... où l’on se demande si la « graine » perdue arrivera à temps pour la soirée organisée par Slimane. En effet, après avoir tenté de braver toutes les difficultés et lourdeurs de la machine administrative française pour ouvrir son restaurant, Slimane décide d’offrir une grande soirée « couscous » à toutes les « huiles » de la ville qui lui mettent des batons dans les roues. Avant d’en arriver là, nous aurons assisté au parcours du combattant de celui qui veut créer son entreprise. Aidé de la jeune et entêtée Rym qui croit au projet, baladé de mairie en préfecture, de banque en administration, de bureau des douanes en service d’hygiène, parfois reçu debout entre deux portes alors qu’il avait rendez-vous Slimane encaisse et s’obstine. Le réalisateur ne semble pas juger, il observe et restitue une réalité…

    Le piment de ce couscous qui fait saliver du début à la fin est l’admirable, tendre et INOUBLIABLE duo formé par l’improbable couple que forment cette toute jeune fille Rym bavarde et positive (Hafsia Herzi, magnifique, énergique, extraordinaire…) et Slimane taiseux, tendre avec sa famille et parfois résigné (Habib Boufares, présence intense tout en intériorité) tous deux non professionnels mais qui rendent cette histoire à la fois simple et fabuleuse, touchante et douloureuse. Les dernières minutes bouleversantes et qui le sont de façon assez étourdissante s’impriment en nous et rendent les sacrifices que le réalisateur nous impose déchirants.

    Choukrane.

    Photos de 'La Graine et le mulet'
  • Control d’Anton Corbijn****

    Control - Sam Riley
    Control - Sam Riley

    Le leader du groupe anglais Joy Division complètement inadapté à la vie, inapte à l’amour, rongé par la maladie qui l’épuise chaque jour un peu plus (l’épilepsie), désemparé devant un succès fulgurant auquel il n’était pas préparé, marié trop tôt, culpabilisé par la trahison à sa femme, dépressif, incapable de choisir entre les deux femmes qui l’aimaient, écorché vif jusqu’à l’os, a préféré se suicider le 18 mai 1980 à 23 ans à l’aube d’une carrière qui s’annonçait grandiose.

    C’est la vie et la mort de Ian Curtis que nous conte ce film dont la beauté saisissante (le réalisateur Anton Corbijn est photographe et chaque plan est un chef d’œuvre) n’a d’égal que le désespoir qui suinte de chaque plan. Le noir et blanc sublime choisi par Anton Corbijn convient parfaitement à cette banlieue grise de Manchester et à l'âme torturée de Ian Curtis.

    On comprend que ce film ait bousculé un peu Cannes lors du dernier festival, qui a raflé au passage la mention spéciale de la Caméra d'or, le Prix Regards Jeunes, le Label Europa Cinéma ainsi qu'une mention spéciale pour le Prix Arts et Essai. C’est une splendeur dont on ne sort pas indemne.

    Que dire de l’acteur Sam Riley (dont c’est le premier grand rôle) sinon qu’il s’est glissé dans la peau du chanteur, pour l’incarner plus que pour l’interpréter et en révéler toute les failles, toute la fragilité, toute l’ambiguïté ? Il est PHÉNOMENAL ! Dans les scènes de concerts, trop courtes et trop rares parce qu’absolument électrisantes, l’acteur (qui chante) véritablement habité par le fantôme de l’icône se donne en pâture au public jusqu’à épuisement total. Grisant et sidérant.

    Bouleversé et passionné, on sort de la salle avec plein de musique en tête et la voix si sombre, si puissante de Ian Curtis, en totale opposition avec son physique gracile.

    Lâchez tout, perdez le contrôle et précipitez vous pour voir ce film triste et beau avant qu’il quitte l’affiche !

    Sam Riley - Control
    ET VOICI MA PREFEREE, LA BIEN NOMMEE : ATMOSPHERE... silence !
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    Et n'oubliez pas de voter : ICI !
  • Les infiltrés de Martin Scorcese ****

     

    Il est sorti en DVD, alors, louez-le, achetez-le, vole… non, achetez-le car je l’ai revu hier et je n’hésite plus, ce film est un chef d’œuvre.

    Si l’histoire, la réalisation, l’interprétation sont virtuoses, admirables, passionnantes et magnifiques, j’avoue qu’une fois de plus et encore plus, j’ai été aimantée, bluffée, impressionnée, époustouflée par un acteur qui ne cesse de s’élever : Leonardo Di Caprio. Son rôle et son interprétation christiques du solitaire et abandonné William sont sidérants : « votre vulnérabilité me fait vraiment flipper ». Il est rare de voir à ce point un acteur déposer son âme au pied d’un réalisateur et d’en ressortir indemne (est-ce quelqu’un sait comment va Léo ???) ! Martin Scorcese, sadique, passe deux heures à le torturer, le terrifier, le manipuler… mais, sans doute emporté par un élan d’humanité (de parternité ?), il finit par venger sa « créature »… Ouf !

    Voici mon avis qui date du 30 novembre 2006.

    Bill et Colin sortent brillamment diplômés de l’école pour intégrer la prestigieuse Police d’Etat. Ils ne se connaissent pas mais tous les deux sont des taupes, des rats, des infiltrés. Bill (Léo) doit infiltrer le gang du parrain Franck Costello que la police souhaite éliminer, tandis que Colin (Mat), protégé dudit parrain, infiltre la police !

    Les deux hommes sont non seulement contraints de mener une double vie, mais aussi chargés de traquer le parrain, puis surtout de découvrir le traître caché dans leur propre camp et enfin de se traquer eux-mêmes !

    C’est simple, époustouflant, démoniaque et brillant !

    Inspiré du récent, magistral, hong-kongais et machiavélique « Infernal Affairs » de Andrew Lau (à voir ou à revoir), Martin Scorcese n’en tire pas un banal remake mais bien plus, il le restitue quasiment plan par plan ce qui me paraît être le plus bel hommage qui soit. Il est immense dans cet exercice. Pour réaliser ce divertissement violent, cruel et fascinant, Scorcese quitte New-York et Little Italy pour sonder les abysses de la pègre irlandaise de Boston.

    Si Matt Damon, trop lisse à mon avis, manque d’ambiguïté, Martin Sheen, Mark Whalberg et Alec Baldwyn composent des policiers à la fois antinomiques et complémentaires. Ils sont parfaits. A la tête du réseau de mafieux/malades, le plus « coucou » d’entre tous : le Grand Jack, le Big Nicholson qui "Jacknicholsonise" ce rôle en or brut taillé pour sa carrure et son visage de possédé. Il cabotine avec tant de maestria qu’on en redemande, on sait que c’est totalement maîtrisé.

    La surprise vient évidemment de Leonardo di Caprio, tout simplement magnifique dans ce rôle torturé qu’il porte avec une intensité bouleversante. La phrase marquante lui est adressée : « votre vulnérabilité me fait vraiment flipper ». Et c’est vrai qu’il incarne cette vulnérabilité avec beaucoup de puissance. Il est touchant et émouvant comme il ne l’a jamais été, perdu, inquiet puis terrifié.

    Au-delà du banal polar, ce film allie action et réflexion et on y trouve également la quête improbable du père qui manque tant et la recherche de sa propre identité.

    Scorcese, incapable de laisser impunis les responsables des souffrances physiques et morales infligées à Léo nous propose une fin différente (et bienvenue) de l’original pour venger son nouveau protégé (depuis trois films déjà).

     
  • Les chansons d'amour de Christophe Honoré****

    Pour me laver les yeux et la tête du (très) mauvais film vu hier, j'ai revu ces magnifiques chansons d'amour qui racontent toutes la même histoire et pourtant une histoire différente à chaque fois. C'est un film troublant, désespéré, lumineux, drôle, tragique et bouleversant... avec des acteurs, des filles et des garçons qui conjuguent à tous les temps le verbe aimer !

    La palme de la présence "i.r.r.e.s.i.s.t.i.b.l.e." revenant sans hésitation à Grégoire Leprince Ringuet.

    Regardez, écoutez, courez-y :

     

  • Lettres d’Iwo Jima de Clint Eastwood****

    En réponse miroir au récent « Flag of our fathers » voici la version nippone (en V.O.) de la même sanglante bataille d’Iwo Jima qui laissa sur le carreau 7 000 soldats américains et plus de 20 000 (soit plus de 95 % de l’effectif…) japonais. Les lettres des soldats japonais, jamais envoyées, ont été retrouvées en 2005 permettant d’éclairer ce que furent ces 40 jours de combats héroïques sous le commandement d’un général déterminé mais humain dont le but était de maintenir en vie le maximum de ses hommes alors que l’Etat-Major leur avait intimé l’ordre de ne pas se rendre à l’ennemi.

    Lettre From Le Bois de L’Est :

    Très Cher Clint,

    On te demandait récemment : « qu’est-ce que ça vous fait d’être vu comme l’un des plus grands réalisateurs actuel ? » Tu répondais, poli et amusé que tu n’y pensais pas trop. Et bien oui, que répondre à une telle question ? Peut-on réellement avoir conscience être en train peu à peu et de plus en plus précisément d’entrer dans la légende car que ce soit comme acteur, réalisateur, compositeur, scénariste ou producteur, tu es bel et bien en train de bâtir une œuvre d’une solidité incontournable ? Ce qui la rend encore plus remarquable est que tu te places au-dessus des modes et que tu ne ressembles à personne. Tu as tout exploré, du documentaire où l’on te trouve énamouré auprès de tes idoles du jazz jusqu’Au Film d’amour, le plus anti-hollywoodien qui soit, en passant par les westerns spaghettis, les policiers bas de plafond, les mélos flamboyants, les drames intimistes.

    Ici tu nous parles d’un épisode particulièrement sanglant pour évoquer tous les conflits qui dépassent les hommes de bonne volonté. Tu dis : « J’ai voulu montrer la futilité de la guerre. Il n’y a ni vainqueur ni vaincu. Mais toujours la même chose : le sacrifice de la jeunesse ». La première partie, d’une lenteur extrême nous fait vivre l’attente de ces hommes (souvent jeunes et « appelés ») qui creusent des tunnels et des tranchées pour résister à l’ennemi, dès qu’il aura débarqué : « Hanako, suis-je en train de creuser ma propre tombe ? » écrit l’un d’eux à sa jeune épouse. Mais quand débarquera t’il ? Les hommes attendent, effrayés (ils savent qu’ils n’auront aucun renfort et certains sont même là par mesure disciplinaire..) et perplexes : « Ne peut-on la laisser aux yankees cette colline ? ». Ils sont par ailleurs confrontés au manque d’eau potable, à l’absence de nourriture et de sommeil.

    Et puis, finalement elle arrive l’armada. Proportionnellement, étant donné la taille de l’île, cela semble aussi gigantesque que le débarquement en Normandie. Et les combats commencent, immédiatement meurtriers, forcément, désespérés. Quelques jours suffisent pour que le drapeau américain soit planté au sommet du mont mais les combats se poursuivent pendant 40 jours. Les japonais résistent héroïquement. La pire honte étant de se rendre, cela donne lieu à une scène de suicide collectif hallucinante qui répond à un passage du « premier épisode » resté sans explication, où des soldats américains entraient dans une grotte et en ressortaient malades d’horreur en pleurant : « que s’est-il passé ici ? ». Dans un dernier geste de désespoir et d’honneur, les soldats dégoupillent une grenade, la frappe contre leur casque et la porte sur leur cœur. Tu filmes cela sans emphase ni à grand renfort de musique (juste les quelques notes du doux piano que tu as confié à ton fils Kyle), c’est effroyable !

    Peu à peu, la couleur semble disparaître de l’écran. Ce clair-obscur que tu aimes tant, si lumineux dans certains films semble être ici ta vision de la vie qui s’échappe peu à peu des visages puis des corps. C’est magnifique.

    Un soldat américain est fait prisonnier. Un officier japonais intime l’ordre de le soigner à la grande surprise des soldats qui voulaient l’abattre. L’américain d’abord terrifié, méfiant répond aux questions de l’officier qui connait les Etats-Unis. Ce dialogue, ce partage, cette connivence se concluent par une poignée de mains franche et bouleversante. Tu filmes ces instants là comme personne. Cela fait écho en moi à LA scène, sublime, irréelle où tu tournes le dos à une fermière de l’Iowa qui est au téléphone et qui, dans un geste superbe, anodin et spontané replace le col de ta chemise ! Qu’est-ce que j’aurais aimé être cette femme pour ce tout petit moment magique !

    Quant aux acteurs, ici, ils sont tous parfaitement au diapason de ton discours sur la tragédie des guerres. En tête évidemment le magnifique et impressionnant Ken Watanabe.

    Ton film, austère et poignant, est magistral. Je te citerai une fois encore : "Dans la plupart des films de guerre que j’ai vus au cours de ma jeunesse, il y avait les bons d’un côté, les méchants de l’autre. La vie n’est pas aussi simple, et la guerre non plus. Les deux films ne parlent ni de victoire, ni de défaite. Ils montrent les répercussions de la guerre sur des êtres humains dont beaucoup moururent bien trop jeunes ». C’est aussi simple que cela un discours pacifiste et humaniste ! C’est toujours bon de le rappeler à l’heure où résonnent tant de bruits de combats et où s’enlisent encore des soldats dans des bourbiers ! Comme toujours c’est avec une finesse exemplaire que tu poses ton regard désolé sur la bêtise et la folie des hommes. Tu ne cesseras jamais de dire avec force et sobriété que la guerre c’est con. Sois-en remercié. Puisses-tu être écouté !

    Le plus cruel quand je viens de voir un de tes films (et ici, deux en quatre mois quand même, je sais…) est de me dire qu’il va falloir attendre pour découvrir le suivant. Ne tarde pas. Pour celui-ci, message reçu : Peace

    And Love.

     

  • ANNONAY : Chapitre II, LE FILM !

    « LA VRAIE VIE EST AILLEURS » * * * *

    de Frédéric Choffat, scénariste Julie Gilbert

    Frédéric Choffat, le réalisateur.

    Gare de Genève. Une femme va à Marseille donner une conférence capitale pour sa carrière. Un homme part rejoindre sa femme qui vient d’accoucher à Berlin. Une jeune fille décide d’aller vivre à Naples. Trois journées à la fois banales et extra-ordinaires pour trois personnages qui vont chacun faire une rencontre exceptionnelle les amenant à se poser cette question : « la vraie vie est-elle ailleurs ? ».

    Le film s’ouvre sur un plan séquence énergique où les trois personnages principaux, qui ne se rencontreront jamais, prennent un couloir différent qui doit les mener à leur destination. Chacun va faire une rencontre. Dès lors l’espace se réduit et chaque histoire devient un huis clos à deux personnages : une chambre d’hôtel, un quai de gare vide, un compartiment de train.

    La première audace de Frédéric Choffat est de ne pas avoir transformé son film en trois sketches traités séparément et de façon linéaire. On passe régulièrement d’une histoire à l’autre de façon fluide et subtile ce qui crée une tension et un suspens captivant. Chaque « couple » se cherche, se forme dans la méfiance, l’attirance ou l’agacement. Les six personnages ont un point commun : la surprise et l’éblouissement de ce qu’ils vont vivre et qui n’aboutira pas forcément au sexe.

    Il s’agit d’une parenthèse enchantée dans leur parcours, d’un éternel amour de quelques heures où les corps et la parole se cherchent et s’explorent sans cesse pour aboutir à une sorte de fusion hors du temps. Ce qui est surprenant et émouvant c’est que le geste le plus bouleversant est un geste finalement inabouti : l’homme dans le compartiment du train est réveillé par la jeune fille avec qui il a discuté une bonne partie de la nuit. Tout embrumé par cette nuit sans sommeil, il s’éveille en sursautant et dirige instinctivement ses mains vers le visage de la jeune fille penché sur lui. Tous les deux souriront, conscients que cette nuit de communion va bien au-delà du contact physique.

    Que dire encore du travail d’improvisation des comédiens magnifiques, du cœur qui palpite en les regardant vivre leur aventure si douce et si banale, de la musique un peu jazzy qui berce l’ensemble ? C’est tout simplement magique.

    Un beau film sur les hasards, les coïncidences, les rencontres… tout est inattendu.

     

  • Tout le monde dit I love you de Woody Allen****

     

    Une fois n’est pas coutume, laissez-moi vous vanter les mérites de la télévision. Ce soir sur Arte, moi j’y serai pour justifier ma redevance, et surtout entrer dans la danse et le monde en-chanté que Woody nous propose dans son meilleur film, le plus délirant, le plus magique, le plus doux, le plus tendre, le plus fou !

    De New-York à Paris en passant par Venise, trois villes de rêve, je vais revivre ce film lumineux, ensorcelant où TOUS les acteurs chantent, même faux !

    Quand « Un américain à Paris » est revisité par Woody c’est plein de nostalgie mais plein de vie et c’est euphorique.

    Une fois de plus, je vais m’envoler au-dessus des ponts de Paris avec Goldie Hawn dans les bras de Woody…

    « Amusez-vous,

    Faites la bringue,

    Les années passent à une allure dingue ».

     

    Jetez un oeil au casting :

    Woody Allen, Julia Roberts, Goldie Hawn, Edward Norton, Drew Barrymore, Tim Roth, Natalie Portman...

    Ecoutez Edward Norton !