Les Nuits en Or du Court Métrage termineront leur tour de France demain, jeudi 12 juillet à 20 heures au MK2 Quai de Loire à Paris.
J’y étais hier et j’ai pu faire un nouveau petit tour du monde, un nouveau voyage en cinéphilie. Ce programme exceptionnel permet de découvrir les courts métrages qui ont reçu les plus prestigieuses récompenses à travers le monde et ainsi partir à la découverte de futurs grands noms du septième art...
C’est de façon (évidemment) subjective que je vous présente cette sélection.
DO NOT ERASE – Ne pas effacer - de Asitha Ameresekere * * * * (Royaume Uni)
« Batta » du meilleur court métrage de fiction 2007.
Le journal intime d’une mère de la classe ouvrière anglaise à l’attention de son fils, soldat en Irak.
Coup de cœur indiscutable ! Une tragi-comédie à la Ken Loach. Un choc. L’EVIDENCE.
Dans cette famille où chacun vit sa vie sans se préoccuper de l’autre… où les sentiments ne s’expriment pas… où l’égoïsme règne… la mère rongée de chagrin par le départ de son fils lui parle devant cette caméra qu’elle utilise maladroitement, et c’est très drôle. Elle plante sa caméra dans les endroits les plus improbables, pour ne pas déranger, pour ne pas qu’on l’entende, pour ne pas perdre un instant le contact. Avec Jeannette Rourke, Actrice époustouflante à transformations, ce film se révèle finalement… évidemment bouleversant !
*****************************************
LE POÈTE DANOIS (animation) de Torill Kove * * * * Norvège
« Oscar » du meilleur court métrage d’animation 2007
« Génie » du meilleur court métrage d’animation 2007 (Canada)
Délaissé par sa muse, le poète Kasper profite de ses vacances pour rencontrer l’écrivain Sigrid Undset. Pendant sa quête, il est amené à affronter toutes sortes d’ostacles…
Film en tous points magique, au mille et une trouvailles et références. Un véritable bijou sur les hasards, contre temps, empêchements et autres coïncidences qui font que la vie, notre vie est ce qu’elle est et pas une autre : une planche glissante, un facteur négligeant, une chèvre gourmande, un train bondé… Une pure merveille, un enchantement… avec la voix Off de Liv Ullman !
*****************************************
ALENE MENN SAMMEN (Tout seuls ensemble) de Trond Fausa Aurvag * * * (Norvège)
« Amanda » du meilleur court métrage.
Plaqué par sa petite amie, Thomas passe son temps à s’apitoyer sur son sort. Lorsque l’amour refait surface dans sa vie, il comprend ce qui lui manque vraiment.
Avant d’en arriver à la « morale » du film qui est « Arrête de t’apitoyer sur toi-même, arrête de te regarder le nombril, et danse »… le héros (bel et bon acteur Christian Skolmen) déversera sa logorrhée larmoyante sur tout bipède qui croisera sa route. Il tapissera son appartement des photos de sa belle disparue (la lettre de rupture de ladite est un modèle de cruauté hilarante !!!), les arrachera puis les recollera une à une. Il jettera le moindre souvenir à la poubelle puis poursuivra le camion des éboueurs… J’en passe, c’est tordant et émouvant à la fois, un exploit ! Il intégrera un groupe de paroles de mecs plaqués qui, entre rire et désespoir raconteront leur détresse. A la place de son cœur, battra une vidéo de sa blonde, cheveux au vent… Jusqu’au dénouement, surprenant, déroutant, impitoyable !
*****************************************
FAIRE TRADE (Commerce équitable) de Michael Dreher * * * (Allemagne)
« Deutscher Kurtzfilmpreis » du meilleur court métrage de fiction 2007.
Une histoire de Gibraltar… la plus petite distance entre les pays dits du Tiers Monde et l’Europe.
Une femme allemande se rend au Maroc pour « acheter » un bébé. Sec et impitoyable, c’est un regard féroce et implacable sur un trafic immonde que nous propose le réalisateur qui nous laisse nous débrouiller avec un bruit terrible qui résonne dans la tête bien après que le film s’achève : plouf !
*****************************************
BEFORE DAWN (Avant l’aurore) de Balint Kenyeres * * *(Hongrie)
« European Film Award » du meilleur court métrage 2007.
Avant la naissance de l’aube, le blé ondule silencieusement sur les collines…
La caméra comme le vent balayent le blé… un camion bâché arrive… un coup de klaxon… des clandestins surgissent, grimpent dans le véhicule… les gyrophares, les sirènes, un hélicoptère…, une course-poursuite, tout le monde est arrêté. Pas un mot… des bruits, une lumière… puis de nouveau le silence.
Ça commence sur un plan large de la nature apaisante se termine sur un visage inquiet… le tout en un plan séquence. Dense, brutal, définitif.
*****************************************
ALDRIG SOM FORSTA GANGEN (Jamais comme la première fois) (animation) de Jonas Odell * * (Suède)
« Guldbagge » du meilleur court métrage 2007.
Quatre personnes racontent leur « première fois ». Une expérience que l’on ne vit qu’une fois.
Quatre graphismes différents et plutôt inspirés pour quatre expériences, la plupart ratées et décevantes (sauf une !). Original, trash, drôle, sordide ou romantique… chacun retrouvera « sa » première fois.
*****************************************
FAIS DE BEAUX RÊVES de Marilyne Canto * * (France)
« César » du meilleur court métrage 2007
La nuit elle en rêve, le jour elle croit rêver, mais Elise avance, agit et malgré son chagrin, choisit la vie.
Lorsqu’Elle rencontre une amie qui lui demande comment elle va, Elle répond : « pas bien, Bertrand est mort ». L’amie ne sachant que dire, ne cesse de dire « c’est pas vrai », et Elle répond : « si c’est vrai… si c’est vrai ». Elle ajoute « il est mort pendant mon sommeil. J’ai rien senti ». C’est très beau et ça vous bousille le cœur.
Elle continue de mettre machinalement deux bols au petit déjeuner. Elle discute avec un employé des pompes funèbres. Elle tente de s’occuper de l’enfant. Elle réclame une cure de sommeil à son médecin qui le lui refuse. Elle pense que c’est la vie mais trouve que c’est la survie…
Alors pourquoi malgré toutes les trouvailles, les intentions, les idées, le choix du noir et blanc, la pudeur (« Elle » ne nous crache pas son chagrin au visage)… et bien que la fin soit de façon assez inattendue, lumineuse et que la réalisatrice/actrice choisisse l’optimisme… reste t’on sur sa fin ?
*****************************************
NATURE’S WAY (La voie de la nature) de Jane Shearer * (Nouvelle Zélande)
« New Zealand Screen Award » du meilleur court métrage 2007.
Au cœur de la forêt, la nature fait ressurgir ce que l’on croyait disparu…
Un homme ordinaire à la vie ordinaire enlève une petite fille à la sortie de l’école. Il l’emporte dans la forêt, la massacre et rentre chez lui. La forêt se déchaîne. On sursaute.
La métaphore ou l’allégorie n’est pas claire mais la forêt est sublime et sublimement filmée.
*****************************************
HORN OK PLEASE (Klaxonnez) (animation) de Joël Simon * (Irlande)
« IFTA » Award du meilleur court métrage d’animation.
Une journée capitale dans la vie d’un malheureux chauffeur de taxi à Bombay. Son rêve et celui de son fils est de gagner assez de roupies pour s’offrir le taxi de ses rêves.
C’est rigolo, plein de couleur et de vie. C’est mignon.
*****************************************
MEANDER (Méandre) de Joke Liberge * (Belgique)
« Gouden Beer » du meilleur court métrage 2007 au Pays-Bas.
Par un bel après-midi d’été, cinq adolescents cherchent la fraîcheur de la rivière.
Oui, bon, il fait beau, la lumière est splendide. Les enfants, muets, mangent des fricandelles, se baignent, jouent à la game-boy… tentent un jeu dangereux. On imagine le pire. Il n’arrive pas. Ouf, les enfants rentrent chez eux. Et alors ?