LES DEUX VIES D'ANDRES RABADAN (Las dos vidas de Andrés Rabadán) de Ventura Durall***(*)
Festival International du Premier Film d'Annonay
Film en compétition - Espagne
Cette histoire est vraie. En 1994 le jeune Andrès Rabadan est condamné à 20 ans de prison : à 19 ans, dans un accès de folie, il fait dérailler trois trains puis tue son père avec une arbalète. Diagnostiqué schizophrène, c'est en hôpital psychiatrique qu'il purge sa peine. Le film démarre 11 ans plus tard. Andrès est toujours dans ce même hôpital, bien qu'il n'ait plus aucun traitement depuis 7 ans...
Comme bien souvent c'est dans les traumas d'une enfance blessée qu'il faut chercher l'explication ou la signification d'actes parfois irrémédiables. Et c'est subtilement par d'incessants aller/retours entre le passé et le présent que le réalisateur nous donne accès à l'inconscient et aux souvenirs de l'énigmatique et impénétrable Andrès. Le détenu baptisé "fou à l'arbalète" semble à la fois résigné et parfaitement lucide quant à son sort. Son attitude détachée et désinvolte déplaît au personnel comme aux médecins.
Le très charismatique très beau et très impressionnant Alex Brendemühl dans le rôle d'Andrès donne à ce personnage mystérieux et impénétrable une étonnante épaisseur le rendant à la fois attirant et inquiétant. Habilement et avec beaucoup de fluidité la réalisation de Ventura Durall nous rapproche encore davantage de ce coupable/innocent pour nous aider à comprendre par quelles horreurs on peut en arriver à en commettre et devenir un assassin.
Les moments "d'évasion" d'Andrès constituent une véritable plongée poétique dans son imagination voire son imaginaire. Une fenêtre est ouverte sur l'extérieur qui lui permet de "s'évader" et apporte de l'air, de la couleur et de la lumière dans un quotidien immuable. Sa rencontre avec une infirmière particulièrement sensible à la différence, à l'intelligence et au charme d'Andrès est aussi admirablement et pudiquement développée. Entre faute, secret, résignation et espoir, ce beau film magistralement interprété rend impatient de retrouver les prochains films de son réalisateur.