Et bien voilà depuis le temps que je vous en parle... sans vous en parler... le moment est venu de vous faire un cours que j'intitulerai : "la GvH pour les nuls". Non parce que je mets en doute vos capacités intellectuelles mais parce que je vais essayer de faire simple dans la mesure où si moi j'ai compris... vous devriez comprendre...
Depuis quelque temps Hervé a parfois mal au ventre, il est de plus en plus fatigué (mais fatigué à un point...) et il a des démangeaisons et des plaques sur le corps (surtout le dos et le cou). Aujourd'hui avait lieu son rendez-vous à l'hôpital et bien sûr Laurence a parlé de GvH (Graft versus Host ou La maladie du Greffon contre l'Hôte). Il semblerait qu'elle ne soit pas encore déclarée car c'est encore tolérable. Bref Hervé a de la chance... car si c'était vraiment déclaré ce serait insupportable. Donc, pour l'instant pas de traitement supplémentaire mais à la moindre aggravation "vous rappliquez dare dare" qu'elle dit ! Elle dit aussi que ça peut disparaître, stagner ou empirer... Nous voilà renseignés !
Comme d'habitude la réaction de l'intéressé est Lao Tseuienne : "on va pas s'inquièter avant le coup...".
Sinon, le virus qui était tapi a pratiquement disparu.
La GvH, qu'est-ce que c'est ?
Dans les premiers mois suivant la greffe, les cellules souches provenant du greffon (les lymphocytes T) considèrent certains des tissus ou organes sains comme étrangers et vont tenter de les détruire. C'est con mais c'est comme ça, le Virginien ne se sent pas complètement chez lui. Comme m'a dit Mouche tout à l'heure : "je ne serai jamais vraiment tout à fait Virginien... mon coeur, ma peau, mes os... restent tlemcénien". Ce combat, c'est ça la GvH.
Elle attaque notamment : la peau (rougeurs et démangeaisons), le tube digestif et les intestins (diarrhée, vomissements), le foie (jaunisse). Si la réaction survient dans les 4 mois qui suivent la greffe, on parle de GvH aiguë. Elle s'évalue de 0 (aucune réaction) à 4 (quand la réaction est très importante). Cette complication peut mettre la vie en danger.
La prise en charge de la GvH se fait en deux phases :
- phase préventive : choisir un donneur avec la meilleure compatibilité possible (c'est le cas) et prescrire des immunosuppresseurs (le Néoral qui a diminué de 200 mg depuis le début à 60 mg actuellement... mais cette fois, Laurence n'a pas diminué la dose même si elle souhaite qu'Hervé n'en prenne plus d'ici juin... ça paraît compromis !) et un traitement (plein de cachets) pour prévenir les infections.
- phase thérapeutique : surveillance étroite. Les bilans sanguins permettent de détecter une anomalie et le cas échéant de mettre en place les traitements efficaces appropriés au grade de la GvH (je le repète, pour l'instant pas de traitement supplémentaire pour Hervé).
Selon le grade de la GvH, cette période peut être très éprouvante (c'est pourquoi je m'inquiète) car elle est fréquemment accompagnée de fatigue et d'une fonte musculaire. L'image corporelle peut aussi être affectée en raison des effets secondaires des traitements (fortes doses de corticoïdes).
Si la GvH survient plus de trois mois après la greffe, 'mais rarement après un an)... il s'agit alors de GvH chronique. C'est une forme beaucoup plus complexe mais beaucoup moins agressive qu'une aiguë. Elle nécessite des traitements prolongés mais à des doses moins fortes que celles utilisées pour la forme aiguë. Les organes les plus fréquemment atteints sont la peau, la bouche et les yeux. Quand il s'agit des poumons, cela nécessite une prise en charge spécifique et un suivi en pneumologie. Joie.
Une GvH modérée peut annoncer de bonnes nouvelles. En effet, les cellules du greffon s'attaquent aussi aux cellules "malades" et, dans le cas où certaines d'entre elles n'auraient pas été détruites par le conditionnement (chimios), les lymphocytes provenant du greffon peuvent les détruire. C'est l'effet GvM (Graft versus Malignancy - Effet du greffon contre la maladie).
Le risque de rechute de la maladie. Ce risque existe et dépend de chaque situation. Plus le temps passe, plus le risque de rechute devient faible ; après un certain nombre d'années, ce risque devient si faible qu'on peut parler de guérison...
La preuve en images qu'il est diminué. Il a perdu au bras de fer !
Mais il se vengera :
Et vous, vous ne pourrez plus dire que vous ne savez pas tout sur la GvH.